Découvrir "Christifideles laici"


Rosane DUJARDIN
laïque mariée, théologienne, du SDV à ARRAS

Christifideles est l’exhortation apostolique qui a suivi le Synode sur les laïcs de 1987.
C’est le fruit d’un travail collégial, et l’expression cohérente et fidèle du Synode.
Rosane DUJARDIN nous propose une grille de lecture de ce document, assortie de pistes de réflexion stimulantes pour ceux qui ont le souci de l’éveil aux vocations.

ELABORATION

Le thème du Synode de 1987 : LA VOCATION ET LA MISSION DES LAÏCS DANS L’EGLISE ET LE MONDE, 20 ANS APRES LE CONCILE VATICAN II", a été fixé par le pape à la demande de la majorité des conférences épiscopales du monde entier.

Dès 1985, un premier document est publié pour préparer le Synode. Ce sont les "Lineamenta" : une sorte d’esquisse, de texte-cible. Ils sont accompagnés d’une série de questions proposées comme pistes de réflexion et de partage. S’établit alors un va et vient entre les Eglises locales et Rome quant à la façon de vivre et de penser les réalités sur le terrain.

A partir de cet échange, un "document de travail" est rédigé et envoyé en avril 1987 à tous les évêques. Il permet un temps de consultation, et servira de base aux évêques dans les discussions pendant le Synode.

L’assemblée générale du Synode des évêques a lieu à Rome du 1er au 30 octobre 1987. Cette assemblée comprend des représentants des fidèles laïcs venus du monde entier.

Après un rapport d’introduction synthétisant les réactions qui ont lieu à partir du document de travail, le débat est ouvert. Interventions individuelles, travail en petits groupes, rapport de synthèse, nouvelle discussion, amendements... se succèdent. Le 29 octobre, le texte final est voté et remis au pape. Les Pères du Synode demandent à Jean Paul II de préparer un document de conclusion sur le laïcat chrétien.

C’est ainsi que le 30 décembre 1988 est donnée a l’Eglise universelle l’Exhortation apostolique post-synodale "Christifideles laici". Jean Paul II y fait la synthèse des conclusion du Synode, des textes de Vatican II, des textes que lui-même a écrits précédemment, et du Code de Droit canonique. On peut dire que cette exhortation est un véritable traité sur les laïcs, un peu comme leur charte et à ce titre, elle mérite d’être travaillée par chacun d’entre nous.

Voici quelques pistes pouvant nous aider à entrer dans ce texte en en tirant profit. Il nous faut le découvrir avec notre intelligence mais aussi avec notre cœur. Prendre le temps de nous émerveiller, de nous laisser nourrir par tel ou tel passage qui nous touche, nous attire intérieurement. Et il est important au début de cette lecture, de demander au Seigneur la grâce de sa lumière car seul son Esprit nous fera pénétrer la richesse de ce texte.

INTRODUCTION (n° 1-7)

"Le Royaume des cieux est comparable au naître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne..." (Mt 20, 1).La vigne, c’est le monde entier.

"Allez vous aussi à ma vigne". Cet appel s’étend à tous les hommes.

Deux tentations sont à éviter :

- un engagement dans l’Eglise qui entraînerait un désengagement dans le monde,

- une séparation (cloison) entre la foi et l’accueil de l’Evangile ET la vie et l’action concrète en tous domaines. Nous sommes invités à relire les textes de VATICAN II tout en étant attentifs aux problèmes nouveaux. Il faut souligner que cette exhortation est tout à fait dans la même ligne que Gaudium et Spes dans sa façon de regarder le monde.

"Pourquoi donc restez-vous là, toute la journée à ne rien faire ?" Ecoutons le Christ nous appeler à travailler à sa vigne. Regardons en face ce monde qui est le nôtre :

- indifférence religieuse, athéisme, sécularisme <—>Aspiration et besoin de la religion,

- violations de la personne humaine <—> caractère sacré de la personne,

- conflictualité <—> aspiration de chaque homme et de tous à la paix dans la justice.

Dans ce chantier du monde, l’Eglise est présente (c’est-à-dire nous tous, prêtres, religieux, laïcs).

Jésus-Christ est le seul à pouvoir éclairer le mystère de la condition humaine et nous donner une réponse parfaite.

* Piste : Dans le monde concret qui m’entoure, qu’est-ce qui peut aider ou au contraire être un obstacle à la naissance d’une vocation chez les jeunes ?

 

CHAPITRE 1 (n° 8-17)

"Je suis la vigne, vous êtes les sarments".

La dignité des fidèles laïcs dans 1’Eglise-Mystère.

L’image de la vigne est le fil conducteur de toute l’exhortation. Cette image met l’accent sur l’union qui doit exister entre le Christ et nous.

A la suite du Synode, le texte insiste sur l’aspect positif de la description des fidèles laïcs. Chaque homme est bien un sarment appelé à demeurer en Christ pour porter du fruit, et tous les sarments sont en communion dans le Christ. Les fidèles laïcs sont l’Eglise.

Les numéros 10 à 13 veulent nous aider à connaître de plus en plus profondément notre dignité de baptisés : fils du Père, unis au Christ et à son Corps l’Eglise, demeure du Saint Esprit.

Unis au Christ, nous participons à sa mission. A sa suite et avec lui, nous sommes prêtre, prophète et roi.

Les laïcs vivent cette mission dans le monde. C’est cette modalité qui "distingue" leur vocation.

La vocation première et fondamentale de tous les baptisés, c’est la vocation à la sainteté. C’est un "élément essentiel et indissociable de la nouvelle vie baptismale", et ceci nous avons à le vivre au quotidien dans la vie ordinaire de tous les jours.

* Piste :

Comment faire découvrir aux jeunes que quelque soit leur vocation particulière, ils sont d’abord des baptisés et comme tels appelés à annoncer l’Evangile ?
Comment faire découvrir cette mission à laquelle le Christ les appelle pour qu’ils en soient émerveillés et fortifiés ?

CHAPITRE 2 (n° 18-31)

"Tous sarments de l’unique vigne".

La participation des fidèles laïcs à la vie de l’Eglise-Communion

La communion des chrétiens avec Jésus et entre eux a pour modèle, source et fin la communion même qui existe entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Cette communion est le mystère même de l’Eglise. Dans l’Eglise, les vocations sont diverses et complémentaires et trouvent leur unité dans l’Esprit Saint.

Tous les ministères sont une participation au ministère de Jésus-Christ. Les ministères ordonnés dérivent du Sacrement de l’Ordre. Les ministres reçoivent du Christ l’autorité et le pouvoir sacré pour servir l’Eglise et la rassembler dans l’Esprit Saint. Leur ministère est ordonné au service de tout le peuple de Dieu.

Les baptisés exercent leur sacerdoce commun qui trouve son fondement dans le Baptême et la Confirmation. Le n° 23 parle explicitement des "ministères, offices et fonctions des laïcs". La collaboration apostolique des fidèles laïcs dans l’Eglise est très importante. Il est nécessaire d’exprimer clairement l’unité de la mission de l’Eglise, et la diversité et la complémentarité des divers ministères.

Les charismes sont des dons de l’Esprit à l’Eglise. Les pasteurs ont à exercer un discernement en ce domaine.

Les fidèles laïcs participent à la vie de l’Eglise, et ceci notamment dans lesEglises particulières, réalisations concrètes de l’Eglise universelle. Les laïcs sont invités à prendre une part active à la vie de leur diocèse et de leur paroisse.

Chacun de nous a une tâche originale, irremplaçable à remplir pour le bien de tous et le rayonnement de l’Evangile. La participation dans la vie de l’Eglise peut se faire sous forme collective, à travers des associations. Il faut veiller à ce qu’elles soient bien dans la communion de l’Eglise. Les critères d’ecclésialité peuvent aider à discernement sur ce point.

La vie de communion ecclésiale est signe pour le monde et force d’attraction qui conduit à croire au Christ. Ainsi la communion s’ouvre à la mission, devient mission.

* Piste : Avons-nous mieux perçu le rôle du prêtre à l’intérieur de l’Eglise, la complémentarité des ministères et des charismes ? Et pouvons-nous donc en parler de manière plus juste ? Nos paroisses sont-elles appelantes ? Comment aider les groupes de jeunes à se sentir d’Eglise ? Comment vivons-nous la communion ecclésiale ?

 

CHAPITRE 3 (n° 32-44)

"Je vous ai établis pour que vous alliez et que vous portiez du fruit"

La co-responsabilité des fidèles laïcs dans l’Eglise-Mission.

Il nous faut porter du fruit et cela n’est possible que si nous sommes en communion avec Jésus et entre nous. La communion est la source et le fruit de la mission.

La mission de l’Eglise, et de chacun dans l’Eglise, c’est essentiellement l’évangélisation. "L’homme est aimé de Dieu !". Dans ce monde où nous vivons, nous avons à témoigner que la foi constitue la seule réponse pleinement valable aux problèmes et aux espoirs humains. Pour cela, il nous faut commencer par faire l’unité de notre vie dans l’Evangile. "Allez dans le monde entier" dit le Seigneur.

Comment vivre l’Evangile aujourd’hui ? Les numéros 37 à 44 nous l’expliquent concrètement dans l’esprit de Gaudium et Spes. L’Eglise est la servante des hommes en révélant l’homme à lui-même dans sa dignité. L’homme vaut par ce qu’il "est" de par son origine et sa destinée. Le droit à la vie est inviolable. L’homme a le droit à la liberté de conscience et à la liberté religieuse. La famille est la cellule fondamentale de la société. L’avenir de l’humanité passe par elle.

Le service de la société va se vivre dans le service de la charité sous des formes diverses. La charité ne doit pas se séparer de la justice. Nous sommes invités à participer à la vie politique. Nous sommes aussi invités à agir sur le plan économico-social en nous rappelant le principe de la destination universelle des biens et la place de l’homme au centre de cette vie économico-sociale. La culture est à évangéliser, notamment par les instruments de communication sociale.

* Piste : Comment favoriser l’essor et la maturation de vocations spécifiquement missionnaires (cf. n°35) ? Comment faire découvrir aux jeunes le monde qui les entoure, sa valeur, et leur participation indispensable pour qu’il soit de plus en plus évangélisé ?

 

CHAPITRE 4 (n° 45-56)

"Les ouvriers de la vigne du Seigneur"

Excellents administrateurs de la grâce multiforme de Dieu.

Variées sont les vocations.

Les jeunes sont un grand défi pour l’avenir de l’Eglise. Ils sont l’espérance de l’Eglise. Ils doivent être encouragés à participer activement à l’évangélisation et à la rénovation sociale. L’Evangile constitue l’unique et surabondante réponse aux aspirations les plus radicales des jeunes. La proposition du Christ "Viens et suis-moi" est exaltante. Le dialogue des jeunes et de l’Eglise est source de richesse et de jeunesse pour l’Eglise et la société.

Les enfants jouent un rôle actif dans le Royaume des cieux.

Les personnes âgées ont à poursuivre leur mission et vivre le don de la sagesse. Chaque être humain est une vie en croissance jusqu’au dernier soupir.

Une attention spéciale est ensuite portée à la condition et au rôle de la femme. Il est urgent de défendre et promouvoir la dignité de la femme et son égalité avec l’homme, tout en prenant de plus en plus conscience de la vocation spéciale de la femme. Ceci est à vivre aussi à l’intérieur de l’Eglise. La femme est invitée à participer de plus en plus à la mission dans l’Eglise et dans le monde, à évangéliser en usant de ses propres "dons", de sa sensibilité spécifique. Deux grandes tâches lui sont notamment confiées :

- donner toute sa dignité à la vie d’épouse et de mère,

- assurer la dimension morale de la culture.

La co-présence et la collaboration homme-femme dans l’Eglise est importante ; c’est le dessein originel du Créateur. Le couple vivant du Sacrement de Mariage, la famille chrétienne, son un signe éclairant et enseignant pour l’Eglise.

Malades et souffrants participent à la mission de l’Eglise sous des modalités nouvelles et même plus précieuses.’

Tous les états de vie sont au service de la croissance de l’Eglise. Chacun se situe en relation avec les autres et à leur service. A l’intérieur de l’état de vie laïque se trouvent différentes "vocations".

* Piste : Reconnaissons-nous dans les jeunes qui nous entourent la description du n° 46 ? Nos paroisses sont-elles une communauté où les jeunes se sentent chez eux et prennent une part active ? Comment favoriser le dialogue avec les jeunes ?

 

CHAPITRE 5 (n° 57-63)

"Pour que vous portiez du fruit"

La formation des fidèles laïcs ;

Nous sommes appelés à grandir, à porter toujours plus de fruit. Il nous est nécessaire de nous former. La formation des laïcs doit se situer parmi les priorités du diocèse.

L’objectif de cette formation est d’aider les laïcs à découvrir toujours plus clairement leur vocation personnelle et à la vivre dans une disponibilité toujours plus grande, à en devenir toujours plus capables.

La formation à la vie dans l’unité est indispensable. Il ne peut pas y avoir deux vies parallèles : une vie "spirituelle" et une vie "séculière". La formation intégrale recouvre la formation spirituelle, la formation doctrinale, et la formation aux valeurs humaines.

Dieu est le premier et le grand éducateur. L’Eglise est associée à cette oeuvre éducative. La famille chrétienne, les écoles, universités catholiques, les groupes, associations et mouvements y ont une place spécifique.

Cette formation est un droit et un devoir pour tous.

* Piste : Quelles formations sont offertes aux jeunes dans notre diocèse ? au niveau spirituel ? au niveau doctrinal ? au niveau humain ?
Ces formations les aident-ils à découvrir leur vocation propre ? à grandir dans la disponibilité ? Comment mieux informer les jeunes et les moins jeunes de ce qui existe au niveau formation ?

 

APPEL ET PRIERE

Après avoir rappelé quelques-uns des thèmes essentiels, Jean Paul II nous appelle à prendre part à la "nouvelle évangélisation" dont le monde aujourd’hui a besoin. Il termine son exhortation par une prière à Marie.