Qui sèmera les grains de l’appel ?

Une expérience d’Eglise

Est-ce parce qu’on ne peut être à Lourdes sans parler de miracles ? Il est certain en tout cas que tout ce qui nous apparaissait au début montagnes ou collines semblait s’aplanir au fur et à mesure sous nos pas. Nous étions la première équipe à prendre la permanence : il nous fallait donc ouvrir le Pavillon, prévoir un affichage attrayant à l’extérieur, découvrir les diverses ressources des lieux et des moyens mis à notre disposition, prendre contact avec un certain nombre de personnes..., nous préparer à faire face aux groupes de jeunes annoncés dans les divers pèlerinages diocésains qui allaient déferler sur Lourdes, en cette première semaine de juillet... Et nous n’étions que trois ! (trop peu !).

Mais, comme par hasard, nous arrive justement la personne qui va répondre aux questions que nous nous posions, nous initier aux secrets du Pavillon, nous indiquer les bonnes adresses. Et puis, il y a les permanents des Pavillons voisins qui emménagent eux aussi, balayent devant leur porte, font connaissance autour d’un café. On nous invite à nous asseoir, on parle, on s’informe et peu à peu ce lieu où se côtoient une dizaine de Pavillons devient un lieu riche d’une vie d’Eglise diversement représentée, où vont cohabiter, non sans toujours quelques tensions mais dans une recherche de dialogue, ses divers Mouvements et ses diverses réalités. Déjà, entre permanents, on se reconnaît, on se visite afin de pouvoir aiguiller au mieux les pèlerins qui vont se présenter. Pour ceux qui le voudront, tous les jours à midi, une Eucharistie nous rassemblera dans le "coin Prière" du Pavillon des Vocations.

Ouf ! La première personne à venir est une religieuse connue de Ghislaine. Visite inattendue qui sera suivie de beaucoup d’autres surprises heureuses pour chacun d’entre nous, permettant des échanges intéressants autour des jeunes que nous rencontrons.

Un service des jeunes

Mais voici quelques jeunes, garçons et filles entre 15 et 17 ans. Un peu gauches, ils entrent ; puis, l’aîné du groupe lance tout de go : "comment fait-on pour être prêtre ?". Visiblement, la question l’intéresse. Après un moment de présentation, nous apprenons qu’il s’agit d’un groupe du M.E.J. Nous discuterons avec eux plus d’une heure et demie. Le lendemain, nous aurons la visite, par cinq ou six, de tous les autres membres du groupe ! Tout y passe : le sacerdoce, la vie religieuse, la vie chrétienne, leur engagement au M.E.J. ... Dans un tel lieu, il est facile d’aller avec eux au cœur des questions. Pour nous, nous faisons aussi notre apprentissage : nous nous aidons mutuellement à nous servir des panneaux de l’exposition pour faire réfléchir ou réagir, nous essayons de nous respecter dans notre spécificité de prêtre diocésain, de religieuse ou de religieux missionnaire, selon les groupes ou les personnes qui se présentent.

A ces questions, en petits carrefours, ils sont environ cent quarante jeunes âgés de 13 à 25 ans, venus de divers diocèses de France et de l’étranger, qui tentent de répondre.

Nous écoutions, émerveillés, ces garçons et ces filles qui, pour la plupart, ont fait le choix de venir à cette veillée organisée sur le thème : "TOUS APPELES". Au milieu d’eux et avec eux, réfléchissent et témoignent de leur propre choix de vie, les divers animateurs : jeunes engagés dans un Mouvement diacre permanent, jeunes séminaristes, couples, religieuses, prêtres...

Le partage des divers carrefours nous révèle que la plupart des jeunes présents se sont déjà interrogés concernant un choix de vie possible. En même temps que s’exprime leur désir de ne pas passer à côté de l’appel gui est le leur, l’échange révèle combien beaucoup d’entre eux ont peur de s’engager, dans l’appréhension de ne pouvoir rester fidèles toute une vie. Ils soulignent également la nécessité de cheminer avec d’autres, pour s’entraider à y voir plus clair et trouver leur route.

Leurs découvertes apparaissent sur un panneau à travers quelques expressions : "C’est flou, mais on voudrait mieux comprendre", "chacun est une pierre qui doit trouver sa place dans l’Eglise", "prendre le temps de chercher avec d’autres", "se laisser déranger", "écouter et choisir au quotidien", "appelés à la vie", "service, engagement, amour", "confiance en soi, aux autres, à Dieu"...

Nous soulignons avec eux ce que veut dire : "être appelés" aujourd’hui au service du monde et quelle peut être notre place dans l’Eglise. Suit un temps de prière et d’écoute de la Parole de Dieu. La qualité du silence en dit long sur le sérieux de leur recherche et leurs découvertes.

Certains, parmi eux, étaient déjà passés nous voir au Pavillon des Vocations : rencontres diverses, échanges autour de l’exposition ou d’un montage audiovisuel.