Un animateur laïc au foyer de Bordeaux


A - LE FOYER SE PRESENTE :

Une proposition pour des jeunes scolaires, 2°, 1° et Terminales, de situation sociale, d’opinions, de caractère, différents, de l’Enseignement Catholique et des lycées, qui, sachant que ce n’est pas facile :

  • acceptent de faire l’expérience d’une vie de groupe qui les incitera au PARTAGE (peut-être jusqu’aux biens matériels).
  • accueillent d’avance les confrontations qui peuvent en découler, même les oppositions, comme moyen d’accéder à une plus grande vérité dans leur vie. Le Foyer ne veut pas être le regroupement de gens "uniformes".
  • veulent réussir leur vie tout en se sentant solidaires de la réussite de leurs frères.

Certains sont clairement convaincus que Jésus-Christ a un rôle important à jouer dans leur vie, d’autres cherchent. Ensemble, nous acceptons de nous laisser interpeller par son message et de nous aider mutuellement à croire de plus en plus. Les options et engagements pris aujourd’hui ne peuvent être sans conséquence pour demain.

"La chance de l’équipe, c’est de rencontrer des gens qui sont décidés à s’aimer ensemble jusqu’au bout, sans avoir de mauvaise indulgence les uns pour les autres". M. Delbrel.

Cette expérience n’atteindra qu’un nombre restreint de personnes. Il semble indispensable d’en faire profiter des garçons et des filles qui veulent rencontrer des jeunes et aspirent à "autre chose" que ce que leur propose le monde d’aujourd’hui.

3 POSSIBILITES :

a) un groupe de garçons permanents,
b) des garçons et des filles qui viennent d’une manière régulière et s’associent à la vie de la maison par le biais des équipes.
Dans ce cas, il faut envisager pour eux un système de bourses qui favorise la participation d’un plus grand nombre. La question argent demeure un obstacle pour ceux qui sont susceptibles de venir.
c) Des jeunes qui passent occasionnellement pour rencontrer le groupe permanent ou pour une activité.

Cette ouverture est indispensable, mais il y a un danger : accaparés par les rencontres, le travail scolaire risque de passer au second plan. Il est important qu’ensemble, en début d’année, nous bâtissions un cadre de vie qui favorise cet élargissement et ne nuise pas au travail.

Nous devons faire du Foyer un lieu où les jeunes puissent trouver un peu de ce qu ils cherchent, où ils se sentent chez eux.

"Les milieux où nous vivons sont durs et rendent difficile l’expression de la foi. Je rêve d’un lieu où, régulièrement, un groupe l’exprime collectivement d’une manière vivante et interpellante pour les autres." Monseigneur Maziers.

B - LA PLACE ET LES QUESTIONS D ’UN EDUCATEUR LAIC.

Pour réaliser ce projet, il semble important :

  • De vivre dans un climat de liberté et de confiance réciproque, ce qui n’est pas toujours simple. Educateur, j’admets, parfois, difficilement qu’ils aillent dans le sens opposé à mes idées.
  • Qu’ils deviennent des hommes responsables. Nous les poussons à prendre une part active dans l’école et à s’insérer dans des groupes divers plutôt que sur le foyer. Nous sommes un lieu de rencontre et de partage plus qu’un centre où se développent des activités. Aujourd’hui, quelques garçons ont été élus délégués de classe dans leur établissement.
  • Le Foyer doit être leur affaire. Ensemble, nous faisons des choix pour notre vie communautaire. Mon rôle est de leur rappeler, de les aider à y être fidèles tout en gardant une structure souple.
  • Les ouvrir aux problèmes du monde, développer leur esprit critique.

Des questions ...

Cet objectif les amène souvent à se mettre en situation d’opposition par rapport au système scolaire.

L’important, me semble-t-il, est d’être assez présent pour reprendre les événements avec eux.

Jésus-Christ a un rôle à jouer. Tous l’ont noté dans les lettres envoyées pendant les vacances. Chaque année pour éviter la routine, ils se réinscrivent.

Ils en sont à des cheminements différents au plan de la foi. Il faut donc respecter, chacun, dans sa démarche.

Cette expérience qu’ils vivent au sein du Foyer ou dans les aumôneries les amène à se désolidariser de la paroisse. Est-ce qu’ils seront actifs dans l’Eglise de demain ? Il me semble difficile de répondre affirmativement. Si l’Eglise reconnaît ce qu’ils vivent et invente une structure qui mette en relation toutes ces petites communautés qui naissent ça et là, peut-être.

Un bilan :

Ma place au sein du Foyer a été et demeure une expérience enrichissante :

- au plan humain : C’est une perpétuelle remise en question dans ma manière de vivre. Ces jeunes m’aident à être cohérent entre ce que je dis et ce que je vis.

Je ne peux pas me livrer à moitié. Il faut que j’apparaisse en vérité avec mes limites. Ce fut à certains moments très douloureux, mais bénéfique.

J’ai appris ce que voulait dire : "Etre disponible".

- au plan chrétien : J’ai découvert le besoin d’avoir une vie intérieure. Dans le flot des activités, si je ne prends pas de temps pour m’arrêter, je dévie facilement.

J’ai appris, avec eux, à faire référence à l’Evangile, capable dé bouleverser le comportement des hommes.

La vie avec une équipe d’adultes fût un bon support et une aide appréciable bien que limitée.