Un mois d’animation missionnaire en Ardèche


Sur les routes de Lourdes, de Taizé, d’Assise, dans des centres d’animation missionnaire, en Normandie, en Bretagne, en Alsace, des jeunes se sont rencontrés cet été pour réfléchir sur leur engagement missionnaire. Voici le compte rendu d’un Camp d’Animation Missionnaire qui s’est tenu à Thines, en Ardèche, tout le mois d’août, avec une dizaine de jeunes spiritains en formation et des coopérants à la veille de leur départ en Afrique.

Thine est un petit village de douze habitants (autrefois une centaine...) perché sur un piton isolé dans les montagnes des Cévennes. Une route sinueuse l’atteint après un long effort et ne va d’ailleurs pas plus loin ... On tombe soudain émerveillé en découvrant une magnifique église romane, ancien pèlerinage à une Vierge noire et ancien relais sur la route de Saint Jacques. Tout autour, se blottissent les vieilles maisons couvertes de pierres en schiste. Mystérieusement beaucoup de gens sont attirés par ce petit village : randonneurs à pied, automobilistes, pourtant rendus circonspects par la proximité des ravins... Il se dégage du site comme une spiritualité naturelle et l’exiguïté des lieux permet davantage la rencontre ou le silence que le brassage anonyme des foules... et pour venir ici, il faut avoir voulu faire un effort !

Le petit groupe de jeunes qui s’est installé à Thines le 1er août, a commencé par prendre contact avec le pays environnant en faisant une randonnée de huit jours à pied dans la montagne. Au départ le matin, marche silencieuse dans la prière. En fin de journée, accueil préparé à l’avance par la communauté chrétienne du village qui nous recevait. Nous passions alors un montage audiovisuel sur la vie des Chrétiens en Afrique, suivi d’une discussion et de l’Eucharistie. Vers 23 heures, nous pouvions aller nous coucher sur le foin dans une grange et, le lendemain, nous partions pour une nouvelle étape.

Nous sommes ainsi passés par Montselgues, Laval-d’Aurelle, N.D. des Neiges, Loubaresse, Sainte Eulalie, le Gerbier-des-Joncs, Sagnes et Goudoulet... : nous avons eu l’impression de faire une tournée missionnaire, comme en pays de Mission !

Au retour à Thines, huit jours après, nous avons réparti notre travail : plusieurs d’entre nous faisaient visiter l’Eglise aux touristes, d’autres les accueillaient en leur faisant découvrir l’artisanat local : différentes façons d’entrer en contact et d’avoir des échanges toujours très riches pour tous. Nous partions également de là certains jours pour des journées ou des soirées d’animation missionnaire, aux Vans, dans une colonie de personnes âgées... Nous visitions des gens de la commune, portant également la communion à des malades.

Un soir, nous avons accueilli l’équipe de Guy de Fatto, le "prêtre troubadour", pour une veillée de prière avec les gens des environs, mais le plus important sans doute a été la présence quotidienne dans le pays d’une communauté cherchant à donner le témoignage d’une vie de prière et de partage fraternel. Le pays lui-même attire beaucoup de jeunes en recherche d’une nouvelle façon de vivre, et nous avons eu avec la plupart d’entre eux des échanges très fraternels.

La dernière semaine du séjour a été marquée par une récollection d’anciens et futurs coopérants. Il a fallu se serrer dans les "clèdes" du village (petites maisons qui servaient autrefois à faire sécher les châtaignes) pour arriver à loger un groupe de vingt-cinq jeunes ! Les anciens coopérants, arrivés les premiers, ont parlé de leur expérience de foi et de leur découverte de la Mission. Ils ont également réfléchi entre eux sur la façon de partager leur prise de conscience concrète de l’universalité de l’Eglise, dans les engagements qu’ils auront désormais à prendre en France.

Les futurs coopérants arrivaient pour la plupart d’une session de préparation au départ, qui s’était tenue à Allex, dans la Drôme. Ils avaient voulu compléter leur formation par un temps fort de prière et avaient été invités à Thines pour cela. Le thème était : "la rencontre de Dieu et de nos frères".
Pour favoriser la rencontre, il faut être à l’aise dans sa Foi, ne pas être crispé ni dans son âme ni dans son corps (reflet de l’âme). Une part importante a été donnée au silence, à l’écoute personnelle ou en groupe, de la Parole de Dieu, présente en particulier dans la beauté de la nature : le vent, l’eau, le feu, la terre... éléments sensibles que l’on rencontre si souvent dans la Bible ! Parfois la prière s’est exprimée, comme en Afrique, dans la danse et le chant.

Les principales questions posées par les jeunes ont tourné autour des thèmes suivants : "comment approfondir notre prière et rester en contact avec Dieu au coeur de nos occupations quotidiennes ?", "Comment discerner ce que Dieu nous demande de faire dans notre vie ? Qu’est-ce que la vocation ?"

Le dernier soir nous avons fait une longue veillée commune dans la magnifique église romane. Après l’Eucharistie, l’Eglise est restée ouverte toute la nuit pour une adoration silencieuse, par petits groupes qui se sont relayés jusqu’au lendemain matin.

Avant la dispersion vers toutes les parties du monde, c’était l’heure de la rencontre en profondeur avec le Christ, comme au Cénacle à l’aube de la Pentecôte.

Ainsi se terminait cette "mission" d’un mois, durant laquelle l’Esprit Saint a soufflé dans le silence comme dans la danse, mais surtout au fond des coeurs...

Père François NICOLAS, c.s.sp.