Une session dans l’Ouest


UNE SESSION SUR L’EVEIL
EN BRETAGNE

N.D.L.R.

Une session régionale a été organisée par les Services des Vocations à MUR-DE-BRETAGNE, les 12 et 13 avril, sur l’éveil des jeunes de 11-15 ans :

"TROP JEUNES POUR DECIDER,
PAS TROP JEUMES POUR Y PENSER"

Cette session rassembla une bonne centaine de participants, dont un tiers de laïcs, un tiers de religieux et religieuses, un tiers de prêtres.
Sa dynamique était d’établir un va-et-vient entre des réalisations faites sur le terrain de ces sessionistes, la plupart des éducateurs, et la prise de recul demandée aux intervenants, Monsieur J.-P. BOUTINET, professeur à l’Institut de Psychologie et de Sciences Sociales appliquées à ANGERS, et le Père Y. BODIN, du S.N.V.
On trouvera ici un écho de cette session, dans le témoignage de deux participants. Nous publions ensuite l’intégralité de l’intervention du Père BODIN.

Anne PAQUELET *

laïque permanente en Pastorale scolaire à NANTES

TEMOINS "AUX MAINS NUES"

Face à cette consigne "réagir en laïque à la session régionale des vocations", je suis partagée entre deux sentiments : celui de mon incapacité à rendre compte, en quelques lignes, d’un temps aussi dense et celui de l’enthousiasme qui voudrait faire partager la richesse vécue...

C’était
notre affaire
à tous

Laïque, je ne me suis jamais sentie étrangère à ce débat, parce que, sans cesse, on a noté chez les participants le désir de construire l’Eglise Corps du Christ et peuple de Dieu, dans le respect de la vocation de chacun ; parce que, maintes fois, on a ré-affirmé la primauté de la vocation baptismale, je n’ai jamais eu l’impression d’être parmi des spécialistes de la vocation, des techniciens, mais plutôt parmi des sortes de témoins "aux mains nues", recevant un appel et tentant d’y répondre, jour après jour, avec humilité.
J’ai vu des prêtres, des religieuses pour qui la réponse à l’appel de Dieu, était bien sûr amour personnel, prière, dépossession de soi, mais reçus et vécus au quotidien, en co-responsabilité dans l’Eglise avec d’autres.

Bien cerner
la réalité
des jeunes

Au niveau de la démarche entreprise à propos des 11-15 ans, je soulignerai volontiers l’attachement patient à cerner la réalité des jeunes d’aujourd’hui dans toute leur complexité. On sentait un respect très grand pour leur vécu, un désir de les rejoindre dans leurs aspirations, de les aider à trouver leur identité en leur montrant comment leur histoire est déjà un peu une histoire sainte.

Les aider à répondre
à l’appel
de Dieu

Souvent il a été question de bonheur, d’aider les jeunes à être heureux en faisant coïncider leurs projets successifs avec celui de Dieu. Beaucoup voulaient être des "médiateurs", des "servants de l’appel" pour leur rendre plus facile le discernement de Dieu qui nous rejoint dans notre existence, pour aider le jeune à faire de son histoire une relecture qui mette en lumière la gratuité de l’Amour de Dieu et la liberté d’y répondre par oui ou par non.

J’aurais aimé que beaucoup de jeunes et d’adultes que je côtoie, entendent comment éveiller l’autre à sa vocation c’est l’aider à faire de sa vie une réponse aux divers questionnements qu’elle pose, mais aussi le mettre en mesure d’aider d’autres à se réaliser, à faire, comme disait le Père BODIN
"de son environnement une solidarité".

Une chaîne
d’appelants
au-delà de la
crise

J’ai le sentiment d’avoir été gâtée ; je voudrais que d’autres plus nombreux dans l’Eglise soient appelants (à l’égard des 11-15 ans), qu’ils disent, mais aussi donnent à voir leur Joie de répondre à un appel qui transforme pour, avec d’autres, servir l’Eglise : c’est autre chose que l’image, par- , fois peu caricaturale, du sergent recruteur !

Je voudrais enfin souligner combien la participation à une telle session est exigeante, pour soi, de cohérence…, combien le fait d’avoir repris dans la célébration " Que tes œuvres sont belles… " ne relève pas de l’irréalisme, face à ce qu’on a appelé " la crise des vocations ", mais d’une confiance en Dieu qui rend audacieux.

 

Maurice AUGEUL *

délégué diocésain adjoint du S.D.V. Angers

UNE SESSION
"ECCLESIALEMENT BONNE"

Cette expression d’Yvon BODIN résonnait en moi au soir du 13 avril, en rentrant sur Angers..., et maintenant encore, au moment où j’écris ces lignes.

A CAUSE DU NOMBRE ET DE LA "QUALITE" DES PARTICIPANTS, d’abord :

Cent dix personnes venues des douze diocèses de l’Ouest :^environ un tiers laïcs, un tiers de religieuses et religieux, un tiers de prêtres ; invitées au titre de leur responsabilité dans la pastorale auprès des 11-15 ans (catéchèse, confirmation, A.C.E., Scoutisme, M.E.3., écoles, Services des Vocations...), des chrétiens de divers horizons et de sensibilité différente.

A CAUSE DE CE MOMENT QUI NOUS A ETE DONNE, au début du week-end,
POUR PARTAGER NOS EXPERIENCES

Nous dire les uns aux autres ce que nous faisons avec les 11-15 ans, dans les lieux où nous les rencontrons, et formuler quelques traits de leur mentalité, exprimer nos difficultés,’mais aussi notre espérance.

A CAUSE DE LA RICHESSE, DE LA REFLEXION ET DES ECHANGES, grâce à l’aide compétente et appréciée d’un psychologue et d’un théologien.

Nous avons passé un long temps à regarder les plus jeunes, ces "ados" qui, selon Jean-Pierre BOUTINET, sont "quelque part sur le chemin qui va de la famille à l’école", qui sont "à la recherche de modèles... quitte à les rejeter ensuite"t qui sont *’insatiables de relations, attentifs à un avenir sans horizon et disponibles pour une critique corrosive et silencieuse des valeurs".

Oui, une grande attention à la vie humaine des plus jeunes au cours de ce week-end. "Dieu en Jésus s’est enfoui en l’humanité", nous rappelait Gérard NASLIN, le dimanche matin, "Jésus qui a longuement écouté, essayé de comprendre, qui a regardé pendant 30 ans".

Alors, nous pouvions poursuivre notre réflexion et, avec nos intervenants, approfondir les termes de "Vocation", de "projet", d’"avenir chrétien". C’était la question posée par Yvon BODIN : "Quel avenir chrétien des jeunes dans le désenchantement de la modernité ?"

J’ai retenu les repères proposés pour un statut de "l’éveil" :

  • D’abord, SITUER LES ENRACINEMENTS DE L’APPEL, toujours inscrits dans une vie d’homme, dans l’humain, DANS UNE EGLISE AU MILIEU DES HOMMES.
    La vocation est un toujours un don. C’est Dieu qui appelle, mais "à partir d’un peuple, dans un peuple et pour un peuple".C’est pourquoi si la Vocation est grâce, elle passe toujours par des médiations.

  • Ensuite, BIEN ARTICULER LA VOCATION ET LES VOCATIONS.
    La vocation, celle de tout baptisé, c’est d’être un homme, une femme et de l’être en chrétien, disciple et témoin, "fils du Père, frère du Christ, temple de l’Esprit".
    La vocation soutient les autres Vocations, elle les fait "chrétiennes". Les Vocations sont dites particulières, spécifiques. Ce sont les Vocations à toutes les formes de vie, y compris la vie religieuse et les ministères ordonnés.

  • Enfin, BIEN VOIR TOUTES LES COMPOSANTES DE L’EVEIL.
    Il s’agit d’aider quelqu’un à faire la vérité sur sa propre vocation, en lien avec la vocation des autres, "à rejoindre les jeunes dans leur existence même, y entendre leurs propres appels et, au coeur de ces appels, entendre les appels de Dieu lui-même, pour les aider à entendre l’appel de Dieu qui les rejoint dans leur existence même, comme une parole vivante à réaliser".

  • COMMENT LES JEUNES PEUVENT-ILS DEVENIR DES CHRETIENS ?
    En se rappelant que Dieu greffe toujours sa Parole sur nos pousses humaines, en croyant que l’enracinement d’un jeune est déjà un enracinement en Dieu, en sachant que l’éducation à la Vocation, ça passe par la folie de la Croix -il y a toujours émondage et rupture- en ouvrant enfin à la mission : Est-ce qu’un jeune a envie de dire à d’autres ce que Jésus est pour lui ?

Oui, une session "ecclésialement bonne" perce que, même si nous sommes repartis... avec beaucoup de questions, la richesse du partage, l’échange des expériences, les paroles fortes des intervenants et la prière aussi, nous ont stimulés et rendus plus conscients que les adolescents, s’ils sont trop jeunes pour décider ne sont pas trop jeunes pour y penser.