Aujourd’hui, regarder, écouter, se laisser interroger


Trois témoignages, puis deux, puis un ...

Plus que des témoignages, des réflexions, des questions. La session de Saint-Etienne devait nous aider à regarder, à écouter, à nous interroger, sans aboutir trop vite à des conclusions.

Chacun s’est exprimé à partir de sa situation-pastorale. Un responsable de S.D.V., un professeur de grand séminaire, un vicaire épiscopal, une religieuse aumônier de lycée, un professeur en Centre théologique, chargé d’une enquête auprès de jeunes, un évêque.

Chacun a livré son expérience. En voici quelques traits significatifs.

N.B. - Les lignes suivantes n’ont pas été soumises aux intervenant concernés.
Elles ne sont pas un compte rendu.

Par André AUDUC, responsable du Service des Vocations du diocèse d’Autun, nous avons eu écho des réflexions d’un jeune de 25 ans. Portant son regard sur ceux de sa génération, il observait chez eux une certaine remise en cause des modèles, le désir de trouver eux-mêmes les valeurs qui les feraient vivre, en insistant sur l’expérience personnelle indispensable, la dimension individuelle prenant le pas sur la dimension collective.

N.B. - on trouve un écho plus développé de cette communication dans la fiche n° 4 du dossier sur le thème 1982, "Dynamismes du monde, vocations d’aujourd’hui".

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Christian FORSTER, responsable du S.D.V, de Dijon et professeur au Grand Séminaire, a cru pouvoir dégager trois traits majeurs qui caractérisent actuellement la "situation de l’appel".

- Vatican II et sa théologie du Peuple de Dieu font leur chemin : les chrétiens manifestent une plus grande ouverture pour prendre leur place dans l’Eglise, tout en désirant mieux comprendre le sens d’un tel engagement.

- Cependant demeure un certain flou. Quand il faut aider au discernement face à certains appels, c’est moins facile aujourd’hui, qu’hier où nous disposions de modèles, de références assez précises. Etre ouvert à la diversité, oui, mais selon quels critères ? Il faut faire du neuf, mais en suivant quels chemins ?

- Il y a aussi "l’air du temps". Les jeunes sont disponibles pour prendre une place dans l’Eglise, mais l’aventure d’un engagement définitif et à plein temps ...,.ce n’est pas évident ! La place du prêtre dans l’Eglise n’est plus la même, évolution qui a des implications bien plus fondamentales qu’une simple répartition nouvelle des tâches.

... En somme, des questions qui sont autant de requêtes pour un sérieux approfondissement d’ordre ecclésiologique à partir des pratiques actuelles.

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Pour Pierre BOURROUSSE, responsable du SDV et vicaire épiscopal, la situation actuelle de son diocèse rural (Auch) manifeste des signes d’une authentique vitalité. Les exemples concrets retenus par lui - très riches de densité humaine - ont pour nom solidarité et coresponsabilité. Solidarité à l’occasion d’événements économiques et professionnels qui ont fait apparaître la préoccupation de faire place aux jeunes. Coresponsabilité dans le service de la mission ; concrètement la mise en place de trois comités d’évangélisation.

Par ailleurs, il reconnaît certains dynamismes parmi d’autres : chez certains jeunes, une soif de prière en même temps que le désir d’être présent au monde. Dans certains cas, s’il y a refus de l’Eglise-institution, il y a, dans la même foulée, le désir de rassembler, de créer des lieux d’Eglise.

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Le témoignage de Soeur François-Marie LEFEVRE, aumônier dans l’enseignement public et responsable, pour sa part, du service-diocésain des vocations au diocèse de Nancy, portait à la fois sur les dynamismes observés chez les jeunes et sur la manière dont elle-même (et son entourage) les accueillaient.

Pour ne retenir que les dynamismes, ils étaient campés, de façon très circonstanciée, sous les rubriques suivantes : simplicité de vie, goût du risque ; un certain sens de l’Eglise, à taille humaine, ferment de communion, ouverte à l’universel ; goût pour la recherche de l’essentiel ; attirance pour le pauvre, le marginal, l’handicapé, priorité à la relation aux personnes ; souci d’authenticité.

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Louis BOISSET, prêtre du diocèse de Grenoble, professeur au Centre théologique de Meylan, nous donne la primeur des conclusions d’une enquête menée récemment auprès des G.F.U., jeunes en formation pour le Ministère presbytéral tout en poursuivant leurs études universitaires.

Après avoir évoqué certains traits caractéristiques manifestés par cette enquête, il a organisé son propos autour de trois pôles :

  • Appel à suivre le Christ pour le service des hommes,
  • Dans un monde marqué par l’incroyance,
  • Dans un monde de plus en plus pluraliste.

Il ne serait pas honnête d’évoquer en quelques lignes les conclusions d’une telle enquête déjà difficilement synthétisées en un discours de moins d’une heure. Heureusement nous en aurons la présentation définitive dans un prochain numéro de la revue VOCATION, probablement celui d’Avril 1982, précisément consacré à une réflexion sur les dynamismes chez les jeunes, aujourd’hui.

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Monseigneur Léon Didier MARCHAND, évêque de Valence, a voulu situer son intervention dans la même ligne que les précédentes : un regard.
Un regard particulier étant donné son ministère épiscopal, mais avant tout une attention à ce que peut signifier pour notre recherche la vie dont il est le témoin - avec d’autres - dans son diocèse.

Deux critères peuvent donner du relief à notre manière de voir :

  • Quelle est la dimension missionnaire de ceux qui manifestent une certaine vitalité ?
  • Quel lien les réalités observées ont-elles avec l’Eglise ?

Ce fut le témoignage d’un pasteur procédant par touches successives :

Des chrétiens prennent en charge leur vie ecclésiale avec la préoccupation d’être en lien avec les autres communautés ecclésiales et le souci que personne ne demeure en marge. La présence du prêtre dans un tel contexte a une dimension nouvelle.

Des chrétiens demandent une formation. Les catéchistes pour leur mission auprès des jeunes. Certains autres à l’occasion de la préparation aux sacrements. Des personnes hautement technicisées qui cherchent à retrouver le sens de leur vie.

Un bouillonnement dans la vie des jeunes, avec, là aussi, certains traits qui se dégagent : le besoin d’être vrai, le sens de l’autre, le respect de ce que l’autre pense, le besoin de justice, la recherche de spirituel, l’ouverture à l’extérieur, au-delà des frontières.

Enfin bien des éléments qui manifestent un progrès dans le sens du lien entre la vie et la foi.

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Encore une fois, ces quelques notes ne rendent pas compte des propos des uns et des autres, pas plus que des échanges gratuits dont ils ont pu être l’occasion et qui sont aussi des éléments importants de toute session. Il fallait cependant évoquer ces interventions pour situer les autres pièces du dossier.