Susciter la disponibilité


pour le service de l’Eglise

Robert BOUCHER
laïc marié, en Action Catholique Ouvrière sur BREST

Quelle place les prêtres tiennent-ils dans notre vie de foi ?
Robert BOUCHER, 42 ans, père de famille, militant à la J.O.C. membre aujourd’hui de l’A.C.O. sur BREST, apporte ici son témoignage.

LA RENCONTRE DE LA J.O.C. A 18 ANS

Un prêtre du quartier, Yves, vient jusqu’à la maison pour m’inviter à une réunion de la Mission de Brest pour les jeunes des écoles techniques. C’est très intellectuel. Je ne poursuis pas. Yves revient à la charge pour m’inviter à venir parler avec d’autres jeunes de ce que nous faisons avec d’autres copains pour organiser nos loisirs et préparer ensemble les cours de dessin technique. C’est une rencontre de J.O.C. C’est la découverte d’un Mouvement, d’un peuple, d’une Eglise vivante.

Je rencontre à l’occasion de nombreux prêtres attentifs à la vie quotidienne des jeunes, des prêtres soucieux de permettre aux jeunes de progresser dans leur rencontre de Jésus-Christ.

La réflexion, l’engagement dans la J.0.C. m’amènent à fixer des lignes de conduite : subordonner la promotion professionnelle à la promotion collective du Monde Ouvrier ; disponibilité à un engagement de plusieurs années dans la J.O.C. J’en viens à m’interroger moi-même sur le sacerdoce.

Je reçois la J.O.C., l’Eglise comme un don. C’est la découverte de la prière, de l’Eucharistie, comme rencontre du Dieu vivant. Je vois l’Eglise comme un peuple qui accueille Dieu et qui répond à son initiative.

Le prêtre devient pour moi celui qui, avec les évêques signifie le lien avec les apôtres institués par Jésus-Christ. Il n’est plus essentiellement celui qui détient un pouvoir, le chef d’un rassemblement, d’une organisation. Il n’est pas avant tout celui qui sait, qui connaît, mais celui qui permet la rencontre de Jésus-Christ. La rencontre des moines de Landévennec, lors d’un rassemblement J.O.C. m’interpelle. Je reste admiratif devant ce détachement du monde et le don d’une vie.

Cette première rencontre avec les prêtres aumôniers J.O.C à Brest se poursuit par une expérience de responsable dans l’équipe nationale de la J.O.C. Ce rôle de dirigeant me permet de mieux percevoir la dimension universelle et historique de l’Eglise.

A l’ACTION CATHOLIQUE OUVRIERE

A l’A.C.O. depuis 1969, c’est à nouveau la rencontre d’aumôniers du Mouvement. C’est aussi un travail important de réflexion avec un expert théologien pour mettre en oeuvre un plan de formation des responsables de l’A.C.O. de la région brestoise.

C’est encore la rencontre avec les prêtres-ouvriers de Brest. De la réflexion commune se dégagera un sens plus grand de notre responsabilité "complémentaire" laïcs et prêtres.

QUE REPRESENTE LE PRETRE POUR MOI ?

Aujourd’hui, faut-il se lamenter de voir le nombre de prêtres diminuer, voire disparaître quasiment ? Sont-ils encore nécessaires alors que les croyants sont plus à même de prendre des responsabilités ?

La question ne se pose pas en termes de nécessité, mais bien plus en termes d’authenticité, d’historicité, de don historique et renouvelé. Le prêtre n’est pas là d’abord pour soutenir l’institution, il a une place dans ma foi. C’est quelqu’un qui est donné par Dieu à l’Eglise et au monde pour signifier sa volonté de nous sauver.

Le prêtre, dans la petite communauté de chrétiens que représente l’équipe A.C.O., est cette présence qui nous rattache à l’initiative de Jésus-Christ, au don fait par Dieu. C’est le rappel que Dieu interpelle tous les hommes, que tous sont sauvés. C’est celui qui est appelé à présider l’Eucharistie où se réalise la communion voulue par Jésus-Christ. Il est chargé de faire entendre la Parole de Dieu.

UNE EGLISE QUI SUSCITE DES VOCATIONS

Suis-je concerné par cela ? Pendant bien longtemps, les prêtres étaient en nombre suffisant. Je ne me posais aucune question. De plus les prêtres forment un groupe ayant une vie propre, avec ses problèmes. Pas facile de s’y intéresser.

En fait, le renouvellement des prêtres n’est pas de la responsabilité exclusive des prêtres. C’est d’abord une responsabilité du peuple chrétien. Il nous appartient d’aller jusqu’au bout de notre rencontre de Jésus-Christ, là où nous sommes, dans notre vie de tous les jours, d’être d’authentiques chrétiens reconnus, rattachés à l’Eglise et reçus comme tels. En classe ouvrière, il est important d’être en même temps des militants engagés dans l’œuvre de la libération ouvrière et des militants chrétiens qui expriment en Eglise l’amour de Dieu pour tous les hommes.

Nos communautés de chrétiens doivent être, au milieu du monde, à l’écoute des plus pauvres et le véhicule de la Bonne Nouvelle toujours actuelle. En même temps, elles doivent être d’authentiques communautés d’Eglise, en prenant les moyens de la rencontre avec Jésus-Christ, en renouvelant la pratique de la prière et de l’Eucharistie.
Nous avons aussi à susciter la disponibilité pour le service de l’Eglise, des Mouvements. Dans ce domaine, nous ne sommes sans doute pas assez exigeants avec nous-mêmes et encore moins avec les jeunes. Pourtant il y a une réelle générosité dans la jeunesse actuelle. Nous avons à leur proposer un projet qui tienne la route, suffisamment ambitieux et vrai.

N’ayons pas peur de les appeler à l’œuvre de la promotion collective des hommes !