Le don multiforme de la vie consacrée


Le Synode de 1994 sur la vie consacrée avait réfléchi à la notion de « vie consacrée ». En introduction, le cardinal Hume en avait évoqué les multiples formes.

Basil Hume
moine bénédiction,
archevêque de Westminster

La notion de vie consacrée

« Le Synode se propose de réfléchir sur la vie consacrée à la lumière du plan de Dieu […] dans la grande richesse de ses expressions historiques et de l’héritage de ses saints » (Instrumentum laboris, 2a). La compréhension du terme et surtout de la réalité de « la vie consacrée » ne va pas de soi. Souvent, elle est un concept général et réducteur. Au cours de ces dernières années, la réflexion sur la vie consacrée a été facilitée par sa plus grande insertion dans la vie de l’Eglise, les contacts entre congrégations et par la confrontation entre ses diverses expressions, ainsi que par des études spécifiques dans le cadre de la théologie.

La diversité de la vie consacrée

La vie consacrée apparaît avant tout comme un phénomène varié et riche. Même si elle est numériquement minoritaire, elle est qualitativement significative pour l’Eglise. En termes statistiques, elle ne représente que 0,12 % des membres de l’Eglise catholique.

Un regard historique

La diversité apparaît avant tout à partir d’un regard historique. « Dans l’Eglise, on garde la mémoire historique de la vie érémitique, monastique, religieuse et apostolique, née d’abord en Orient avec la consécration à Dieu des vierges chrétiennes, avec la vie des anachorètes et des cénobites… En continuité historique, la créativité de l’Esprit répondant aux besoins des temps a fait naître aussi d’autres formes de vie comme les chanoines réguliers, les instituts de vie religieuse contemplative et apostolique les plus divers (ordres mendiants, clercs réguliers, congrégations religieuses, cléricales et laïques, instituts missionnaires). Plus récemment, l’Eglise a reconnu la vie consacrée dans le monde propre aux instituts séculiers. De ces formes se rapprochent les sociétés de vie apostolique, caractérisées par leur but spécifique apostolique et missionnaire » (IL, 11 c).
Les nouveautés de la vie consacrée dans l’histoire n’ont pas remplacé les formes précédentes, qui continuent à enrichir les communautés ecclésiales et parfois ressurgissent avec une vigueur nouvelle. (cf. IL, 13). Aujourd’hui encore, de nouvelles formes de vie continuent à apparaître.

Un regard sur la situation actuelle

La grande diversité apparaît aussi à partir d’un regard sur la situation actuelle. « Aujourd’hui, il existe environ 1 423 instituts religieux féminins de droit pontifical et 1 550 de droit diocésain. Parmi les instituts religieux masculins, on en compte environ 250 de droit pontifical et 242 de droit diocésain. Les instituts séculiers sont environ 165, de droit pontifical ou de droit diocésain, sacerdotaux, cléricaux masculins, ou laïcs, d’hommes et de femmes. On compte en outre 396 sociétés de vie apostolique de droit pontifical. Il faut leur ajouter un nombre croissant de vierges consacrées, de veuves ou de veufs consacrés, d’ermites hommes ou femmes, et d’autres groupes qui se dirigent vers une reconnaissance canonique. Le Synode des évêques, de par sa nature universelle, ne peut pas ne pas accepter cette vision large et complexe de la vie consacrée » (IL, 5e).
Cette diversité des instituts et des formes n’est pas la réplique incolore d’un même modèle. « Chaque institut, chaque forme de vie consacrée, se distingue par sa nature spécifique, par sa mission, par son charisme » (IL, 6f).

Des états de vie divers

Il existe ensuite des différences par rapport à l’état de vie. La majorité des personnes et des instituts est formée de laïcs chrétiens consacrés, « même s’ils ne sont pas “laïcs” selon le caractère propre de ceux qui vivent dans le siècle » (IL, 69 a). Les christifideles laici consacrés clercs (cf. IL, 70) constituent une minorité. La vie consacrée est à 82,2 % laïque et elle est constituée de prêtres et de diacres seulement à 17,8 %.

Hommes et femmes

Le cadre bigarré de la vie consacrée ne peut oublier la distinction entre hommes et femmes. Ces dernières constituent la majorité avec 72,5 % des effectifs (cf. IL, 8 ; 12). Elles apportent leur sensibilité, leurs valeurs et leurs manières d’être (cf. IL, 20 ; 88 ; 101).

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Dans ce numéro, nous n’aborderons pas les instituts religieux.