Après Bordeaux


Tout le monde s’accorde à dire que le Congrès de BORDEAUX a répondu à notre attente. "Temps pour l’espérance" disait-on dès l’ouverture. C’est bien ce qui a été vécu par les uns et par les autres.

Il a été surtout - et c’est pour cela qu’il nous a donné plus d’espérance - un temps fort de VIE EN EGLISE, par la contribution très positive d’un grand nombre de personnes, à commencer par ceux qui nous ont accueillis à Bordeaux, surtout à "Sainte Marie Grand Lebrun" ; et par la participation active de tous les congressistes.

Nous avons fait de façon particulièrement intense l’expérience d’une EGLISE, DON DE DIEU, RENDU POSSIBLE PAR L’ACCUEIL ET L’ENGAGEMENT DE CHACUN D’ENTRE NOUS.

Après Bordeaux

- Félix LACAMBRE a donné du Congrès un très bon compte rendu (La Croix du 4 juillet - voir aussi celle des 1er et 2 juillet).

- De nombreux bulletins diocésains en ont fait écho. Signalons seulement "La Page de St André" du diocèse d’Annecy qui présente "Bordeaux 79" à la suite de "Metz 71", "Lyon 73", Angers 75" et "Reims 77". Quelques titres pour présenter les impressions des participants : "La dynamisme du Congrès était contagieuse", -"Prendre le risque ensemble", "La part des laïcs était impressionnante" etc. Pour ce seul diocèse d’Annecy, on comptait 8 laïcs, 8 religieuses, 2 religieux et 3 prêtres. Belle proportion pour un Congrès centré sur l’appel au ministère presbytéral ...

- D’autres textes (articles, lettres, "reprise" en mouvements) nous sont parvenus. En voici quelques extraits significatifs :

  • "... Il m’a semblé que nous retrouvions un climat d’assurance dans la foi pour réfléchir à l’appel au ministère presbytéral" (un évêque).
  • "... Je voudrais seulement relever ce qui m’a paru l’essentiel de la session : c’est l’insistance constante au cours des journées de ce que le Père CONGAR appelle "la coresponsabilité différenciée". (...)

Au congrès de Bordeaux, j’ai eu l’impression que l’Eglise de France avait pas mal avancé dans ce sens. Bien des fois, j’ai entendu dire, explicitement ou implicitement : "Tous sont responsables de tout, mais pas de la même manière", et encore : "Il faut que tous se sentent responsables de l’appel des autres, les laïcs responsables de l’appel au presbytéral, tout comme les prêtres sont responsables de l’appel au laïcat engagé".

Je craignais un moment que ne soit dilué dans une telle vision le rôle spécifique du presbytérat ; il n’en fut rien ; des jalons ont été posés pour une théologie du sacerdoce, originale mais classique à la fois.
Le prêtre, a-t-on dit à Bordeaux, est concerné par tous les domaines de la vie du peuple de Dieu, mais il a ceci de spécifique d’être le signe efficace de ce que la vie de Foi ne vient pas de nous mais qu’elle nous est donnée par un Autre : "Je vous ai transmis ce que j’ai reçu du Seigneur" (prêtre, religieux, SDV de Belgique) (Le même correspondant attire l’attention sur la dimension spirituelle : "la prière communautaire y était fort soignée". Beaucoup d’autres sont du même avis).

"Je retiens comme une expérience forte et commune à plusieurs cellules d’Eglise (très différentes entre elles), que le prêtre est d’abord un croyant qui recherche comme les autres... Mais que plus les chrétiens prennent de responsabilités dans l’Eglise, plus les prêtres sont appelés à être vraiment prêtres, et qu’on leur demande alors d’être témoins de la "source" de cette vie en recherche. Cette manière de vivre le sacerdoce me parle beaucoup" (un jeune prêtre responsable SDV).

"Plus je m’engage, plus je m’émerveille de ma vocation de laïque, et plus j’ai besoin du prêtre, parce que je ne m’engage pas "pour l’action", mais "pour l’amour du Père". Il faut m’aider à vivre ceci : que "tout vient de Lui et tout va à Lui" (militante ACI).

Après Bordeaux ? "Ça donne envie de continuer, notamment en faisant passer dans l’Eglise diocésaine tout cet acquis lentement mûri au cours des congrès successifs" (un responsable de SDV).

- Et pour nous, religieuses et laïcs, il faut parler autour de nous, à temps et à contre-temps, du prêtre, de ce qu’il fait, de ce qu’il est, de sa formation dans les séminaires, formation sur laquelle il circule tant de critiques ; il faut aussi dire notre espérance que les appels toujours nombreux du Christ seront entendus, car ils seront compris et encouragés de plus en plus" (une participante).

Après Bordeaux, des questions demeurent, une vigilance s’impose :

- Deux aumôniers d’Action Catholique, tous deux responsables de SDV :

  • Un danger permanent : que la réorganisation interne de l’Eglise prenne toujours le pas sur la priorité de l’Evangélisation dans la vie du monde. Requête de plus grande cohérence dans la pastorale.
  • Tout au long de la démarche du Congrès, on a su dépasser la tentation d’en rester à l’équilibre des tâches entre laïcs, prêtres et religieux-religieuses au profit de la priorité de la mission.

- Les mentalités évoluent mais il reste beaucoup à faire. Pour cela, les références doctrinales sont importantes : "les interventions des deux théologiens ont été accueillies avec une très grande satisfaction car elles répondaient à un vrai besoin" (reprise en ACI).

- "L’appel au ministère de prêtre se fait peu (ou pas) en Milieux Indépendants... Des pastorales bloquent... Des mentalités font frein, sans qu’on s’en rende compte. Et là où commence "un partage intense de la mission et de la fondation" (cf. l’intervention de Colette Lasserre), ce partage ne permet pas encore de révéler au milieu (spécialement aux jeunes et aux jeunes-adultes) le besoin qu’il a du ministère des prêtres et combien il est dans l’attente d’un tel ministère" (aumônier d’A.C.I., responsable SDV).

Après Bordeaux, tout en reconnaissant la richesse de ce qui a été exprimé et partagé au cours du Congrès, on a regretté que n’ait pas été posée la question "que seront-ils ?" "En effet, si l’on en reste à la question que "sont-ils", on en reste au constat, à l’observation de ce qui est, de ce qui se vit, de ce qui se pratique". De ce fait, certaines questions ne sont pas apparues (ordination d’hommes mariés, ordination des femmes). "J’aurais aimé personnellement qu’on fasse droit à la question "que seront-ils ?" Bien sûr, on ne le sait pas, mais il n’est pas interdit de faire de la prospective, ... de produire un discours qui s’avèrera caduc par la suite ; il n’est pas interdit de rêver un peu, ... de regarder devant, avec la culture qui advient et qui nous saisit tous" (aumônier d’enseignement public).

Après Bordeaux ...
Le travail commence, ou plutôt se poursuit. Le 3ème jour, les congressistes, réunis par régions ou par diocèses, étaient invités à se poser les questions suivantes :

1. Nous avons vécu "Bordeaux". Nous avons partagé expériences et convictions. A quoi nous sentons-nous invités dans nos groupes et communautés chrétiennes ?

2. Pour prolonger et élargir formation et information, serait-il possible et opportun de susciter des réalisations diocésaines ou régionales sur le même thème ? (des "mini-Bordeaux").

- Il n’est pas possible de présenter ce qui n’a pu que s’esquisser ce jour là. Le travail qui s’engage pour l’année en cours sera nécessairement marqué par ce temps fort de vie en Eglise dont Mgr MAZIERS a proposé quelques conclusions.