Prendre en compte la maturation des jeunes


Pierre DANET
prêtre, actuellement curé de THEIX et NOYALO (Diocèse de VANNES)

Le Père Pierre DANET s’est longtemps occupé des Camps-Cadets et du Foyer-Séminaire diocésain de PLOREMEL. Cette expérience a nourri l’analyse qu’il nous propose ici, rappelant l’urgence de prendre en compte les "seuils de croissance chez l’adolescent et le jeune adulte". Un regard fouillé qui ouvre à des questions et des propositions pastorales.

Beaucoup de changements dans la société ! Qu’ils soient d’ordre économique, géographique, démographique, scolaire, ils ne sont pas sans influer sur l’évolution psychologique de l’être humain. Sommes-nous en face de nouvelles tranches d’âges ?

Bien sûr, l’enfance demeure l’enfance, l’adolescence l’adolescence ! Même si entre ces deux stades s’est glissée, s’est reconnue et posée, plus spécifiquement depuis les années 64-, la PRE-ADOLESCENCE, il est de plus en plus difficile de préciser avec détermination les "âges frontières" : un phénomène de "tuilage" ne s’accentue-t-il pas ?

Ne sommes-nous pas, depuis quelques années, en face d’une nouvelle tranche qui sociologiquement et psychologiquement se pose et appelle attention, dans une spécificité propre : les JEUNES ADULTES, c’est-à-dire les 18-25-35 ans et les 25-40 ans ne soulèvent-ils pas une attention aussi particulière, actuellement ?

En tout cela :

- Mutations profondes de mentalité

- Stabilité des âges de plus en plus ébranlée

- Instabilité de plus en plus indéterminée

- Age des CHOIX DE VIE reculé, reporté, imprécis à situer.

Devant cette imprécision grandissante et surtout devant des constats de situation plus repérables, devant des vécus affirmés ou dénoncés, essayons de poser quelques jalons de clairvoyance. Cela autour de deux tranches d’âges où hier se pensaient plus, et devraient se penser encore aujourd’hui, au moins certaines orientations de vie, sinon le choix de la vie :

- l’adolescence

- les jeunes adultes

Mais si diversifiée que soit la vie de l’être humain, il restera toujours qu’elle forme un tout. L’avenir se fondera toujours sur un présent et s’enracinera toujours sur un passé. Aussi apparaît-il nécessaire de remonter dans l’évolution de l’être humain et d’évoquer diverses étapes qui, dans le jeu successif de ruptures et de chemins d’émancipation, conditionnent la personnalité.

- POINTS DE RUPTURE ET CHEMINS d’EMANCIPATÏON

Dans son livre "QUESTIONS SUR l’HOMME", Olivier CLEMENT définit la vie de l’homme comme une "succession de morts et de résurrections" depuis sa conception génitale jusqu’à son "passage dans l’au-delà"  : séries de ruptures qui, aux divers stades de l’existence, engendrent, ré-engendrent la vie dans un jeu de morts et de vies nouvelles.

Dès sa naissance, l’enfant "meurt" au milieu intime et super-protégé de la matrice génitale pour s’ouvrir au grand jour de la vie de l’univers, de sa famille..., et commencent pour lui des successions de ruptures qu’il souhaiterait, au fil de l’évolution de sa conscience, des chemins d’émancipation. Mais de quelle émancipation ?

Situons quelques-unes de ces ruptures plus déterminantes :

* LA MISE EN GARDE CHEZ LA NOURRICE -
De plus en plus fréquente dans les foyers sujets au travail du couple. Première rupture affective, non pas sans incidence profonde et insuffisamment prise en compte actuellement

* ENTREE EN CLASSE MATERNELLE OU CRECHE ENFANTINE -
Départ du milieu "chaud" familial et première expérimentation d’une vie sociale collective.

* ENTREE EN CLASSES PRIMAIRES -
Ruptures avec les premières relations : "sa maîtresse", "son premier groupe de petits amis..". Eveil à un monde plus structuré, plus organisé : expérimentation de "systèmes" ; ouverture aux "éveils à la vie"..

* ENTREE EN SIXIEME -
Rupture profonde ! On quitte l’école de son pays, de son quartier. On part vers un "ailleurs" : vers la ville du canton, pour le rural ; le collège du quartier, pour le citadin.
Nouvelle organisation scolaire, plus méthodique, plus différenciée, avec succession de professeurs. On y rencontre des camarades d’horizons plus élargis et de ce fait plus diversifiés. On y expérimente des situations plus urbanisées ou au moins plus collectives.
On s’éloigne des lieux de formation plus liés au contexte familial, communal, paroissial... Une certaine indépendance s’affirme en même temps que se perd une spontanéité plus naturelle.

* ENTREE EN SECOND CYCLE -
Liée au développement de l’adolescence, d’une personnalité qui veut s’affirmer mais qui est loin d’être posée, correspondant aussi aux orientations scolaires ou professionnelles, ce temps est marqué par une coupure des plus accentuées, s’exprimant dans des rejets d’un passé, des comportements de refus, d’abandon des formateurs précédents.
On veut se passer (au moins pour un temps) de la famille, même si on continue à "en profiter".
On veut se débarrasser de l’expérience religieuse, d’autant que les modèles adultes semblent bien s’en passer !
En même temps, un désir, voire une curiosité d’expérimentation personnelle de la vie, de ses relations et recherches.
On s’inquiète à juste titre de la proximité et de la réalité des examens d’orientation : C.A.P. - B.E.P. - Bac... La conscience de l’importance de ces derniers se fait alors de plus en plus vive et elle conditionne l’existence tout en laissant apparaître l’incertitude d’avenir.
J’ajouterai que pour les minorités qui font, poursuivent ou retrouvent un cheminement de foi, on est en face de NEO-CATECHUMENES : ou bien ils savent peu de choses, ou bien, voulant expérimenter par eux-mêmes, ils rejettent le reçu antérieur ; ou bien ils apparaissent "neufs", se laissant souvent guider par leur seule sensibilité ou une certaine émotivité, même sous des dehors de religiosité - voire de spiritualité - généreuse et même sincère.

* ENTREE EN APPRENTISSAGE OU DANS LE MONDE DU TRAVAIL OU DU CHOMAGE -
Plus ou moins reculé, suivant les sujets et leur orientation scolaire, ce temps marque un pas important vers un monde plus adulte, mais est-ce un pas vers une maturation, vers des déceptions ? C’est en tout cas un moment de vérification et d’expérimentation du concret de la vie en sa réalité.

* ENTREE DANS LE MONDE UNIVERSITAIRE -
Temps de libération et de l’affirmation de soi, mais aussi temps de la rapide illusion et de la déception. Plus livrés à eux-mêmes dans la foule et l’anonymat des grandes cités, c’est l’exercice de la "liberté" dans une confrontation plus réfléchie, plus théorique aux données et recherches de vie. Ce temps d’entrée en université - à ne pas confondre avec les années qui suivront - se présente soit comme un tremplin vers un élan possible, mais également vers des chutes douloureuses...
Pour beaucoup ne demeurera-t-il pas comme l’amorce d’un prolongement d’attente par rapport aux réalités concrètes de la vie ?

* Regards sur cette évolution

Au terme de toute cette succession de RUPTURES, pouvons-nous dire quel chemin d’émancipation s’est construit ?

Quand on porte un regard sur les comportements généraux de nombre de jeunes approchant des 18-20 ans et des 25-30 ans, suivant leur situation, il apparaît des zones de FRAGILITES.

· FRAGILITE d’ETRE :

- "On n’a pas réalisé son projet de vie selon ses aspirations les plus profondes"

- "on a été orienté autrement..."

- "On est acculé à prendre un autre travail... une autre orientation... à attendre.."

- "On est mal dans sa peau.."

- "On n’est pas reconnu à juste valeur... ou selon ses aspirations..."

- "Qui sommes-nous... Qui suis-je finalement ?"

* FRAGILITE AFFECTIVE

- A une non reconnaissance de soi, ou une méconnaissance, se joint le sentiment de blessures affectives :

- "on n’est pas aimé... on ne nous a pas aimés comme on est..."

- La sensibilité est souvent mal posée, passant par les oscillations de l’enthousiasme exagéré aux replis des découragements et défaitismes obscurs ... D’où beaucoup de courants, voire d’élans émotionnels !

· FRAGILITE "PSYCHO-SOCIOLOGIQUE"

- C’est la conséquence des deux précédentes.
Beaucoup de jeunes ont du mal à se sentir "eux-mêmes" et par conséquence, à se reconnaître dans la société et à se sentir reconnus dans cette société. D’où rejets, "boff..", passivité de résignation... élans de contestation mais accompagnés de crainte de récupération (cf. dernières manifestations lycéens-étudiants).

* FRAGILITE SPIRITUELLE

- Cette fragilité n’est pas sans lien avec les trois précédentes tout se tient !
Pour beaucoup, il y a le rejet total de cet "imposé" ou "donné gratuit" d’une foi d’un monde "passé".
Pour d’autres, il y a l’ignorance absolue, ou au moins une méconnaissance, héritage de mal croyances antérieures ou environnantes.
Chez certains, plus liée au courant émotionnel, des élans de religiosité qui ouvrent des attentions d’"impressions...", "d’illusions..", de "recherches.." d’une certaine spiritualité de la vie.

Qu’en est-il exactement ?

- D’abord, où se situe l’objet spirituel ? Ce n’est pas forcément dans une foi en Jésus-Christ, même si on fréquente des "hauts lieux" et rassemblements chrétiens : l’ambiance, le "mieux-être" psychosociologique peuvent y trouver des compensations

- Et il y a aussi le spirituel, tout court, de la vie, qui au-delà de conditions matérielles non satisfaisantes appelle à des chemins d’une certaine "recherche du sens", qui passe aussi bien par les courants écologiques, certains recours au spiritisme ou autres déviances assez communes ou évasions par l’ésotérisme.
Le "spirituel" du jeune peut revêtir différentes couleurs et même des couleurs successives, on l’a constaté aux lendemains de grands rassemblements où des délégués "sérieux" rejoignaient aussi facilement des sectes... La chronique n’a pas manqué d’exemples au lendemain du Congrès eucharistique de Lourdes !

- Cependant, s’il y a ces "courants", à notre époque, nous sommes en face d’une FORTE TENDANCE SPIRITUELLE et d’un mouvement qui attire ou conduit nombre de jeunes adolescents, ou jeunes adultes, vers des LIEUX OU CONVIVENT A LA FOIS FRATERNITE ET RECHERCHE PROFONDE DU SENS DE LA VIE.

Bien sûr, tout cela demeure fragile. Mais n’est-ce pas à accueillir comme lieu d’Espérance dans cet "univers méandreux" de l’évolution actuelle de la jeunesse ?

Personnellement c’est dans cet esprit que j’ai été amené à fréquenter un certain nombre de Communautés de jeunes de type nouveau et à me laisser interpeller.

Sans perdre un juste et nécessaire esprit critique, sommes-nous aujourd’hui en Eglise - disons en Eglise établie - suffisamment attentifs et surtout accueillants à des jaillissements, mais aussi à des expériences qui persévèrent depuis une dizaine d’années ?

- DEUX TRANCHES d’AGE QUI APPELLENT ATTENTION, AUJOURD’HUI

Toutes ces fragilités invitent à poser un regard sur deux tranches d’âge, qui hier étaient temps d’orientation déterminée et même lieu d’entrée dans la réalité de la vie.

Si elles demeurent encore aujourd’hui des chemins d’accès, elles ne sont pas pour autant des "aboutissements" les plus assurés.

L’adolescence

Cet âge se révèle de plus en plus élastique ! Pour les uns il commence très tôt et se prolonge même assez tard. Si je ne craignais pas de manquer de quelque respect, je serais porté à le comparer à un ver de terre ! Retenons la comparaison plus "noble" de l’élastique.

Suivant le contexte familial, scolaire, socioculturel, l’environnement et les possibilités (ou impossibilités) professionnelles, ou simplement d’avenir, l’adolescence "s’étire" des deux bouts, présentant deux aspects qui peuvent prêter à confusion :

- une PRECOCITE AVANCEE

- une MATURITE ATTARDEE

Sous l’influence des médias, des relations, des voyages, de conditionnements d’Eveil..., les jeunes sont de plus en plus "éveillés" à nombre d’expériences, de découvertes et même parfois de certains exercices de responsabilité. Dans un précédent numéro de JEUNES ET VOCATIONS, j’avais déjà baptisé cette génération de "génération flash" !

N’est pas sans influer également l’éclatement des situations familiales : les horaires de travail - les distances des relations familiales - les séparations momentanées, définitives - le divorce des parents, le remariage -la cohabitation des jeunes mais aussi d’adultes et de parents… etc. Un climat et une accoutumance au provisoire et au "relatif" s’ancrent peu à peu dans les coutumes et les mentalités de vie.

Prolongé dans un état plus artificiel du fait de la prolongation de la scolarité et des études, devenant même prétexte (officialisé !) à des impossibles, ou à une attente, de situations professionnelles, la maturité tarde. Un courant d’attentisme s’instaure !

Notons que s’il est donné à certains de toucher à un certain exercice de responsabilité, la prise réelle de cet exercice n’en est que plus retardée suite au chômage, à un certain assistanat conséquent et aux situations provisoires.

Les jeunes adultes

Est-ce par voie de conséquence que se présente aujourd’hui cet âge intermédiaire dans l’évolution psychologique de l’homme : le "JEUNE-ADULTE" ?

Ce n’est plus un adolescent bien qu’il en conserve des signes à travers des comportements maintenus de cette période antérieure.

Ce n’est pas encore un adulte établi ou "posé", se maintenant ou maintenu qu’il est, dans des situations d’attente, de provisoire ou de non exercice de responsabilité concrète, d’expérience confirmée et reconnue.

Habituellement on compte cet âge à partir de 18 ans, ou fin d’études du 2ème Cycle. En fait, il s’étale d’un changement de situation de vie telle que l’entrée en apprentissage, en études supérieures, au chômage, jusqu’au passage effectif dans la vie active. Mais peut-on en fixer une limite précise ?

AGES DE .DESIRS – DE REVES – DE REALITE – DE RADICALITE ?

Si la pré-adolescence, il y a vingt ans, pouvait se définir comme l’âge du projet, avec une étape de passage du rêve à la réalité, qu’en est-il au niveau de l’adolescent et du jeune adulte, de ce passage "rêve-réalité" ?

- Peuvent-ils être capables de projet effectif ?

- Où en sont leurs désirs ?

- Ne sont-ils pas entretenus dans un état de rêve plus ou moins réalisable ?

Par contre, chez certains, qui semblent se différencier des courants "boff", se manifestent des mouvements plus ou moins durables de RADICALITE, d’absolu. Qu’en penser : Y voir des appels à un "PLUS" de la vie ? s’en tenir à l’illusion de rêves et de désirs ?

Un discernement s’impose sûrement ! N’y a-t-il pas en tout cela, plus ou moins exprimées, des "pierres d’attente" d’une maturité sûrement désirée ? Ce qui me fait parler de "seuils de maturation".

DES SEUILS DE MATURATION

Dans le flou de cette évolution prolongée, le jeune ne passe-t-il pas par des seuils de maturation ?

Tantôt, il se présente avec des signes certains de maturité et même de solidité. On est alors porté à lui faire confiance, à l’engager ou lui proposer des engagements d’une certaines stabilité ou durabilité. Puis viennent la réussite à un examen, un changement ou tout simplement une accoutumance et un sentiment de monotonie dans une situation qui dure déjà et voilà un essoufflement ! Alors apparaissent des points d’immaturité non relevés auparavant, et souvent imprévisibles, dans leur générosité ou engagements.

Cela s’est remarqué, aux dires de plusieurs formateurs et animateurs - éducateurs près de jeunes
. qui exprimaient un projet de vie religieuse ou consacrée
. qui avaient envisagé une entrée au grand séminaire
. fiancés ; dans de jeunes couples (mariés ou non)
. qui avaient pris un engagement ou une responsabilité de Mouvement ou un service d’animation
. qui ont été amenés à vivre d’une façon plutôt intensive, un chemin spirituel de type assez fort ou avaient mené une action militante assez prononcée.

Cela se traduit par une remise en cause du projet initial, par des rejets parfois violents des lieux de vie ou d’engagement. Se substituent alors soit des manifestations d’agressivité, des comportements qui peuvent aller de l’enfantillage à une dureté de caractère, soit des rejets de personnes ou de situations influentes, bien que librement choisies. Surviennent aussi des fuites en avant vers d’autres lieux d’engagements, d’évasion possible, et non pas parfois sans recherche d’un autre élan de radicalité gui peut poser question.

Est-ce simplement du "papillonnage" ?
N’est-ce pas plutôt la conséquence de ces fragilités gui retardent une maturité suffisante ?
L’évolution d’une personne ne se construirait-elle pas, en ces temps, dans des rythmes oscillatoires, qui obligent à en saisir - non plus une avancée harmonieuse - mais des points de progression porteurs de maturité et de solidité dans un contraste de fragilités ?

L’AGE DES CHOIX DE VIE ET DU CHOIX DE VIE

Si jadis, dans un univers de grande stabilité, des choix de vie s’orientaient déjà à 12 ans, aujourd’hui ne serait-ce pas téméraire de poser un âge précis ?

Nous sommes loin de la fin des études primaires où, il y a 30-40 ans, l’enfant entrait en apprentissage, partait commis de ferme, ou, suivant les ressources familiales, entrait en études secondaires.

Des orientations se précisaient déjà. Alors étaient fleurissants juvénats et petits séminaires ; beaucoup de projets pris au sérieux "aboutissaient".

Même si des velléités s’expriment aujourd’hui, l’adolescence est-elle l’âge d’un choix et d’une orientation déterminée ?

Combien d’étudiants grimpent les degrés universitaires ou cumulent DEUG ou U.V. sans pouvoir se déterminer une carrière ?

Pourtant cette génération est porteuse de la vie d’aujourd’hui et de demain. C’est cette génération que le Seigneur appelle pour son Eglise aujourd’hui, dans ses fragilités de ce temps, comme il a appelé les générations d’hier dans un autre contexte !

Tout cela amène une série de questions.

* Quelques questions

  • La générosité est-elle suffisante pour "jauger" la maturation, que cette générosité soit de type apostolique, militant ou spirituel ?
  • Que peuvent nous dire les "élans spirituels" d’un jeune adolescent ou jeune adulte ? Quel signe de durabilité et de profondeur portent-ils ?
  • Dans ce domaine de la spiritualité (qui attire aujourd’hui des jeunes) quel chemin leur présenter ? A la fois leur désir n’est ni à rejeter ni à télescoper.
    Une prudence ne s’impose-t-elle pas dans la proposition des lieux forts et privilégiés ?
    De même, la proposition de TEMOINS FORTS de la vie n’est pas sans ambiguïté, s’il n’y a ensuite accompagnement sérieux, suivi, bien enraciné dans les réalités quotidiennes ?
  • Pour des jeunes plus portés à l’action, quel complément de formation donner à leur engagement ?
Si le "faire" et l’efficacité mobilisent leurs énergies, quel approfondissement d’"ETRE" leur donner parallèlement pour un sain équilibre de leur évolution personnelle ?
Quelles exigences s’imposent devant l’accaparement (voire une certaine exploitation), d’un militantisme naissant ou s’affirmant ? Comment concilier les dimensions collectives et personnelles ?

* Quelques axes

  • Prendre le temps de l’accompagnement et d’un discernement en profondeur
  • Déjouer d’une part les risques certains d’un ATTENTISME, mais ne pas bousculer les étapes de maturation nécessaire. "Vivre la patience du semeur et l’attente du moissonneur" même et surtout devant les urgences !
  • Tester les lieux d’enracinements et les comportements de fragilité-solidité, de fragilité-durabilité dans ces lieux et dans des relations inhabituelles
  • Porter une attention particulière à ce qui peut être VOLONTARISME. Quelle solidité d’être y a-t-il derrière de tels comportements ?
  • Mesurer la capacité "Incarnation", surtout dans le cas d’élans spirituels ou de générosité hâtive
  • Proposer des chemins d’approfondissement de vie humaine (avec regard sur les comportements relatifs à la sensibilité-émotivité, volonté, jugement et raisonnement, activité et relations)
  • Porter attention à l’évolution dans ces lieux d’existence de la personne, y mesurer les degrés delà responsabilité personnelle et collective
  • Proposer un approfondissement d’un chemin de FOI - loin de s’en tenir à des courants type "fête", ponctuels où l’émotionnel joue une part prépondérante- ne s’impose-t-il pas d’éprouver la capacité d’éveil à la difficulté et à une certaine résistance à la remise en cause, dans des lieux "d’incarnation vérifiée".

Dans mon action éducative, consacrée toutes ces dernières années à ces âges, j’en étais arrivé à souhaiter ce que j’avais appelé des "LIEUX-SAS" DE LA VIE : des lieux provisoires d’expérimentation de la vie en groupe, gui permettent une maturation personnelle progressive, dans une confrontation accompagnée.
Des lieux de propositions gui ouvrent à travers l’expérience communautaire à une foi vécue et partagée en Jésus-Christ, sens de la vie de l’homme, et à un amour de son Eglise, ferment de communion et d’unité dans le monde.

Aujourd’hui, ayant rejoint le "commun des pasteurs" dans deux paroisses et un doyenné périphérique de ville de province, cela me paraît encore plus que nécessaire pour une lente mais assurée MATURATION DE VOCATIONS EN EGLISE, même s’il est urgence de besoins et de relève.