Un week-end "Diaspora"


L’attention portée à un thème d’année n’a de sens que pour vivifier une pastorale des vocations qui poursuit sa course...

Pour l’éveil et l’accompagnement des vocations, la diaspora :
exemple d’un week-end.

Pour la présence aux autres instances apostoliques, le dossier ACI - CNV sur le ministère presbytéral (voir Jeunes et Vocations d’octobre p. 27).

Nous sommes invités ici à le travailler. Il se situe d’ailleurs nettement dans la ligne de notre thème d’année (conclusion de la 2ème partie n° 2).

UN WEEK-END DIASPORA
4ème et 3ème
A L’ABBAYE D’ACEY

Il y a beaucoup à faire auprès des jeunes de 11-12 à 17-18 ans. Mais comment s’y prendre ?

L’atelier DIASPORA qui se réunit au S.N.V. à recueilli et analysé les réponses à une consultation faite auprès des responsables diocésains du Service des Vocations. Nous espérons, dans quelques mois, proposer à tous le fruit de ce travail.

Il ne s’agira pas d’une présentation exhaustive de la réalité des équipes de "Diaspora" existant en France, bilan impossible à établir tant la réalité en est mouvante. L’intérêt en serait d’ailleurs mineur.

Il s’agira plutôt de présenter les initiatives dans leur diversité, la pédagogie mise en oeuvre, les motivations des animateurs, mais aussi celles des jeunes qui participent à cette "diaspora", enfin les questions posées, les suggestions possibles.

Les jeunes de ces équipes sont parfois conviés à des temps forts, étapes importantes pour eux. En voici un exemple présenté dans "L’appel de la Haute-Marne" (1980/3). Jean-Louis de KERGOMMEAUX fait partie de l’atelier DIASPORA.

* * *

Les 17 et 18 mai, une quinzaine de garçons du groupe diaspora 4e-3e se retrouvaient pour un week-end de récollection à Acey. Tous, je crois, venaient pour la première fois dans une abbaye. Aussi rien d’étonnant à ce que le premier mouvement soit de curiosité. Après tout, dans un groupe de garçons qui s’interrogent sur leur vocation, à quoi le Seigneur les appelle, on est venu voir ce que vivent les moines, quelle impression ils nous donnent.

On commence par prendre possession de "la ferme", ce bâtiment tout proche du monastère, installé pour y accueillir des groupes de jeunes. On y fait connaissance avec le Frère Benjamin, l’hôtelier. Chacun est frappé par son sourire si accueillant. Il nous présente un montage audio-visuel sur le monastère et la vie des moines. Une première approche qui répond déjà à quelques questions, qui en suscite d’autres... mais qui, malgré tout, nous laisse à l’extérieur de ce qui fait la vie monastique.

VIVRE UN TEMPS FORT DE PRIERE

Comment entrevoir un peu de cette vie sans participer à la prière qui rassemble la communauté. D’ailleurs, n’est-ce pas ce désir de prendre du temps pour prier qui a fait venir chacun jusqu’ici ? Aussi lorsqu’arrive l’heure de vêpres, il ne manque personne à la chapelle. Mais, c’est la première fois et, dans ces conditions, qu’il est difficile de prier. On se laisse distraire par les attitudes des moines tout proches, on se laisse aller à scruter leurs visages... et puis, on ne s’y retrouve pas bien facilement dans le psautier, on a du mal à suivre... Voilà une façon de prier qui dépayse plus d’une "La prière, je pensais qu’il y aurait plus de silence, on chante tout le temps".

ALLER A LA RENCONTRE DES MOINES

Le soir à la veillée, les échanges d’impression iront bon train, les questions seront nombreuses... On est étonné, on ne comprend pas bien ; "Ils sont isolés du monde" ; "l’aspect répétitif de leur vie, ça m’embêterait de faire tous les jours la même chose". Pourtant, c’est à cause de Dieu qu’ils sont là. Alors, on attend la rencontre du lendemain avec un moine qui nous dira pourquoi et comment il est entré à Acey.

Le dimanche matin - après laudes et le petit déjeuner - on se retrouve avec Frère Bernard venu se livrer, dire simplement son cheminement, l’essentiel de sa vie, de sa démarche, de sa recherche. On n’osera pas poser beaucoup de questions et celles qui le seront paraîtront rester à la surface des choses. Pourtant, malgré les apparences, on écoute, on ne perd pas un mot, pas une syllabe, et chemin faisant on s’interroge... dans le secret du coeur !
Peut-être que la demi-heure de prière silencieuse qui précédera la célébration de l’Eucharistie avec les moines aura aidé plus d’un à intérioriser tout cela, à se laisser interroger par le Seigneur lui-même.

PARTAGER NOS DECOUVERTES ET CE QUI NOUS FAIT VIVRE

Aussi, l’après-midi, lorsque viendra le moment de partager ses découvertes, d’exprimer en quoi le week-end interpelle chacun dans sa vie pour aujourd’hui, dans sa recherche personnelle... que de choses se diront.

On découvre plus ou moins confusément :

  • que "la vocation, ce n’est pas simplement ce dont on a envie, ça vient de quelqu’un d’autre, de Dieu qui appelle".

    "On n’est pas uniquement appelé à ce vers quoi on se sent attiré.
    Mais, il peut y avoir appel à faire quelque chose de plus grand, quelque chose de différent. Il n’y a pas que la volonté personnelle qui joue".

  • que "pour être moine ou prêtre, pour répondre à une vocation, il faut une réponse de foi. Pour engager toute sa vie comme cela, il faut la confiance en Dieu".

    "Ce n’est pas la peine de prendre le monastère comme moyen pour échapper à la vie, pour se couper du monde. Si on entre au monastère sans un désir de chercher Dieu, on ne tiendra pas longtemps".

  • "Quand le Seigneur appelle, il nous appelle avec nos limites, même si on ne se sent pas capable. On est appelé à se dépasser". "Avant, on pensait que c’étaient des gens invincibles. Ca me fait penser que la vocation de moine, comme les autres vocations, c’est une vocation ouverte à tout le monde".

  • qu’on ne peut pas répondre tout seul à un appel du Seigneur, on a besoin des autres, ça se vit en Eglise : "quand il a été tenté de laisser tomber, il y a toujours eu quelqu’un qui l’a remis en route".

  • que notre réponse au Seigneur est sans cesse à renouveler : "il y a beaucoup de moments où il est tenté de refuser, de renoncer à être moine. On voit qu’une fois la décision prise, ce n’est pas fini".

  • qu’une réponse au Seigneur se donne dans la liberté : "il a eu le courage de rompre sa correspondance avec quelqu’un qui voulait l’obliger. Pour sa liberté, il ne faut pas forcer les gens".

Et surtout, que "tous, on est toujours appelé à connaître mieux le Seigneur".

J.L. K.