Nous avons rencontré des jeunes heureux


Ce sont des parents qui s’expriment ainsi, un jeune couple qui a participé à une marche et à un temps de réflexion et de prière d’une "EQUIPE NOTRE-DAME-JEUNES".

La pastorale des vocations n’est pas un "en-soi". Elle rejoint les jeunes là où ils sont, tels qu’ils sont du moment qu’ils sont suffisamment en lien les uns avec les autres, en Eglise, et ouverts aux réalités du monde dans lesquelles ils doivent prendre racine, en même temps qu’ouverts à Dieu qui risque fort de les appeler d’une manière ou d’une autre.

C’est un groupe de ces jeunes là que nous accueillons dans le témoignage suivant, tels qu’ils sont.

Nous avons eu la chance de participer, au début de septembre dernier, à un rassemblement de jeunes à Lourdes. Ils étaient 160, de 18 à 25 ans, venus du Portugal, d’Autriche, de Belgique, de Suisse, d’Angleterre et de France. Ils étaient différents par leur nationalité, par leur niveau de foi, mais tous étaient venus avec un but commun : réfléchir et faire ensemble un bout de chemin vers le Christ.

La première rencontre de ce style avait eu lieu en Italie, au mois de septembre 1976.

A cette époque, les équipes Notre-Dame organisèrent à Rome un Rassemblement international et elles invitèrent leurs grands enfants à se joindre au pèlerinage. Un groupe de 80 jeunes se constitua à cette occasion.
A la suite de ce premier contact, ils décidèrent de se retrouver. Ce furent en 1977 la rencontre de Gap et cette année celle de Lourdes.

Examinons ensemble ce que fut cette démarche de foi en reprenant les thèmes et les textes de réflexion puis en décrivant la vie du Camp.

UNE MARCHE

Rien de tel pour symboliser la foi, qu’une marche. Aussi commencèrent-ils par une marche de deux jours. Certains partirent de Pau, les autres de Tournay. Ils ne savaient pas les chemins qu’ils allaient emprunter, mais ils en connaissaient le terme : Lourdes. C’est un peu comme notre vie ; nous ne connaissons pas toujours le chemin, mais au bout il y a le Christ.
Dès le premier jour, pour nous accompagner sur cette route, un thème de réflexion et de carrefour pour échanger et faire connaissance était proposé.
La réflexion porta : sur l’appel à partir, à quitter la vie sédentaire, à être peu encombré. Des textes étaient proposés pour aider à réfléchir :
Genèse 12, 1-8 ; Deutéronome 8, 7-20 ; Luc 9, 1-6 ; Actes des Apôtres 8, 26-40. Un questionnaire devait permettre l’échange. Voici quelques-unes des questions proposées :

  • Pourquoi DIEU s’adresse-t-il à des hommes en marche ?
  • La foi est un long chemin. Le Seigneur s’adresse à des hommes en route...
    Partir, c’est déjà un pas, mais quelle route choisir ? Et comment y être fidèle ?
  • "Yahvé te délivrera de l’asservissement". Notre problème à chacun n’est-il pas d’arriver à se délivrer de tout un environnement matériel.
  • Quelqu’un nous aborde, il veut nous parler, quelle est notre première réaction ? Nous sommes pressés, n’allons-nous pas invoquer ce manque de temps comme prétexte ?
  • Nous sommes peut-être parmi ces gens qui ferment la porte aux apôtres :
    n’y a-t-il pas quelque chose à faire.

Le lendemain, la marche se poursuivit dans un paysage magnifique le long du gave de Pau, une marche en silence.

Pour ces jeunes citadins qui ne sont pas habitués à marcher, la fatigue et les ampoules commençaient à se faire cruellement sentir ; nombreux furent ceux qui, comme Péguy sur la route de Chartres, firent le dur apprentissage de faire un pas, puis un autre et de lever les yeux vers cette grande plaine, ici cette vallée, qui n’en finit pas... Le lundi après-midi nous arrivions à Lourdes.

LOURDES

Lourdes ! Quelle surprise pour les jeunes qui s’y trouvaient pour la première fois. La vérité exige de dire que la surprise fut parfois décevante. Que voyaient-ils ? Un caravansérail regorgeant de monde et de marchands. Pour certains, il fallut plusieurs jours pour arriver à dépasser la mauvaise impression créée par cet aspect commercial. Mais Lourdes, ce fut autre chose que les marchands du Temple.

Nous étions logés au camp des jeunes, et là, chaque jour un thème de réflexion était proposé. Le mardi, c’était "Etre chrétien à l’image du Père, en étant créateur, à l’image du Fils en étant dépendant les uns des autres, et à l’image de l’Esprit c’est à dire en étant ni dominateur ni dominé, mais communicateur. Après un exposé de Michel DUBOST et une réflexion personnelle, ce fut un échange en carrefour sur : "Réussir sa vie, qu’est-ce que ces mots signifient pour toi ?"

Comment être à Lourdes sans se tourner vers Marie ? La journée du mercredi fut consacrée à la place de Marie dans la vie de l’Eglise : "Que représente Marie pour toi ?" . . ..

Guy THOMAZEAU poursuivit cette réflexion par une conférence sur la place de Marie dans l’Eglise et dans notre vie quotidienne. Il nous fit part de sa découverte de Marie à travers Charles Péguy, de sa place à côté de Jésus.

La journée de jeudi fut consacrée aux Sacrements et plus particulièrement au sacrement de Réconciliation. La journée fut axée sur le partage de l’Eucharistie et la Réconciliation.

Le vendredi, le Père CAFFAREL fit une conférence sur la Prière et sur la façon de prier, les différentes formes de prières et les effets de la prière.

Le samedi était préparé par les jeunes Portugais. Le Père qui les accompagnait nous parla de la Foi et de la vie de Foi au sein d’une équipe.

DES JEUNES HEUREUX

Si nous essayons de noter ce qui nous a marqués au cours de cette semaine passée avec les jeunes, ce qui nous vient de suite à l’esprit, c’est la joie et l’amitié partagée.

Il nous a été donné de rencontrer des jeunes heureux. Quel était donc la source de ce bonheur ?

Ces jeunes étaient des jeunes comme les autres, avec les mêmes problèmes : échecs aux examens pour certains, seconde session à présenter, incertitude dans la recherche et le choix d’un travail.

La source de leur joie, c’était d’abord l’Amour ; l’Amour qui est un don de soi aux autres. Au camp, chacun a été attentif à l’autre. L’Amour et l’amitié a transformé la vie du camp. Nous sommes passés peu à peu d’une vie personnelle à une vie communautaire. Une vie avec air de fête, de vraie fête.

Il nous est arrivé, dans des night-clubs, de rencontrer des jeunes OU des moins jeunes qui soi-disant faisaient la fête ! Mais c’était l’ennui qui menait la fête ; il semblait que chacun cherchait à tirer la nuit.

Au camp des jeunes à Lourdes, rien de semblable. Nous avons vécu l’une des Béatitudes :

"Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu". D’abord par le regard que nous jetons sur notre prochain. Ce que nous saisissons, ce ne sont pas les travers des autres, mais ce qu’il y a de meilleur en eux. Ce que nous donnons aux autres, c’est le meilleur de nous-même. Si bien que ce regard posé sur le prochain nous permet de découvrir son côté divin. Et nous pouvons dire que pendant cette semaine, nous avons vu cent soixante facettes du visage du Christ.

A ce don aux autres, il faut ajouter la qualité de la prière, la qualité de la rencontre avec le Seigneur.

Une prière peut être composée de mots et nous pouvons, si nous sommes doués, bien arranger ces mots et faire un texte qui présente de belles qualités littéraires. Mais quelle sera la qualité d’une telle prière si elle ne correspond à rien dans le coeur et dans la vie de celui ou de celle qui la prononce ?

Avec les jeunes, ce qui nous a frappés, c’est ce souci de vérité :
être vrai dans ce que l’on fait ou ce que l’on dit.

La nuit du jeudi au vendredi fut consacrée à la prière et les jeunes passèrent toute ou une partie de la nuit à adorer le Saint-Sacrement. Le lendemain soir, un train de malades arrivait en gare de Lourdes ; il fallait les transporter du train dans les ambulances et des ambulances dans les différents hôpitaux de la ville. De nombreux jeunes participèrent à cette opération. C’était le prolongement de la rencontre qu’ils avaient eue la veille avec le Christ.

On parle de prière dans l’action, si la prière est la rencontre du Seigneur, le service des pauvres que sont les malades n’était-il pas l’occasion privilégiée de cette rencontre ?

Un Rassemblement, c’est une étape. Celui-ci, croyons-nous, fut de qualité. Les jeunes ont bien compris que ce qu’ils avaient vécu à Lourdes ne pouvait s’arrêter là. Ils ont été conscients que pour mener à bien leur recherche du Christ, il fallait continuer à se retrouver en équipe pour s’entraider ; qu’il fallait aussi, dans une démarche missionnaire, se tourner vers les autres jeunes et les inviter à progresser ensemble.

Une réflexion en équipe, c’est bien, mais l’analyse de la vie du groupe constitué depuis Rome, il y a maintenant deux ans, a permis de découvrir que pour que le mouvement vive, pour que les équipes continuent à progresser, il fallait définir un projet. C’est ce que firent les jeunes en rédigeant un contrat. En voici les termes :

EQUIPES NOTRE-DAME JEUNES

Pourquoi une E.N.D.J. ?
" Viens et suis-moi "

Le Seigneur nous invite à accueillir toujours davantage son amour et à en témoigner là où nous vivons. Il est difficile d’y arriver seul et une équipe est une façon de vivre sa Foi en Eglise. Elle est un intermédiaire entre la communauté familiale et l’Eglise, quelquefois impressionnante.

Qu’est-ce qu’une E.N.D.J. ?

- C’est une communauté de 5 à 12 jeunes chrétiens de 18 ans et plus.

- Elle est aidée si possible par un prêtre qui a plus un rôle de conseiller que de leader.

- Elle est en lien avec un foyer ou un groupe de foyers : puisque nous avons la même foi, pourquoi ne pas essayer de progresser ensemble ?

- Chaque membre du groupe accepte les principes de la vie d’équipe : régularité à chaque réunion, préparation ...

- Les équipes ne sont pas isolées, mais en lien entre elles (contacts par région et échange par lettre des expériences des uns et des autres) en profitant des richesses de chaque nationalité.

- L’équipe est plus qu’un simple groupe d’amis, elle veut aider chacun à progresser dans sa relation avec Dieu.

Comment ?

- Par des réunions régulières pendant lesquelles il y aura :

- un échange sur un thème (préparé par chacun à l’avance) qui permet d’enrichir sa Foi ;

- un partage de ce que chacun a vécu depuis la réunion précédente ; on n’hésitera pas à s’interpeller mutuellement ;

- un partage sur les points d’efforts concrets afin d’éviter que les bonnes intentions restent "lettre morte" ; l’équipe propose de choisir individuellement ou en groupe un point précis d’effort et de s’entraider en partageant nos progrès et nos difficultés ;

- un temps de prière en commun qui prolonge la prière quotidienne que chacun s’est fixée.

- Par tout ce que peut inventer chaque équipe, en dehors des réunions (retraite, week-end, messe, engagement±s concrets...)

Voilà ce que proposent les E.N.D.J., chaque équipe cheminant à son rythme, compte tenu de sa personnalité.

Un couple du Sud-Ouest

POUR CONCLURE

Pour conclure, deux témoignages - celui de Dominique, jeune bordelais étudiant en électronique.

"J’étais allé à Lourdes pour voir ce qu’étaient ces équipes de jeunes dont j’avais entendu parler. Je n’avais pas l’intention de m’engager. Ce que j’ai vu à Lourdes a dépassé toutes mes espérances. De retour à Bordeaux avec Nathalie, qui était avec moi au Rassemblement, nous nous sommes empressés de monter une équipe".

Ecoutons maintenant Marie-Paule de Tours :
"Je suis venue à Lourdes, en partie parce que la Messe me pose problème. Pour moi, l’assistance à la messe dominicale n’a aucune signification.
Si dans ma paroisse, la qualité de la participation était la même que celle que j’ai rencontrée au cours des célébrations eucharistiques du Rassemblement, je reviendrais à la messe. De retour à Tours, Marie-Paule aidée de deux autres a monté une équipe.

On a tendance à juger sévèrement la jeunesse. C’est pourtant elle l’espérance du monde et de notre Eglise. Les quelques jours que nous avons passés à Lourdes ont été pour nous d’un grand réconfort. Dans un monde qui se matérialise semble-t-il de plus en plus, nous avons trouvé des jeunes pour réfléchir et chercher ensemble le Christ. Des jeunes qui ont donné du temps pour essayer de trouver ce qui fait l’essentiel de leur vie. Je crois que cette démarche est porteuse d’espérance et comme dit l’archevêque de Paris :

"Il faut être plus attentif au bruit du blé qui pousse qu’au bruit que font les pans de murs qui s’écroulent."

Soyons attentifs à ce blé qui pousse.

Sylvianne et Fernand BROTO
Responsable de l’équipe du secteur de Pau des Equipes Notre-Dame

(E.N.D. - 49, rue de la Glacière 75013 PARIS)