Echos de Lourdes - Eté 77 - Pavillon de la Vocation


Cette année a été particulièrement riche d’échos enthousiastes de la part des permanents de l’été au pavillon :

    • équipes solides, complémentaires, avec vie de prière partagée ;
    • possibilités de nombreuses relations avec les autres animateurs des pavillons ;
    • participation à l’animation des pèlerinages. Le bilan des permanents est positif. A titre d’exemple d’une expérience vigoureuse faite cet été, nous transcrivons la lettre d’un novice jésuite qui la relate pour lui-même et son compagnon.

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UN MONDE ETRANGE

16 juillet - Nous arrivons à Lourdes, deux pèlerins parmi tant d’autres. Nous sommes disponibles pour n’importe quel service. Nous attendons de trouver un endroit pour être utile.

Après une première nuit mouvementé : 10 centimètres d’eau dans la tente et un accueil très chaleureux chez les soeurs de l’Assomption, nous voici face à un monde étrange, un autre univers qui a ses propres lois que le profane ne saisit pas très bien. "Il y a presque de quoi perdre la foi si elle ne nous a pas déjà trouvés" nous dira un jeune converti.

Sur l’esplanade, un peu désorientés et nous demandant par où commencer, un mot nous frappe "Accueil Jeunes". Nous sommes accueillis les bras ouverts, c’est à dire que nous sommes renseignés sur tout, mais pas embauchés officiellement. Munis de tous ces renseignements. nous décidons de faire le tour des différents pavillons en nous disant que c’est là qu’un service sera le plus utile. S.O.S. nous regarde avec un air de pitié "Mais il faut s’inscrire en janvier !", et nous repartons étonnés, car ils viennent de nous dire qu’ils étaient débordés de travail. Cet univers a bien des lois étranges qui ne sont pas les nôtres.
Après avoir visité le pavillon missionnaire, nous découvrons enfin le pavillon de la vocation. Pas facile à trouver, d’autant plus que les habitués" de Lourdes l’ignorent superbement. Le marketing du pavillon est à revoir !

L’accueil est simple, discret et agréable. La visite nous plait.
L’équipe, qui vient d’arriver, n’a pas d’idées préconçues : "mais oui, plus nous faisons, et plus le travail sera efficace. Pendant deux ou trois jours nous faisons connaissance plus en profondeur ; nous découvrons que nous formions déjà "un ménage pas trop mal". Une telle unité ne s’assure pas en un jour. Il faut un certain temps pour se mettre "dans le bain" de Lourdes.
Il faut encore plus de temps pour gagner la confiance des équipes, gagner la confiance de chacun.

ACCUEILLIR LES ACCUEILLANTS

A Lourdes, un des gros travaux, c’est l’accueil des accueillants accueillir les membres des équipes d’accueil qui ne sont pas là que pour brancarder, pour accueillir... mais aussi parce qu’ils se posent des questions, parce qu’ils ont commencé une recherche... Je crois que le rôle du pavillon de la vocation est justement d’être là, d’être présent pour répondre aux questions, aider l’un ou l’autre dans son cheminement, montrer un autre visage de l’Eglise...

Comme tout service des vocations dans l’Eglise actuelle, le pavillon doit trouver un second souffle, et je crois que cette année à Lourdes, nous l’avons trouvé. Plusieurs seconds souffles même : notre présence au pèlerinage national des jeunes engageant une autre manière de faire : ce fut aussi le cas de la journée avec Namur.

L’ère des "permanences" est finie, révolue. Il faut inventer autre chose. Ce qui ne veut pas dire que la permanence n’ait pas de sens ; elle est même indispensable. Mais elle est secondaire. Retrouver un souffle missionnaire, au bon sens du mot.

"TERRE DE MISSION"

Au camp des jeunes, où nous avions planté notre tente et où nous dînions, j’ai souvent eu l’impression d’être sur une terre de mission. Et pourtant, le milieu ne m’était pas inconnu (animateur à Taizé, animateur-éducateur de rue, chef pionnier...) Mais à Lourdes, il y a vraiment une grâce spéciale, vous avez l’impression que toute parole est attendue, que tout grain semé tombe dans la bonne terre et qu’il est immédiatement arrosé...

J’ai été assez émerveillé par le nombre de conversions en profondeur qui se sont réalisées sous mes yeux. Pour moi, voilà le miracle de Lourdes. La terre est là, assoiffée de pluie et de bon grain. Souvent, nous avons été un peu écrasé devant l’ampleur du travail qui se dévoilait devant nous au fur et à mesure que nous nous engagions.

Voir Jésus se révéler au coeur de quelqu’un, quoi de plus merveilleux ! Pour nous, cette expérience a donc vraiment été très positive.
La qualité d’union que les équipes du pavillon ont su réaliser y est pour beaucoup. Une prière, un pique-nique, le travail ensemble, le café ... c’est tout cela qui fait la qualité de l’accueil.

Ces six semaines à Lourdes ont été pour nous un moment important de la révélation de toute une dimension de notre vocation.

Je crois qu’en faisant une "campagne de recrutement" (! ) pour le pavillon, il faut bien montrer que ce n’est pas une B.A. qu’on fait en donnant 10 jours de vacances. C’est plutôt un bain de foi extraordinaire et qui rajeunit, redonne des forces.... une expérience assez merveilleuse.
Cela fait partie intégrante du miracle de Lourdes.

"UNE EQUIPE DE SIX"

Effectivement, à six permanents (du 17 juillet au 31), le travail est beaucoup plus efficace et intéressant qu’à quatre, ceci pour plusieurs raisons : la principale est que l’on peut aller faire des visites aux autres équipes ; ces liens informels qui se tissent ainsi entre pavillons sont la plus sûre prospection que l’on puisse faire. En tout cas, beaucoup plus rentable que les affiches ; celles-ci ne sont justement qu’un prétexte pour aller voir les autres équipes, prétexte élégant d’ailleurs, et qui permet d’engager des discussions importantes, et de donner envie à certains d’en savoir plus long sur le pavillon.

A six, il est possible de travailler beaucoup plus étroitement avec l’ensemble des services des sanctuaires : par exemple que tous les soirs, il y en ait au moins un à la prière, aux rotondes (ce que Pierre et moi nous faisions avec joie) ; il y en avait aussi qui participaient aux diverses réunions en soirées (Pax Christi, SOS, camp de jeunes...). Et nous nous sommes engagés à fond dans cette voie pour créer des liens.

A six aussi, nous avons beaucoup apprécié la possibilité d’avoir des offices en commun, ce qui a soudé fortement cette première équipe autour de l’essentiel. Et ce quarts d’heure, ces petites demi-heures d’eucharistie, ou de silence sont devenus des points centraux de notre journée. Indispensable pour ne pas nous dissoudre dans ce tourbillon d’activisme qui règne à Lourdes.

LA DUREE

Nous avons trouvé intéressant de rester un mois de suite. Et nous pensons même que sur Lourdes, il est indispensable qu’il y ait un peu plus de stabilité. De même que rajouter 2 à 4 personnes a un effet démultiplicateur, de même le fait de connaître plusieurs équipes dans le temps a un impact très grand. Il est arrivé plusieurs fois que nous ayons à "initier" la nouvelle équipe d’un autre pavillon, ou du camp de jeunes... ; l’humour était toujours présent !

Ceci nous a permis de faire un travail assez profond avec toutes ces équipes d’accueil (qui sont justement de ces "clients" potentiels les plus forts pour le pavillon). Cela s’explique aisément car ce sont des jeunes qui sont venus "rendre service pendant 15 jours" ; derrière cette démarche assez généreuse, il y a déjà une recherche en route.

Pour nous qui sommes restés un mois, je peux dire sans exagérer que c’est une des expériences les plus enrichissantes que nous ayons faite depuis longtemps, et en même temps, sans vouloir surestimer ce que nous avons fait, je crois que nous avons répondu à l’appel de beaucoup, réorienté certains, lancé d’autres vers ce qu’ils cherchaient. Je dirai en un mot : nous avons été présents. Présents au pavillon, présents dans les équipes, présents au camp, présents lorsque l’un ou l’autre était un peu perdu.

Peut-être serez-vous désireux de venir à Lourdes durant l’été 1978.
Ecrivez au C.N.V. avant février 78