Discours d’ouverture (samedi matin)


OUVERTURE DU CONGRES

par le Père Yvon Bodin

- TOUT UN PEUPLE RASSEMBLE

- DANS UNE COMMUNE DETERMINATION : BATIR l’EGLISE

- POUR UNE JUSTE PREOCCUPATION : APPELER AU MINISTERE DES PRETRES DIOCESAINS

I - Tout un peuple rassemblé

  • Bienvenue d’abord à vous tous, frères chrétiens de France, à toutes les délégations ici présentes, aux responsables des Services Diocésains des Vocations qui travaillez depuis deux ans à permettre ce rassemblement, aux diocèses que vous représentez : 93 sur 95, plus la Martinique.... C’est bien !
    La participation croissante aux "Congres-Vocations" qui se sont succédés depuis quinze ans est déjà significative :
"Lyon 73"
180
"REIMS 77"
250
"BORDEAUX 79"
500
"AMIENS 82"
860
"LOURDES 87"
1 230
Plus significative encore que le nombre, est la diversité des participants
15
évêques
15
diacres permanents
83
religieux
96
séminaristes
266
religieuses
333
prêtres diocésains
422
laïcs, le tiers du congrès, dont un quart de moins de 35 ans
Toute une Eglise vivante dans la diversité de ses vocations !
Vous donc les délégués !
  • Nous saluons filialement nos pasteurs, les évêques :
    • Mgr Henri DONZE et son coadjuteur Mgr Jean SAHUQUET :
      Dès le premier instant ils nous ont donné amitié, encouragement, aujourd’hui hospitalité. Merci.
    • Mgr Lucien DALOZ, Président de la Commission Episcopale du Clergé et des Séminaires :
      Il conduit lui-même une délégation, celle des évêques représentant leurs pairs des Régions Apostoliques : neuf sur neuf. C’est bien !
    • Le cardinal François MARTY, notre Mémoire du Concile, témoin de la lettre et de l’esprit d’un texte qui nous tient à cœur : "Ministère et Vie des prêtres"
    • Le représentant du Nonce : Mgr Peter ZURBRIGGEN dont la nationalité viendra renforcer la délégation suisse.
      Vous donc les évêques
  • La présence de Madame et Monsieur Georges BETH, Président du Conseil d’Administration du S.N.V., et du Père Raymond IZARD, l’ouvrier de la première heure de ce Service, nous réjouit beaucoup. Nous leur souhaitons la bienvenue.
  • Nous avons grande joie à souhaiter la bienvenue aux partenaires habituels des Services Diocésains et du Service National des Vocations :
    • Nos sœurs les religieuses, mandatées à ce congrès : Elles sont 21. Les déléguées de la Conférence des Supérieures Majeures et du Service des Moniales auprès des S.D.V. dans les Régions apostoliques, des Instituts de vie contemplatives et des Unions de religieuses.
    • Nos frères les religieux, mandatés à ce congrès : Ils sont 10.
      Les délégués de la Conférence des Supérieurs Majeurs de France auprès des S.D.V. dans les Régions Apostoliques,
      leur président le Père Jean-Paul MARSAUD et leur secrétaire le Père Joseph OLIVIER et le délégué des moines.
  • Nous saluons la délégation des Mouvements, aumôniers et laïcs. Ils sont 13.
  • Les 8 Secrétaires nationaux des grands Services de l’Eglise de France
  • Et nos amis francophones venus du CANADA, de BELGIQUE et de SUISSE.
  • C’est avec beaucoup d’insistance qu’il nous faut enfin saluer la présence de ceux qui vont nous permettre de vivre, et de bien vivre, ce congrès :
    • Les intervenants : - Monsieur Noël COPIN, directeur de la rédaction au journal LA CROIX
    • Mgr Emile MARCUS, évêque de NANTES
    • le Père Robert JORENS, curé de Notre Dame de la Gare à PARIS

      trois amis, trois témoins. Nous les remercions.
    • Tous ceux qui vont nous faire prier et chanter : le Père Didier RIMAUD avec Mlle Isabelle PARMENTIER et Sœur Isabelle GIRET ; le Père Dominique MAYE-LASSERRE avec son équipe d’instrumentalistes et les 600 choristes du Béarn qui vont nous rejoindre demain à la messe.
    • Je salue et remercie déjà le Père Jean BOUGAREL, animateur du congrès, le Père André CABES, du Service Diocésain des Vocations de LOURDES, ceux et celles qui depuis Paris et Pau préparent cette rencontre.

      A tous bienvenue et bon congrès.

II - Avec une commune détermination :
ensemble édifier l’Eglise pour le service de l’Evangile

Voilà d’abord ce qui nous rassemble : la foi au Christ Jésus, l’urgence de ses Béatitudes, l’édification de son Corps qui est l’Eglise, d’abord, donc, le Saint-Esprit.

Quand on veut découvrir la grande mystique d’une cathédrale, on ne l’aborde pas par la porte latérale, mais par la perspective centrale de sa nef qui porte le regard vers les voûtes.
Il est bon de donner un portique d’entrée à ce congrès, il est important d’y entrer non par la considération d’une crise et des remèdes spécifiques à lui apporter, mais par un acte de foi fondateur, notre foi commune au mystère vivant de l’Eglise que nous sommes, car c’est l’Eglise le premier sujet de la vocation.

Cela veut dire quoi ? Si nous parlons de relance de l’appel au ministère des prêtres, cette relance doit être ecclésialement bonne. Elle le sera si tous nos propos, toutes nos perspectives sont commandées par cette commune détermination à mieux faire Eglise ensemble, à vivre l’Eglise pour le service des Hommes.
Notre pastorale de l’appel au ministère ne peut exister qu’au sein d’une pastorale soucieuse d’évangélisation. Il existe un lien qui unit foi, salut du monde et vocation. Les jeunes y sont très sensibles. Notre relance devra s’inscrire là à coup sûr, au cœur d’une pastorale centrée sur l’éveil et la croissance de la vocation chrétienne tout entière animée par le souci d’annoncer Jésus-Christ. Elle est intérieure à une pastorale orientée vers la mission.

Il s’agit de dépasser les cris d’alarme sur la raréfaction des vocations ou les jérémiades sur les changements des temps. Il s’agit plus toniquement d’un acte de conversion, d’une exigence de fidélité vivante et joyeuse, d’une réponse à cet appel adressé à tous : L’Eglise non pas idéale, mais l’Eglise au quotidien. Celle que nous sommes, est-elle une Eglise croyante, préoccupée de l’annonce de Jésus-Christ, célébrant et proclamant sa foi au cœur de ce monde ?

Voilà pour le préalable :

Ce rassemblement est-il repliement ? alors il sera stérile.
Ce rassemblement est-il recrutement ? alors il sera peu crédible.
Ce rassemblement est-il une démarche de foi responsable ? alors il sera un grand moment d’Eglise.

III - Avec une juste préoccupation :
appeler au ministère de prêtres diocésains - c’est-à-dire -

1 - RETROUVER ENSEMBLE LES CHEMINS DE l’APPEL
c’est-à-dire ré-apprendre à parler le langage de l’appel, le recevoir

- de la vie de l’Eglise

- de la vie des hommes

2 - NOUS REDIRE LE POURQUOI DES PRETRES DIOCESAINS,
ces chrétiens qui, associés à la mission de l’évêque, sont donnés à un peuple particulier pour lui faire réussir son baptême

3 - AMORCER, à partir de là, DES SUITES CONCRETES POUR NOS DIOCESES ET NOS INSTITUTS

4 - et finalement, CELEBRER TOUT CELA, parce que Lourdes est plus qu’un prétexte mais le lieu d’un message

Tel est l’objectif de ce congrès.

- UN CONGRES qui n’est pas une improvisation mais le FRUIT d’UNE HISTOIRE

- UN CONGRES qui n’est pas un terme mais UN DEPART.

CE CONGRES c’EST d’ABORD UNE HISTOIRE

Je ne parle pas de 1’histoire,déjà longue et sans cesse reprise, de l’appel au ministère. Je parle de la genèse de ce congrès.

L’événement initiateur fut la rencontre nationale des responsables des Services Diocésains des Vocations, à LYON, en 1985.

Après deux ans de travail pour l’appel à la Vie Religieuse, la préoccupation de l’appel au ministère des prêtres diocésains les rassemblait pour échanger leur expérience sur une question, leurs propres convictions et leur action pastorale.

UNE QUESTION au départ :

"Qui sont ceux qui appellent avec nous, au ministère de prêtres diocésains ?"
"Il y en a gui appellent, qui sont-ils, comment les rejoindre ? Il y en a qui n’appellent pas, comment les aider ?"

La remontée des expériences qui accompagnaient ce questionnement faisait apparaître une quantité d’initiatives et de pratiques accrochées au quotidien de la vie des gens et de la vie de l’Eglise. Il se vivait, il se passait beaucoup de choses dans les familles, en catéchèse, dans les aumôneries, dans les Mouvements, à l’école, dans les Temps forts de jeunes.

Au cœur de tout cela, UNE CONVICTION

Elle ne fut pas exprimée à la manière de ce que l’on peut lire dans les livres, mais à la manière d’une réponse personnelle à cette question qui implique :
"Et toi qui es prêtre, tu le vis comment ce ministère ?"

Ce fut là sans doute le point de jaillissement de ce congrès (90 en sont ici témoins) : un partage sur ce qui nous fait vivre comme prêtres, sur ce qui nous appelle aujourd’hui, sur ce que nous avons envie de transmettre, sur l’image que nous voulons donner, sur la manière dont notre mission en Services Diocésains des Vocations nous renouvelle. Une reconversion en somme à notre propre appel ! Elle permit en tout cas une prise de conscience.

  • La question de l’appel au ministère nous préoccupe :
    Sans doute d’abord parce que la situation actuelle de récession des prêtres est critique.
    Sans doute aussi parce que la juste compréhension de cette vocation est complexe : c’est un ministère, mais aussi un chemin de sainteté, une fonction mais encore une vocation.
    Plus précisément parce que l’éveil n’est pas simple qui doit éviter la discrétion excessive mais encore le recrutement sonore.
  • Pour autant, nous pensons qu’il faut appeler
    • parce que Dieu appelle toujours des hommes à son service, les jeunes de cette génération dans l’Eglise telle qu’elle est,
    • parce que l’Eglise, pour vivre et remplir sa mission de sacrement de salut, ne peut se passer de prêtres, même s’il est vrai qu’elle ne se réduit pas aux prêtres. Ils sont ceux qui dans l’Eglise signifient la place de Quelqu’un, Jésus-Christ, rappellent à la communauté des disciples et lui assurent que Jésus-Christ aujourd’hui vivant est à la source de ce qu’elle vit et proclame,
    • parce qu’enfin et de plus en plus, des chrétiens diversement situés acceptent à nouveau de prendre en compte la question de l’appel, conscients que l’absence des prêtres constitue un manque pour l’Eglise.

- Finalement "C’ETAIT L’HEURE d’Y ALLER"

C’est dans ce contexte qu’est né le projet de conjuguer nos énergies pour soutenir les initiatives déjà prises, pour les faire connaître, pour en provoquer d’autres, en un mot restituer au peuple de Dieu l’initiative de 1’appel. Restituer cela voulait dire renvoyer deux questions aux diocèses :

  • Quelle Eglise faites-vous et là-dedans le ministère ordonné a-t-il sa place ?
    Vous accommodez-vous avec bonheur d’une Eglise sans prêtres, ou considérez-vous cette présence des pasteurs comme une grâce faite à la communauté ?
    Aider les chrétiens à faire ici le point, c’est déjà amorcer la plus fondamentale dynamique des appels !
  • Autre question : Quelles sont dès lors nos pratiques d’appel, celles qui sont susceptibles de permettre à des jeunes de poser une réponse en vérité, à l’appel entendu ?
    A ce niveau des préparations du congrès, l’interpellation lancée nous a semblé devoir passer par les chemins obligés de la prière, de l’éveil à la foi, de l’éducation chrétienne, de l’initiation spirituelle, de la vitalité des communautés et des Mouvements, du témoignage de tous, et spécialement des prêtres eux-mêmes.

Tels furent le projet et la mise en route d’un congrès. Et nous y sommes !

CE CONGRES : UNE HISTOIRE MAIS SURTOUT UN COMMENCEMENT

Temps fort de prière, de partage de nos expériences, de réflexion, ce congrès doit faire bouger et avancer.

CELEBRATION . . .Et comment donc ! en période de Pentecôte et à Lourdes...

  • La Pentecôte nous ramène à l’Esprit, source de tous les charismes, inspirateur de toutes les aventures mystiques.
    Le texte des Actes par sa structure même, définit notre démarche :
    • L’Esprit nous rassemble pour recueillir les fruits de Pentecôte, il nous forge une âme commune,
      . et dans un même mouvement, l’Esprit nous envoie, il nous donne le courage de l’avenir.
    • Le choix de Lourdes comme lieu du congrès n’a pas été dicté par des considérations pratiques de fonctionnement et de commodité. Ce sont des raisons plus profondes qui ont dicté ce choix :
      Tenir un congrès sur les vocations sacerdotales c’est d’abord, en effet, célébrer la Parole du Christ : "Priez donc le Maître de la moisson". Il est de notre responsabilité commune d’en donner l’exemple. La veillée de ce soir, la messe festive et le chapelet de demain, la messe à la Grotte lundi, souligneront cette préoccupation.

PARTAGE d’EXPERIENCE… Les routes sont tracées : il y a deux versants dans ce congrès

- Dans la mission, des prêtres diocésains

- Appeler au ministère des prêtres

  • C’est à partir de demain dans 1’après midi, avec les forums, que nous aborderons la deuxième séquence : "QUI APPELLERA ?"
    Le Père JORENS se fera l’écho de notre propre sentiment là-dessus. Il nous renverra cette interrogation : "ET SI C’ETAIT L’HEURE d’APPELER ?"
  • Auparavant, nous avons un premier parcours à franchir, ce samedi et demain matin : "LA MISSION AUJOURD’HUI ET LES PRETRES LA-DEDANS".
    Les interventions de M. Noël COPIN et de Mgr Emile MARCUS nous donneront des repères. Mais nous aurons nous-mêmes à nous impliquer dans la démarche, dès cet après-midi : QUELLE EST NOTRE RELATION AVEC LES PRETRES ?
    Dans un contexte de co-responsabilité, comment vivons-nous la spécificité du ministère sacerdotal ?
    Cette collaboration est peut-être l’endroit où se joue l’avenir. Comment négocierons-nous ce virage ? sous le mode d’un rapport de force ? sous le mode d’une simple répartition des tâches ? sous le mode d’une véritable complémentarité ?
    La crédibilité de nos pratiques passe peut-être en effet par cette ecclésiologie de communion.

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Aux évêques en visite ad limina, le pape a dit : "Faire face à la pénurie, ce n’est pas prendre son parti de la pénurie."

Monseigneur Jean VILNET, en annonçant la réflexion que les évêques allaient entreprendre sur le ministère et la vie des prêtres diocésains, disait à la dernière assemblée plénière : "Sans prêtres, sans évêques, sans fondations, l’Eglise ne pourrait ni vivre, ni agir."

C’est ce versant des choses que nous voulons rejoindre.

Il n’est pas de notre compétence de ré-écrire une charte sur la vie et le ministère des prêtres, mais il est de notre responsabilité, sans nous voiler les difficultés et sans repousser les interrogations parfois anxieuses que soulèvent les conditions actuelles du ministère sacerdotal, de répercuter très fort ce message :

"SI LE PERE VOUS APPELLE,
"SI LE MONDE VOUS APPELLE,
"SI 1’EGLISE VOUS APPELLE,
BIENHEUREUX ETES-VOUS !"