Informer, dialoguer, témoigner, une initiative du diocèse de Lille


Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance des mass media .... Nombreuses sont les initiatives qui peuvent être prises pour sensibiliser l’opinion, notamment dans le cadre régional. Le document suivant reprend à peu près la moitié d’un dossier de deux pleines pages parues le 10 mai dernier dans l’hebdomadaire "CROIX DU NORD MAGAZINE".

Mais remarquons bien que cet événement au niveau de l’information n’est que la manifestation d’une initiative prise par le S.D.V. ; une question, une invitation, une réunion, une enquête ..., c’est un peu comme une succession de cercles concentriques qui s’élargissent indéfiniment sans qu’on puisse prévoir tout ce qui pourra s’en suivre.

Si cela pouvait nous donner des idées !

Une seule. remarque : le diocèse de Lille est un gros diocèse, à la fois rural et urbain (plus d’un million d’habitants). En divisant par deux ou même par quatre les chiffres relatifs à l’enquête, les questions posées demeurent valables pour tous et les réponses significatives.

(Le document dont nous publions les extraits est l’oeuvre du journaliste M.G. Delmasure).

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ET SI VOTRE ENFANT VOULAIT DEVENIR PRETRE OU RELIGIEUSE ?

Je me le demande : combien de chrétiens savent qu’il existe dans chacun de nos diocèses un "service des Vocations" ? C’est avec celui du diocèse de Lille, qui a aujourd’hui pour responsable l’abbé Clément Samaille, doyen de St-Christophe à Tourcoing et longtemps éducateur de jeunes à la tête d’une institution scolaire, que commence l’histoire étonnante de ce dossier-enquête.

Pourquoi n’y aurait-il pas quelques laïcs dans l’équipe du service des vocations

- se dit l’abbé, pour réfléchir avec nous sur notre rôle dans la communauté chrétienne du diocèse ? En novembre dernier il en parle à un groupe de laïcs et celui-ci propose un jeune couple (24 et 25 ans) pour participer à l’une des réunions de l’équipe. Pourquoi lui qui, de prime abord, n’ayant pas encore d’enfant, ne semblait pas concerné ? Mais la grâce est souvent imprévisible. Le
jeune ménage ressort de la réunion bouleversé au point de "n’en avoir pas dormi la nuit". Et avec une conviction vigoureuse : les laïcs doivent absolument être mis devant le problème des vocations !

Comment sensibiliser le peuple chrétien, le faire réfléchir ? Une quinzaine d’hommes et de femmes, en lien avec le responsable du S.D.V., se réunissent alors autour d’un projet : consulter "la base", demander aux gens ce qu’ils pensent sur la question, les faire réfléchir, réagir.

On élabore un questionnaire. Trois ou quatre moutures successives, finalement soumises à un professionnel habitué à ce genre de technique. Aucune prétention à bâtir une vraie enquête sociologique, mais un effort pour que le questionnaire soit "recevable" et utilisable. Sept mille documents sont partis dans la nature. Ou plutôt ont été envoyés à chaque curé de paroisse du diocèse à raison de 1 questionnaire pour 200 habitants. L’initiative leur a été laissée pour la transmission de ces questionnaires. Ce qui montre à la fois l’intérêt et les limites de cette consultation. Mais elle a eu l’énorme mérite d’exister. Et ce qui est à peine croyable, c’est qu’au bout de quatre mois le service des Vocations avait reçu 725 réponses.

Oui, vous avez bien lu : 725 sur 7000. Plus de 10 %. A rendre jaloux tous les spécialistes de marketing ! 725 réponses venant de 152 paroisses du diocèse.
De la métropole et des Flandres, de grandes villes et de petites communes, certaines rurales. Deux tiers de ces réponses sont individuelles, émanant d’un père ou d’une mère de famille. D’autres sont collectives et le fruit de petites réunions suscitées par les curés sur le thème du questionnaire.

Et puis, il s’est agi de dépouiller le tout. Toujours le même groupe de laïcs qui se partagent le travail selon leur temps et leur compétence. Une personne, graphiste de métier, réalise les tableaux reproduits dans cette page. Deux autres, qui se sont astreintes à relire toutes les réponses, en ont fait ia synthèse. Ce sont elles que j’ai pu rencontrer avec l’Abbé Samaille. Je les ai écoutées pendant des heures. Avec passion car la leur est communicative. Avec scrupule, pour ne pas fausser une réalité complexe. Car, encore une fois, ces données ne sont pas "scientifiques", elles ne sont pas chiffrables et en même temps elles sont complétées par une somme de commentaires et de réflexions ajoutés spontanément par beaucoup d’ "enquêtés". Elles traduisent des réactions qui ne peuvent avoir qu’une signification globale et relative. Mais fort éclairantes tout de même. En somme, une espèce de "détonateur" disait une de mes interlocutrices "pour conduire, espérons-le, à un autre travail de réflexion !"

Voici donc les résultats de cette enquête.
(Trois tableaux donnent le profil de ceux qui ont répondu à l’enquête : nombre d’enfants par foyer, âge et catégories sociales. Nous ne les reproduisons pas).

Ce qui favorise l’éveil de la vocation chez les jeunes

Il était demandé dans le questionnaire de classer par ordre d’importance décroissante des facteurs suggérés. Voici la synthèse des réponses :
Viennent nettement en tête, à la quasi-majorité :

  • L’ambiance familiale
  • La vie intérieure.

Puis :

  • Le sens de la relation aux autres.
  • Les relations personnelles avec un prêtre, un religieux ou une religieuse.
  • La participation à un mouvement d’Action catholique.

Ensuite :

  • La participation à une activité paroissiale (groupe de liturgie, chorale, etc.) Enfin :
  • L’engagement social des parents N.B. : Le questionnaire permettait d’inscrire d’autres éléments que les 7 proposés. De même pour la question suivante.

Ce qui éloignerait les jeunes de la vocation

De même il s’agissait à nouveau de classer par ordre d’importance décroissante les faits qui éloigneraient les jeunes de cette perspective.

En premier lieu :

  • L’ambiance matérialisante qui domine dans la vie actuelle.

Viennent ensuite sensiblement en même temps :

  • Le célibat
  • L’engagement à vie
  • La solitude.

Un peu plus loin :

  • Le visage trop fade ou trop révolutionnaire des chrétiens (5 sur 6 des réponses optent pour "trop fade").
  • La perfection exigée par l’opinion publique pour le prêtre, le religieux ou la religieuse.

Enfin :

  • L’insécurité (morale et matérielle) des prêtres, religieux ou religieuses dans une Eglise en évolution rapide.

Trois autres questions étaient posées :

1) Si votre enfant manifestait le désir d’être prêtre, religieux ou religieuse, quelles réactions auriez-vous ?
2) Parlez-vous aussi facilement à vos enfants du sacerdoce ou de la vie religieuse que du mariage ?
5) Un jeune songe au sacerdoce ou à la vie religieuse : comment, où, par qui pensez-vous qu’il puisse être aidé ?

N.B. : (Les résultats complets de l’enquête ont été publiés par "Eglise de Lille" ; s’adresser au Père Clément SAMAILLE, 11, rue de Tournai, 59200 Tourcoing).

(Dans la dernière partie de son article, le journaliste relevait notamment :)

Informer, dialoguer, témoigner.

Une dernière partie du questionnaire faisait appel aux "idées et suggestions".
On peut dire que celles-ci, fort nombreuses, se rattachent toutes à quelques mots-clés :

On demande d’abord une information. Il faudrait présenter aux jeunes, dit-on, la vie sacerdotale ou religieuse comme une orientation possible.
"Nous ignorons pratiquement tout des différentes étapes à suivre par un jeune qui désire être prêtre ; nous ignorons tout de la vie contemplative, des ordres religieux et de leurs charismes propres ..." "Mon mari est agriculteur - écrit une maman - et si mon fils a envie de le devenir lui aussi c’est parce qu’il connaît la profession de son père, qu’il en entend parler ... Comment un jeune peut-il découvrir la vie du prêtre ou du moine s’il ne les rencontre pas ou si personne ne lui en parle ?"

Faut-il - interroge-t-on - informer les jeunes sur la vocation ou aller jusqu’à proposer cet état de vie ? Il faudrait - suggère-t-on toujours - des affiches dans les églises, des documents, des films. Il faudrait faire davantage de "portes ouvertes" pour découvrir les communautés. Il faudrait dans les homélies parler plus souvent du rôle du prêtre dans la communauté chrétienne. Cette in-formation doit aussi se faire par les hebdomadaires catholiques (on cite notamment la Croix du Nord) et par la presse "jeunes" et "enfants".

On souhaite ensuite plus de dialogue. Les parents disent qu’ils se sentent souvent seuls. On voudrait des échanges au niveau de la paroisse ou de la catéchèse entre jeunes et adultes solides dans leur foi. On aimerait une réflexion sur le diaconat avec des témoignages de diacres.

On revient à ce qui a déjà été indiqué précédemment : la rencontre des jeunes avec des prêtres et des laïcs heureux d’être chrétiens et actifs. On attend enfin de l’Eglise qu’elle dise davantage aux jeunes qu’elle a besoin d’eux. On lui demande d’être "plus évangélique qu’intellectuelle", "plus croyante que théologienne". On réclame un soutien plus actif des jeunes, de la part de la communauté paroissiale. Et (ce qui existe déjà d’ailleurs), des week-ends, des réunions, des retraites pour ceux qui songent à la vocation sacerdotale ou religieuse. On voudrait aussi que les jeunes soient davantage invités à participer à des célébrations liturgiques conçues pour eux.

Enfin sont posées de grandes questions touchant à la réforme des séminaires ; à la responsabilité des laïcs dans l’Eglise ; à l’ordination des femmes, des gens mariés ; à l’obligation du célibat. Une série de "pourquoi ?" ...

Une série de "pourquoi" qui donnent à réfléchir. Parce qu’elle montre à quel point la formation et l’information des chrétiens moyens fait défaut sur bien des domaines qui touchent à l’Eglise.