Choisir des délégués pour le Congrès Eucharistique


... une aventure d’APPEL dans l’Eglise

Depuis près de six mois, les diocèses de France sont conviés à se mobiliser pour participer au Congrès Eucharistique international de Lourdes en juillet prochain : il est répété à temps et à contre-temps que la fécondité du Congrès dépend de la préparation qui en est faite dans chaque diocèse, dans tous les lieux de vie d’Eglise où chaque chrétien, chaque groupe de chrétiens, en communauté paroissiale ou en mouvement... se trouve sollicité à vérifier la profondeur de sa foi en l’Eucharistie, source et sommet de la vie de toute l’Eglise.

Or la pièce maîtresse, la cheville ouvrière de cette "préparation", c’est le "délégué" et la délégation diocésaine au Congrès ! En quoi ce processus interpelle-t-il la pastorale des vocations ?

Il s’agit d’un Congrès... et non d’un pèlerinage ! Un congrès, c’est un rassemblement de chrétiens envoyés par leur communauté d’origine, porteurs de leurs convictions et de leurs questions, et décidés au retour à rendre compte de l’expérience vécue. Personne n’ignore combien les congrès sont souvent source de dynamisme renouvelé, surtout lorsqu’ils ont été préparés à la base de longue date : les catéchistes se souviennent de leur rencontre à Lourdes en mai 1979 et à Bordeaux , l’A.C.O. le vérifiait à son tour...

Aussi, un peu partout en France, se sont mis en route des groupes de réflexion, des instances d’approfondissement, des lieux de partage sur le thème du congrès, "Jésus-Christ, pain rompu pour un monde nouveau" et sur l’Eucharistie. Et combien d’autres, en équipes de mouvements, attentifs à discerner les signes du monde nouveau, sont heureux de profiter de cette année eucharistique pour éprouver dans l’Eucharistie la source de leur dynamisme apostolique...

Or ce congrès, ce n’est pas des spécialistes qu’il doit rassembler :
il ne s’agit pas d’un colloque de théologiens ou d’un"concile" de responsables... C’est le peuple chrétien répandu à travers le monde qui est invité à exprimer son expérience multiforme, à témoigner de sa foi, à partager ses attentes, ses soifs, et son espérance...

... de "DELEGUES" : toutes ces découvertes, toutes les questions qui ne manqueront pas de surgir, c’est par des délégués qu’elles vont parvenir à Lourdes. Or si l’on a présent à l’esprit bien des expériences de la communauté primitive telle que l’exprime le livre des Actes, comment ne pas voir dans cette délégation et ses modalités de désignation une véritable aventure d’Eglise..., de vocation dans l’Eglise ?

Sans doute la désignation des délégués peut-elle sacrifier à la facilité : il suffit de choisir et d’envoyer celui qui a du loisir et du temps libre ou des ressources ... ou le plus doué ... ou celui qui en a le plus envie ...
Ce n’est pas ainsi que procède la 1ère communauté chrétienne, si l’on en juge par la manière dont Paul et Barnabé sont "mis à part" par l’Eglise d’Antioche pour leur envoi en mission ou lors de l’assemblée de Jérusalem :

Ac 13, 2 ... Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit Saint dit : "Réservez-moi donc Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés".
Alors, après avoir jeûné et prié et leur avoir imposé les mains, ils leur donnèrent congé. Se trouvant ainsi envoyés en mission, par le Saint-Esprit, Barnabas et Saul ...

Ac 15, 2 ... On décida que Paul, Barnabas et quelques autres monteraient à Jérusalem trouver les apôtres et les anciens à propos de ce différend. L’Eglise d’Antioche pourvut à leur voyage...

A la lumière de ces deux expériences, plusieurs points se dégagent :

  • quelle que soit la manière dont on procède, la désignation des délégués ne sera jamais une simple opération technique : elle est une oeuvre de l’Esprit, ordonnée à la construction du Corps du Christ et appelle la prière, voire l’assemblée de prière.
  • seule une foi vivante et une participation réelle, active à la vie de l’Église et à la réflexion actuelle engagée sur l’Eucharistie sont vraiment requises...
    en sachant d’ailleurs que personne ne sera jamais à la mesure de cette mission...
  • cette désignation résulte d’un jeu subtil et souple à la fois, pour pressentir, faire émerger, dégager les candidatures possibles en accueillant celles qui se proposent, quitte à les éprouver (cf. Luc 9, 57 sv) où en sollicitant celles qui seraient souhaitables mais trop timides pour se faire valoir. Et dans ce choix, chacun est concerné non seulement au plan financier mais pour apporter sa contribution à la moisson d’expériences que les délégués devront faire retentir à Lourdes.
  • en outre, si l’Eucharistie fait l’Eglise, Corps du Christ aux membres solidaires et différents... il importe de promouvoir une délégation assez diversifiée pour être l’expression la plus représentative de la réalité humaine locale et des dynamismes et ministères si variés de l’Eglise.
  • Et bien sûr, parce qu’il s’agit d’un congrès international, où des délégués de plus de 125 pays sont attendus, l’ouverture à l’universel dans l’écoute et le partage sont certainement à privilégier, tant la richesse et la diversité des expériences partagées peuvent féconder la rencontre et la communion.
  • Enfin, il va de soi, dans la mesure où il n’y a pas d’Eucharistie qui n’implique un partage de biens, que non seulement les frais du délégué incombent à tous mais un partage au niveau planétaire devait s’envisager : comme St Paul organisant la "collecte" pour subvenir aux besoins de l’Eglise-mère de Jérusalem, les diocèses de France ne sont-ils pas tout particulièrement invités à prendre en charge et à venir en aide aux délégations des pays plus lointains et plus pauvres et notamment l’Afrique : peut-on imaginer un congrès eucharistique d’où seraient absents les représentants des pays dont la faim crie vers le Père ?

Voilà quelques points d’attention sur l’enjeu du processus de délégation au Congrès : puisse-t-il, à travers la désignation de ses délégués, un véritable appel, donner à chaque communauté d’Eglise, à chaque mouvement l’occasion d’expérimenter les ferments d’unité et de différenciation que l’Eglise reçoit de l’Eucharistie !

Pierre PERDU
Amiens