Les claviers d’Auguste (un film)


Huit jours avant la Journée Mondiale des Vocations, la Télévision a permis au C.N.V. de participer au Magazine du Jour du Seigneur : Claude CUGNASSE a répondu aux questions de Michèle Léonard et de Jean-Pierre Escafit.

Juste avant, deux courts extraits de film étaient présentés ; l’un d’eux était tiré des "Claviers d’Auguste".

LES CLAVIERS D’AUGUSTE

Aujourd’hui, en France, un curé de campagne ou de petite ville, comment vit-il ? Quelles sont ses occupations, ses préoccupations ?

Auguste ENTRAYGUES est curé d’Ussel (12.000 habitants) et de ses environs, en Haute-Corrèze. Il a 55 ans, est né dans une ferme du Haut-Limousin. C’est un paysan solide, cheveux coupés en brosse, pipe au coin de la bouche. Tout le monde l’appelle Auguste. Il est du pays.

Pourtant, derrière la solidité paysanne, et sous son bon sourire chaleureux, Auguste laisse deviner parfois tristesse et angoisse. "On peut parler de vie à des gens qui ont envie de vivre, dit-il. Mais comment parler de vie à des gens qui n’ont pas de projets d’avenir, parce que l’avenir, pour eux, n’existe pas ?"

Quand Auguste entre dans les églises désertées, dans les maisons isolées où seuls, survivent doucement les vieux, cachant leurs peines et leur désarroi, il ne parle guère que des moutons qu’il faut vendre, de la solitude ou de la voisine qui vient de mourir... Il fait, comme il dit, "abstraction du ciel", car il ne veut pas tricher avec les mots.

C’est un paysan. Il sait qu’on ne peut pas tricher avec la nature, avec l’orage, avec l’herbe, le soleil ou la pluie. Il refuse d’être ce qu’il se désole d’être : un gérant de station-service ; un distributeur de baptêmes, de mariages, d’enterrements, d’assurances sur le ciel.

Comment faire autrement ? Il ne manque ni de foi, ni de chaleur humaine. Il a donné sa vie à Dieu, mais il lui faut supporter le poids de la solitude : la sienne et celle des autres. Et puis ne pas décevoir, ne pas désespérer. Peut-il refuser la présence du prêtre ou les sacrements à qui les désire ? Peut-on juger le cœur de l’homme ?

Alors, Auguste "tire ses claviers et ses jeux" comme il dit, comme un organiste sur son orgue. Celui du baptême, ou de l’enterrement, du mariage, de la conversation avec les uns et les autres...

Il existe des milliers de prêtres en France comme Auguste : pasteur simple, bon, ouvert, en contact permanent avec la population qui l’entoure et avec la terre dont il est issu.

Le réalisateur Yves Milliard et son équipe ont vécu une semaine entière avec le P. ENTRAYGUES. Ils ont enregistré ses démarches, ses propos, ses silences, assisté à un mariage, à un baptême, à un enterrement, ces événements qui constituent la trame d’une vie d’homme.

Grâce à l’équipe, nous suivons Auguste pas à pas et saisissons de l’intérieur le "climat" de son existence, sa solitude et ses solidarités.

Un tel "prêtre" est-il un modèle appelant ? Non sans doute, mais il évoque très fort ce mystère de la Croix qui sera toujours une face du ministère presbytéral.

Cette part de vérité peut provoquer les chrétiens de tous âges à se situer en responsables les uns des autres.


Réalisation et montage : Yves MILLIARD
Images : Raymond VIDONNE
Son : Jean-Louis RICHET
Durée : 25 minutes.
Ce film de 16 mm a été tourné pour TF 1 le 13 juillet 1975. Location au C.N.V. : 50 F + port pour 15 jours.