Vie Religieuse : Rencontre de l’atelier : "Union des Supérieures Majeures de France" et Service National des Vocations


9 - 10 Mars 1983

Cet Atelier vient de vivre une session de travail. Avant d’en rendre compte, sans doute est-il utile de rappeler

  • la composition de cet atelier
  • ses objectifs et son fonctionnement

COMPOSITION

Cet atelier fonctionne depuis 1974. Il comprend :

  • les 9 Supérieures Majeures, déléguées pour la Pastorale des Vocations dans chaque région apostolique auxquelles se joignent
  • la Secrétaire nationale de l’Union des Supérieures Majeures de France
  • la Présidente du "Service des Moniales"
  • la Présidente des Instituts de Vie contemplative dits "Groupes Ephrem"
  • au nom du SNV : Thérèse REVAULT et Gérard MUCHERY.
    (Fernand BECRET étant invité comme "témoin" et en vue d’assurer un lien avec les ateliers "Vie Religieuse masculine").

OBJECTIFS

Il est important de noter que c’est la seule instance où les Supérieures Majeures peuvent avoir une vue globale de ce qui se vit en France pour le service des Vocations.

Le but de cet atelier est double :

  • confronter les expériences et les projets
  • réfléchir à la pastorale des vocations, du point de vue des Congrégations et du SNV.

Le rôle des supérieures majeures, régionales USMF, déléguées pour la Pastorale des Vocations, se situe à trois niveaux :

a) Elles participent aux rencontres régionales des services des vocations afin de saisir la réalité régionale.
b) Elles sensibilisent les autres supérieures majeures à ce qui est mis en oeuvre pour la pastorale des vocations.
c) Elles portent un intérêt particulier au travail des Religieuses engagées en SDV, les soutiennent et suscitent, éventuellement, les évaluations nécessaires quant à leur action propre au sein des SDV.

La présence de la secrétaire nationale de l’USMF, permet de faire remonter au Conseil USMF les questions fondamentales engageant sa propre responsabilité.

- Les deux "témoins" de la Vie monastique et des Instituts de vie contemplative apportent un questionnement précieux à la Vie Religieuse apostolique et rappellent la commune mission de le Vie Religieuse dans l’Eglise.

FONCTIONNEMENT  : depuis 1981, cet atelier a opté pour une session annuelle de 2 jours.

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- Les 9 et 10 mars, le travail de l’atelier a porté sur un thème en lien avec un message adressé par le SNV à toutes les Supérieures Majeures de France ainsi qu’aux Responsables des Monastères et des Instituts séculiers.

Cette lettre contenait une double invitation :

  • Recevoir le document "Pastorale des vocations, où en sommes-nous ?" comme instrument de réflexion, base d’échange au sein de leurs Instituts et de dialogue avec d’autres.
  • Vérifier la manière dont se vivent, de plusieurs côtés au sein des Instituts, des initiatives témoignant d’un intérêt renouvelé pour le question des vocations.

Notre travail en atelier s’est ordonné autour de ces deux axes. Réalisant combien cette réflexion appelle une suite, avec différents partenaires sur le terrain - et nous croyons que bon nombre de lecteurs de "Jeunes et Vocations sont de ceux-là - il nous a semblé opportun de partager ici :

  • les pistes ayant guidé l’échange
  • quelques "lignes de force" se dégageant de celui-ci.

1er AXE DE NOTRE TRAVAIL :

Réflexion à partir du document :
PASTORALE DES VOCATIONS, OU EN SOMMES-NOUS ?

Grille de réflexion :

A) Après lecture de ce texte (p. 3 à 9), quels points nous apparaissent plus fondamentaux et pourquoi ? (en souligner 2 ou 3 au maximum).

B) Au regard des pistes proposées (p. 10 et 11), lesquelles nous semblent rejoindre plus particulièrement des questions perçues dans notre région apostolique, tant au niveau des SDV que des congrégations ? (en pointer 2 ressenties comme prioritaires).

C) Ce document voulant être un instrument de dialogue entre nous, que nous incite-t-il à dire au SNV (suggestions, questions etc.) ?

A - Parmi les POINTS FONDAMENTAUX soulignés à plusieurs reprise, nous avons relevé :

1) L’EGLISE, PREMIER SUJET DE LA VOCATION

"L’Eglise entière est appelée et envoyée dans le monde pour continuer la mission de Jésus Christ, avec la force de l’Esprit . . . "

"L’Eglise tout entière est établie en état de vocation et de mission et donc chaque membre de l’Eglise, chacun pour sa part, est établi en état de vocation et de mission". (Congrès mondial n ° 38).

Peuple de l’Alliance ... nous sommes le "nouvel Israël" appelé collectivement par Dieu.

Ce rappel nous semble Capital : il nous provoque à vérifier sans cesse le "fondement", dimension ecclésiale et missionnaire, de toutes nos initiatives et propositions.

Il nous redit aussi que nos congrégations verront renaître et grandir en elles le "souci de l’appel" dans la mesure où elles entreront plus hardiment dans la mission d’évangélisation de l’Eglise. "

2) LES "VOCATIONS SPECIFIQUES" DOIVENT ETRE BIEN SITUEES - DIVERSES ET COMPLEMENTAIRES - AU SEIN DE LA VOCATION CHRETIENNE.

Cette explication nous semble importante car il y va de la vitalité du Corps-Eglise.
"Rendre compte de sa propre vocation est une richesse pour tous". (Congrès mondial n° 37).
Nous le soulignons au regard de deux écueils fréquents :

  • une confusion entre Vie Religieuse (apostolique notamment) et ministère
  • un certain "flou", repéré ici ou là, dans l’accompagnement de Jeunes en groupes de recherche ; ceux-ci apparaissent parfois davantage comme des lieux d’approfondissement de vie chrétienne que d’une première approche des "vocations spécifiques".

3) UNE PASTORALE DES VOCATIONS INSPIREE PAR LA FOI

Cette conviction nous interpelle si nous voulons être "mémoire évangélique".
Nous mesurons qu’entrer en Pastorale-des Vocations, c’est entendre l’appel à entrer soi-même dans le mouvement de conversion, de renouvellement évangélique.
Nous avons relevé l’importance primordiale de la prière en pastorale des vocations comme le rappelle le Congrès mondial.
"La prière n’est pas un moyen pour recevoir le don de l’appel divin, mais le moyen essentiel, commandé par le Seigneur (Congrès mondial n° 23).

4) UNE PASTORALE ATTENTIVE AU MONDE

- Regarder le monde avec lucidité mais aussi avec amour : cet accent, nous l’avons souligné comme un appel exigeant ; cette "fidélité au monde présent" nous bouscule, elle implique une remise en cause, notamment dans la manière de regarder et de rejoindre les Jeunes aujourd’hui.

Ecouter ce que dit l’Esprit "à l’oeuvre en cet âge ..." Ce discernement est le lieu d’une exigeante conversion ; il est indispensable si nous voulons "faire vivre" et non chercher à "survivre".

5) UNE PASTORALE PLURIELLE ET CONCERTEE, INTEGREE A LA VlE MEME DE L’EGLISE

Relisant l’ensemble du travail de l’atelier, nous sentons d’emblée que ce point a été l’un des "pôles" auxquels nous sommes revenus sans cesse, sans doute à cause de certaines déficiences mais surtout à cause d’une conviction bien vivante :
"La pastorale d’ensemble a pour but de créer dans le Peuple de Dieu un climat où puissent croître les vocations." (congrès mondial n° 18).

B - QUESTIONS-CLE : Quatre ont retenu particulièrement notre attention :

1) LIEN ENTRE SDV ET CONGREGATIONS
Cet aspect sera développé dans le 2éme temps de notre travail.

2) LES JEUNES, COMMENT LES REJOIGNONS-NOUS ?
Cette interrogation avait été lancée vigoureusement lors de la dernière Assemblée Nationale USMF (déc. 82 réunie autour du thème : "Religieuses apostoliques, femmes dans la société et dans l’Eglise, chance pour l’Evangélisation ?
Le vieillissement de nos Instituts n’est-il pas, par certains côtés, un prétexte pour fuir les jeunes ?
Et si nous les côtoyons, les "rejoignons-nous" vraiment ?

3) LA SPECIFICITE DES VOCATIONS
Ayant souligné, dans un 1er temps, l’importance de ce rappel, nous nous sommes interrogés sur les moyens mis en oeuvre concrètement pour une meilleure connaissance et "reconnaissance" de ces vocations.
Parmi les signes témoignant d’une avancée, nous remarquons :

  • telle région apostolique attelée à cette tâche en proposant, au sein de ses rencontres, des sessions d’étude sur les Instituts séculiers puis la vie religieuse apostolique ...
  • telles autres régions où l’on vient de réfléchir au ministère presbytéral
  • tel séminaire où des cours sur la Vie Religieuse sont intégrés à la formation ... etc., etc.

Malgré ces initiatives avons-nous suffisamment conscience d’être ensemble responsables de toutes les vocations ? Comment le signifions-nous ?
"La pastorale d’ensemble doit tisser un réseau de plus en plus serré de contacts personnels et institutionnels où les vocations puissent être découvertes, encouragées et cultivées ... " (congrès mondial n° 18).
Nous entendons cette affirmation comme une sérieuse invitation à aller plus loin.

4) LE SOUCI DE L’EVEIL
Dans plusieurs régions, les SDV semblent plus attentifs à l’accompagnement et au discernement qu’à l’éveil. A qui revient celui-ci ? Comment le concevoir ?
Nous n’avons pas creusé cette question mais nous sentons qu’elle est à poser dans tous les lieux de rencontre effective des Jeunes, y compris au sein des congrégations.

C - QUESTIONS AU SNV

Trois points plus marquants :

  • Etant donné l’importance de la formation à l’accompagnement : qui porte ce souci ? Quelles propositions concrètes existent ?
  • L’éveil à de "nouveaux ministères" commence à se faire effectif, mais SNV et SDV gardent-ils suffisamment le souci de l’Appel au ministère presbytéral ?
  • Etre disponible à l’inattendu des vocations ...
    Comment nous y rendre attentifs ensemble, moyennant le discernement nécessaire ?

+

2éme AXE DE TRAVAIL :

Sur cette toile de fond, regarder comment la Vie Religieuse apostolique notamment est provoquée à une créativité signifiante pour accueillir des Jeunes aujourd’hui ?

 

Grille de réflexion

A) Quels encouragements et questionnements sentons-nous adressés aujourd’hui à la Vie religieuse apostolique ?

B) Le réveil des congrégations suscite un intérêt renouvelé pour la question des vocations ... Le constatons-nous ? A travers quelles initiatives ? Quelles questions sentons-nous à ce niveau ? .

  • questions à poser aux SDN et SNV
  • questions à poser aux congrégations et Instituts

C) En entendant : "osons créer ... moins pour faire survivre que pour faire vivre, quelles convictions nous habitent ?

A) Le première question a orienté l’échange autour de deux pôles :

La VIE RELIGIEUSE APOSTOLIQUE comme "EXPERIENCE SPIRITUELLE AU COEUR DU MONDE" et comme "SUITE DE J.C. A PLUSIEURS".

Les Jeunes nous questionnent fortement à ce double niveau, notre vie ne leur "parle" pas suffisamment ; pour trouver des signes de l’Absolu de Dieu, ils regardent plus spontanément vers les monastères.

Et pourtant, nous repérons qu’après une étape de mutation profonde, la vie religieuse apostolique semble re-naître ; on parle même assez couramment de re-fondation".

Vécue dans un nouveau rapport au monde, dans un nouveau regard porté sur le monde, cette manière de suivre J.C. peut être un authentique lieu d’expérience spirituelle ... mais cela ne va pas de soi ; il faut nous en donner les moyens ; parmi eux, prière et engagement apparaissent bien comme deux chemins indissociables et fondamentaux.
(cf. session donnée au Centre Sèvres en févr. 83).

La Communauté de Vie Religieuse apostolique est particulièrement appelée à poursuivre l’effort de créativité amorcé pour devenir l’un des lieux où l’on puisse dire : "Venez et voyez".
A ce niveau, nous nous sommes demandés :

Savons-nous miser sur la capacité d’évolution des Jeunes ?
Dans l’initiation à la vie religieuse, sommes-nous assez soucieuses de ménager des étapes propres à aider à une vraie maturation ?

Questions à peine effleurées et qui seraient à reprendre.

B) Face aux INITIATIVES de CONGREGATION

- Un-rapide inventaire, région après région, nous révèle un nombre important et une variété de propositions : routes, récos, retraites, camps, pèlerinages, fêtes de congrégations, expositions ... portes ouvertes ... "pèlerinages aux sources"
... etc.
élaboration de plaquettes, dépliants etc.

Nous sentons combien toutes ces initiatives pourraient être de nature à re dynamiser les Instituts eux-mêmes ; elles le sont, de fait, en bien des cas.
"Les Instituts religieux, en coopérant avec la communauté diocésaine au service de toutes les vocations, ont cependant le droit et le devoir de faire connaître leurs propres charismes et de rechercher des vocations"... (congrès mondial n° 34).

Pourtant la manière dont elles se pensent et se réalisent peut nous poser certaines questions :

  • qui sont les Jeunes rejoints par toutes ces propositions ?
  • comment se fait l’information ? Est-elle partagée avec les SDV et autres lieux d’Eglise (aumôneries, écoles catholiques, mouvements, paroisses, etc.).
  • est-ce que les responsables de ces initiatives ont suscité ou accepté un contact avec les SDV ?
    d’où cette question fondamentale :
    QUELLE DIMENSION ECCLESIALE ONT CES PROJETS ?

En effet,
"personne ne peut s’isoler et travailler exclusivement pour son compte ou son institution ... regarder au-delà des intérêts particuliers est le devoir de chacun" (Congrès mondial n° 37).

Au cours de cet échange, nous avons amorcé un diagnostic, voire mène une "révision de vie" qui nous semblent à poursuivre en d’autres lieux :

  • du côté des congrégations (Conseils, Union des Supérieures Majeures tant au niveau diocésain, régional que national)
  • du côté des Eglises locales (SDV, paroisses, aumôneries, Ecole catholique, Mouvements, etc.).

A qui revient l’initiative d’une telle évaluation ?
Aux uns et aux autres, sans doute, au fil des occasions et provocations concrètes sur le terrain.

Nous avons noté des initiatives heureuses allant dans ce sens : rencontre entre Moniales et SDV d’une même région (deux expériences citées), projet de rencontre entre un Service régional des vocations féminines ou une Commission de V.R. féminine et les USM régionales respectives.

IL S’AGIT DE CHERCHER, LA OU NOUS SOMMES, CE QUI POURRAIT FAIRE AVANCER UNE PASTORALE PLURIELLE ET CONCERTEE.

+

Au terme de ces deux jours de travail assez denses, nous avons eu conscience qu’il ne s’agissait pas d’un échange gratuit, ponctuel, mais "engageant" et appelant "une suite".

Nous nous sommes interrogés sur la manière de mieux remplir le rôle de "Supérieures, déléguées à la Pastorale des vocations", tel qu’il a été voulu, en réalisant que les modalités seront à trouver en fonction des régions, compte tenu de leur histoire.

Choisissant de partager avec vous, lecteurs de "Jeunes et Vocations", le travail de cet atelier, nous croyons que vos suggestions et réactions pourront nous aider à être nous-mêmes plus efficaces.

"Oser créer . . . moins pour ’faire survivre ’ que, pour ’faire vivre’ . . .

-En lisant ces paroles, nous nous sentons invitées, comme le rappelait le P. Herbulot au Congrès d’Amiens, à la conversion et à l’Espérance ...

"Conversion, afin de continuer la marche dans la fidélité ... avec l’humour nécessaire !

"Cette conversion s’enracine dans cette grande Espérance . . . qui va au-delà de nos raisons humaines d’espérer.
C’est une Espérance qui se situe à la jointure du réalisme d’un présent assumé courageusement et joyeusement et de la folle confiance en un avenir qui porte le nom du Dieu Vivant .,."
(cf. Vocation n° 301, p. 99).

Th. REVAULT
G. MUCHERY

en accord avec les membres de l’Atelier

Soeur Cécile BROUSSELLE, secrétaire de l’Union des Supérieures Majeures de France.
Soeur Flavie de VANSSAY, présidente du Service des Moniales
Soeur Marie-Jean BELLUT, déléguée pour les Instituts de vie contemplative (en remplacement de Soeur Yolande de CHAMPAGNY)

et les déléguées régionales :

Sud-Ouest : Soeur Marie-Paul DOSSAT (en remplacement de Soeur Anne-Catherine ARRAYET)
Nord : Soeur Thérèse MICHELOT
Midi-Pyrénées : Soeur Jean-Gabriel GARDETTE
Ouest : Soeur Marie-Bénédicte NORMAND
Centre : Soeur Thérèse ROY
Est : Soeur Marie-Noëlle LAPOINTE
Provence : Soeur Nicole TOURON
Centre-Est : Soeur Jeanne-Madeleine MILLIER
Ile de France : Soeur Thérèse NAEPELS