Un clip pour l’année de l’appel


Le clip de l’année de l’Appel est destiné aux jeunes et n’est qu’un outil introductif. Il présente l’appel général à suivre le Christ, sans spécification d’une vocation particulière. Les vocations particulières sont abordées dans le reportage vidéo du DVD. Clip et reportage forment un tout indissociable. Comme tout clip, il a vocation à transmettre un message dans une ambiance. A vrai dire l’ambiance est déjà le message.

Dominique Thiry
Service diocésain des vocations de Metz

Introduction

Les acteurs sont pris dans une ambiance très sombre. Derrière eux et devant eux, les images de la vie de notre monde défilent sans arrêt. Les seules lumières sont celles, éphémères, des vitrines de la consommation. L’être humain (homme et femme, fait à l’image de Dieu) est pris dans le tourbillon d’une société où tout est rapidité, consommation, pollution de l’air, pollution du corps, du cœur et de l’esprit. Parcage des êtres dans le non-sens, la vie n’a plus de direction. L’être humain semble se perdre. Il cherche, mais en vain.

Premier couplet

Un seul désir, consommer,
Manger à profusion, à satiété
Travailler, écraser pour grimper
Aimer pour un temps puis jeter
Essayer mille défis
Pour avoir mieux, pour mieux sentir
Des sensations toujours plus fortes
Pousser plus loin, toujours plus loin
Dans le plaisir, le désir,
Le désir de quoi... c’est vide, c’est vide, c’est vide

Les acteurs évoluent à présent dans un couloir de papier, un tunnel sombre qui évoque le chemin de la vie quotidienne, un escalier qui descend dans notre monde. Cette vie est marquée par la fragilité, voire la précarité. Un épais brouillard manifeste la confusion : confusion des valeurs, confusion des relations, confusion du sens des choses et des êtres.

Les acteurs expriment les orientations humaines actuelles, en les poussant à l’extrême. Une société hédoniste, fondée sur le plaisir des sens et la satisfaction tyrannique des désirs dans le cadre d’une compétition impitoyable, qui de surcroît se trouve aux prises avec un sentiment de toute-puissance, aboutit à l’épuisement de la vie et à l’expérience de sa vacuité. L’existence se désagrège. Les visages sont ternes. Le bonheur n’est plus. Le dégoût est là, car le chemin est l’impasse d’un labyrinthe dont on ne peut trouver la sortie et qui fait de l’homme une marionnette, le cobaye d’une culture. Vertige sans fond d’une fuite en avant qui semble ne pas avoir de terme.

Dans cette course effrénée, qui précipite l’être humain dans le couloir de la vie ou peut-être pire, celui de la mort, apparaît une lueur bleue inattendue, comme une lune. Surprise. Incompréhension sûrement. Une lumière tamisée, douce et humble, rejoint et accompagne l’être humain dans son mouvement désespéré, dans sa quête vitale d’un je ne sais quoi. Plus lumineuse à mesure qu’on s’approche d’elle et qu’on se fait son compagnon, elle semble indiquer une direction tout au bout du chemin.

Depuis les premiers siècles du christianisme, le symbole de la lune évoque l’Église. Elle n’est que le reflet dans la nuit de la lumière du soleil qu’est le Christ. La nuit pourtant, elle éclaire humblement notre terre. Il est vrai, à certains moments de l’année, à certaines époques de la vie, elle est plus plénière. Parfois elle s’efface complètement.

Le rôle de l’Église est d’amener l’homme à contempler et à adorer le Dieu trois fois Saint, à en faire un véritable enfant du Dieu Vivant, à lui donner un visage de frère et de sœur du Christ dans la proximité avec son Corps, à en faire un être vraiment debout, digne, au cœur pétri de la chair de son Seigneur. Ainsi elle l’aidera à devenir serviteur de lumière pour son plus proche contemporain qui, lui, vit l’extrême nudité et indigence de grâce...

Cette lumière douce et décidée qui ruisselle du visage de l’Église et transforme l’être qui la touche ne porte pas à elle. Elle est mouvement vers un but. Elle fraie un passage vers le divin. En quelque sorte elle est sacrement dynamique de Dieu.

Qu’elle est belle, cette lumière que nous donne l’Église ! Ainsi l’Église-lumière est faite Corps du Christ en tant qu’elle intègre au Christ, l’échelle lumineuse de Dieu par laquelle tout homme qui veut être sauvé doit passer. Oui, elle favorise la Pâque de l’homme vers son Dieu. Elle le conduit au Christ : c’est son être. Corps du Christ continué dans l’Histoire, elle prolonge l’action du Christ aujourd’hui.

Évidemment, seul le Christ, en qui habite corporellement la divinité, est la lumière des peuples. Par Lui, avec Lui et en Lui, l’Église fait à présent corps pour établir une communion parfaite. L’Église est sacrement de l’unité du genre humain. Ce vivre ensemble dans la charité se fonde uniquement sur le Christ. Parce qu’elle est construction de ce Corps, elle est rassemblement de l’humain et du divin, jamais l’un sans l’autre. Elle est christique avant tout, du commencement à la fin. Son plan, c’est le Christ, Homme-Dieu aimant à l’infini. Sans la contemplation du Père, elle est tout au plus un avatar moralisateur, une utopie, voire même un esclavage. Sans le service de la charité envers tout homme, elle n’est plus religion chrétienne. Amour indissociable de Dieu et de l’homme, voilà ce qu’est l’Église. L’unité de ce double amour est sa force, la division, sa déliquescence.

Prenons donc garde ! La lune sans le soleil pourrait bien n’être qu’un satellite éteint, froid, mort, un petit caillou gris tourbillonnant autour de la planète, prisonnier de son attraction et dépendant d’elle comme un valet aux ordres de son maître. C’est la tentation. L’Église ne peut être idolâtre d’elle-même, sinon de serviteur des hommes parce qu’Épouse du Christ, elle se fourvoiera en médiocre valet du monde.

Elle ne peut pas non plus s’affranchir de la terre sous prétexte de rejoindre le soleil. Sinon elle errerait sans but dans l’espace froid de l’inhumain, et finirait, en quittant le divin système solaire, par ne plus bénéficier des rayons bienfaisants de son Dieu, qu’elle ne voulait en fait que pour elle.

L’ecclésiocentrisme est la ruine de la foi, le mysticisme sa caricature, le christocentrisme son essence. Entre ciel et terre, l’Église est liée à la terre pour être le reflet du ciel. Humilité et obéissance, croix et charité. Voilà la lumière de l’Église que j’aime.

L’être humain est ainsi amené devant son Seigneur, dans une conversion à la lumière - ou plutôt un émerveillement - que lui a reflété dans un premier temps le visage tout à la fois contemplatif, missionnaire et serviteur de l’Église. Le premier rayon de lumière qui émane du visage de l’Épouse et que rencontrent les yeux éblouis et avides de l’homme qui cherche, contient en quelque sorte toutes les vocations, sans pourtant les faire distinguer. Ce visage tout simple s’efface à présent pour permettre une rencontre. N’est-ce pas l’expérience première de tout appel ?

Refrain

Je suis là devant toi
Ton appel résonne en moi
« Viens et suis-moi »
Je voudrais dans un grand rêve
Répondre « oui » à ce murmure
Germe de force, germe de vie, de liberté

Rupture... le cadre est autre. Plus de fumée, de la lumière. On est à genoux. Intimité, force de la Présence, Sacrement que fait l’Église et qui fait l’Église. Le Très Saint Sacrement de l’Eucharistie, dans un écrin couleur rouge charité, rouge martyre, s’offre au regard, à la contemplation de l’homme assoiffé. Il crée l’action de grâce. Il est don surabondant de l’Amour Trinitaire. Le Toi divin, reconnu par la foi donnée, permet le Je humain dans une relation de présence complète. Je suis là mais Tu me fais exister. Le tourbillon insensé de la vie sans Dieu se meut en danse de joie, en tourbillon autour de Dieu qui donne sens.

L’appel pressenti dans la suite de l’Église monte plus clair à présent dans le cœur. « Viens et suis-moi ». Appel impératif, mais commandement d’amour ! Ce n’est que de l’amour... Appel désiré au plus intime, mais toujours inattendu, trop grand, trop merveilleux comme un rêve... trop... plus grand que tout désir.

Et voilà bien le surprenant et le renversant. Tout ce qui est imaginable est largement dépassé. Car la vie vaut plus que la satisfaction bien bonne et bien bourgeoise des désirs tirailleurs. Être repu de soi jusqu’à se vomir pitoyablement ou se vider de soi jusqu’à grandir infiniment, voilà le dilemme de la vie, voilà son challenge. Il y a plus que le désir, si grand soit-il... La liberté humaine est au-delà.

« Suis-moi », c’est donc aussi « sois moi ». Sois moi pour que je puisse être toi auprès de mon Père. La vie à la suite du Christ n’est qu’identification au Fils, pour être fils du Père dans le Fils. Elle est à la fois mon visage sur le visage de Jésus et le visage de Jésus sur le mien. « Suis-moi », c’est donc accepter d’être conduit au delà de soi, tout en étant toujours - et de plus en plus - soi par un Autre. Et décider cette aventure, c’est proprement fou ! Deux mots qui n’expriment qu’une seule attitude : confiance et abandon.

Répondre oui alors devient comme une évidence de liberté, la découverte de la vraie liberté. Évidence de liberté, mais pas évidence de conscience. Car la prise de conscience n’est que le deuxième temps de la réalité, sa trace en quelque sorte. Et quand la réalité est divine, l’éternité n’étant à peine comparable qu’à un instant premier n’engendrant jamais de second, forcément elle échappe à la conscience. Seule la foi qui croît peut alors la toucher dans l’obscur, l’entendre comme un murmure, une vibration de la Vie.

L’Appel est bien de cet ordre, comme un rêve. D’ailleurs l’Écriture ne s’y trompe pas dans les multiples récits de révélation-vocation : Dieu fait rêver. Oui, Dieu fait rêver ! Si seulement nous étions capables de rêver de Dieu et de faire comprendre les rêves divins aux hommes de notre temps...

Germe de force, germe de vie, germe de liberté : les acteurs se mettent debout. Ce oui dans la foi est un germe enfoui dans la terre humaine, germe qui va grandir obscurément, mais qui a une puissance de vie incomparable et qui pousse. Germe divin, dynamique et dynamogène... Celui qui est la bonne terre, ensemencée et arrosée par le divin jardinier, pourra alors un jour constater que le germe est devenu épi de blé. Le merveilleux est que cet épi porte lui-même la semence divine avec laquelle on fera le pain de la charité.

Deuxième couplet

Je ne veux plus qu’un seul combat
C’est décidé : pour moi la foi
Un cœur à cœur avec mon Père
Un seul souci, aimer mes frères
Je ne veux plus qu’un seul projet
Partout, répandre ta Vérité
A toi, je veux maintenant me consacrer
Au sein de l’Église, m’engager
C’est ma vocation, oui je l’ai trouvée
Suivre la voie du Christ...

Les acteurs redescendent dans le tunnel de la vie, décidés à ne pas la fuir, quelles que soient ses obscurités et ses fumées. Ils arpentent rapidement le pavé parce qu’il y a un message urgent à délivrer.

L’engagement est maintenant possible. Il est décidé par une conscience qui accepte l’antériorité de la foi, qui est attentive à la vie de foi et à ses moindres bruissements, qui consent à ce que cette vie précède la réflexion et la nourrisse, qui se fait violence pour ne pas céder au tamis facile des idées reçues et du prêt-à-penser culturel. Humilité d’une âme touchée par la grâce : cette vie de Dieu se développe naturellement en action. Voir, juger, agir en vérité...

Et cette action est forcément combat. Combat pour faire régner la confiance en soi, combat contre l’inversion des valeurs de la vie, combat pour un retournement. Ce n’est pas l’autre qui est à combattre, pas plus que soi. Je est juste le champ de bataille, le terrain sur lequel le Dieu vivant combat contre les forces obscures auxquelles on a si souvent cédé. Je est souvent dans la nuit, car c’est un combat de nuit qui échappe aux forces humaines. Seule la foi permet d’y participer.

L’issue du combat ne fait pas de doute : c’est le triomphe de la charité. Charité dont la source est la contemplation du Père et l’amour inconditionnel du frère. Vivre sans compromission la charité avant tout, par dessus tout ! Alors oui, voilà bien le seul projet d’existence qui en vaut la chandelle. Voilà la Vérité qui éclaire, réchauffe et illumine toute une vie, et pas seulement la sienne. Voilà la Vérité à communiquer, à transmettre, à faire courir dans les coursives du bateau de l’humanité.

La vocation de tout chrétien est dessinée : consécration baptismale pour s’enraciner en Dieu, pour lier alliance radicalement ; choix du service de l’Église pour briser les faux murs de papier qui empêchent l’homme d’accéder à la vraie liberté. En un mot, suivre la voie du Christ !

Troisième couplet

Voilà que tu me proposes ce chemin
Tout rempli de confiance et de joie
Tu m’appelles, tu m’attends
Je choisis tout car tu es la Vie.

Les acteurs sortent à présent au grand jour.

Suivant un chemin de lumière qui mène à une vie pascale, l’être humain renouvelé est prêt. Un chemin unique lui est alors proposé, une vocation particulière, sur mesure divine, autant dire sur démesure : « Tu me proposes ce chemin. » Extraordinaire ! Une vocation qui remplit de confiance et de joie celui qui la construit dans son être. Une vocation qui correspond tellement à ce qu’on n’osait pas être !

Un chemin qui débouche sur le monde, qui donne à le voir, à s’en émerveiller. Une vocation qui pose sur un chemin largement ouvert, dont l’horizon est ample et profond. Une vocation qui permet un regard de bienveillance sur les hommes et leurs activités. C’est bien l’appel de Dieu et de l’Église qui retentit. C’est l’attente d’une réponse… presque impatiente… parfois lente… mille ans sont comme un jour… bouh... Alors tu dis oui ?

Ma Vie c’est Toi… La Vie c’est Toi…
Ma Vie c’est Toi… La Vie… c’est Toi !

Oui, ma vie, c’est Toi.