Monastère et Service Diocésain des Vocations


Frère Philippe AUBIN
Abbé du BEC HELLOUIN,
Délégué de la Conférence Monastique de France à l’Atelier "Vocation-Vie Religieuse masculine"

Il m’a été demandé cette brève intervention sur la situation des monastères de moines dans ce domaine de la pastorale des vocations.
Ce que je vais vous dire est avant tout basé sur les réponses à deux questionnaires envoyés à tous les monastères de moines en France, membres participants de la Conférence Monastique de France. Le premier date de 1987 et le second de début novembre 1989.
Voici quelques questions posées dans le premier :
"Avez-vous une participation au Service Diocésain des Vocations ou à une réunion régionale, et sous quel mode ? A l’hôtellerie de votre monastère, comment manifestez-vous votre attention à toutes les vocations religieuses et presbytérales, et plus précisément à la vocation monastique ?"
Voici les questions posées dans le second :
"Qu’en est-il de la prise en compte de la vocation monastique dans la pastorale des vocations du Service des Vocations de votre diocèse ?
Avez-vous déjà accueilli des postulants orientés vers la vie monastique par un Service Diocésain des Vocations ?"

A ces deux questionnaires, les trente-cinq monastères contactés ont pratiquement tous répondu.
Leurs réponses témoignent d’une affirmation massive sur le fait des bonnes relations entre eux et les Services Diocésains des Vocations, même si parfois entre tel ou tel elles sont plutôt rares.

Un certain nombre de moines, maîtres des novices ou autres, ont une part active dans les Services Diocésains des Vocations. Leur simple présence atteste déjà qu’il y a de fait une prise en compte de la vie monastique dans ces S.D.V.

Cependant, il est à remarquer qu’il est tout à fait exceptionnel qu’un postulant entre dans un monastère, envoyé par le S.D.V. local ou un autre ! Nos postulants viennent donc habituellement par d’autres chemins, très variés assurément, même si parfois tel ou tel monastère puise dans une sorte de "vivier", le scoutisme par exemple.

Par rapport à ce fait des rares postulants orientés par un S.D.V. vers un monastère, un moine faisait remarquer dans sa réponse :

"Beaucoup de jeunes qui arrivent chez nous passent par des filières bien différentes et souvent très marginales par rapport à l’Eglise officielle. Ils ont souvent besoin d’une pré-catéchèse."

Un autre écrivait :

"Les instances officielles sont souvent des structures lourdes qui tournent sur elles-mêmes ; les vocations ne manquent pas mais apparaissent de façon surprenante, et se développent en marge de ces instances."

Nos hôtelleries jouent bien sûr un rôle majeur dans notre pastorale des vocations.

L’accueil des jeunes (18-25 ans) y est très diversifié. Il est toutefois possible de le typer selon deux formules : celle des entretiens personnels avec un moine, et celle des groupes organisés venus réfléchir et prier, demandant éventuellement l’intervention d’un moine sur la vie monastique, ou autre sujet. Parmi ces groupes il convient de noter que de nombreux Services Diocésains des Vocations en conduisent dans nos monastères.

Une autre formule plus exceptionnelle, mais fructueuse aussi, est celle des grands rassemblements de jeunes, tel celui de LANDEVENNEC à la Pentecôte 1985, avec 5 000 jeunes, soit ceux du BEC HELLOUIN, à deux reprises déjà avec 2 500 jeunes, et celui qui est prévu pour fin avril 1990.

Ces rassemblements du BEC HELLOUIN sont confiés par les trois évêques de ROUEN, LE HAVRE et EVREUX, aux Service des Vocations de ces trois diocèses.

Dans nos hôtelleries existent souvent des panneaux d’affichage présentant la vie religieuse, et divers tracts sont présents dans les salles d’accueil. Etant donné l’attention habituelle des moines, chargés d’écouter les hôtes, à toutes les vocations religieuses et aux ministères ordonnés, il est incontestable que bien des retraitants ont pris là leur décision d’entrer dans la vie religieuse ou dans un séminaire. Pour ce qui est de l’approche de la vie monastique, diverses formules sont mises en oeuvre, variant des séjours à l’hôtellerie à des séjours en communauté.

Le fait massif des rares postulants entrant au monastère, évoqué par un S.D.V. ne semble pas signifier à première vue une méfiance de part et d’autre, mais peut-être y-a-t-il là une question importante à soulever, et qui a été formulée ainsi par le Père Paul de l’abbaye de TIMADEUC, intervenant de cette session :

"Je suis très favorable a ce qu’un jeune qui pense à la vie monastique entre dans un Groupe de Recherche et, si l’occasion s’en présente, je lui demande de le faire. En fait il y a là une question importante : la relation entre les monastères et les Groupes de Recherche."

Chaque diocèse n’a pas sur son territoire un monastère de moines, mais il apparaît clairement, selon ce bref panorama, que l’ensemble des monastères de moines en France demeure attentif à la pastorale des vocations. Cette sollicitude se manifeste certes d’abord par l’accueil dans les hôtelleries, mais aussi par divers types de collaboration avec les Services Diocésains des Vocations.