A Rennes : une session régionale de formation


"Serviteurs du discernement"

Gérard NASLIN *

A l’initiative des Services Diocésains des Vocations des douze diocèses de l’Ouest, une session de formation rassemblait cent personnes accompagnant (ou devant accompagner) personnellement ou en groupe, des enfants, des jeunes, des adultes en recherche de leur vocation dans l’Eglise.
Cette session débutait le Samedi 3 Mars, à 14 h., pour se terminer le Dimanche 4 Mars à 17 h.30, par l’eucharistie.
Nous avons été des élèves studieux et dociles, aidés par deux maîtres compétents, expérimentés et "dociles", eux aussi, au groupe qu’ils avaient devant eux : Suzanne VALENTIN, responsable de formation dans la Congrégation de la Retraite, et Jean DRAVET, s.j., ancien maître des novices et aujourd’hui chargé de l’animation pastorale des jeunes dans la Compagnie, et leur accompagnement.
La présence du Père WICQUART, évêque de Coutances et de Thérèse REVAULT, du S.N.V., donnait à notre recherche sa dimension ecclésiale.

- pourquoi une session sur le discernement ?

Le discernement est un service qui nous est demandé, or c’est un service ESSENTIEIL, URGENT, DIFFICILE dans lequel nous nous impliquons. Une formation est donc nécessaire car on ne s’improvise pas dans une mission qui est confiée et qui est "mission d’Eglise".

Ce service est urgent parce que nous sommes dans une période que l’on dit de crise, où les candidats sont peu nombreux, ce qui réclame de notre part DOCILITE à l’ESPRIT et, en même temps, PRUDENCE.

Serviteurs, nous le sommes de l’initiative de Dieu et de la liberté de la personne.

- AVANT LA SESSION -

Il avait été demandé à cinq membres des S.D.V, de la région de rédiger une monographie sur un accompagnement :

  • d’un groupe de recherche de filles (18 - 25 ans)
  • individuel d’une fille de 22 ans
  • d’un groupe de recherche de filles de plus de 18 ans
  • d’un groupe de garçons (18 - 19 ans)
  • vocations d’enfants (11 - 15 ans)

Ces cinq documents ont été infiniment précieux, nous ont-ils dit, à Suzanne et Jean, parce qu’ils leur ont permis de "prendre contact" avec les participants de la session. Jean et Suzanne sont en effet plus habitués à accompagner des jeunes en formation ; ces documents les ont mis face à des jeunes en recherche de vocation, et face à des accompagnateurs avec leurs questions, leurs essais, leurs balbutiements.

Voici les cinq grandes questions qu’ils ont relevées de ces documents :

  • Comment compléter l’accompagnement de groupe par un accompagnement personnel ?
  • Décalage que les accompagnateurs perçoivent entre leur propre mentalité et celle des jeunes
  • Comment exercer la responsabilité d’accompagnement face à des orientations mal discernées ?
  • Dans un dialogue d’accompagnement, que souligner ?
  • Vocation religieuse, vocation chrétienne, vocation humaine ?

- La session -

Elle s’est déroulée dans un climat détendu, mais studieux, avec un va-et-vient : travail en petit groupe sur un "cas" réel (anonyme) et exposé en grand groupe par nos deux intervenants.

Si nous nous mettions d’accord sur les mots !

"ACCOMPAGNEMENT", comme être-avec.
"VOCATION", comme appel et réponse.
"EVEIL DES VOCATIONS, comme "révélation".
"PROJET DE VOCATION", comme activité du sujet qui a besoin d’être contredit, de passer par une mort, qui n’est, de toute façon, jamais un "droit".
"DISCERNEMENT", voir en faisant un tri ; l’accompagnateur se situant plus au risque de la foi.

Les divers registres de l’accompagnement

EN CARREFOUR :

  • Règle du jeu : que l’attention du groupe porte moins sur le cas que sur la façon dont chacun réagit devant le cas.
  • Trois questions :
      • Quelle est votre première perception de la situation ?
      • Quelle est la question que se pose cette jeune ?
      • Quelle aide lui proposez-vous ?
  • Dégager ensemble une question et une conviction.

Voici quelques réactions des carrefours :

Importance d’entendre ce qui se dit.
Qui peut nous investir "accompagnateurs" ? Quelle part accorder à la recherche du bonheur ? Quelle est la densité humaine de la personne ?
Comment apprécier la justesse de notre être entre le psychologique et le spirituel ?

Apport de Jean Dravet : LES DIVERS REGISTRES DE l’ACCOMPAGNEMENT :

  • religieux
  • psychologique
  • moral
  • de l’engagement, des solidarités, de l’enracinement
  • le plan de la foi qui n’existe pas indépendamment des autres plans.

La soirée a été richement meublée par le visionnement de montages audiovisuels.

Laisser s’exprimer le vrai désir

Le Dimanche matin, nous nous sommes retrouvés en carrefour autour d’un deuxième cas, toujours pour s’interroger sur nos propres réactions, nos propositions, nos comportements.

Apport de Suzanne Valentin : LAISSER S’EXPRIMER LE VRAI DESIR

  • vocation humaine, chrétienne, religieuse ou ministérielle
  • Trois convictions doivent nous animer :
      • Dieu rejoint ce jeune au plus profond de son désir ou de sa volonté.
      • la découverte de ce chemin ne peut être programmée, il n’y a pas de situation désespérée.
      • J’ai pourtant quelque chose à faire, des moyens à proposer.
  • Eléments pédagogiques : deux manières dont ce désir s’exprime :
      • au coeur d’une lente maturation dans la vie quotidienne, avec des moments plus forts.
      • l’accompagnement ne peut se faire que dans la durée, une certaine continuité.
  • Moyens :
      • accompagnement de groupe
      • accompagnement personnel (accompagnateur : Maître et disciple Témoin)
      • place faite à la Parole de Dieu dans la prière.

Apport de Jean Dravet : LE MANIEMENT DES CRITERES DE DISCERNEMENT

  • La décision comme fruit d’un discernement
      • la décision appartient au jeune. Toute décision est une réponse à Dieu : "C’est moi qui vous ai choisis !"
          • dans un caractère de nouveauté
          • - dans sa dimension ecclésiale
          • - dans une tonalité pascale
  • Il y a des critères de discernement
      • affectif
      • mystique

- Une table ronde a réuni ensuite cinq personnes en responsabilité dans nos différents diocèses :

  • Un maître des novices, moine
  • Une maîtresse des novices, religieuse apostolique
  • Un responsable de l’animation missionnaire dans son diocèse
  • Un responsable S.D.V. et chargé de formation dans un séminaire d’aînés
  • Une religieuse accompagnant un groupe de recherche

Ces cinq personnes ont été invitées à réagir à voix haute au terme de cette session :
"Comment, dans la responsabilité qui est la vôtre, avez-vous reçu cette session ?"

Des réactions écrites venant des participants, regroupés en 6 x 6, ont établi un dialogue avec cette table ronde.

Voici quelques questions ou convictions qui sont remontées :

  • Le discernement, n’est-ce pas un ministère ? Alors, qui confie ce ministère ? Quelle reconnaissance existe-t-il ?
  • Importance de se faire vérifier dans le service du discernement
  • Besoin de formation pour ce discernement : "on ne s’improvise pas accompagnateur !"
  • Lien essentiel à favoriser entre la foi et l’expérience religieuse
  • Permettre à l’autre d’être libre devant moi, c’est le grand critère. Etre garant de cette liberté.
  • Place des laïcs dans l’accompagnement ?
    Dans notre service d’accompagnement, on demande aux jeunes : disponibilité, mort à son projet, etc., mais nous-mêmes, sommes-nous capables de mourir à certaines structures, schémas... dans lesquels nous risquons d’enfermer le jeune ? Ne voulons-nous pas souvent canaliser l’Esprit-Saint ?
  • Session où le"mystique" a été présent, et non seulement le "psychologique" autrement dit, session concrète et profonde. Pour cela, merci.
  • Importance pour quelques-uns d’entre nous travaillant dans des centres de retraites, d’être ici pour connaître ceux et celles qui pourront accompagner les jeunes reçus dans ces centres.
  • Comment discerner au niveau de l’EVEIL ? Cet aspect n’a pas été pris en compte, telle n’était pas la cible de la session.

A l’Eucharistie, nous avons écouté le récit de la vocation de Samuel et la question du Christ : "Pour vous, qui suis-je ?" Nous avons eu raison de demander au Seigneur de nous dire les Signes de l’Esprit, les traces du Royaume.

 

La session avait été présentée comme un apéritif donnant appétit pour poursuivre la recherche. Cet apéritif a été apprécié ; certains, à la fin de la session, semblaient tendre encore leur verre pour qu’on leur en re-serve, mais du plus fort...

Au Bureau Régional de l’Ouest et aux S.D.V. de la région d’en tirer les leçons.

* Gérard NASLIN, prêtre, est responsable du Service Diocésain des Vocations de NANTES et délégué régional de l’Ouest [ Retour au Texte ]