La vocation missionnaire


Ce texte a été publié en 2001 par l’atelier missionnaire du SNV pour préciser ce qu’est le spécifique de la vocation missionnaire et donner quelques points de repère pour le discernement de cette vocation. Il était destiné à des accompagnateurs de jeunes et peut donc être utilisé pour les animations vocationnelles, pour des reprises de séjours missionnaires ou de coopération
En trois ans, son vocabulaire a peut-être un peu vieilli mais il nous a paru important de le prendre comme point de départ de la réflexion.
L’atelier missionnaire est une petite instance née d’une double volonté :

- faire travailler ensemble les instituts missionnaires masculins et féminins à une pastorale des vocations ;

- intégrer la pastorale des vocations missionnaires à l’ensemble de la pastorale des vocations.
C’est un lieu de réflexion qui a pour but de renvoyer des questions au Service National des Vocations et aux instituts.
Longtemps animé par Jean Schmuck, il rassemble aujourd’hui des délégués des instituts masculins et féminins, un représentant des OPM-Coopération Missionnaire et un représentant de la Délégation Catholique pour la Coopération. Ce groupe est à l’origine de ce numéro de Jeunes et Vocations.

Etre missionnaire aujourd’hui, c’est pour tout chrétien, vivre ce à quoi l’Eglise est appelée : annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à tous. Parmi les chrétiens, certains répondent à un appel particulier d’évangélisation d’autres peuples, d’autres cultures (mission ad gentes). Ce sont les missionnaires. Beaucoup d’entre eux s’engagent à vie dans des instituts ou des congrégations voués totalement à la mission.
Les missionnaires acceptent de se déplacer vers un autre pays, certes, mais d’abord d’opérer un déplacement à l’intérieur d’eux-mêmes (quitter leurs propres racines, aller vers l’autre dans son altérité de race ou de culture…) pour rejoindre d’autres peuples, d’au­tres cultures ou religions, répondre à l’appel d’autres Eglises et devenir lien entre leur propre Eglise et ceux qu’ils rejoignent.
Pressés par l’Evangile, les missionnaires seraient infidèles à eux-mêmes s’ils ne partaient pas à la rencontre de l’autre dans une attitude de dialogue. Ce dialogue implique écoute, respect et reconnaissance de l’autre, de ses capacités, de ses dons… en même temps que la capacité de « rendre compte de l’espérance qui est en eux » (1 P 3, 15).
Les missionnaires sont porteurs du désir d’éveiller en chacun, chaque peuple, chaque religion, l’écoute de l’appel de Dieu et la réponse à son dessein d’amour à la manière de Jésus-Christ. Ils croient qu’une vie authentiquement humaine peut se fonder sur l’Evangile. C’est pourquoi ils osent l’annoncer en dehors de leur culture, de leurs familles, de leur langue et de leur pays. Ils tentent de rassembler des communautés qui confessent leur foi en Jésus-Christ et de bâtir l’Eglise. Ils recherchent avec l’autre un chemin de bonheur et de promotion de l’homme dans la ligne de l’Evangile de Jésus-Christ qui appelle à la vie.

La vocation missionnaire suppose donc :
• la disponibilité :

- pour accueillir et contempler l’Esprit déjà à l’œuvre (prière personnelle et communautaire),

- pour recevoir, pour se laisser enrichir et questionner par l’autre,

- pour oser partager sa foi dans un contexte différent ;
• l’enracinement dans la culture, allant jusqu’à la fraternité. Dans cet enracinement, les missionnaires font l’expérience de leur pauvreté, de leur faiblesse, de la désappropriation à l’image du Christ qui s’est dépouillé de lui-même pour habiter parmi nous. Ils font aussi l’expérience de la joie de pouvoir communiquer (apprentissage de la langue), de découvrir une religion, une sagesse, une culture différentes… et de partager leur foi en Jésus-Christ ;
• la solidarité avec un peuple et l’engagement dans l’attention à tous et jusque dans le combat pour la justice, la paix et la libération pour les plus petits.

Cette vie de témoignage missionnaire fait apparaître l’Eglise comme sacrement du Royaume, signe d’une humanité à naître, humanité réconciliée, où tous les peuples, toutes les cultures se reconnaissent.