Points chauds : le célibat. Monde, Eglise, communautés, ministères


Ce titre évoque les obstacles sur lesquels bien des projets de jeunes semblent achopper ; obstacles qui sont aussi des lieux de controverse dans l’Eglise. A Tours, on les a qualifiés de "verrous" qui bloquent bien des portes.

Les deux principaux semblent être l’obligation du célibat pour le ministère presbytéral, puis la question touffue de la signification de l’Eglise, de sa mission, et de la place des ministères. Question touffue et radicale puisqu’il s’agit là au fond, d’une remise en cause de l’identité chrétienne dans le contexte de nouvelles cultures.

Nous ne retiendrons que deux éléments des débats de Tours : l’un sur le célibat, l’autre sur l’Eglise. Tous les deux sont de type pastoral. Ils seront complétés par des témoignages sur ce qui peut aider des jeunes à découvrir l’Eglise.

I - AU SUJET DU CELIBAT

Attitudes pastorales pour l’accompagnateur
(Un carrefour de responsables des services des vocations)

1) Lorsque les jeunes posent cette question à partir de la rencontre d’une fille, les réactions sont toutes différentes. Il est important que la question ne soit pas théorique. De plus, elle se pose différemment lorsque les jeunes ont un enracinement humain et apostolique. De toute façon, ce point exige "éducation de l’affectivité" et discernement.

2) Bien dire aux jeunes qu’il n’y a pas d’espoir actuellement pour l’ordination au presbytérat, de gens mariés. De toute façon, on n’ordonnera pas de gens mariés très jeunes.

3) Le choix ne se fait pas entre le presbytérat et rien. Le rappeler pose à ces jeunes et partout la question de l’appel au ministère.

4) Sans doute, un jour, l’Eglise appellera des gens mariés au presbytérat. Elle les prendra parmi des chrétiens responsables.

5) Mais les questions essentielles demeurent :

- situer le célibat à sa place et relativiser la question ;

- les vraies questions : quelle Eglise ? quels prêtres dans cette Eglise Peuple de Dieu ?

II - MONDE, EGLISE, COMMUNAUTES, MINISTERES

La première journée de la session de Tours a été consacrée à accueillir les monographies de jeunes en recherche, à y discerner des dynamismes. Sur l’un des panneaux où un carrefour présentait ses conclusions, s’inscrivait cette analyse dont on a ressenti l’importance à tout instant :

Quatre mots reviennent dans les monographies :

MONDE - EGLISE - COMMUNAUTES - MINISTERES

Le dynamisme existe chaque fois que les jeunes constatent qu’entre ces "réalités", ça peut fonctionner, et même que ça fonctionne.

Que faire pour que "ça fonctionne" ? Le carrefour des aumôniers d’Action Catholique propose ici ses convictions sur ces conditions d’éveil et d’accompagnement pour une juste situation des vocations au ministère. Ces exigences critiquent sans doute notre attitude en bien des cas.

Où en sommes-nous ?

Des jeunes de 18-22 ans se présentent, qui pensent au sacerdoce. Ils se révèlent en des situations très différentes, en une "fourchette" qui va

- du jeune qui a un projet d’être prêtre, mûri individuellement,

- au jeune qui a conscience qu’il vit et fonde l’Eglise avec d’autres là où il est, et c’est dans ce dynamisme que naît le projet de ministère.

Alors

Nous, aumôniers en M.O., M.I., M.R., nous ne pouvons nous contenter, nous satisfaire à trop bon compte : "tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil et valable". Il nous paraît important pour l’éveil et l’accompagnement de ces jeunes de VERIFIER :

1) Leurs "RACINES" HUMAINES :
ex. : comment, à partir de la générosité naturelle de tel jeune dont on a parlé dans les monographies, on va l’aider à découvrir la dimension collective de ce qu’il vit, on va "vérifier" qu’il vit des solidarités, etc.

2) qu’ils perçoivent et vivent concrètement la "MISSION" de l’Eglise :
ex. : prendre des moyens pour "lire la vie", pour s’engager avec d’autres, progressivement discerner dans ce qui se vit une parole de Dieu qui nous est adressée, un "appel".

3) qu’ils expérimentent la réalité d’une "FONDATION" d’Eglise : ex. : jeunes en J.O.C., en J.I.C.
Ne pas attendre que l’équipe existe pour se mettre en route ..., mais en fait, la créer.

4) qu’ils perçoivent leur situation, leur "VIE", dans la CONTINUITE d’un peuple, dans une "HISTOIRE" :
ex. : Monde ouvrier ... des jeunes en J.O.C. dialoguent avec des militants A.C.O. ... "histoire" du monde ouvrier, d’un peuple qui se construit, diversifié, dans le TEMPS. En Monde rural et Monde indépendant, cette prise de conscience d’une "histoire" commence, le Monde ouvrier en a davantage "l’expérience".

5) que leur projet soit sans cesse "VERIFIE" en des "LIEUX" où l’Eglise (laïcs, prêtres, religieux, etc.) authentifie leur démarche :
ex. :

- l’équipe nationale J.I.C en prend souci,

- la mise en place en J.O.C. des équipes "Eveil et Recherches" =GFO

- ce sont souvent les fédéraux J.O.C., par-delà les aumôniers, qui interpellent, qui posent le plus profondément des questions en ce sens (cf. Jean).

REMARQUES :

A/ Ces convictions nous interpellent tous, à quelque endroit que nous nous trouvions, quel que soit l’âge de ces jeunes, AVANT et APRES cette tranche d’âge de 18-22 ans.

B/ Si nous (aumôniers), nous sommes très nets quant aux conditions d’éveil et d’accompagnement, nous ne sommes pas sectaires quant à la démarche de chaque personne.
Nous avons conscience que la démarche, la requête ou la disponibilité de tel jeune n’est qu’une "émergence" d’un projet qui comporte bien d’autres réalités et valeurs cachées ou encore inexploitées.
Comparaison de l’iceberg : 8/10e sont au-dessous du niveau, il s’agit de travailler ensemble à faire "émerger".