Orientations présentes du Service National des Vocations


Yvon BODIN
Responsable du Service National des Vocations

L’équipe nationale et les délégués des Régions se sont rencontrés les 17-20 Septembre pour préciser ces orientations. Des convictions ont été partagées. Deux objectifs plus spécifiques ont été retenus.

DES CONVICTIONS plus générales

  • Appeler, oui, mais pas seulement pour l’accomplissement d’une perfection personnelle. Appeler pour l’Eglise et sa mission. Ouvrir résolument la pastorale des vocations à l’édification de l’Eglise comme signe vivant du Christ, au coeur de ce monde, et donc exposer la Pastorale des vocations aux contagions de l’Evangile, aux attentes du monde et au service des pauvres. Sans méconnaître l’incontournable part personnelle de toute vocation, il faut tenir un discours moins intimiste, plus ecclésial et missionnaire.
  • Rendre aux chrétiens la responsabilité de l’appel qui est la leur. L’interpellation a déserté les communautés de la base et est devenue la propriété des clercs. Il faut restituer aux chrétiens, aux communautés, leur responsabilité dans 1’interpellation.
  • A cet égard les S.D.V. ont à privilégier le travail avec les communautés chrétiennes évangéliques : il s’agit toujours d’appeler "en Eglise" et dans "un Peuple", il s’agit de vivre une concertation avec tous les porteurs de vocations.
  • La pastorale des vocations doit nécessairement entretenir une ouverture aux mondes des jeunes, ce lien ne pouvant se réduire à un discours sur les jeunes, mais à la connaissance existentielle que procurent de vraies relations avec ceux qui nous entourent, et avec ceux qui sont sur leurs chemins.
    Dans ce domaine, notre préoccupation doit rester vive à l’égard de ce qu’il est convenu d’appeler "les latences" : Les jeunes qui seraient susceptibles d’être appelés, si on arrivait à les rejoindre.
  • Enfin, s’il est vrai que la Pastorale des vocations est une pastorale "sensible" en raison de la situation complexe qui est la sienne, et en raison des difficultés énormes auxquelles elle fait face, il est sûr également qu’elle vit un moment de grâce : les Services des Vocations sont mieux reconnus parce qu’ils rencontrent chez les chrétiens de nos Eglises, un intérêt renouvelé sur cette question des vocations. Des signes encore ténus d’espérance ont été posés. Sans jouer à l’incantation, il faut saisir courageusement cette chance.

DEUX OBJECTIFS plus spécifiquement retenus :

  • Donner suite à l’effort entrepris sur l’Appel à la Vie Religieuse
  • Et amorcer progressivement une relance, qui soit ecclésialement bonne, de 1’Appel au ministère presbytéral.

I - Ne pas tourner trop vite la page d’ISSY

La session nationale d’Issy, sur l’appel à la vie religieuse fut un grand moment d’Eglise. La tentation de facilité serait de tourner la page. Il s’agit, bien au contraire :

  • de prendre en compte ce qui s’est dit, ce qui s’est vécu,
  • et de donner une suite concrète à tout cela.

l) PRENDRE EN COMPTE une parole et une interpellation

Les actes de cette session seront bientôt publiés. Nous pouvons cependant, d’ors et déjà, repérer quelques points forts :

- UNE CONVICTION FONDATRICE :

Dieu continue d’appeler à la vie religieuse et appellera sans doute de plus en plus des jeunes qui viendront "d’ailleurs".

Ces appels convient l’Eglise à être à la hauteur, à reprendre la mesure de la qualité évangélique de ses communautés ; la mesure de leur capacité d’accueil : Procurer aux jeunes des lieux qui soient des lieux de vie, des lieux d’identification et d’initiation.

Ceci suppose une conversion de nos mentalités, une conversion à "l’homme moderne", une réinvention de notre écoute et de notre langage, une réinvention du partage et des pédagogies, c’est-à-dire, fondamentalement, une réinvention de la mission prophétique de l’Eglise : La session a bien montré qu’une Eglise frileuse, repliée sut elle-même, pourrait bien avoir des vocations religieuses mais n’aurait pas nécessairement, pour autant, des vocations religieuses apostoliques.

Par contre, une Eglise habitée par le souffle de l’Evangile et ouverte au monde, aux besoins de la mission, aura des vocations religieuses prophétiques.

- UNE VISEE : le rappel de notre mission

Concernant notre responsabilité dans la pastorale de l’interpellation à la vocation religieuse, les S.D.V. ont :

  • une mission d’ EVEIL :

Il s’agit essentiellement de sensibiliser le Peuple de Dieu à cette vocation, d’inviter les prêtres à ne pas en oublier le souci.

Il s’agit d’offrir aux jeunes des lieux d’appel qui soient aussi pour eux des lieux de vie, lieux d’identification et d’initiation chrétiennes.

Il s’agit d’inciter les acteurs des forces vives des diocèses à instaurer eux-mêmes ces lieux d’appel et d’accueil. Et il s’agit pour les S.D.V., rejoignant tout ce qui se fait pour l’appel à la vie religieuse, d’en établir les passerelles.

  • une mission d’ACCOMPAGNEMENT :

Il s’agit de cette forme de service des jeunes qui consiste à leur permettre de devenir responsables de leur propre histoire : les aider à relire l’action de Dieu dans une vie ; les aider à en reconnaître les étapes dans la continuité ; les aider à prendre enfin une décision c’est-à-dire, à sortir du présent pour prendre en charge l’avenir.

  • une mission de FORMATION des accompagnateurs, par la révision et la relecture de nos pratiques, au regard de ce que vivent les Instituts religieux, de leur côté.

- DES CONDITIONS déterminantes

  • Mieux connaître la vie religieuse, sa vraie nature et sa juste place dans la vie et la mission de l’Eglise.
    Pour les S.D.V., la session d’Issy a remédié à une certaine ignorance, en leur donnant deux clés de compréhension :
        • La vie religieuse est une vie située au coeur de l’Eglise, parce que vie livrée à Dieu, consacrée à Dieu à la suite du Christ.
        • La vie religieuse est une vie située en même temps aux frontières de l’Eglise, parce que vie donnée à l’Eglise comme composante de sa mission prophétique.
        • Une confiance réciproque entre les S.D.V. et les Instituts religieux, c’est-à-dire une reconnaissance et un respect mutuel des initiatives que prennent les uns et les autres dans la pastorale de l’appel à la vie religieuse.
          Les appels réitérés jusqu’à l’incantation, pour une meilleure articulation entre les Services des Vocations et les familles religieuses, étaient révélateurs d’une certaine méconnaissance réciproque. A cet égard, cependant, le meilleur gain de la session a été une redécouverte mutuelle. Cette intention de réciprocité est un point de non retour.
        • Une équipe diocésaine diversifiée, renouvelée et reconnue. Ceci appelle la présence dans nos équipes de religieux et de religieuses dûment mandatés, et l’élargissement de ces équipes à la présence de laïcs.

2) DONNER SUITE A LA SESSION

Voici les orientations et suggestions exprimées lors de la rencontre de l’équipe nationale avec les délégués des Régions.

  • La session a permis de mieux comprendre ce que signifiait la vie religieuse, le souci de l’appel à cette vie ; elle a incité en outre les S.D.V. à porter ce souci en lien avec les Instituts.
    Il faut maintenant que les S.D.V. s’emparent de tout cela et le vivent sur le terrain. Une continuité dans les faits doit être assurée.
    Il est de la plus grande importance que les délégués diocésains fassent connaître les richesses de cette session à ceux, notamment de leur équipe diocésaine, qui n’étaient pas à Issy. A cette fin, les actes complets d’Issy seront publiés avant la fin du trimestre. En attendant, les fiches "mémoire" composées par le Père BODIN peuvent être utilisées.
  • Parmi les choses qui ont été dites, les déclarations d’intention exprimées par les Régions en fin de session, méritent une relecture très attentive.
    Il s’agit maintenant de prendre ces déclarations au sérieux. Voici quelques points d’attention plus particuliers :
        • renouveler notre théologie de la vie religieuse
        • aider les diocèses à relancer l’appel à la vie religieuse
        • poursuivre nos efforts de connaissance mutuelle avec les Instituts
        • amplifier, dans ses temps et dans ses lieux, la formation des accompagnateurs.
          A ce niveau-là, trois nécessités :
            • faire la clarté : qui accompagne qui ? Ne risquons-nous pas de devenir des spécialistes de l’accompagnement qui n’ont plus d’accompagnés ?
            • faire une vérification de notre accompagnement, par une supervision de nos pratiques, au sein même de nos équipes
            • gérer les mutations : Jusqu’à présent, dans l’accompagnement, les S.D.V. visaient plutôt à une prise de distance par rapport au projet de vie religieuse. Les Instituts jouent plutôt la carte "proximité".
              Comment vivre tout à la fois distance et proximité ? Il faudra qu’on s’explique avec les Instituts.
        • intégrer mieux nos partenaires religieux dûment mandatés, dans la vie de nos équipes et élargir cette présence aux religieux masculins
        • partager ce qui se fait dans les Régions, par le canal de JEUNES ET VOCATIONS.
        • informer l’épiscopat sur le chantier ouvert, en vue de prendre notre part à la préparation de la Conférence épiscopale de Lourdes 85.

DECISIONS :

1 - PUBLICATION DES ACTES DE LA SESSION en Décembre 1984, assortie de grilles de relecture.

2 - L’Union des Supérieures Majeures organise les 23, 24 et 25 Avril, avec le S.N.V., une session nationale sur la place et le rôle des religieuses dans la pastorale et le Service des Vocations. LES REGIONAUX ASSISTERONT intégralement à cette session.

3 - Pour donner corps à cette rencontre, le S.N.V. LANCE UNE ENQUETE AUPRES DES S.D.V. pour faire notamment le point surle nombre de jeunes que nous accompagnons présentement, dans nos Services. Les Instituts, s’ils y consentent, seront invités à faire la même démarche.

 

II - RELANCER PROGRESSIVEMENT l’APPEL AU PRESBYTERAT

Nous n’avions pas envie de tourner trop vite la page "vocation religieuse" Mais nous avions envie d’ouvrir le dossier "vocation au presbytérat".

A l’incitation du S.N.V., les Régionaux avec lui, ont pensé que c’était là une orientation opportune et nécessaire :

  • opportune, car des réalités ecclésiales se vivent au niveau de la coresponsabilité des chrétiens, dans la vie et la mission de l’Eglise et qui appellent de toute évidence le ministère ordonné,
  • nécessaire, car nous arrivons avec le chiffre actuel des ordinations annuelles à un seuil d’inviabilité qui nécessite de la part de toutes les forces vives de l’Eglise, une prise de responsabilité claire et vigoureuse, dans le sens des appels au ministère ordonné.
    A la condition, toutefois, que cette relance ne soit pas une orchestration de l’angoisse, que l’on comprend bien, mais le fruit d’une prise de conscience renouvelée de ce que veut dire la place du prêtre dans le mystère de l’Eglise, et de ce que veut dire la responsabilité de l’appel.
    C’est ce que nous avons appelé une relance "ecclésialement bonne".
    C’est de cette façon que S.N.V. et Régionaux ont commencé à vivre cette relance et voudraient continuer à la vivre, dans l’avenir, avec tous les S.D.V. : en partant, non pas de la seule considération des tâches à faire, mais de la conscience du don qui est fait à l’Eglise, dans la personne des prêtres.
    Ce partage "de vie" a permis d’exprimer ensuite quelques orientations et de prendre une décision.

l) DES ORIENTATIONS, DES SUGGESTIONS

      • Un souhait : une pastorale des prêtres dans les diocèses. Il y a quelque chose à faire dans leur direction, pour leur redonner espérance, pour leur faire redécouvrir que dans leur vie il y a des choses qui appellent.
      • Une réflexion au niveau national et diocésain, à la fois de type sociologique, théologique et pastoral, sur les prêtres et plus précisément les prêtres diocésains : provenance, identité, mission.
      • Une réflexion sur l’interpellation des communautés chrétiennes en direction du ministère presbytéral.
        La responsabilité et l’initiative des appels ont quitté les Communautés de base : pourquoi ?
        Il faut rendre au terrain la part qui lui revient dans la responsabilité de l’interpellation. Il s’agit en effet d’appeler "dans un peuple" et pour lui. Cet appel est partie intégrante de la vitalité des communautés : comment les aider ?
        Il s’agit donc d’élargir le travail des S.D.V., non pas seulement du haut vers le bas, mais à l’horizontale, avec les autres forces vives de la pastorale.
        En tout cas, dépasser le silence et l’attentisme.
      • Garder un contact direct avec les jeunes. Dans le contexte social qui est le leur, les jeunes sont enlisés dans les soucis et les rythmes de la scolarité. La conséquence est un manque considérable de liberté.
        Ce contexte conditionne l’appel.
        Pour notre part, S.D.V., nous avons en tout cas, à parfaire nos moyens spécialement les lieux d’accueil,

2) UNE DECISION

UNE SESSION NATIONALE

Pour les seuls RESPONSABLES S.D.V.

Les 17 - 18 - 19 JUIN prochains

sur

"NOTRE RESPONSABILITE, AUJOURD’HUI, DANS l’APPEL AU PRESBYTERAT"

Pour préparer cette session, le S.N.V. et les Régionaux se retrouveront trois jours en Janvier, pour réfléchir à la question de l’INTERPELLATION au ministère presbytéral : ses chances et ses difficultés, ses acteurs et leurs moyens.