Animation missionnaire et Service des Vocations


RENCONTRE en REGION CENTRE-EST
11-12 février 1980

Pendant deux jours à FRANCHEVILLE, Services des Vocations et Animation Missionnaire ont appris à faire connaissance. Et c’était bien utile ! L’un et l’autre travaillent au niveau diocésain. Mais l’Animation Missionnaire dispose, pour la Région, d’une équipe Inter-Instituts missionnaires de prêtres et de religieuses. Cette équipe peut répondre à la demande d’un Délégué Diocésain à la Coopération missionnaire et soutenir ses efforts.

Les lignes suivantes laisseront deviner l’intérêt d’une telle rencontre.

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Découverte de l’Animation missionnaire

Sur la Région Centre-Est, l’équipe inter-instituts d’Animation missionnaire, de par son existence, est déjà le témoignage vivant que la Mission ne peut être vécue qu’en lien et en dialogue. L’équipe s’efforce de refléter la diversité des situations missionnaires dans le monde, la variété des instituts qui se consacrent à l’évangélisation, et cela dans une grande unité de coeur et d’action, avec le Responsable diocésain de cette animation. L’équipe d’Animation missionnaire s’insère de plus en plus dans l’activité pastorale et les besoins de tout un secteur. Après une longue préparation, où le plus de personnes possible apportent leur collaboration, l’équipe s’adresse à tous les milieux, au monde scolaire, à la catéchèse, à la Vie montante, etc. Avec le secteur, quelquefois avec toute une ville, elle participe à des journées d’amitié avec les travailleurs étrangers, les immigrés du Tiers-Monde. Elle entre dans les projets locaux des Organismes qui travaillent en faveur du Tiers-Monde.
Elle est souvent l’occasion d’une conjoncture des efforts durant un temps fort plus ou moins long... Il arrive qu’une évaluation puisse être faite. Le temps fort peut avoir des suites... pas toujours ! C’est une question pour l’équipe que cette suite à donner aux éveils et aux appels...

Mais il existe aussi un Service des Vocations

De leur côté, les Services de Vocations se présentent. Ils manifestent leurs orientations, leurs préoccupations dominantes dans tel diocèse, les initiatives de toutes sortes pour rejoindre tous les milieux où la foi chrétienne se vit et où le Seigneur appelle. Les animateurs missionnaires découvrent alors l’ampleur de l’effort des S.D.V., la diversité de leurs interventions, les difficultés propres à leur tâche. Les informations circulent sur les groupes de recherche, sur les sessions régionales, les ateliers plus spécialisés... Tout cela peut faire l’objet de communications formelles, mais rien ne vaut le contact personnel et la découverte des personnes au cours des repas, des carrefours, des temps de battement. Des invitations sont lancées et commence, sans doute, une fructueuse collaboration. Les Délégués à l’information et à l’animation missionnaire (D.I.A.M.) sont, la plupart du temps, des membres d’Instituts ou de Congrégations missionnaires. Par eux, Instituts et Congrégations s’ouvrent à l’action des S.D.V. et évitent de s’enfermer dans leurs propres circuits, menacés par l’obsession du "recrutement". A leur tour, au contact de cette Animation Missionnaire faite par des hommes et des femmes qui reviennent d’autres Eglises et vont y retourner, les S.D.V. peuvent mieux découvrir l’actualité de la vie missionnaire aujourd’hui et sont invités à lui donner sa place parmi toutes les vocations.

Un temps de réflexion et d’interrogation

La session visait en même temps à fournir à chacun des éléments pour alimenter sa réflexion sur la Mission, sa place dans la pastorale, la manière dont elle est vécue actuellement et comment elle se situe par rapport à la vocation chrétienne et à l’Eglise.

François LE HELLAYE, spiritain, de retour du diocèse de Kindu au Zaïre, situe son expérience dans le grand mouvement historique de la Mission, afin de mieux mettre en relief les mutations profondes consacrées par VATICAN II. Il décrit son apprentissage de la vie africaine à Kindu et les six années consacrées à l’établissement et à l’affermissement des communautés chrétiennes dans un quartier de 10.000 h., à TOKOLETEE. Après deux années où lui est confiée l’administration des affaires du diocèse, il répond à l’invitation de ses Supérieurs pour un travail en France, à ALEX, dans la Drôme. François LE HELLAYE conclut que le missionnaire est appelé à être, maintenant et dans l’avenir, un témoin qualifié de la communion et de la solidarité entre les Eglises et entre les Peuples. Vivre cette vocation demande à un occidental un dépouillement difficile de son ethnocentrisme, pour sympathiser en profondeur avec les valeurs véhiculées par les cultures non-occidentales. Il est alors possible d’arriver à un dialogue au travers duquel le missionnaire peut manifester sa foi au Christ et laisser le Seigneur interpeller tout homme.

Le Père Bruno CHENU, Assomptionniste, cherche ensuite à éclairer la relation entre Eglise locale et Eglise universelle, pour mettre en relief l’obligation qu’a toute Eglise locale, à la fois de s’enraciner, et à la fois de "transgresser ses frontières". La vocation missionnaire ne vit-elle pas concrètement cette tension ? Pour elle, "se déplacer", entrer en contact et en communion avec un ailleurs, est sa raison d’exister. Mais le Père CHENU découvre aussi une autre tension vécue par la vocation missionnaire. Celle qui existe entre l’Eglise dans sa consistance et sa visibilité et cette totalité de l’humanité appelée par Dieu à communier à la vie divine. Cette humanité, le Père CHENU aime l’appeler "le Peuple de Dieu". Celle qui existe entre le Règne de Dieu en travail dans l’humanité et la confession de Foi explicite en Jésus-Christ dans l’Eglise. Tout missionnaire, plongé dans une autre culture, cherche à vivre l’annonce explicite mais dans le respect entier des chemins de Dieu en chaque homme et en, chaque peuple. En deux phrases, le Père Bruno CHENU résume la tension propre à la vie missionnaire en notre temps : "un christianisme à la fois interpellé parce que la Mission est ici, et transgresseur parce qu’on ne peut pas s’enfermer dans l’ici. Un christianisme respectueux du Peuple de Dieu et convaincu de la spécificité ecclésiale."

Des questions posées aux S.D.V.

Il est impossible de rendre pleinement compte d’une session aussi riche en échanges, en réflexions, en problèmes posés. Mais pour conclure, nous pouvons retenir les questions posées aux S.D.V. par les animateurs missionnaires, questions qui devraient susciter d’excellents débats et pourraient être reprises dans d’autres sessions du même type.

"Nous ne voulons pas créer de nouvelles structures, mais revivifier dans un service missionnaire celles qui existent. Une de ces structures est le S.D.V. D’où nos questions :

  • Quelles sont les activités du S.D.V. ?
  • Comment à l’intérieur du S.D.V., portez-vous le souci des vocations missionnaires ?
  • Est-ce que pour vous S.D.V., la vocation missionnaire a encore sa place dans l’Eglise ?
  • Dans le cadre de vos activités, comment envisagez-vous notre collaboration ?"

C’est tout un programme ! Il ne faudra pas manquer d’être attentif à la suite que donnera la Région Centre-Est à cette première rencontre, mais également à toutes les initiatives qui naîtront ailleurs avec ce souci d’une meilleure collaboration entre les S.D.V. et l’Animation missionnaire.

Pierre LEGENDRE