Chartres, 22 Janvier 1984. Journée diocésaine des Religieuses


Chaque année, depuis déjà un certain temps, une journée rassemble un bon nombre des religieuses du diocèse leur permettant de se mieux connaître, de s’aider mutuellement pour le service de la même et unique mission de l’Eglise diocésaine, dans la diversité de leur charisme de Congrégation comme de leur présence et de leurs activités,

Pourquoi cette année, cette journée s’est-elle centrée sur

LA SIGNIFICATION DE LA VIE RELIGIEUSE DANS LA MISSION
DE l’EGLISE DIOCESAINE ET LA PASTORALE DES VOCATIONS ?

Plusieurs raisons à cela sans doute .
Un projet de journée régionale sur la vocation religieuse ; la constatation d’une certaine méconnaissance de la vie religieuse par les autres partenaires de la mission ; ’ la timidité, sinon le doute, chez des religieuses elles-mêmes, ici ou là, devant l’avenir de la vie religieuse ; le déclin démoralisant du nombre et de la présence des religieuses contre lequel nous souhaitons réagir...

C’est un peu tout cela qui a conduit le Conseil Diocésain des Religieuses à se mettre en lien et à travailler étroitement avec le Service Diocésain des Vocations pour proposer une journée qui, à partir de toutes ces questions parfois difficiles, nous aiderait à renouveler nos convictions et à vivre et travailler dans l’espérance.

QUELS PARTICIPANTS ?

* Un grand nombre de religieuses (130 environ) ayant répondu à l’invitation et vécu activement cette rencontre jalonnée

- de témoignages (de jeunes religieuses de vie apostolique et de vie monastique)

- de réflexion en équipe : à la fois partage de convictions mais aussi questionnement assez engageant

- d’un exposé visant à rappeler quelques points de référence mais, surtout, à :
SENSIBILISER POUR UNE PARTICIPATION PLUS SIGI4IFIANTE, en tant que religieuses, à la mission d’Eglise dans le diocèse,
et à AIDER UNE MEILLEURE COMPREHENSION D’UNE PASTORALE DES VOCATIONS qui devrait devenir de plus en plus, l’affaire de tous.**

* Des témoins :

- Un religieux

- Le vicaire épiscopal délégué à la vie religieuse pour le diocèse

- L’aumônier fédéral J.O.C. coordonnant sur la région le Groupe "Eveil et Recherche"

Le Père évêque, assurant l’Eucharistie finale.

-QUE PARTAGER DE CETTE JOURNEE ?

* L’intérêt de cette REALISATION COMMUNE C.D.R.-S.D.V. qui, normalement, devrait susciter des "suites"

* La TONALITE DE CETTE RECHERCHE :

"Ce qui me reste en mémoire est beaucoup plus spontanément un ’vécu’ qu’un ’dit’,. , Le vécu, c’est le climat d’amitié fraternelle, le sentiment à la fois d’être accueilli et d’être en accord . Je me retrouvais parfaitement dans le type de réflexion, problèmes et difficultés des soeurs, rejoignant ceux des frères. Qui s’en étonnerait ?" (Un religieux participant)

"Cette journée m’a apporté un nouveau dynamisme pour le quotidien de la vie .
Il nous a été dit qu’à l’âge de la retraite, nos communautés apostoliques n’ont pas à redevenir "semi-monacales", chacune doit rester missionnaire, évangélisatrice dans son milieu de vie.., jusqu’au bout.
Suite à cette journée, nous nous épaulerons en nous réunissant de temps en temps avec les autres communautés de notre ville".
(Une soeur en retraite)

* Au niveau de la réflexion, des expressions, des INTERPELLATIONS ONT FAIT "MOUCHE" et nous renvoient tous, et chacun, à poursuivre la réflexion et à prendre les initiatives nécessaires.

Quelques idées force relevées par des participants :

- Retrouver le sens des vocations particulières et reconnaître leur nécessité vitale pour que l’Eglise puisse réaliser sa Vocation ;

- Retrouver et redire la place propre de la vie religieuse dans les perspectives missionnaires de l’Eglise, et donc, de l’Eglise diocésaine ;

- Passer du texte aux gestes ;

- Devenir des Experts de Communion ;

- Relire le sens des voeux et de la vie communautaire à travers certains défis à relever ;

- Se faire "la voix des sans voix" ;

- Vivre une fidélité créatrice, découvrir et réaliser des choix communautaires signifiants ;

- Cette vie religieuse, elle est à "refonder" pour la vérité de notre mission en Eglise ;

- Le charisme d’Institut n’est pas donné pour nous... il est pour l’Eglise. Aussi, devrions-nous avoir le souci sans timidité qu’il soit mieux connu ;

- Entendre comme un appel "que nos communautés soient des lieux du ’Venez et voyez"’.

Deux questions :

- Comment portons-nous ensemble le souci de l’avenir de la vie religieuse en Eglise ?

- Ce souci d’avenir de la vie religieuse, le portons-nous dans la ligne d’un "faire Eglise" ou dans un sursaut plus ou moins lié à une panique ?
Le portons-nous conjointement avec le souci des autres vocations ?

- ECHO d’une RELIGIEUSE

" Le 22 Janvier1984 !...

Personnellement j’ai reçu une phrase clé : ’PASSONS DU TEXTE AUX GESTES’

Ces mots sont semblables à une vrille qui s’enfonce jusqu’au fond de mon être. "PASSONS" et non "PASSE". C’est bien ENSEMBLE que nous nous interrogeons sur le comment passer dans tel monde, telle société, pour tenter de vivre notre existence et essayer de devenir au sein du Peuple des ETRES DE COMMUNION dans des COMMUNAUTéS qui respirent une fraternité basée sur l’Evangile au sein et au service de l’Eglise.
’LES GESTES’, ce sont eux qui libèrent le discours, le rendent perceptible, Quels gestes ?.., je ne sais pas ; ils surgiront spontanément si nous sommes attentives et dépouillées.
attentives d’une part au souffle de l’Esprit,
d’autre part aux souffrances et aux aspirations des hommes afin de pactiser avec la justice et l’amour,

MAIS...

ma communauté et moi-même sommes-nous écoutantes ?...
La tranquillité qui refuse de se laisser bousculer et la scandaleuse autosatisfaction ne nous rendent-elles pas sourdes à tout ce que veut dire Jésus-Christ qui habite parmi nous sous mille visages humains,

ALORS !...

face aux exigences communautaires de retournement, de ’re-fondation’ voulons-nous ’to be or not to be’ ? "

... d’un AUMONIER J.O.C.

"Comme prêtre, je dois avouer que la Vie religieuse ne m’a pas beaucoup préoccupé, jusqu’à ce que je découvre sa place dans la mission de l’Eglise. Des religieuses ont une place privilégiée pour rencontrer des jeunes qui ont soif d’être entendus, reconnus. Cette vie religieuse, parce que donnée, est tournée vers les autres, les plus petits, les plus loin, ceux qui ne viendront pas vers l’Eglise par eux-mêmes.

Pour les jeunes, qu’est-ce que cela signifie que des hommes, des femmes consacrent leur vie à Jésus en les rejoignant pour leur permettre d’agir par eux-mêmes et leur faire découvrir la parole active de Jésus ? Créons-nous les occasions favorables pour en parler avec eux ?

Cette journée a ravivé ces convictions et questions comme un nouvel appel..."

En conclusion, LA REATION DU RESPONSABLE S.D.V. :

-Un cri de foi dans la vie religieuse

-Une question percutante adressée aux religieuses elles-mêmes

"Ce fut vraiment une bonne journée !
J’ai cru voir des religieuses redécouvrir le sens de la vie religieuse apostolique et sa mission propre dans l’Eglise .

La consécration n’est pas pour réjouir le coeur de Dieu tout seul, elle peut être en même temps révélation, lumière pour le monde d’aujourd’hui, dans ses besoins les plus criants.

Ce serait un grand dommage, une vraie perte si la vie religieuse n’existait plus dans nos communautés chrétiennes. L’Evangile y perdrait des témoins de première valeur.
J’ai cru comprendre en même temps que les religieuses n’étaient plus résignées à baisser les bras et qu’elles étaient prêtes à mettre toute leur énergie à soulever la lourde pierre sous laquelle elles semblent menacées de disparaître. Si c’était cela, déjà, le fruit d’une prière persévérante pour les vocations...

Oserai-je maintenant poser une question ?
Est-ce qu’il ne serait pas temps pour la vie religieuse apostolique, de revoir son insertion dans le peuple de Dieu ?
Une coupure s’est créée entre la vie religieuse et le peuple de Dieu.
C’est une gageure de dire cela . les religieuses, les religieuses apostoliques ne sont-elles pas en plein monde, tout proches des gens, on se côtoie, on se connaît...
On se connaît ? Ce n’est pas l’avis de tout le monde : .

’Vous croyez être proches des gens, est-ce vrai ?’
’Les prêtres eux-mêmes ne connaissent pas la vie religieuse, ils nous utilisent.., ou font comme si on n’existait pas’, dites-vous, parfois...
Qu’a-t-il su, le Peuple de Dieu, du grand effort d’aggiornamento entrepris par toutes les congrégations ?
N’aurait-il rien eu à dire ? Aucune question à poser ? par exemple

’Comment vivez-vous la pauvreté ? Qu’est-ce que vous apportez d’original à l’Eglise ?’...

L’Esprit ne parle-t-il qu’au sein des assemblées de religieuses ?
Ne peut-il parler par le peuple de Dieu, et même par le monde qui vous entoure ?
Le peuple de Dieu apprécie énormément les services des religieuses

’Merci, mes soeurs, pour tout ce que vous faites, mais nous aimerions savoir aussi ce que vous vivez entre vous. Cela aussi serait très bon pour nous, pour ce que nous avons à vivre de notre côté."

Je redis ma question : La vie religieuse n’a-t-elle pas à s’approcher, à se faire proche du peuple de Dieu, à entrer en conversation avec lui, à se laisser interpeller par lui pour avoir le droit de l’interpeller à son tour ?

SI LE RE-DEPART DES VOCATIONS RELIGIEUSES PASSAIT PAR CE RAPPROCHEMENT ET PAR LA PRISE EN CHARGE DE LA VIE RELIGIEUSE PAR LE PEUPLE DE DIEU TOUT ENTIER ?..."

* Ce compte-rendu est présenté par les responsables S.D.V.-C.D.R. de Chartres [ Retour au Texte ]

** Exposé donné par Soeur Thérèse REVAULT de l’équipe du S.N.V. [ Retour au Texte ]