Le "LAC" � Lourdes


Anne Yeznikian
Service Diocésain des Vocations d’Arras

Du 9 au 12 novembre 2002, les services diocésains des vocations de toute la France se sont réunis à Lourdes pour une session consacrée à la vie religieuse. En raison du thème, les représentants des différents instituts et congrégations avaient également été invités. Les deux cents participants offraient donc un beau visage arc-en-ciel, et je ne parle pas seulement de la diversité des habits.
Les interventions, elles aussi d’une grande variété, ont mobilisé théologiens et philosophe, maîtres des novices et évêque, historien et directeur de séminaire.
Au terme de la rencontre, nourrie par ces apports mais aussi par les multiples échanges d’expériences et d’intuitions, je vous livre « à chaud » quelques réflexions. Elles s’articulent en trois temps, autour des convictions, des questions et des propositions. Lecteurs attentifs et dotés d’un bon esprit critique, vos remarques seront les bienvenues.

Les convictions tout d’abord

Comment ne pas remarquer le profond renouvellement opéré ces dernières décennies ? Les textes conciliaires n’ont pas bouleversé la vie religieuse, mais la vie religieuse a été bouleversée par l’événement conciliaire.
Enzo Bianchi, dans un livre sur la vie religieuse intitulé Si tu savais le don de Dieu, met en évidence les caractéristiques de la période post-conciliaire : fin de l’exil de la Parole de Dieu (lectio divina, liturgie), fin de l’autarcie de vie (toujours davantage dans le compagnonnage des hommes, non plus séparés d’eux physiquement et pourtant toujours vigilants à ne pas assumer la mentalité « mondaine »). Sans nier les difficultés liées à ces ajustements, je n’hésite pas à me réjouir de cet aggiornamento de la vie religieuse.

« L’habit ne fait pas le moine »

Face à la multiplication des nouvelles formes de vie communautaire, il importe de garder en mémoire les critères qui permettent de distinguer les religieux des membres des associations de laïcs. Le but n’est pas d’opposer ou de comparer mais, comme l’a écrit le philosophe Jacques Maritain, de « distinguer pour unir ».
De Lourdes, je suis revenue avec un gros rhume, une bouteille de jurançon pour mon mari que j’avais abandonné et quelques questions. Je vous en livre deux.
Comment promouvoir, dans un diocèse, une juste reconnaissance et une grande estime de la vie religieuse pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle fait, par exemple dans le domaine pastoral ?
Les maîtres des novices ont aussi eu beau jeu de mimer certains conseils glissés à des jeunes fragiles : « Le séminaire, vois-tu, tu ne peux pas y rester. Tu serais mieux chez les capucins. »
Autre interrogation, tout spécialement pour le diocèse d’Arras dans lequel la vie religieuse masculine est malheureusement numériquement peu présente : comment favoriser malgré tout la rencontre de cette forme de vie pour les garçons ? Car là aussi est la mission d’un service des vocations, de toutes les vocations. Bon, sans doute que les amis de Lille et Cambrai, et pourquoi pas nos voisins belges (dont une représentante était d’ailleurs présente à Lourdes), pourront nous donner un petit coup de main. Et je suis convaincue que cela ne nuira pas, bien au contraire, à l’appel au ministère presbytéral.

Des propositions

Mais je crois vous entendre : et maintenant, que va faire le SDV ? Sans doute commencer par rencontrer les communautés religieuses qui le voudront bien pour continuer à réfléchir avec elles. Aussi renouveler les propositions de participation aux groupes de recherche et ateliers sur la vie consacrée, en cherchant à toujours mieux adapter ces formules aux attentes, aux questions des jeunes (et des moins jeunes). Enfin, rappeler que le diocèse d’Arras offre aux jeunes différents parcours dans le cadre de la pastorale des jeunes.
La prochaine rencontre européenne de Taizé n’est pas sans lien avec la vie religieuse… Et l’école de l’Evangile constitue un lieu particulièrement propice pour une découverte confiante des nombreuses manières de suivre le Christ.

Pour tout cela, c’est promis, nous ne nous découragerons pas. Vous devinez bien que les religieuses et religieux que nous avons rencontrés là-bas nous ont fait, en prime, une bonne perfusion d’espérance.


publié avec l’aimable autorisation de
Vocations Lille-ArrasCambrai, décembre 2002