Réunis en mon nom


Le S.D.V. de Chambéry

REUNIS EN MON NOM....
L’EXPERIENCE d’UN LIEU VOCATIONNEL

Comment aider des jeunes à cheminer vers le ministère presbytéral, en leur offrant un lieu de partage, de prière, de formation et de découverte de l’Eglise ? Le Service Diocésain des Vocations de CHAMBERY a tenté une expérience originale sur AIX-LES-BAINS.

Membres du Service des Vocations des diocèses de Savoie, nous sentions 1’im-pérative nécessité pour notre monde chrétien actuel de trouver des prêtres diocésains, d’appeler au sacerdoce des jeunes, mais ne savions que faire exactement. En effet, nous suivions depuis trois ans l’itinéraire d’un de nos jeunes, Joël, entré au séminaire St Irénée à Lyon. Il se montrait souvent inquiet, découragé, doutant même, car, muni d’un C.A.P. et habitué à un climat de convivialité chaleureuse au sein de l’aumônerie d’Aix-les-Bains, il se sentait perdu, désorienté, dépassé face à l’enseignement et à l’ambiance du séminaire. Que faire si d’autres jeunes comme lui venaient nous solliciter ? Que proposer si nous voulions en solliciter nous-mêmes ?

Et puis ce fut le congrès de Lourdes, avec son appel vibrant et toutes les expériences données en témoignage. Au retour, nous étions décidés à agir. Comment ? Quand ? Avec qui ? Nous ne le savions pas encore. Mais nous étions décidés et prêts ! L’Esprit-Saint nous donnerait bien son aide !

Le dynamisme de l’Esprit

Et l’Esprit-Saint n’a pas traîné : en deux mois tout a démarré.

  • D’abord, il nous a donné UN LIEU. En effet, trois semaines après Lourdes, l’un de nous trois, le Père René PICHON était nommé par notre archevêque curé de Notre Dame d’Aix-les-Bains. Il prenait ainsi possession d’un immense presbytère, en centre-ville, avec de multiples possibilités d’accueil et d’hébergement. Et très
    vite nous avons réservé une pièce pour notre projet : un grand bureau a été transformé en oratoire, avec bancs, autel, bibliothèque.

  • Ensuite, se sont présentés DEUX JEUNES, dès le mois de juillet :
    Christian, ouvrier typographe chambérien, 26 ans, et Patrick employé à Chambéry, 23 ans.
    Tout de suite, René Pichon les a accueillis, leur a parlé de notre projet de tenter quelque chose de neuf, et ils ont accepté.
  • Enfin, l’Esprit nous a donné dès l’été le troisième facteur qui devait nous permettre de vraiment démarrer : UNE EQUIPE d’ANIMATION solide et très présente aux côtés de René Pichon.

Cette équipe se compose d’une laïque, mère de famille, permanente en aumônerie ; un laïc, professeur de Lettres au lycée, qui participe à la formation des jeunes en recherche ; une religieuse et une laïque consacrée.

Ainsi, en moins de trois mois, les trois conditions nécessaires pour démarrer étaient satisfaites : un lieu parfait, des postulants et des animateurs. Mais sans le coup de fouet de Lourdes, sans l’aide immense de l’Esprit, nous aurions pu piétiner longtemps ! Nous croyons qu’il faut VOULOIR vraiment se lancer dans une telle expérience, y CROIRE fondamentalement... Alors "tout vous sera donné" !

Cinq Jeunes nous rejoignent

Le 4 octobre dernier, le Conseil épiscopal nous donnait le feu vert pour tenter l’expérience. Et aussitôt nous avons démarré. Toutefois, avant de dire ce que nous faisons, signalons tout de suite que nous avons à l’heure actuelle (mars 1988) non plus deux jeunes mais cinq. A Christian et Patrick se sont joints Stéphane, 26 ans, ouvrier menuisier à Chambéry ; Pierre-Yves, 22 ans, apprenti paysagiste à Aix et Hervé, 22 ans, ouvrier minotier à Chambéry.

Tous ouvriers, aucun n’a fait d’études secondaires et quatre sur cinq travaillent toute la semaine à Chambéry (15 km) où ils vivent soit en Foyers de jeunes, soit en chambre. Tous exercent des métiers pénibles, peu enthousiasmants ; Hervé travaille souvent de nuit. Mais ils s’accrochent, tous sont là, à Aix-les-Bains, les jeudi et vendredi soirs, avec nous. Seul Hervé ne peut venir que par intermittence.

Certes, ils sont handicapés par une absence de culture poussée, par la méconnaissance d’un certain vocabulaire, mais d’une part ils ont la volonté d’apprendre et de lire et d’autre part, quand nous prions ensemble ils savent toujours trouver les mots justes et simples de leur lexique propre. Et ils font cet effort de suivre, de progresser, de partager deux soirs par semaine, de 19 h. à 22 h. quand bien souvent ils sont fatigués de leur journée de travail manuel.

Enfin, précisons que Christian et Pierre-Yves sont chefs-scouts depuis deux ans ; que Stéphane, à leur incitation, vient d’entrer aussi dans une maîtrise scoute ; que Patrick fait partie d’un groupe de prière et que Hervé suit des cours du soir pour tenter de devenir secrétaire médical.

René Pichon est en correspondance avec deux ou trois autre jeunes, de la même tranche d’âge, travailleurs eux aussi, mais qui résident dans les hautes vallées savoyardes à plus de 100 km. Le contact est établi et à nous de voir comment l’an prochain aider, sinon pouvoir accueillir à Aix ces autres jeunes en recherche.

"Venez et voyez..." (Jn)

Notre "grande" soirée hebdomadaire a lieu le jeudi. A 19 h. nous nous retrouvons tous dans l’oratoire, jeunes et animateurs.

Pendant trois-quarts d’heure nous partageons fraternellement, dans l’entre aide et la prière, dans le dialogue et la sincérité. En effet, chacun a choisi de mettre l’accent durant la semaine sur un effort particulier, et il exprime à ce moment-là comment il a effectivement vécu cela, en bien ou en mal. Pour certains c’est prier plus et mieux ; pour d’autres c’est être plus attentif et admiratif devant les autres ; pour d’autres encore, c’est prendre le temps de relecture de sa journée, chaque soir ; etc.

Ce partage auquel certains animateurs étaient habitués par leur appartenance aux Equipes Notre-Dame, n’a jamais été déroutant pour les jeunes : tout de suite ils ont partagé pleinement et sincèrement. Et ceci confirme qu’un tel partage - que nous avions imposé en premier - est absolument nécessaire car si nous avons tous besoin d’avoir un projet précis, ponctuel, stimulant, il nous faut toujours le jauger, l’analyser, le dire devant d’autres pour être écoutés et conseillés.

Puis à 19 h 45, toujours dans l’oratoire, célébration avec partage d’Evangile. Là, nous ouvrons les portes et toujours plusieurs adultes fidèles nous rejoignent, des équipes Notre Dame et des animateurs d’aumônerie. Nous partageons alors en nous appuyant sur l’Evangile du dimanche à venir. Et là aussi, les jeunes parlent spontanément, jamais intimidés, mais réagissant avec simplicité à la Parole de Dieu et aux pistes de méditation proposées brièvement par l’un d’entre nous.

A 20 h 30, seuls restent les jeunes et le responsable S.D.V. qui dînent ensemble au presbytère. Tantôt ils restent entre eux et René évoque sa mission, son apostolat, son "travail" de prêtre diocésain ; tantôt ils ont un invité qu’ils soumettent à leurs questions : laïque, religieuse... C’est un temps de découverte pour eux : découverte d’autres vocations, d’autres personnes, d’autres soucis ; et un temps de convivialité nécessaire.

Puis à 22 h 30, ils repartent à Chambéry ou peuvent rester au presbytère où des chambres sont à leur disposition.

Un lieu de formation

Certains vendredis la soirée est consacrée à la formation, l’initiation. Une fois par mois, ils participent à un groupe théologique aixois, animé par un laïc, débattant chaque fois d’une question différente.

Comme les animateurs ont fait effort pour que les débats restent concrets et réalistes, les jeunes apprécient et suivent parfaitement ces soirées.

Une autre fois, ils se réunissent au presbytère pour une initiation à la Bible d’une manière très simplifiée et sommaire. Il leur a été, jusqu’ici, présenté les quatre Evangiles, l’histoire du Christ et du peuple juif, la civilisation judéo-romaine, le début de la vie publique du Christ.

Si certains avaient des souvenirs ou des connaissances sur quelques points, d’autres ont tout découvert : les questions fusent sans cesse. Ils apprennent aussi peu à peu à laisser et à faire parler les pages d’Evangile : chaque passage, chaque événement, miracle, parabole a une signification générale, mais aussi une signification personnelle, comme Parole offerte à tous mais d’abord à moi. Et certains partages d’Evangile du jeudi, se sont ainsi bien enrichis depuis un mois.

Il est arrivé aussi au responsable S.D.V., deux ou trois fois, d’emmener ceux qui étaient disponibles à des réunions où l’appelait son apostolat.

Enfin, une fois par trimestre, un week-end de temps fort est prévu. Le premier a eu lieu à la mi-février. Nous avons prié, célébré, dîné ensemble, mais aussi beaucoup travaillé sur la vocation, en partant du témoignage personnel de chaque animateur, et en répondant aux questions.

C’est là que Christian nous a dit qu’il souhaitait entrer au séminaire, peut-être dès octobre prochain.

Des communautés qui nous portent

Nous ne pouvons pas terminer sans dire que si nous nous portons si bien, c’est que nous sommes aussi portés par DEUX COMMUNAUTES TRES FORTES :

D’abord la communauté paroissiale qui nous a tout de suite admis pleinement et surtout l’aumônerie des jeunes, très vivante et active, animée par deux personnes de l’équipe qui n’hésitent pas à lancer des ponts entre aumônerie et Service Diocésain des Vocations. Les animateurs adultes viennent souvent au partage d’Evangile du jeudi et à Aix, une bonne dizaine de lycéens (Première et Terminale) et étudiants, sont animateurs soit de groupes de 5ème, 4ème ou 3ème, soit de week-ends ou de camps.

Or, tous ces jeunes animateurs, après leur réunion, vont à l’oratoire "relire" dans la prière leur rencontre. Et ils se retrouvent le samedi à 13 h 30, dans l’amitié, temps qu’ont déjà partagé avec eux plusieurs de nos jeunes postulants, dans la mesure de leur temps libre.

Enfin au week-end de mi-février, quatre jeunes animateurs de l’aumônerie aixoise avaient été invités : quatre garçons qui avaient montré qu’une vocation religieuse était pleinement possible dans leur cheminement actuel. Ils sont venus, ils ont écouté. Laissons maintenant les témoignages, les prières, les dialogues, comme le levain, fermenter en eux...

Deux remarques pour conclure

  • Notre lieu vocationnel ne s’adresse pas aux filles. Nous ne pouvions en effet répondre à toutes les vocations à la fois et avons donc axé notre projet sur ce qui nous a semblé le plus impérieux (comme Lourdes l’a confirmé) : le prêtre diocésain. Mais notre diocèse est riche en monastères et communautés et plusieurs sont prêts à accueillir des jeunes filles en recherche.
  • Enfin, nous sommes frappés, depuis la rencontre avec les délégués S.D.V. de la Région Centre-Est, par le désir, le souhait de beaucoup de diocèses de pouvoir créer un lieu semblable.
    A tous ceux qui souhaitent le faire, nous voulons simplement redire ici notre conviction de croyants, humblement fondée sur l’Evangile :
    - Réunissez-vous à deux ou trois pour vouloir un tel lieu : vous aurez aussitôt le Christ avec vous, il l’a promis "Quand deux ou trois sont réunis en mon nom..."
    - Allez alors plus loin que la volonté, ayez la Foi totale et les montagnes s’aplaniront d’elles-mêmes...

L’Equipe d’accueil du diocèse de Chambéry :
René, Michel, Hélène, Annick, Danièle
et René PICHON, prêtre, responsable S.D.V.