"Changer notre regard..."


Michèle ROCHETEAU
religieuse dans l’équipe du S.D.V. de LUCON,
membre de l’Atelier des religieuses en S.D.V. pour la région OUEST

Les 29 et 30 novembre derniers, vingt religieuses de dix diocèses de l’Ouest se réunissaient pour partager sur le ministère presbytéral, à partir de la fiche de réflexion destinée aux religieux et religieuses :

"L’APPEL AU MINISTERE DES PRETRES DIOCESAINS,
SERAIT-CE AUSSI NOTRE AFFAIRE ?.."

Ce fut l’occasion d’un échange riche sur le rôle spécifique des prêtres, sur ce que nous vivons avec eux, ainsi que sur les questions posées à travers les nombreuses tâches pastorales exercées aujourd’hui par des religieuses ou des laïcs.

A l’issue des carrefours, voici quelques constatations et convictions recueillies :

1 - LE MINISTERE DES PRETRES, LA CO-RESPONSABILITE

Un bon nombre de sœurs ne sont pas au clair sur le rôle des prêtres, et cet échange nous a été bénéfique à ce sujet.

- Nous reconnaissons aux prêtres leur triple fonction de garants de l’annonce de la Bonne Nouvelle, présidents de la Communauté et serviteurs de la communion, rassembleurs du peuple.
Mais ils sont aussi pasteurs présents à leur peuple et vivant proches de lui.

- Depuis Vatican II, nous avons tendance à minimiser le rôle des prêtres

- Une concertation prêtres, laïcs, religieuses existe : ce partenariat est bénéfique et constructif, mais "le pouvoir est souvent du même côté".

- Au niveau des Services des Vocations, chacun a bien sa place ; nous vivons dans la complémentarité.
Nous apprécions de pouvoir tisser entre prêtres et nous des liens de type fraternel. Un certain partage de vie permet aux prêtres de mieux connaître la vie religieuse et de nous découvrir autres que la simple "fonctionnaire"... La réciproque est vraie...

2 - DES LAÏCS, DES RELIGIEUSES EN PASTORALE : DES QUESTIONS NOUVELLES

Pourtant, en raison de la rareté des prêtres et de la prise en charge de nombreuses tâches pastorales par des religieuses ou des laïcs, des questions se posent et des difficultés apparaissent :

• Il arrive que des sœurs "fonctionnent" comme des prêtres. Elles exercent souvent leur responsabilité avec beaucoup de compétence, ce qui crée des conflits de pouvoir entre la personne qualifiée et celle qui est "garant" de l’annonce de l’Evangile.
Ainsi, une religieuse, dans une mission confiée par l’évêque, a le projet d’ouvrir son groupe à d’autres groupes et partage donc le même rôle que le prêtre

• Des jeunes parents, des catéchistes ne sentent pas forcément le "besoin" du prêtre... Nous avons un rôle à jouer près d’eux pour "introduire" le prêtre et signifier la communauté d’Eglise, sans toutefois en faire un "magicien" ou le cantonner dans les célébrations sacramentelles.

• Dans d’autres circonstances, faisant partie d’une équipe d’aumônerie d’hôpital, on perçoit une autre difficulté : des laïcs, des religieuses accompagnent longtemps des malades. Elles regrettent de ne pouvoir "aller jusqu’au bout". On sent un malaise quand on a besoin du prêtre pour les sacrements, lorsqu’on doit le faire venir en dernier lieu.
D’autres équipes ont essayé de trouver une solution en disant qu’elles se situent dans une Eglise, en étant présentes au Sacrement comme témoins de la démarche de foi et de réconciliation du malade.

Il nous paraît donc urgent d’avoir cette conviction, aujourd’hui, que l’Eglise ne peut se passer de prêtres.

En conclusion, nous nous rappelons la nécessité de changer notre regard, pour voir dans le prêtre le signe du Christ qui sauve,
le signe d’un ailleurs.
Il nous redit que l’Eglise ne se reçoit pas d’elle-même mais de Jésus-Christ.

3 - APPEL AU MINISTERE PRESBYTERAL

Pour pointer quelques pratiques d’appel que nous vivons ou sommes appelées à vivre, je prendrai appui sur le témoignage que le Père Gérard NASLIN a bien voulu nous livrer. Il nous montre la place et le rôle des religieuses dans l’histoire de sa vocation.

Comment leur vie est APPEL pour un enfant, un jeune qui porte dans son cœur le désir de servir DIEU et ses FRERES.

  • Par leur proximité - leur ENRACINEMENT au cœur du monde qui rappelle l’Incarnation d’un "DIEU-AVEC-NOUS"
  • Par le témoignage de leur VIE DE PRIERE ouverte à tous. Moment important de silence intérieur qui permet d’ECOUTER et d’ENTENDRE l’appel.
  • Par le choix de vivre la suite du Christ de façon originale dans la pratique des VOEUX  :
CHASTETE : signe de l’Amour universel
PAUVRETE : rappel de tout ce qui a "goût d’éternité"
OBEISSANCE : chemin de liberté.
  • Par le témoignage de leur VIE COMMUNAUTAIRE qui rappelle sans cesse que la communion est toujours à faire et que certains (les prêtres) sont envoyés comme SERVITEURS de cette COMMUNION reçue d’un AUTRE.
  • Par le témoignage de leur VIE APOSTOLIQUE. Oser adresser à un enfant, un adolescent, un jeune, une parole directe, une interpellation : "Et toi ? POURQUOI PAS TOI ?.."
    Parole adaptée à chaque étape mais qui provoque une réponse personnelle.
  • OSER demander à un enfant, un adolescent, un jeune, un SERVICE - UN ENGAGEMENT à la mesure de son âge, qui lui permette de réaliser que Dieu et ses frères ont besoin de lui pour construire 1’EGLISE, CORPS DU CHRIST.
  • Notre travail en Services Diocésains des Vocations ou en Atelier "Vocations à la Vie Religieuse" renforce notre souci de l’appel au ministère presbytéral (comme à toute vocation spécifique) et nous en rend porteuses dans les différents lieux où la mission nous envoie (Unions.., catéchèse.., réunions de parents, etc.)

Pour terminer :

- Une CONVICTION : Importance d’un travail ensemble. Devenons de plus en plus "PARTENAIRES"


- Une NOTE d’ESPERANCE : Cette collaboration vraie existe déjà chez nous (et ailleurs !)... Nous sommes EN ROUTE ! ... AVANÇONS ! ...


- Une INVITATION : Ce travail commun sera fécond si nous osons risquer une parole personnelle qui révélera comment chacun est responsable du Mystère de la vocation de l’autre et l’aide à y répondre jour après jour.

Le partage fraternel vécu au cours de ce week-end nous en a donné la preuve et nous invite à poursuivre dans ce sens.