Diaconat : la session des délégués diocésains


G. FONTEYREAUD *

Pour la troisième fois depuis le Concile une session a rassemblé à Orsay les délégués diocésains pour le Diaconat. Voici quelques points d’attention.

Pour les quatre-vingt quinze participants - dont cinq évêques - il s’agissait durant trois jours, de faire le point et, à la lumière de l’expérience et de la réflexion menées depuis quinze ans, de dégager les progrès possibles dans le discernement des vocations diaconales, la préparation des futurs diacres et l’accompagnement de ceux engagés dans le ministère.

On trouvera ailleurs le compte-rendu de ces travaux (1).
Sont évoqués ici seulement trois points ressortis avec plus d’insistance et intéressant la pastorale des vocations.

1 - Un déploiement de l’ensemble des ministères

Dans l’esprit de l’ecclésiologie conciliaire, les évêques de France ont exprimé plusieurs fois leur volonté :
"Il nous revient de susciter dans les communautés chrétiennes les animateurs dont elles ont besoin. Aussi voulons-nous diversifier davantage les tâches et les responsabilités apostoliques. Nous le ferons par l’ordination de diacres et la reconnaissance de fonctions confiées aux religieux, aux religieuses et aux laïcs, hommes et femmes..." (2).

Les délégués dans plusieurs des Ateliers de travail, Mgr. BARDONNE au terme de la session, ont souligné l’importance de ne négliger aucune des possibilités ministérielles, cela pour un bon service du peuple de Dieu, mais aussi pour un diaconat fidèle à sa mission propre.

  • Il convient certes de poursuivre l’effort actuel au service des vocations presbytérales. Le ministère des prêtres est plus que jamais nécessaire, même si le développement de responsabilités diverses modifie la manière de le vivre. .
  • La pastorale des vocations diaconales trouve progressivement son style : discernement des vocations d’adultes avec la participation de l’épouse et des enfants, des divers responsables de l’accompagnement, des autres responsables concernés et de la communauté chrétienne.
    De plus en plus se développe une politique d"’interpellation" : sans négliger ceux qui se proposent, des chrétiens susceptibles d’être appelés à un ministère sont invités à s’interroger sur une possible orientation diaconale.(ou vers d’autres ministères).
  • Mais a été particulièrement soulignée l’importance de ministères ou charges ecclésiales confiées à des laïcs en exploitant les diverses possibilités offertes aujourd’hui par l’Eglise :
      • Ministères institués de "Serviteur de la parole" ou de "Serviteur de l’Eucharistie et de la prière commune". Ces ministères sont encore peu développés en France. D’autres pays sont moins timorés et en constatent le bienfait. Dans les diocèses français qui les mettent en oeuvre sérieusement les résultats apparaissent bien positifs pour les intéressés comme pour les communautés chrétiennes.
        Pour ces ministères, sans doute, comme pour le diaconat, les craintes qui subsistent encore se dissiperont à la lumière de l’expérience.
      • Avec une tout autre ampleur, se développent une multitude de ministères ou charges confiées à des laïcs dans tous les domaines de la vie ecclésiale.
        Les délégués au diaconat s’en réjouissent. Toutefois quelques craintes se sont manifestées et des souhaits exprimés. Plus les responsabilités sont importantes, plus il convient d’assurer un sage discernement et de fournir la formation et l’accompagnement convenables, au plan doctrinal, pédagogique mais aussi spirituel. Les centres de formation pour laïcs en prennent de plus en plus conscience et insistent sur la nécessité d’un "savoir vivre en Eglise" pour ceux qui coopèrent aux tâches apostoliques.
  • Le rôle original des consacrés dans la vie religieuse ou les Instituts séculiers a été peu évoqué. Leur contribution n’en est pas moins essentielle.
    On a noté le nécessaire respect de leur vocation propre en évitant de seulement les "utiliser" pour des services ecclésiaux.
  • Pour être exact, signalons aussi le regret manifesté d’une insuffisante valorisation des services assurés par les femmes et le souhait que des responsabilités, à la mesure de leur compétence et de leur générosité, leur soient de plus en plus confiées.
    Voeu aussi que soit ouvert l’accès à des ministères institués proprement dits à celles qui souhaitent consacrer leur vie dans un ministère apostolique, quitte à mettre en oeuvre la créativité encouragée par le motu proprio "Ministeria Quaedam", par exemple dans des domaines non liturgiques comme celui de l’enseignement, de l’accueil ou d’autres services caritatifs.

2 - Un diaconat jouant son rôle propre dans la diversité des ministères

Sans doute le diaconat n’a-t-il pas encore trouvé sa pleine stature. Mais il serait faux de dire qu’on ignore ce qu’est un diacre.
L’enseignement du concile, les choix précisés par l’épiscopat en 1968 et confirmés plusieurs fois, la vie et le ministère des 200 diacres ordonnés manifestent bien l’originalité du ministère diaconal.
Ordonnés, ils participent à la triple charge confiée aux responsables de l’Eglise dans les domaines de l’enseignement, de la sanctification du peuple de Dieu et du service. Mais leur grâce propre est d’être de façon privilégiée signes du Christ Serviteur et de rappeler à toute l’Eglise qu’elle doit être pour ses membres, et pour le monde, signe de la Charité de Dieu, avec un souci particulier des plus démunis, des non-croyants et des lieux où se joue l’avenir des hommes (3).

La récente rencontre des diacres français à FRANCHEVILLE, comme celles des années précédentes manifeste que ceux-ci - de façons certes très diversifiées - correspondent assez bien au profil souhaité par les évêques français.

Toutefois la session d’Orsay, comme cette rencontre diaconale ont évoqué certains risques de dérive : le fléchissement des possibilités presbytérales dû au vieillissement et au petit nombre des vocations sacerdotales, l’ampleur et l’urgence des besoins entraînent la tentation de demander aux diacres d’être "des hommes à tout faire", non sans dommage pour leur fonction propre. Leur dévouement, leurs compétences variées risquent d’en faire des "hommes orchestre" rééditant le modèle qu’on a déploré pour les prêtres, avec une polarisation excessive sur le fonctionnement interne de la communauté chrétienne, au détriment du ministère diaconal et de la mission ecclésiale.
D’où l’insistance mise sur le déploiement de toutes les possibilités ministérielles pour que chacun remplisse sa mission dans une bonne articulation de toutes les vocations.

3 - Un souci commun de la diversité des vocations

L’Eglise de France s’est dotée de Services nationaux, régionaux, diocésains pour les vocations sacerdotales et religieuses, plus récemment pour le diaconat.
On peut regretter qu’aucune instance de coordination n’existe pour les ministères institués et les charges ecclésiales de laïcs. Le désir a été assez fortement exprimé à Orsay que cette lacune soit comblée.

Autre souhait : Que chaque service dans la fidélité à sa mission propre porte le souci de l’ensemble des vocations.
L’originalité des composantes de la vocation diaconale justifie l’existence d’un Comité National du Diaconat et d’un réseau de délégués spécialement chargés du diaconat, mais dans les tâches de discernement notamment, il importe d’être attentif à d’autres orientations possibles : C’est ainsi que certains groupes de préparation diaconale ont vu tel ou tel de leurs membres s’orienter vers une congrégation religieuse ou un grand séminaire. Tel grand séminariste, après réflexion avec les éducateurs du séminaire et les responsables du diaconat, s’est orienté vers le diaconat permanent. Des chrétiens cheminant vers le diaconat ont découvert les ministères institués et y ont trouvé l’épanouissement de leur vie laïque. Des congrégations religieuses, des Instituts séculiers découvrent les perspectives offertes par les divers ministères...

Cette ouverture de tous à l’ensemble des ministères s’impose de façon particulière a ceux qui ont charge du service des Vocations. A chaque instance, certes, sa responsabilité propre, mais il. a semblé qu’on gagnerait à une meilleure coopération, notamment à l’échelon diocésain.

Quelques suggestions ont été formulées :

  • s’informer sur les diverses vocations sans exclusive et sur les divers moyens de discernement,
  • présenter aux intéressés l’ensemble des possibilités,
  • ne pas limiter les invitations à la prière à l’une ou l’autre des Vocations.

Toutes choses souvent répétées mais qui ont quelque peine à passer dans les faits.

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Est-il besoin en terminant de redire. le caractère très partiel de cet écho de la session d’Orsay ? Echo personnel qui reflète surtout les résultats de l’Atelier auquel j’ai participé.
Un échange avec l’un des délégués présents, la lecture de "Diaconat aujourd’hui", permettront à ceux qui le souhaitent d’en savoir plus. Ces lignes voulaient seulement, pour un meilleur dialogue et une meilleure coopération, faire part de quelques souhaits concernant ceux qui s’efforcent de servir les Appels du Seigneur.

 

Notes : ------------------------------

l - "Diaconat aujourd’hui". Bulletin du Comité National du Diaconat, des diacres français et des Groupes de Recherche - 47, Bd Gambetta - 84000 AVIGNON - n° 22 et ss. [ Retour au Texte ]

2 - Assemblée plénière de l’épiscopat - Lourdes 1971 [ Retour au Texte ]

3 - Cf. DIACONAT PERMANENT - Documents pour l’ensemble de l’Eglise et pour la France, notamment p. 11, 18, 19. [ Retour au Texte ]

* Le Père Gérard FONTEYREAUD est Délégué régional Provence-Méditerranée pour le diaconat et les ministères institués, et Secrétaire du Comité National du Diaconat [ Retour au Texte ]