Un temps fort : Assise


- Témoignage de Jeunes -

Au diocèse de Nancy, une équipe de recherche rassemblait sept filles il y a à peine deux ans. Elles sont actuellement plus de trente en recherche de la réponse à un appel déjà perçu.

Sans parler de l’équipe de garçons ...

Nous insistons souvent sur l’importance des "lieux" ..., l’importance des temps forts aussi. En voici un exemple, bien à sa place dans "Jeunes et Vocations". Lisons-le intégralement.

Une CHANCE pour notre groupe de jeunes ...
Une INVITATION à entrer dans la "DANSE DE DIEU" ...
Une GRACE pour l’Eglise et pour le Monde ...

QUI SOMMES-NOUS ?

18 jeunes et "aînés" du diocèse prenaient la route d’Assise, du 2 au 16 août, sur les pas de St François et de Ste Claire.

Ces jeunes appartiennent à deux groupes en recherche de vocation :
le groupe "Diaspora" des garçons, le groupe "Sénevé" des filles, qui alternativement au long de l’année, se rassemblent à Renémont, en week-ends de partage, de prière, de détente.

Voici la joyeuse équipe formée : 5 garçons de 18 à 21ans, 8 filles de 19 à 25 ans, 5aînés. Le Père Claude et Soeur François Marie qui accompagnent régulièrement les groupes, le Père Gérard, Soeur Antoinette (de Metz), et Soeur Danielle-Marie (de Vesoul).

Nous avions tous le vif désir de prendre un moment ensemble, au cours de l’été, pour partager davantage nos chemins respectifs, vivre un temps fort d’Eglise, et approfondir ensemble nos projets d’avenir. ASSISE fut proposée ... et vite adoptée !

Nous avons voulu préparer la Route. Nous l’avons fait par des soirées à la Visitation, autour du Père Maurice GUIOT. Nous avons découvert St François, nous nous sommes prêté des livres, nous avons confectionné carnet de route et carnet de chants. Le cheminement de St François allait pouvoir éclairer notre vocation personnelle.

Chacun partait avec une grande attente ... chacun fut comblé à sa façon ... pas toujours comme il l’avait imaginé par avance !

EN ROUTE POUR ASSISE !

Notre convoi de 5 Voitures, baptisées "Castor, Mystère III, Capuccino, Gelati ..." atteint Assise en deux jours, après avoir dégusté autoroutes suisses et italiennes, et apprécié l’accueil chaleureux de religieuses, pour une nuit, dans un pensionnat de Cône. Voyage sympathique ! A chaque étape, les passagers changent da voiture, ce qui favorise et achève la connaissance que nous avions les uns des autres. D’emblée, jeunes et moins jeunes se sentent très unis, à un même niveau.

1er Jour. Temps libre pour "vadrouiller" dans Assise, s’imprégner du cadre. Les pierres jaunes et roses s’insèrent si bien parmi les oliviers verts et gris, les figuiers, les lauriers, la luminosité de l’Ombrie, les vieilles ruelles. Ecoutons... Tout parle de François, le "petit Pauvre", ce Jongleur de Dieu et donneur de Joie qui vécut ici une merveilleuse Aventure d’Amour - et de Claire, sa "petite plante", qui multiplia ses racines et ses fleurs, comme dans un nouveau Paradis.

Premières impressions : pour certains, c’est merveilleux. D’autres sont un peu déçus, se sentent touristes ! Ils en attendaient tellement, et il ne se passe rien d’extraordinaire ... mais laissons faire le temps.

2éme Jour. Nous allons vivre ces journées successives sur les lieux où vécut François, respectant les étapes de son cheminement. A chaque lieu, un thème à approfondir, 2 ou 3 du groupe à tour de rôle prennent en main la journée.

Aujourd’hui, par exemple : ST DAMIEN et l’APPEL. C’est là que François a crié vers Dieu, et a accueilli sa réponse. Dans la paix du petit cloître fleuri où vécurent Claire et ses compagnes, nous nous invitons à relire notre histoire personnelle. Comment avons-nous perçu "notre appel" ?
Gérard souligne la différence entre un projet dont les données sont humaines, et une vocation où Dieu propose ... Pour beaucoup d’entre nous, c’est l’occasion de redire "OUI".

Chaque jour, nous prendrons :

- un temps de silence personnel,

- un temps de partage où se dire nos découvertes de la journée, et ce qui fait encore difficulté ...

- un temps pour célébrer l’Eucharistie, parfois longuement, en simplicité et profondeur.

Plusieurs diront : "Pour moi, c’est une première et vraie retraite !"

L’Ermitage des CARCERI, et la PRIERE

Nous montons à pied, sous un soleil éclatant, frappés par la solitude des lieux. Le Frère franciscain Gerardo nous parle de François. L’après-midi, chacun se disperse dans la forêt pour une méditation personnelle. Puis Eucharistie et partage.

"Il faut toujours chercher Dieu, c’est dur, il faut du temps...
Fais-toi capacité et Je me ferai torrent ! dit Dieu ...
Etre simple, confiant, comme le petit enfant dans les bras de son Père.
François est un homme tellement dépossédé de lui-même, qu’il est la corde que Dieu peut faire vibrer à volonté. Rôle de François comme intermédiaire dans notre relation à Dieu ? Occasion d’approfondir la Communion des Saints. Il ne s’agit pas d’imiter François, mais comme lui, de nous ouvrir à la grâce que Dieu veut faire émerger en nous.
L’HOMME et la CREATION sont faits pour chanter ENSEMBLE les Merveilles de Dieu ! "
Nous prions pour ceux du Groupe dont la recherche est plus angoissée, pour ceux qui n’ont pu venir...."

La PORTIONCULE et la MISSION

Toute vocation, tout appel et notre réponse sont orientés vers la Mission. Il faut que la Mission confiée par Jésus à ses disciples s’accomplisse... Que ce thème de méditation est vaste ! Présence au monde, présence aux frères, avec l’Eglise, dans l’esprit des Béatitudes, et dans une union la plus totale possible à Dieu... Le souci des plus pauvres, la dimension oecuménique et l’universalité de l’Eglise nous frappent davantage ici.

Le Mont ALVERNE où François reçoit les stigmates de la PASSION, et le thème de la souffrance.

Premier contact un peu dur : beaucoup de monde, pluie et froidure...
Le soir, ça va mieux, les pèlerins sont repartis, l’orage s’est éloigné, la paix envahit la forêt et les grottes.

Longue Eucharistie sur une dalle rocheuse où vécut François. L’humidité n’empêche pas la densité ! Puis, veillée-partage, où ceux qui veulent vont dire leur histoire, ce que Dieu met dans leur coeur, des choses parfois encore jamais dites :

"Mon principal désir ? Voir Dieu ! Projet d’entrer au Carmel.
Dans ma prière, c’est souvent sec, mais Dieu de temps en temps me donne une "sucette" !
Je n’accepte pas la souffrance de Jésus sur la croix, je ne comprends pas...
Il y a des étapes de souffrances qu’il faut traverser, on peut rester bloqué des années... Moi, j’ai mis du temps à émerger, j’ai rencontré des personnes qui m’ont aidée, alors c’est extraordinaire...
Je traverse des "tempêtes". Le plus dur ? Accepter cet appel de Dieu. Je "me bagarre" avec Lui, parfois je voudrais tout balancer...
"Moi, dès que j’ai perçu cette invitation de Dieu, elle m’a émerveillée, c’est ce qui pouvait m’arriver de plus beau ! Mais j’ai du "fil à retordre" pour que ma nature humaine suive la grâce (plan affectif, activités, équilibre de vie, prière, etc.).
Ma souffrance à moi, c’est de ne pas aimer assez. Je me sens si petite avec mes limites, et je sens que nous sommes appelés à rayonner un tel Feu d’Amour ! Je voudrais aimer plus...
François s’élance comme un "acrobate de Dieu" ! Mais il faut un balancier à l’équilibriste pour tenir et demeurer sur son fil...
C’est la croix de Jésus-Christ : là est le seul lieu de l’Amour !"

Le partage dura tard dans la nuit. Les étoiles ne vinrent pas au rendez-vous, alors on s’entassa dans les voitures, deux dans un coffre de R41 !
Telle fut la performance de Soeur François-Marie et de Soeur Antoinette !

A l’aube, après la nuit froide et inconfortable, c’est l’émerveillement. Dans l’austérité du Mont Alverne, le soleil redonne vie aux sous-bois, et la forêt tout entière chante cet Amour brûlant entre François et son Seigneur, au point d’en recevoir les traces (stigmates) dans sa chair.

Deux heures de liberté silencieuse permettent à chacun de se laisser envahir par une méditation personnelle sur la Passion et les souffrances de Jésus en croix.

De retour à Assise, le soir, parmi les cigales et les odeurs de menthe sauvage, des petits chemins nous mènent à la chapelle de SAN MASSEO. Nous prions avec Marie, méditant longuement les mystères douloureux et le chapelet.

RIVO TORTO et la VIE FRATERNELLE

En ce lieu où François vécut avec ses tout premiers frères dans une cabane abandonnée, échange sur la fraternité.

Nous essayons également de la vivre, dans les petits détails du quotidien, en ces 15 jours de vie communautaire.

"Il y a entre nous une amitié qui nous dépasse !
. L’amour fraternel n’est pas tout, mais il est nécessaire pour que quelque chose puisse passer.
. Je me demandais jusqu’à quel point une vie communautaire est possible. J’y crois maintenant, pour l’avoir vue et vécue. Je sais qu’elle nous est donnée en Dieu, et j’aspire à la construire avec les hommes que je rencontre tous les jours.
. chacun peut avancer avec les autres, mais à son rythme propre, grâce à l’équilibre entre la vie commune et les temps personnels.
. Nous recherchons un grand respect de chacun avec tout ce qu’il porte en lui d’exprimé et de non-dit, climat de confiance, grande simplicité, préjugé toujours favorable sur l’autre.
. Fraternité dans la vie consacrée... et fraternité universelle."

Pour clore la journée, célébration de l’Eucharistie dans une Fraternité : chez les Petites Soeurs de Jésus : une fermette en-dessous de St Damien tel un oasis de Paix semé dans cette belle plaine d’ombrie. Dans la célébration, long temps de pardon pour les ombres de nos vies, plus particulièrement à propos de la dimension fraternelle.

"Que je ne cherche pas tant à être aimé qu’à aimer !" (St François)

Les basiliques SAN FRANCESCO, SANSA CHIARA, et l’EGLISE

Le matin, nous montons à Saint François, prier devant son tombeau, simple et rude sarcophage de pierre, placé dans la grosse pile centrale de la basilique. Quel symbole pour le "petit Pauvre" qui dût soutenir de son épaule l’Eglise du Christ !

A Ste Claire, Eucharistie Solennelle, avec costumes du Moyen Age et trompettes d’argent, en l’honneur de sa fête : occasion de nous unir davantage - en Eglise - au peuple italien.

18 h : nous suivons à la Télévision les funérailles de notre Pape Paul VI. Cet événement vécu dans le cadre d’Assise, et en groupe, nous marque plus profondément et suscite entre nous des échanges, des questions sur le Pape.

Soirée-partage devant St Damien, sous les étoiles, sur "Notre attache à l’Eglise" :

. L’Eglise n’est pas seulement dans les structures, mais l’Eglise, c’est nous !
. Les femmes et le Sacerdoce.
. Comment nous sentons-nous accueillis par l’Eglise ?
. Nous resituer vis-à-vis des prêtres, des évêques, du Pape...
. Comment être fidèles à la Tradition de l’Eglise, et attentifs à l’évolution dans l’Esprit Saint ?
L’obéissance et liberté ?
. Avant Assise, je savais qu’il me fallait être une pierre de cet immense édifice, mais j’avais du mal à me situer dans l’Eglise, ça doit être un peu de ce que nous avons vécu dans notre groupe, mais à une échelle universelle...
. Devant ces religieuses en vieux costumes, je me sens mal à l’aise, j’ai peur qu’on colle une étiquette sur mon visage.
D’une certaine façon, nous avons de la chance - nous les jeunes d’arriver en Eglise maintenant, aujourd’hui, où beaucoup de choses se renouvellent... Cela promet d’être exigeant, mais passionnant ! Et nous pouvons dire merci à la génération d’Eglise qui nous a précédés, car cette génération a dû nous assurer un tournant difficile, parfois douloureux...
Je suis fière à présent d’appartenir à cette Eglise !"

A SPELLO, dans la Fraternité de Carlo CARETTO, Petit Frère de Charles de Foucauld

Nous partageons Eucharistie et repas.

Puis, dernière soirée à Assise : sur la "Piazza communa", nous dégustons une dernière glace italienne. Nous partageons l’ambiance animée de la vieille ville, et comme des enfants, nous fêtons ces 15 jours de grâce, qui viennent de nous être donnés, par des farandoles, des chants, des jeux avec des gosses du quartier. Qu’il est facile alors de s’imaginer François dans sa jeunesse, parcourant la ville, la nuit venue, et faisant fête avec ses amis !

Rentrés au centre oecuménique où nous logeons, nous retournons joyeusement les lits ! Il faut souligner ici le sourire et le service des Soeurs Franciscaines qui nous ont accueillis.

En BILAN de notre ROUTE, nous retenons :

  • Chaque lieu porte en lui-même une grâce particulière : on ne découvre pas n’importe quoi n’importe où ! D’où l’importance du "voyage", du déplacement, d’un itinéraire. Jésus dit si souvent à ses disciples d’aller, de partir, d’avancer... ! Assise et tous les lieux visités, médités, nous ont apporté des découvertes progressives que nous n’aurions sans doute pas faites ailleurs, ou autrement.
  • La qualité de nos partages : se dire nos difficultés, ça dédramatise. Se dire le travail de Dieu en chacune de nos vies, s’en émerveiller ensemble, et rendre grâce. Tout cela est source de force et d’enthousiasme à monnayer dans l’année à venir.
  • La complémentarité de nos vocations. Nous nous sentons si différents les uns des autres, et pourtant si solidaires, embarqués dans la même Aventure, chacun selon son Appel particulier. Nous sentons là des germes précieux pour l’Eglise que nous aurons à la fois à continuer et à inventer, demain.
    - L’union à notre diocèse. L’envoi de nombreuses cartes postales fut l’occasion de mieux réaliser combien de personnes savaient notre "voyage" et s’y unissaient (prêtres, religieuses, nos familles, jeunes, communautés contemplatives de Nancy ou de plus loin, que ce soit en France, au Portugal ou au Cameroun !). Réciproquement, notre prière s’est souvent ouverte à tous ceux qui nous sont proches pendant l’année, et ... au monde entier.
    Nous désirons que la grâce reçue à Assise, ensemble - c’est important devienne dans les prochains mois, une grâce pour tout notre diocèse.
  • La rencontre avec différentes personnes ayant fait déjà un choix de vie consacrée : membres d’un Institut séculier, Frères franciscains, un ermitage de priantes au Mont Subasio, Petits Frères et Petites Soeurs de Jésus
  • L’approche du "souffle franciscain". Nous nous sommes souvent laissés pétrir par la profondeur des mots EVANGILE (Bonne Nouvelle), PAUVRETE, DEPOUILLEMENT, HUMILITE, JOIE, LOUANGE...
  • Nous avons respiré à pleins poumons humainement et spirituellement. Que ça fait du bien ! Nous ne sommes plus les mêmes qu’avant, quelque chose d’irréversible en nous a changé. C’est un pas en avant pour notre vocation.
    Certains ont vu plus clair, ont pris des décisions précises. D’autres se sont sentis libérés de certaines peurs, plus solides, ont grandi dans la confiance. Deux garçons entrent au Grand Séminaire à cette rentrée, deux choisissent une formation G.F.U. (groupe de formation universitaire), un autre réfléchit au sacerdoce ou à la vie religieuse. Deux filles désirent une vie contemplative cloîtrée, une autre pense aux Petites Soeurs de Jésus d’autres cherchent plus d’apostolat.

D’Assise, nous ramenons dans nos bagages, beaucoup d’enthousiasme, le sentiment de ne plus être seul, des liens plus profonds entre nous, une appartenance plus consciente et plus joyeuse à l’Eglise. La Croix est sur notre chemin, mais aussi l’émerveillement d’être aimés de Dieu à ce point...
d’être appelés au Sacerdoce, ou à une vie consacrée, à l’aurore d’un nouveau printemps de l’Eglise !

MERCI A DIEU

MERCI à tous ceux qui ont pensé à nous, et qui continuent à nous accompagner dans notre recherche, et sur notre chemin.

Des jeunes du Groupe.