Fiches pour éducateurs pour l’éveil des vocations des jeunes de 12 à 22 ans


Ces fiches, élaborées par les responsables diocésains des services de vocations de la région Centre-Est, sont destinées à tous les éducateurs (prêtres, religieux, religieuses, laïcs : parents, responsables de mouvements, de catéchèse ...) qui portent le souci de l’éveil des vocations.

Elles ne proposent ni des recettes ni des questionnaires tout faits pour les jeunes eux-mêmes. Elles veulent plutôt souligner les attitudes fondamentales de tout éducateur en face d’un jeune de 17-22 ans.

- Tout d’abord, quelques questions préalables qui paraissent essentielles.

- Puis des thèmes importants, à partir desquels on peut faire réfléchir des jeunes et, en même temps, se situer devant eux :

• connaissance réciproque ;
• sens de la vie ;
• Tiers-Monde : développement et foi ;

puis, à paraître ultérieurement :
• responsabilité - engagement - service ;
• influence et importance des événements ;
• les communautés interpellent ;
• prière et contemplation comme activités vitales ;
• "l’annonce de Jésus-Christ : ça vaut la peine"...

QUESTIONS PREALABLES

Nous avons des dialogues avec des jeunes, garçons et filles. Leur avenir est encore imprécis, leurs projets sont flous... Comment les aider à voir clair, à entendre les divers appels possibles, à choisir ? Nous sommes souvent hésitants sur l’attitude à adapter. Or, il y a peut-être bien une voie entre la directivité et le silence. Pour cela, il paraît indispensable de se poser les questions suivantes :

Qui suis-je ? Mon propre appel, mon évolution, mon histoire. Les expériences qui m’ont marqué et orientent ma vision des choses. Mon enracinement (milieu — famille - éducation - culture). Les relations avec ma famille ; mon caractère, mon affectivité. Les engagements concrets qui polarisent mon intérêt.

Qui suis-je pour lui, pour elle ? Une personne d’une autre génération ? qui "sait", qui a un rôle ? Représentant d’une institution, d’une hiérarchie, ou "marginal" ? Témoin d’autre chose ...

Il (elle) est à accueillir et à connaître : mon but premier n’est pas de répondre à des questions, même s’il y a des réponses à faire. C’est une "personne" qui vient à moi, dont j’ai à accueillir et à comprendre la démarche pour l’aider à se révéler à elle-même.

Dans ces rencontres, les deux sont modifiés et une prise de conscience s’effectue des potentialités, des possibilités, des désirs réels. On est porté à faire attention à celui qui nous habite et nous conduit à vouloir ceci ou cela.

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CONNAISSANCE RECIPROQUE

Cette fiche ne présente pas un "thème" à proprement parler ; mais créer une relation entre deux personnes apparaît essentiel dans tout dialogue en fonction d’un éveil. A ce titre, ce qui est exprimé ici est premier et conditionnera la suite, même si, comme il est bien certain, toute, pédagogie est progressive. Dans "nos questions préalables", quelques points ont été soulignés sous forme d’un avertissement ; ces lignes en sont la suite et les précisent.

1. - Accueil sans condition :

  • Dieu se manifeste à moi à travers celui que je rencontre. Discrétion, attention, respect.
  • Me rendre attentif à cette conversation.
  • Souci de ne pas porter sur l’autre un regard pour le modifier et l’amener là où jo désire, mais l’éveiller à lui-même.
  • Regarder avec un regard neuf la personne que je rencontre... sans projeter sur elle un idéal ou un projet qui est mien.
  • Me rendre accueillant en écoutant avec .sympathie, en interrogeant cette personne sans rompre son élan spontané.
  • Me redire qu’il (elle) ne vient pas chercher une réponse, mais un ami qui accepte d’entrer dans le partage de ce qu’il (elle) vit.
  • Accepter de cheminer avec... , dans l’inconnu du nouveau.
  • Accepter de rechercher ensemble ce que ce jeune peut réaliser, compte tenu de ce qu’il est et du moment où il en est.

2. - Accueil de l’autre :

Une connaissance du jeune passe obligatoirement par :

  • une connaissance du milieu familial, père, mère, frères et soeurs...
  • une connaissance du milieu éducatif : milieu premier et milieu scolaire. L’important n’est pas d’élucider une situation de fait mais de saisir la situation .telle que le jeune la ressent :
  • ce que vit le jeune aujourd’hui : copains, amies, centres d’intérêt...
  • ce à quoi le jeune aspire : projets de vie, même les plus .farfelus...
    L’éducateur doit dire peu... suggérer... aider l’expression. Ce qui importe n’est pas, à ce stade là, de juger, d’approuver ou de contredire, mais de voir et de sentir une personne complexe qui vit des situations de fait et des ambiguïtés dans lesquelles elle est à l’aise ou bien s’empêtre.

3. - Etre moi-même :

  • Accepter de me découvrir à l’autre tel que je suis.
  • Avec prudence certes, mais avec le sentiment que seule ma vie est source de témoignage. Un jeune attend avant tout un témoin qui tient debout. Il ne peut y avoir éveil s’il n’y a pas perception de ce qui motive profondément ma vie.
  • Ici la parole, le geste, l’attitude, la rectitude d’intention doivent laisser passer ces valeurs.
  • Cette part indispensable du témoignage de l’éducateur se fait progressivement au gré des rencontres ; mais le souci doit demeurer.
  • Le risque de présenter une façade ou simplement ce à quoi on aspire demeure, mais en contrepartie, cela permet de se découvrir à soi-même qui on est et ce qu’on veut vraiment avec l’authenticité d’une véritable prise de conscience.

Pratiquement, trois remarques :

  • écouter implique se donner un temps, même court, pour l’entretien, en se fixant des limites précises.
  • Répondre d’abord aux sentiments exprimés plutôt qu’aux questions objectives. A ce stade, il est important de veiller à ne pas enseigner et on doit s’attarder à éclaircir avec soin toute expression critique du jeune en face de soi.
  • Si une réponse objective à des questions devient nécessaire, se donner un temps pour cela ; prévoir une autre rencontre où on commencera par cette question, mais éviter de mélanger ce qui est expression de la vie" du jeune et réponses intellectuelles à des questions : cela n’est pas le plus important.

En conclusion : il faut établir une relation profonde : patience, respect, temps, sont des éléments indispensables. Notre foi en J.C. s’exprimera par ces qualités qui dévoileront qu’une liberté entre en relation avec une autre liberté.

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SENS DE LA VIE

l. - Découvrir les attitudes des jeunes devant cette question du sens de leur vie :

1) Les 16-20 ans ont besoin de chercher un sens à leur vie, même si dans l’ensemble, ils ne le trouvent pas. C’est capital pour eux. Question de la finalité de leur existence : "pour quoi je vis ? Pour quelle cause je me donne ? Pour qui ?" Au coeur de cette question du sens à donner a leur vie, affleure souvent la question plus fondamentale : "la vie a-t-elle un sens ?"

2) "A quoi vibre ce jeune ?" c’est par là que la question du sens de sa vie peut être perçu par nous. Qu’est-ce qui polarise sa générosité ? En vue de quoi . ?. A travers une "cause" à laquelle il se donne (ex : s’occuper d’handicapés.), chercher pourquoi, à ses yeux, cela en vaut la peine. Dans ce "service", a-t-il un "projet spirituel" plus ou moins caché ?

3) "Je veux faire quelque chose, et quelque chose de sérieux, maintenant". : Les jeunes ont besoin d’agir et de réaliser quelque chose qui réussisse. Ils sont capables de se donner maintenant tout entiers (même si "plus tard on verra"...) A travers ce qu’ils font en réalité, savoir découvrir le sens qu’ils donnent à leur vie, même si par ailleurs ils déclarent dans leurs paroles que leur vie n’a guère de sens. Savoir "libérer l’espérance" qui est en eux.

4) Pour les jeunes du monde ouvrier, la découverte du sens peut se faire à travers le regard qu’ils portent sur l’action de tel ou tel militant qui leur sert de "modèle", et à travers ce projet collectif du monde ouvrier où ils . sont immergés.

Pour les scolaires et étudiants, besoin ressenti de repères intellectuels pour étayer leur réflexion, tout en remarquant qu’ils les trouvent difficilement dans les philosophies qui s’affrontent ("les belles doctrines toutes faites").

5) Les jeunes se veulent en attitude de recherche : une orientation définitive leur semble impossible à leur âge, mais seulement "une orientation de recherche pour les quelques années suivantes". "On ne trouve pas un sens une fois . pour toutes, on le recherche toujours ; les idées qu’on peut avoir aujourd’hui sont autant d’approches possibles d’un sens profond" (réflexions de jeunes).

2. - Nos attitudes fondamentales d’éducateurs :

En l’éducateur, la foi en Jésus-Christ doit pouvoir être un éclairage pour le jeune. Mais il ne saurait se mettre à la place du jeune à qui seul revient de faire cette découverte fondamentale. L’éducateur doit seulement lui apporter des éléments pour une relecture chrétienne de sa vie ("Notre coeur n’était-il pas tout brûlant…", disciples d’Emmaüs).

1) Donner un témoignage vrai : sera refusée des jeunes toute attitude d’adulte qui veut, coûte que coûte, maintenir des principes moraux et qui n’est pas d’abord passionné pour la réussite totale de l’homme. Sera accepté celui qui montrera simplement que sa foi de chrétien lui permet de vivre à plein sa vie d’homme ou de femme, d’aller jusqu’au bout de ses questions, d’affronter la réalité quotidienne...

2) Laisser les jeunes prendre des initiatives où ils puissent engager leur responsabilité. Ils ont un besoin vital d’un espace de liberté et d’invention : Ils y découvriront peu à peu, cahin-caha, un "sens" à leur vie. Il faut marcher pour découvrir son chemin...

3) Aider les jeunes, à relire leur vie : dans ses étapes importantes, ses transformations, les moments-clés, les seuils franchis.., dans sa progression et sa continuité.

Et toute cette histoire du jeune, la relire nous-mêmes à la lumière de Jésus-Christ : comment, moi, je perçois Jésus-Christ vivant en lui ? Et que le jeune puisse dire de lui-même : "Oui, Jésus-Christ était là !"

4) Aider les jeunes à avancer en fonction de la lumière qu’ils ont déjà pour trouver celle qu’ils n’ont pas encore .’"devant quel choix suis-je actuellement Sur quoi Jésus-Christ m’éclaire-t-il aujourd’hui ? Quelles exigences en découlent pour moi ?".

TIERS-MONDE : DEVELOPPEMENT ET FOI

Ne confondons pas "moyens de vivre" et "raisons de vivre" !

Une assistance technique qui n’apporterait que des "moyens de vivre"ne suffit pas à éliminer certains dangers majeurs qui menacent le Tiers-Monde : oppression d’un groupe par un autre, non-reconnaissance de la dignité et du droit à la responsabilité de chaque personne, manque de solidarité entre les individus ou entre les peuples...

Pour moi, la Foi apporte, la meilleure des "raisons de vivre" : Jésus-Christ révèle à l’homme sa dignité et le sens de sa vie ; il l’engage à lutter pour la justice, à participer à la transformation du monde. Il appelle à s’épanouir dans un amour qui dépasse toutes les barrières et frontières humaines.

Une manière de vivre l’Evangile à l’échelle du monde :

Pour faire connaître ces "raisons de vivre", pour annoncer l’Evangile, il faut bien connaître les hommes et même partager leur vie. C’est ce dialogue de salut" qui pousse certains baptisés à quitter leur communauté pour aller partager l’existence d’une autre communauté... Temporairement ou pour toujours.

1.- Attitudes de jeunes devant le Tiers-Monde et son évangélisation :

  • Ils confondent parfois "technique" et "civilisation" : des "sous-développés" seraient des "non-civilisés" ou des "peu civilisés".
  • Ils font preuve soit de racisme, soit d’un engouement à connaître tout ce qui est étranger ; parfois même les attitudes coexistent !
  • Ils sont facilement généreux pour aider au développement matériel. Par contre, ayant eux—mêmes des doutes sur leur foi, ils doutent du bien-fondé de la propagation de cette foi ; en particulier, ils craignent que l’apport de l’Evangile ne respecte pas la liberté des gens.
  • Ils se sentent souvent impuissants devant les problèmes du Tiers-Monde.

2.- Notre attitude dans le dialogue :

  • Savoir pourquoi ce jeune vient aujourd’hui me parler du Tiers-Monde.
  • Savoir ce qu’il connaît du Tiers-Monde .et quelles sont ses sources d’information : lectures, T.V., rencontre de gens qui en reviennent, simplement des "on dit".
  • Savoir ce qu’il pense du Tiers-Monde, et à ce propos l’aider à avoir un regard neuf en face d’un monde différent : un outil d’analyse pour notre propre monde (grille J.O.C., grille marxiste...) n’est pas forcément adapté pour l’analyse d’un autre monde. Ce sera le moment de lui suggérer telle lecture, la rencontre de telle personne, ou plutôt tel organisme qui l’aidera à renouveler son regard.
  • Rechercher avec lui en quoi le Tiers-Monde nous interpelle et nous engage à l’action : notre standing de vie, rencontre du Tiers-Monde présent chez nous, engagement plus radical avec départ pour le Tiers-Monde...

3.- Quelques moyens de recherche :

Organisme
SERVICE ET DEVELOPPEMENT - 47, montée St-Barthélémy, 69005 - LYON

Des adresses :
SELF SERVICE JEUNES - CCFD, 47 quoi des Grands Augustins, 75006 PARIS
Revue MISSION DE L’EGLISE - 12 rue Sala, 69002 LYON (spécialement le n° 11)
Revue PROMESSE dans le numéro 65 de février 1972

Et voir, dans chaque diocèse, le Délégué épiscopal à la Coopération Missionnaire.