Les causes d’une désaffection


Atelier "Vocations missionnaires"

- DES CONSTATATIONS

Un fait s’impose : l’effondrement depuis près de vingt ans du nombre des vocations missionnaires.
Alors que les appels des "jeunes Eglises" sont toujours aussi pressants, les congrégations missionnaires ont cessé de pouvoir répondre aux demandes qui leur sont faites.

Quelques chiffres suffisent à s’en persuader.

• DU COTE DES INSTITUTS MASCULINS (chiffres extraits de l’enquête POTEL réalisée à la demande de la Conférence des Supérieurs Majeurs de France au 1er janvier 1987)

- Religieux français missionnaires dans le monde (tous instituts confondus)

au 1/1/1967.......... 5 529
au 1/1/1975.......... 4 981
au 1/1/1980.......... 4 136 sur 18 128 (23 %) religieux français
au 1/1/1987.......... 3 465 sur 16 046 (21 %)

- Religieux français des Instituts spécifiquement missionnaires

  Religieux français
en France
Religieux français
à l’étranger
TOTAL
au 1/1/1980
1 418
1 833
3 251
au 1/1/1987
1 309
1 449
2 758

En 1980, 56,4 % des religieux français d’Instituts spécifiquement missionnaires étaient hors de France

En 1987, à cause du vieillissement, ils n’étaient plus que 52,5 %

Enfin, les chiffres des vocations ne sont guère plus encourageants

- PROFESSIONS SIMPLES

1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
3
5
2
3
7
6
7
1
7

- ENGAGEMENTS DEFINITIFS (OU ordinations)

1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
4
5
5
2
8
2
2
3
6

DU COTE DES INSTITUTS FEMININS (chiffres provenant des statistiques de la Conférence des Supérieures Majeures)

- Religieuses françaises missionnaires hors d’Europe (tous instituts confondus)

au 1/1/1979.................4 236
au 1/1/1982.................3 945
au 1/1/1985.................3 387

- Religieuses françaises des Instituts spécifiquement missionnaires

Là encore, les chiffres des vocations ne sont guère encourageants

- PROFESSIONS SIMPLES

1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
6
5
10
6
7
13
9
9
non communiqués

- PROFESSIONS DEFINITIVES

1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
4
8
2
11
7
6
5
5
non communiqués

- LES CAUSES

A partir de ces chiffres, le Service National des Vocations a interrogé les Supérieurs Majeurs des Instituts Missionnaires masculins pour leur demander quelles leur semblaient être-lés causes de cette situation.

Voici quelles furent leurs réponses :

1) La baisse générale des vocations :
Les Instituts missionnaires n’échappent pas a cette donnée

2) Une mauvaise compréhension dans le peuple chrétien du slogan "tous missionnaires"

- Une insistance univoque sur le caractère missionnaire de la vocation baptismale (liée à une mauvaise "image de marque" du missionnaire souvent perçu comme lié à la colonisation) a rendu difficile la perception de la nécessité, voire de l’utilité de la Mission "ad gentes"

- Souvent lors des semaines missionnaires, lors de la Journée de Prière pour les Missions, on a insisté sur la mission ici, dans la paroisse, dans le diocèse ou dans l’Eglise de France.
Le signe de la mission à vie, placée comme mémoire pour l’Eglise du caractère missionnaire baptismal, a été aussi mal perçu et souvent oublié.

3) Une présentation souvent trop idéale des "jeunes Eglises"

La déchristianisation de la France et, en face de cela, la présentation des jeunes Eglises d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique comme des Eglises belles, dynamiques, regorgeant de vocations, ont fait apparaître comme un non-sens pour beaucoup de se sentir appelé à la Mission à l’extérieur.

Nombreux sont les chrétiens qui s’imaginent que l’Evangile est maintenant annoncé d’une extrémité à l’autre de la terre et que désormais l’époque missionnaire est close.

Pour prendre l’exemple du monde asiatique, rares sont les chrétiens qui perçoivent que les baptisés ne représentent guère que 2 % des habitants de l’Asie, et beaucoup de français ne veulent avoir sous leurs yeux que l’image de l’Eglise de Corée, jeune et dynamique, imaginée comme auto-suffisante.

4) L’apparition de nouvelles formes de coopération missionnaire

L’envoi de nombreux prêtres Fidei donum, le développement de la Coopération missionnaire, l’engagement de nombreux laïcs aux différents niveaux de la mission, ont pu faire croire qu’il n’y avait plus besoin désormais d’envoyer des missionnaires à vie. Certains Instituts se sont pris à douter d’eux-mêmes et il n’était pas rare d’entendre douter de l’actualité du charisme fondateur.

5) Le manque d’audace

La diminution du nombre des vocations diocésaines, comme des vocations religieuses dans les Instituts à extension missionnaire pousse souvent diocèses et congrégations à un repli frileux sur les besoins immédiats.
La survie de l’Eglise locale, des oeuvres en France... fait courir le risque de ne plus oser envoyer à l’extrémité de la terre.