L’institut de Formation d’éducateurs du clergé


Jean-Louis PAPIN
prêtre, co-directeur de l’I.F.E.C.

Il m’a été demandé de vous dire quelques mots de présentation de l’I.F.E.C. Je commencerai par évoquer rapidement quelques données concernant la fondation de l’Institut et son statut dans l’Eglise de France. Je poursuivrai par les activités de l’I.F.E.C., ses objectifs pédagogiques et les moyens mis en oeuvre pour les atteindre.

FONDATION

L’Institut de Formation d’Educateurs du Clergé a été fondé pour répondre à une demande du Concile Vatican II. Dans le décret sur la formation des prêtres "OPTATAM TOTIUS" du 28 octobre 1965, on lit au n° 5 :

"(Les directeurs et professeurs des séminaires) seront soigneusement préparés par un solide enseignement doctrinal, par une expérience pastorale convenable, et par une formation spirituelle et pédagogique spéciale. Il faut établir des instituts qui permettent d’atteindre cette fin, ou du moins des cours qui seront organisés de manière adaptée..."

En réponse à cette invitation, la Conférence des évêques de France décida de mettre à l’étude la création d’un Institut. A cet effet, elle créa une commission présidée par Mgr ROUGE, alors évêque de NIMES, et composée de deux supérieurs de séminaires : le Père Constant BOUCHAUD, de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice et le Père FICHELLE, de LILLE, qui en deviendront les deux premiers co-directeurs, d’un représentant de la Formation permanente des prêtres et d’un représentant des Facultés catholiques.

Après avoir organisé une vaste consultation, cette commission élaborera un projet précisant les objectifs et le statut du nouvel Institut. La formation doctrinale étant normalement assurée par les Facultés catholiques, il fut proposé que cet Institut aurait pour objectif la formation pédagogique et spirituelle des éducateurs des grands séminaires.

En novembre 1967, après délibération en Assemblée plénière, la Conférence des évêques vota à la quasi-unanimité la création de l’I.F.E.C. qui devait ouvrir ses portes en septembre 1968. Mais les événements du mois de mai, qui avaient touché le clergé et les séminaires, conduisirent les responsables, par mesure de prudence, à retarder d’une année l’ouverture de l’Institut. Celle-ci eut donc lieu en septembre 1969, voici un peu plus de vingt ans, dans les locaux de l’ancien séminaire des diacres de PARIS, 6 rue du Regard.

STATUT

L’Institut dépend de la Conférence des évêques de France. Le suivi en est plus particulièrement assuré par la Commission Episcopale du Clergé et des Séminaires qui délègue un de ses membres - actuellement son président Mgr Gaston POULAIN - pour les relations avec l’équipe animatrice.

La direction de l’Institut est assurée collégialement par deux co-directeurs nommés par le Conseil permanent de la Conférence des évêques sur proposition de la Commission épiscopale. Jusqu’à maintenant, l’un des co-directeurs a toujours été un prêtre de la Compagnie de Saint Sulpice en raison de la compétence de la Compagnie dans la formation des prêtres, et l’autre un prêtre diocésain.

Depuis huit ans, une religieuse a rejoint l’équipe animatrice en raison de la participation de religieuses à l’année de formation dès 1972.

ACTIVITES DE l’I.F.E.C.

L’activité principale de l’I.F.E.C. est l’année de formation dont je parlerai plus longuement tout à l’heure. Mais, auparavant, je veux évoquer rapidement d’autres activités de l’Institut :

- UNE SESSION ANNUELLE d’ETE pour les professeurs et directeurs des séminaires sur un aspect de la formation.

- DES SESSIONS POUR LES VICAIRES GENERAUX ET EPISCOPAUX sur des questions relatives à leurs responsabilités

- DES SESSIONS POUR LES RESPONSABLES PASTORAUX de diverses régions apostoliques

- DES WEEK-ENDS DE FORMATION INITIALE pour des prêtres commençant leur ministère dans une Institution de formation au ministère presbytéral

- Une contribution à la formation dans LES INSTITUTS SECULIERS

- La participation, sous des modes divers, à DES SESSIONS EN AFRIQUE POUR DES FORMATEURS : Ouidah au BENIN en 1972, Anyamah en COTE d’IVOIRE en 1974 et Yaoundé au CAMEROUN en 1988.

L’ANNEE DE FORMATION

1. LES DESTINATAIRES

L’année de formation est destinée d’abord à ceux qui ont charge de formation et de discernement en vue de l’appel au presbytérat. Elle concerne donc les directeurs des grands séminaires ainsi que les responsables et membres des Services Diocésains des Vocations et qui, à ce titre, doivent exercer un discernement.

Dès la quatrième année de son fonctionnement, l’I.F.E.C. a accueilli des religieuses en responsabilité de gouvernement ou de formation dans leur congrégation ou bien encore, membres des Services Diocésains des Vocations. Elles forment généralement 20 à 25 % des effectifs d’une année. Il faut toutefois préciser que l’I.F.E.C. n’a pas de relations institutionnelles avec la Conférence des Supérieures Majeures.

Il faut ajouter la participation, chaque année, de prêtres francophones, séculiers ou religieux, missionnaires ou diocésains ainsi que de français membres d’Instituts, de Sociétés ou de Congrégations religieuses missionnaires.

Les responsables de la formation permanente des prêtres n’ont pas répondu à la proposition qui leur était faite. Sans doute étaient-ils plus préoccupés par des questions de recyclage doctrinal dans le cadre des mouvements apostoliques que par une formation à l’écoute et à l’accompagnement personnel ou collectif de prêtres.

Je terminerai cette rapide présentation des destinataires en disant que la moyenne d’âge des participants se situe entre 40 et 50 ans. Il y a parfois des plus jeunes, 33/35 ans, rarement des plus âgés. Au total, en vingt ans, près de 300 prêtres et de 50 religieuses ont suivi l’année de formation.

2. LES OBJECTIFS

L’année de formation vise à donner aux participants les conditions et les moyens d’un renouvellement pour un meilleur service du discernement spirituel et pastoral. En conséquence, les différentes approches et les méthodes de travail doivent permettre trois choses :

- une perception plus juste de ce qui se passe dans la vie des personnes dont les participants ont la charge

- une prise en compte des enjeux institutionnels des situations pastorales, notamment dans le domaine de la formation et du discernement

- une prise de conscience et une réflexion sur l’implication de l’éducateur dans son ministère d’accompagnement ou dans sa responsabilité de gouvernement.

L’année de formation ne vise donc pas d’abord à l’acquisition de techniques ni à l’initiation aux sciences humaines, même si tout cela est évidemment présent. Elle vise avant tout à un renouvellement qui engage la totalité de la personne dans ses dimensions humaines et spirituelles.

3. LA PEDAGOGIE

Pour atteindre ses objectifs, l’année de formation met en oeuvre une pédagogie et des moyens.

a) LE GROUPE comprend chaque année entre 14 et 18 membres afin de permettre un travail et des échanges dans lesquels chacun puisse s’engager.

b) L’année fonctionne sur LE MODE DE l’ALTERNANCE entre les semaines de présence à l’Institut et la présence sur les lieux habituels de vie et de travail. En ce qui concerne ceux et celles qui viennent de pays lointains, des lieux d’insertions à PARIS ou dans la proche région leur sont attribués. Ce rythme d’alternance est essentiel à la démarche de l’I.F.E.C. car on y fait sans cesse une relation aussi étroite que possible entre l’expérience vécue dans les tâches confiées et la réflexion.

Concrètement, le groupe se retrouve à peu près une semaine sur deux de la mi-octobre à début juin, mises à part les périodes de vacances scolaires. La première semaine est consacrée à une présentation de l’année et des participants, la dernière à une évaluation générale ; la huitième ou neuvième semaine est une semaine de retraite spirituelle vécue à CLAMART, dans l’esprit des Exercices de St Ignace.

c) Chaque session met en oeuvre une diversité d’approches et de disciplines

- des temps de partage en équipes et tous ensemble sur ce que les participants vivent dans les tâches et responsabilités confiées.

- des séquences de réflexion pastorale (pastorale des jeunes, des vocations, les séminaires, la vie religieuse apostolique, le ministère d’accompagnement spirituel des prêtres et des religieuses, les communautés nouvelles...)

- la formation au discernement spirituel

- l’étude de textes des maîtres spirituels

- une réflexion philosophique sur le thème "Différence et Altérité"

- une réflexion d’ecclésiologie, notamment la théologie de la vocation, des ministères et de la vie religieuse.

- diverses approches psychologiques visant à rendre les participants sensibles à ce qui se passe dans la vie des personnes, dans les relations et les groupes.

- un travail de sociologie, principalement en sociologie du discours et des institutions.

- enfin diverses séances de travail sur le discernement moral et la pédagogie.

Ces multiples approches, sous des modes divers, sollicitent l’engagement et l’expression des participants sur leur propre expérience. Elles invitent à une relecture de ce que chacun a vécu et vit actuellement dans sa responsabilité, mais aussi plus largement dans la totalité de sa vie.

d) En définitive, faire l’année de l’I.F.E.C., c’est se donner les conditions et les moyens d’une forte expérience spirituelle.

Telle est la profondeur où, nous semble-t-il, est appelé à se nouer, à s’intégrer tout ce qui se vit durant l’année de formation. Des temps plus spécifiques le permettent : la prière personnelle et communautaire, la célébration quotidienne de l’Eucharistie, l’accueil de la Parole de Dieu telle que la liturgie nous la donne à entendre au fil des jours, la fréquentation des maîtres spirituels et la retraite située au cœur de l’année.

Lorsque des anciens de l’I.F.E.C. s’expriment sur ce qu’a représenté pour eux l’année de formation, ils résument leur pensée en disant : "c’est une formation humaine et spirituelle". Telle est en effet l’ambition de l’année de formation qui veut permettre à chacun des participants de mieux se connaître, de progresser dans l’unification, la vérité et la liberté spirituelles afin d’être mieux accordé au service qui lui est confié, et qui consiste à aider des jeunes et des adultes à discerner leur vocation propre et à y répondre aussi clairement et librement que possible.