Ministère des prêtres en paroisse urbaine


ASSEMBLEE PARTIELLE n° 1 :

LE MINISTERE DES PRETRES
EN PAROISSE URBAINE

Philippe GUEUDET, responsable du S.D.V. DE CRETEIL

Comment faisons-nous Eglise ensemble, dans les communautés paroissiales des grandes villes ? C’est ce que nous avons à partager cet après-midi avec des personnes -laïcs, religieuses, prêtres- engagées à des titres divers dans la catéchèse, la pastorale des baptêmes, l’accueil..., au sein de paroisses des diocèses de TOURS et CRETEIL

Je laisse tout de suite la parole à Anne et Bernard DU GARREAU, un couple de laïcs de SAINT MANDE, dans le diocèse de CRETEIL.

- Diocèse de CRETEIL -

Madame Anne DU GARREAU

Les catéchistes ont, maintenant évolué. Au départ c’était le prêtre qui était responsable de l’équipe, constituée alors de personnes bien rodées en catéchèse. Les équipes fonctionnaient bien, chacun savait ce qu’il avait à faire. Et puis, il y a eu un tournant : le responsable d’équipe était un parent, appelé en tant que parent et je crois que ça a été très important.

Lorsque j’ai été appelée à prendre la responsabilité d’une équipe de catéchèse, une chose m’a frappée : je n’ai pas eu l’impression d’être appelée pour faire tourner la boutique, parce qu’il fallait que ça marche. Il s’agissait plutôt de vivre vraiment sa vocation de baptisé. Pour moi, il était important que cet appel vienne d’un prêtre, responsable de la communauté paroissiale, signe de l’église diocésaine et encore plus de l’Eglise universelle. C’est qu’il ne s’agit pas en effet de faire chacun son travail dans son petit coin. Une fois l’équipe constituée, quel fut le rôle de chacun ?

C’est la responsable qui anime l’équipe, qui la fait vivre. Lorsque l’on se réunissait régulièrement, il ne s’agissait pas uniquement de préparer la rencontre du mercredi suivant, il y avait toujours un temps d’approfondissement, de partage : lecture d’un texte, réflexion sur l’Eglise ou sur les sacrements. La présence d’un prêtre est alors très importante même s’il n’est pas là à toutes les réunions. Il a un rôle d’accompagnateur, il est celui qui permet qu’un texte devienne parole vivante. Je me rappelle en particulier d’une rencontre autour du texte sur la Tour de Babel qui fut très houleuse, heureusement que le prêtre était là... Ce partage éclairé par la parole de Philippe nous a permis d’accueillir vraiment le texte, de le recevoir et de transmettre ensuite cette parole aux enfants.

Le rôle d’accompagnement du prêtre est essentiel, c’est lui qui permet d’être vraiment cellule d’Eglise. Tous ensemble nous portons la mission mais le prêtre nous relie à la communauté. Et ça, je crois que les enfants le sentent très bien.

Il ne faut pas oublier que bien souvent, pour la plupart de ces enfants, c’est le premier visage de l’Eglise qu’ils ont et peu à peu ils prennent conscience qu’eux-mêmes font l’Eglise : il n’y a pas d’un côté ceux gui parlent et de 1’autres les enfants qui se taisent. Il y a un va et vient continuel. Et nous savons bien que les enfants nous apportent au moins autant que nous pouvons leur apporter.

Il y a des temps très importants dans la catéchèse, ce sont les temps de fêtes, les temps de célébrations. Enfants, animateurs et parents proclament qu’ils sont vraiment l’Eglise, signe de salut. La présence du prêtre nous rappelle alors gué si tous nous portons la mission, nous ne sommes pas rassemblés de par notre propre volonté mais que c’est le Seigneur qui nous convoque.

Le prêtre nous relie à l’Eglise. Pour les parents autant que pour les enfants, ces temps de célébration sont des temps forts parce que nous avons une grande responsabilité vis-à-vis de ces hommes et de ces femmes qui trop souvent se sentent exclus, marginaux par rapport à l’Eglise. Alors quel visage de l’Eglise leur offrons-nous ? Comment leur faisons-nous sentir que leur place est dans l’Eglise et qu’elle a besoin d’eux, que l’Eglise ce n’est pas seulement les prêtres ? Combien de parents attendent ce signe qui les appellera ? Nos célébrations sont des lieux privilégiés pour cela, et des célébrations qui ne sont pas forcément des eucharisties, parce que beaucoup de parents n’en sont pas encore là. C’est un autre visage de l’Eglise que celui dont ils avaient gardé le souvenir. Si, dans ces célébrations, certaines sont spécifiques à la catéchèse, il faut qu’il y en ait d’autres avec toute la communauté pour que celle-ci se sente tout à fait responsable de la catéchèse, responsable vis-à-vis de ces enfants.

Bien sûr, dans la catéchèse une place importante est faite aux sacrements. Là nous avons eu bien besoin de la présence du prêtre pour nous accompagner. Mon mari et moi, nous avons fait un grand chemin depuis le moment où notre fille aînée était en CE 2. Nous avons fait la découverte que le sacrement n’est pas une démarche individuelle à faire, que le prêtre n’est pas là simplement l’intermédiaire entre Dieu et chacun d’entre nous, individuellement. Ainsi ai-je découvert le sacrement de réconciliation en équipe de catéchèse : bien sûr nous recevons le pardon par le ministère du prêtre, mais c’est l’Eglise tout entière qui célèbre le pardon. Nous devenons signe du pardon de Dieu. Cela m’a beaucoup aidée, car dans mon enfance jamais on ne m’avait dit cela : c’est toute l’Eglise qui célèbre le sacrement ; le prêtre est serviteur du sacrement mais c’est la communauté tout entière qui célèbre.

- Ce que souligne Anne tout particulièrement, c’est ce "faire Eglise" que permet la présence du prêtre, au sein d’une équipe de catéchèse. C’est sur ce point-là qu’elle a fait porter l’accent de sa découverte, dans cette collaboration. Dans cette équipe en effet il y a une sollicitation nouvelle qui est sans cesse faite, se situer comme prêtre partageant la responsabilité et trouver mieux la place qui est la nôtre dans cette collaboration.

Monsieur Bernard DU GARREAU

Anne participant à la catéchèse, il nous a semblé important de faire quelque chose ensemble et c’est une des raisons qui nous ont conduits dans l’équipe "baptême".

Avant qu’une équipe "baptême" ne soit constituée, les réunions de préparation au baptême sont nées dans notre paroisse lorsque les prêtres ont voulu rendre les parents qui le demandaient plus conscients de la démarche qu’ils allaient faire et de la responsabilité qu’ils prenaient.

Ces réunions étaient animées par le prêtre seul, il était celui qui savait, il était l’Eglise. Nous avons vécu cette préparation lorsque nous avons demandé le baptême de notre aîné. Cette réunion fut pour nous éprouvante, les participants avaient l’impression de passer un examen. Dans le courant de la réunion, cela poussait certains à dire ce qu’il fallait, à répondre ce qui ferait plaisir au prêtre, tout en attaquant l’Eglise pour se défendre.

Puis est née, à l’appel d’un prêtre, une équipe de préparation au baptême composée de quelques couples, quatre ou cinq, ayant de petits enfants, et un prêtre.

La première démarche de l’équipe était de bien signifier aux parents demandant le baptême la présence de la communauté : l’Eglise n’est pas seulement un prêtre mais un peuple de baptisés. Les réactions des parents furent plutôt positives, à part quelques-uns déclarant que le baptême était affaire entre Dieu et eux et qu’ils ne voyaient pas l’intérêt des réunions, le prêtre se résume alors à celui dont on ne peut se passer pour le baptême et dont c’est le métier.

Mais cette équipe n’était pas seulement une équipe pour l’animation des réunions, c’était un groupe qui se réunissait tous les mois, qui réfléchissait, se formait, échangeait et priait ensemble. L’équipe en elle-même a évolué lentement, il lui a fallu une réflexion approfondie pour bien définir son rôle. Chacun de nous a découvert que nous étions investis d’une mission de par notre baptême. La découverte de cette vocation de baptisés est sûrement un des grands changements. Le prêtre de notre équipe avait alors un tout autre rôle. Non seulement il nous avait appelés, il était parmi nous le signe que nous étions Eglise et il nous a aidés à approfondir la parole afin qu’elle devienne vivante en nous. Tout n’était pas pour autant idyllique.

Toute cette réflexion et notre expérience des rencontres avec les parents nous ont amenés à nous demander comment faire davantage prendre conscience aux parents de leur propre appartenance à l’Eglise. A l’occasion de réunion sans prêtre, celui-ci ayant eu un empêchement, nous avions remarqué que la réunion se déroulait tout autrement. Le dialogue était beaucoup plus ouvert. Toute l’équipe a donc décidé que le prêtre ne participerait plus aux réunions de préparation qui furent donc animées par deux couples et à la fin de chaque réunion nous prenions un peu de temps pour noter les points importants, afin de partager à la réunion d’équipe et d’informer. Nous gardions bien sûr à l’esprit que les familles devaient avoir un dialogue avec un prêtre. L’itinéraire des parents est donc devenu le suivant : L’accueil avec un membre de l’équipe "accueil" composé de laïcs, la réunion avec d’autres parents demandant le baptême, puis la rencontre de chaque couple avec le prêtre devant célébrer le baptême.

Pour nous, notre vocation a pris, certes, une autre dimension mais celle du prêtre n’en a pas été réduite pour autant.

Dans l’étape suivante, l’équipe a pris conscience de l’absence de la communauté à la célébration du baptême, le prêtre étant seul face à la famille. Nous avons décidé qu’un couple de l’équipe participerait à la célébration du baptême et plus particulièrement à l’accueil. Cette décision a été spécialement bien ressentie et acceptée par les familles et par les prêtres. Pour eux, notre participation a donné un autre sens à la célébration.

Parallèlement à la réflexion sur la préparation au baptême, l’équipe était soucieuse de l’accompagnement des parents après le baptême. Après plusieurs propositions infructueuses, une équipe d’éveil à la foi, pour les tout petits, s’est constituée autour d’un couple de notre équipe. Mais cette dernière a tout de même ses limites car elle ne touche pas tout le monde. Comme en beaucoup d’endroits la génération des 25-40 ans est peu présente dans la communauté. Un couple de l’équipe "baptême" et un prêtre, tous les deux de cette génération, ont formé il y a un an une équipe de réflexion et par une enquête ils ont déjà sensibilisé la communauté.

Toute l’évolution de l’équipe que je viens d’évoquer me donne envie de vous raconter l’histoire d’un couple, Patrice et Marie-Claude, tous deux médecins, qui ont maintenant trois enfants.

A la naissance du premier, ils étaient éloignés de l’Eglise. La demande de baptême fut pour eux l’occasion d’une reprise de contact. Parler et échanger avec des couples comme eux leur fit découvrir que l’Eglise avait changé. A la naissance du deuxième enfant le couple est passé du simple constat d’une Eglise nouvelle à un désir d’aller plus loin ; le baptême fut cette fois une fête plus large à laquelle ils avaient invité les animateurs de leur rencontre. Lors du baptême du troisième enfant, Patrice et Marie-Claude faisaient alors partie de l’équipe "baptême" et ce sont eux qui ont invité toute la communauté à accueillir cet enfant et à prier.

L’équipe "baptême", bien sûr, se renouvelle et continue sa route mais elle s’aperçoit que plus on avance, plus il y a des choses à faire.

- Après ce qu’a dit Anne, quand je vous disait que ça changeait, que notre place changeait ! Pour le baptême c’était encore plus flagrant puisqu’un beau matin ils nous ont dit que ça serait mieux sans nous !.. Il a fallu accueillir cette proposition, mais qu’est-ce qu’elle voulait dire ?
La réussite de la vocation baptismale de chacun : pour qu’une Eglise soit une Eglise vivante et appelante, il est important qu’elle soit une Eglise d’hommes et de femmes réussis dans leur baptême, chacun à sa place. Je me sens ordonné à la réussite de la vocation de chacun pour une Eglise vivante.

Anne DU GARREAU

En quinze ans nous avons donc beaucoup évolué et l’image du prêtre s’est modifiée. Au début il nous paraissait évident qu’il y avait des prêtres pour faire le travail, bien faire fonctionner la paroisse et en particulier donner les sacrements. Peu à peu nous avons perçu qu’il s’agissait de tout autre chose : avec le prêtre nous portons ensemble la mission, chacun avec sa vocation spécifique.

Le prêtre est d’abord celui qui appelle pour que chacun vive sa vocation de baptisé dans la communauté. Il permet que chaque groupe rende compte à la communauté, il a un rôle d’accompagnateur. Il est serviteur de la Parole, il est celui qui permet que chacun puisse dire cette Parole. Au sein de la communauté le prêtre est serviteur des sacrements. Sans lui pas de sacrements, mais pas de sacrements non plus sans communauté. Et le prêtre relie cette communauté au diocèse et à l’Eglise entière.

D’autre part, nous voulons dire quelque chose qui nous tient beaucoup à cœur : nous nous sentons responsables vis-à-vis des prêtres avec lesquels nous portons la mission. Des relations d’amitié sont très importantes pour les prêtres qui sont dans nos communautés. Nous devons être ceux qui, individuellement ou en communauté, peuvent aider le prêtre à redire chaque jour son oui à l’appel qu’il a reçu.

Nous voudrions affirmer que plus nombreux seront les laïcs à prendre de véritables responsabilités, plus nous aurons besoin de prêtres pour les accompagner.

- Diocèse de POITIERS -

Armel de SAGAZAN, responsable du S.D.V. de POITIERS

POITIERS est une petite ville de 100 000 habitants, 120 000 avec son agglomération. Je suis prêtre depuis quatre ans et demi et je suis dans la paroisse St Paul depuis trois ans et demi. C’est une paroisse urbaine de 12 000 habitants qui a tendance à décroître par rapport à une "couronne verte" qui se développe sur les deux grands axes routiers de LIMOGES et de CHATEAUROUX. Saint Paul c’est un grand quartier, le faubourg du Pont-Neuf où se trouve une population relativement jeune, la tranche des 25-40 ans étant majoritaire.
Au plan socioprofessionnel, 25 % de la population est dans le personnel d’université, de lycée, collège, école primaire parce que nous sommes tout proches de ce complexe universitaire de Poitiers où il y a 15 000 étudiants ; 25 % est dans le monde médical avec LA MILETRIE, centre hospitalier avec une tour de 700 malades et un personnel de 4 OOO personnes ; 25 % aussi de la population est artisanale et commerçante et 25 % de retraités. Tel est le profil très sympathique, très vivant, d’une population qui est relativement stable et surtout qui représente des facettes de notre société actuelle tout à fait intéressantes, surtout à travers l’université et le monde de la santé. Le campus tout proche a une aumônerie autonome, mais l’église St Paul est un peu l’église des étudiants. En face de l’église se trouve la prison avec 165 détenus, population jeune majoritairement de moins de 30 ans et, en face, une maison que les chrétiens du quartier ont montée pour accueillir les familles qui viennent visiter ces prisonniers. Cette prison préventive est pour nous très importante sur ce quartier. Enfin, c’est un quartier avec son complexe sportif : la véritable cathédrale de Poitiers, c’est peut-être cette immense patinoire, ce stade où des centaines de milliers de jeunes viennent, pour nous c’est une grande interrogation.
Voila à grands traits la paroisse St Paul dans son quartier de Poitiers-Est.

Soeur Isabelle GIRET

Je suis religieuse de la congrégation de l’Immaculée Conception de NIORT. Je vis dans une communauté, au quartier de La Gibauderie, sur la paroisse St Paul, avec trois autres religieuses et je partage la mission dans l’équipe pastorale de cette paroisse. Je vais d’abord vous décrire l’équipe pastorale et ensuite le Conseil paroissial.

Comme religieuse j’ai donc été nommée et envoyée par l’évêque dans cette équipe pastorale qui est constituée de quatre personnes, trois hommes et une femme : deux prêtres diocésains, une religieuse et un religieux-prêtre. Tous les quatre assurent d’autres ministères et ne sont que partiellement disponibles pour le travail paroissial : service diocésain de la liturgie, Service diocésain des Vocations et aumônerie scolaire.

Je suis nommée et envoyée au même titre que les prêtres, à cette différence que je suis femme d’abord et, de ce fait, je sens les choses un peu différemment, et je suis religieuse. Le prêtre est différent parce qu’il est ministre : dans la célébration des sacrements notamment, il est celui qui parle et agit au nom d’un Autre, parce qu’il est instrument du salut, serviteur de la grâce donnée par le Christ pour l’Eglise et le monde.

Pourtant je ne me sens pas frustrée de ne pouvoir aller jusqu’au bout du sacrement dans sa préparation. Au contraire je pense que c’est une occasion donnée pour signifier l’importance du prêtre, chacun ayant sa place et vivant dans la complémentarité. Par exemple dans la préparation sacramentelle des baptêmes, mariages et eucharisties particulièrement, il y a une place donnée a ceux qui préparent : comme laïc, comme religieuse, je participe à une célébration qui me porte, qui me mène à quelque chose qui ne m’appartient pas. Le prêtre est là pour agir au nom du Christ comme serviteur de ce qui ne lui appartient pas, lui aussi : la grâce. Ici, la co-responsabilité joue pleinement son rôle. Il y a d’une part l’accompagnement au long de la préparation sacramentelle et il y a l’aboutissement qui est toujours l’initiative de Dieu dont le prêtre est ministre. Mais pour cela il est indispensable de mieux se connaître en approfondissant nos vocations différentes.

Je dirai, en conclusion de cela, que l’Eglise ne peut pas se passer de prêtres. En regardant la manière dont les prêtres célèbrent, en partageant d’un peu plus près leur vie, j’ai senti combien il était important pour eux de prendre du temps pour la prière, pour les célébrations, d’avoir un grand souci de la mission.

Et je peux dire que moi-même cela m’a aidée à vivre ma vie religieuse et à en percevoir un peu plus près le spécifique : la radicalité de la pauvreté dans une dépendance communautaire, et le célibat consacré, une vie toute d’obéissance qui est ouverture à l’universel.

Je peux dire que le jeu de la concertation fonctionne et que l’esprit d’équipe est un souci permanent, mais pour cela nous nous donnons des moyens.

Deux fois par semaine nous nous retrouvons au moment du repas, pour nous informer, mettre au point ce qui est important et chaque semaine nous célébrons la prière du soir et l’Eucharistie ensemble. Une fois par trimestre nous prenons une journée de récollection ensemble et deux jours de bilan en début et en fin d’année.

Chacun est responsable de ses fonctions. Il n’y en a pas un qui pense et les autres qui exécutent. Pour ma part, ma place de religieuse est à part entière, je partage pleinement la mission, et j’ai senti ce souci de ne pas me mettre de côté.

Le Conseil paroissial est composé de 26 membres qui sont délégués soit par l’assemblée paroissiale, soit par les groupes existants sur la paroisse. Le mandat des membres est d’au moins trois ans renouvelable une fois. Il est animé par un laïc, actuellement c’est une mère de famille, qui est élu à bulletin secret et à majorité absolue.

Ce Conseil a pour responsabilité de tout mettre en oeuvre pour que la paroisse remplisse sa mission. Il se réunit tous les mois avec l’équipe pastorale. J’énumère rapidement les groupes représentés : mariage, baptême, liturgie, éveil dans la foi, catéchèse, M.E.J. , aumônerie scolaire, aumônerie de l’hôpital, service évangélique des malades, A.C.G.F., Vie Montante, finances et travaux, stand de presse, maison d’accueil des familles de prisonniers, Secours Catholique, chorale, groupes jeunes...

Ce Conseil a un rôle de consultation et parfois de décision. Par exemple dernièrement, pour l’aménagement du chœur de l’église, pour l’achat d’un orgue, et aussi consultation-décision par rapport à un projet pastoral, quelles priorités, quels éléments manquent dans notre pratique ou nos préoccupations, quels souhaits, etc. Le Conseil se réunit au rythme de deux fois par trimestre avec un ordre du jour établi à chaque fois.

Madame Yvette JOYEUX

Je suis mariée, j’ai deux filles, je suis dans le quartier de La Pierre Levée depuis ma plus tendre enfance, je gère un hôtel-restaurant-bar-tabac-journaux. La proximité des facultés, du centre hospitalier, du stade, de la prison et de l’église paroissiale me font rencontrer une quantité de personnes très diverses.

Les gens de passage ignorent que je suis chrétienne. Ils aiment l’ambiance de la maison. Le plus intéressant est sans doute la fidélité de la clientèle du restaurant et du bar. En effet beaucoup prétendent ne pas être croyants mais il est agréable de constater le respect qu’ils ont à mon égard. Petit à petit ils se posent des questions, hélas le temps nous manque souvent pour les discussions. Cependant il m’arrive de servir à la terrasse en fin de soirée le samedi, en précisant : "dépêchez-vous il nous faut aller à la messe" et personne ne fait de réflexion. Parfois on nous demande : "Mais qu’est-ce que vous faites à la messe ?" "Je prie pour vous puisque vous n’y allez pas !".
D’autre part il nous arrive d’emmener des pensionnaires avec nous à l’église et la présence des prêtres ou religieuses, que nous ne manquons pas de faire connaître dans 1’établissement,nous aide beaucoup dans notre témoignage de chrétiens.

Monsieur Jean-Claude JOYEUX

Je suis comptable de profession et j’assure le poste de trésorier de la paroisse ; je fais également partie de la chorale et du Conseil paroissial. J’essaie de mon mieux de libérer l’équipe pastorale des soucis matériels. Nous ne sommes pas pris en charge par la municipalité, notre église a trente ans, aussi il faut veiller sans cesse à l’entretien et au fonctionnement du patrimoine paroissial. Récemment, lors de la fête des trente ans de la paroisse, j’ai été émerveillé par l’élan extra- ordinaire de solidarité et de dévouement de tous les chrétiens du quartier, pratiquants et non pratiquants.

Je crois gué pour nous, à St Paul, c’est une grande grâce d’avoir une équipe de prêtres et de religieux gué nous aimons et qui nous aiment, c’est important et c’est pour cela que ça marche. Sans eux qui nous guiderait ? qui célébrerait ? Jamais je n’avais ressenti autant de vide que lors d’une ADAP. Pour qu’ils remplissent leur mission, liberté et disponibilité sont nécessaires. Notre rôle ici est capital pour qu’un prêtre rayonne et porte du bonheur, il lui faut être bien dans sa peau et que cela se voit sur son visage, qu’il trouve auprès de nous d’éternels défenseurs et non des détracteurs.

- Tous les deux, Yvette et Jean-Claude, vous dites qu’il faut que le prêtre soit très disponible. Mais finalement pour qui et pour quoi ?

Jean-Claude JOYEUX

Pour écouter, pour nous former, mais essentiellement pour nous parler de Dieu, de l’Evangile

- Comment imaginez-vous la vie quotidienne des prêtres ?

Jean-Claude JOYEUX

La question gui revient sans cesse est celle du célibat. Pourquoi ? vous êtes là, disponibles, heureux, en ayant mis une croix, sans jeu de mots, sur la fécondité charnelle. Comment faites-vous pour parler de l’amour en ayant renoncé à tout cela ?

La vie d’équipe, la communauté, tous ces enfants qui ne sont pas les vôtres, tout cela vous aide à vivre notre célibat, c’est sûr, mais quand même ! Vous priez ? Si vous ne priez pas, alors qui le fera ? Quelqu’un a dit un jour "le prêtre est seul pour que les autres ne le soient pas".

- Pourquoi avez-vous dit tout à l’heure, que vous donniez beaucoup d’importance à l’Eucharistie ?

Jean-Claude JOYEUX

Le prêtre y est tout donné, c’est l’essentiel de sa vie. C’est le moment où l’on est interpellé, relancé, remis sur les rails, la foi est sans cesse en mutation, elle est indispensable à la vie de l’homme, la messe est un temps fort. Le prêtre nous invite à nous donner la main, il nous rappelle la radicalité de l’Evangile et c’est la pérennité des Apôtres.

- Au bar-restaurant, vous rencontrez des tas de gens et quand nous y allons, prêtres ou religieux, c’est toujours extrêmement sympathique parce que nous ne sommes pas clandestins, nous arrivons et nous sommes présentés à tous les gens qui sont là au bar.
Pourquoi cette grande simplicité, cette grande liberté de témoigner de votre foi ainsi, au bar, et qu’y entendez-vous dire sur le prêtre ?

Jean-Claude J0YEUX

"Les curés, ils ont bien une femme !.. alors à quoi ça sert !"... A ces réflexions qui nous blessent, j’aime répondre : le prêtre c’est vrai c’est un homme comme les autres, et j’essaie de parler du travail des prêtres que beaucoup ne soupçonnent pas et parfois c’est très intéressant. Tout a été dit pour le cheminement dans des paroisses qui fonctionnent et je crois que notre intervention à tous les deux, c’est un peu pour l’hétéroclite de l’affaire parce que tenir un bar et parler de Dieu, hé bien ce n’est pas évident ! Mais ça nous rend service parce qu’on a l’impression de servir à quelque chose.

- Nous avons fait part de notre réflexion à Paul qui est le responsable de l’équipe pastorale et nous lui avons demandé comment il réagissait à tout cela, en tant que responsable de la paroisse. Voici ce qu’il a écrit :

"Les témoignages qui ont été donnés mettent en évidence un point qui m’apparaît central. Aujourd’hui l’avenir de l’Eglise repose sur une collaboration très confiante et une complémentarité des prêtres, des religieux et des laïcs. Je suis frappé aussi que les laïcs re-découvrent l’identité du prêtre et le sens de la mission.

Pourtant, je reste préoccupé par une question : si cette collaboration prêtres, religieux, laïcs est très marquée par une estime et une amitié réciproques, comment faire pour que les changements de personnes, inévitables, n’ébranlent pas trop la cohésion d’une communauté ?

La mission vient de plus loin que nous, d’ailleurs que nous, comment en garder le souci et la faire découvrir ?

Il n’empêche qu’une telle confiance est tonique pour une équipe pastorale et que les prêtres y puisent un élan et un dynamisme extraordinaires".