Les groupes de recherche


Jean-François Camby
Service diocésain des Vocations de Rennes

En Bretagne, la baisse des effectifs des groupes de recherche a été plus tardive qu’ailleurs. Pour les quatre délégués bretons, la problématique était double :

- des effectifs faibles en 2003 : 1 à 4 jeunes ;

- une demande de formation évoquée par les jeunes eux-mêmes. Ce déficit de formation chrétienne est réel. Les accompagnateurs (trices) des groupes de recherche se posaient deux questions annexes :

- la mixité des groupes de recherche (jeunes filles globalement plus âgées que les garçons),

- la modalité répétitive du groupe (autour d’une table).

Le projet formalisé a été de dynamiser les quelques jeunes présents en les réunissant pour la région Bretagne. Il apparaît aussi que le projet de parcours ne pouvait être qu’empirique afin de répondre aux requêtes et inflexions des jeunes.

Deux parcours en week-end ont été mis en œuvre : un pour les garçons et un autre pour les jeunes filles. Actuellement, seul le parcours garçon a été initié avec un premier temps, les 6 et 7 novembre, à l’abbaye de Timadeuc. Sept jeunes hommes ont été présents du samedi 14 h 30 au dimanche 16 h. Le thème était l’accompagnement spirituel, avec un prêtre et une religieuse ursuline.

Il est trop tôt aujourd’hui pour en faire une évaluation. Simplement, nous avons souhaité organiser des réunions mixtes par diocèse entre chaque week-end.

Éléments de discernement

Le groupe de recherche n’est pas un lieu d’interpellation. Il doit même être réservé à des jeunes arrivés à une certaine maturité de la question de la vie consacrée. Voici trois éléments qui apparaissent fondamentaux pour un discernement au service de la liberté des jeunes. Ils sont les préalables à un essai de vie consacrée.

L’accompagnement spirituel

Il doit avoir été vécu depuis un certain temps (deux ans minimum avec un même interlocuteur). Il s’agit de durer avec le désir de consécration afin de situer formellement les éléments de ce désir.

Un lieu de service des frères

Il s’agit d’un lieu d’implication personnelle et « corporelle » (responsabilité scoute, Arche de Jean Vanier, visite aux malades...)

Un temps de retraite

Une retraite en silence en vue d’un discernement (durée souhaitée 6-7 jours).

Il existe d’autres points d’attention. Ils ne sont pas déterminants à eux seuls, mais ils peuvent être envisagés tout en respectant la personne. Voici quelques éléments.

L’imagination

Envisager le jeune en situation d’accompagnement spirituel, par exemple : « Est-ce qu’il se trouve le minimum de bon sens requis pour guider les autres ? »

Le double critère d’origine sulpicienne

« Sera-t-il heureux ? » « Fera-t-il du bien ? »

L’aptitude relationnelle globale

Comment le candidat se situe-t-il spontanément avec les autres ? (supériorité, infériorité, complexité). Exemple : la timidité peut être une façon de se situer en supériorité ou en suffisance par rapport aux autres.

L’aptitude à travailler avec les autres

Ce critère n’est pas fonctionnel mais révélateur de l’être même du jeune. Il est probablement de plus en plus important en raison de la typologie des jeunes que nous recevons.

L’aptitude effective à la fidélité

Est-ce qu’il se trouve une propension personnelle à vivre un célibat chaste ? Parfois, on peut se demander s’il est légitime de conduire un(e) jeune vers un combat affectif titanesque... Ne conviendrait-il pas que le candidat voie ses assises affectives avec un psychologue avant de postuler ?

La vertu d’humilité

Elle correspond aussi au critère des Pères du désert appelé « l’ouverture du cœur » ou la remise de sa vie dans les mains d’un autre. Celui qui est humble se laisse pétrir par l’Esprit Saint et par la formation.

Voici les éléments qui apparaissent nécessaires à évaluer pour un bon discernement. Mais les éléments ci-dessus sont essentiellement du ressort des séminaires et des noviciats.

Deux précautions d’usage sont à rappeler :

- le délégué aux vocations ne discerne pas seul. Être deux dans le discernement permet d’éviter l’arbitraire.

- le délégué aux vocations et les autres intervenants dans le discernement ne sont pas accompagnateur spirituel du candidat. La question est celle de la distinction libérante du for interne et du for externe. Au SDV, nous nous en tenons au for externe, c’est-à-dire ce qui apparaît de la personne.

Discerner la vie religieuse

Voici quelques réflexions liées à une expérience.

La vie communautaire n’est pas un critère

Tous les candidats, depuis quatre ans, demandent à vivre une vocation communautaire. Ceci signifie que le mot communautaire n’est pas un critère qualifiant. Que mettent les jeunes sous ce mot ? Trois éléments reviennent : le partage d’expérience, le soutien fraternel et la communauté de prière. Formulée ainsi, la demande communautaire est alors plutôt de l’ordre d’une relation d’étayage mutuel. Ainsi, il est assez rare que j’entende l’attente du partage des biens.

La question de la jeunesse des membres de l’institut

Critère difficile à quantifier car la jeunesse n’est pas seulement une question d’âge moyen. Toutefois, est-il humain d’envisager vivre avec ses grands-parents durablement ? Il y a toujours des aménagements possibles pour que le profès (la professe) puisse vivre avec des jeunes de sa génération.

« L’esprit large » d’un institut

A esprit large, accueil de la vie. Le critère est difficile à examiner, mais il existe une réalité dans l’accueil de la vie, au sens large, de l’institut.

Faut-il déconseiller un institut ?

Oui, probablement, au nom de la liberté du candidat. Dès qu’un institut n’effectue pas de discernement pour les candidats, on peut craindre une ambiance d’embrigadement.

Conclusion

La mixité dans nos équipes-recherche est une question forte aujourd’hui. Les décalages de maturité entre jeunes hommes et jeunes femmes semble être un point de réflexion. Mais la mixité est aussi une modalité du discernement.

La disparité des âges. Ce n’est pas la même chose de discerner à 20 ans ou à 30 ans. Ce n’est pas non plus la même chose de discerner comme professionnel ou comme étudiant.

L’efficacité des groupes de recherche. Il n’y a pas d’obligation à passer par nos groupes. A Rennes, si les trois points préalables (service, accompagnement spirituel et retraite) sont réunis, le candidat est présenté au séminaire.

Le pèlerinage comme un temps de discernement : il y a une analogie entre entrer en pèlerinage et en discernement (quitter ses sécurités, accepter l’inconfort, suivre le Christ pas à pas et polariser sa marche vers un but). Expérience en groupe de recherche d’une journée de pèlerinage vers le Mont-Saint-Michel.