Session régionale d’aumôniers


Ces pages ne sont pas un compte rendu de session, mais l’expression de quelques convictions et interrogations fondamentales des participants, au terme de deux journées de recherche commune.

La rencontre avait été préparée par écrit, par chaque aumônier, sous la forme d’une monographie. L’essentiel de la session a consisté dans un travail de groupes, en vue d’un partage des monographies, et dans des assemblées plénières, pour une mise en commun et un approfondissement de questions précises.

Toutes les réflexions qui suivent découlent directement de l’expérience, riche mais limitée, des participants. Elles ne rendent compte des échanges que d’une manière partielle et abstraite.

I - LE CHEMINEMENT PERSONNEL DES JEUNES "EN RECHERCHE"

A - Convictions

- par rapport à la vie des jeunes :

  • Nous devons être attentifs à la vie du jeune, l’envisager comme une histoire et un cheminement. Nous notons l’importance de la famille et des problèmes familiaux dans la recherche d’une vocation et pour comprendre le jeune. Toutes les dimensions de sa vie ont leur importance ; elle est comme un miroir où il se révèle. L’éducateur doit être attentif à la façon dont le jeune la comprend et l’assume.
  • Le lien entre la foi et la vie du jeune nous est apparu fondamental. Notre première préoccupation réside en ceci : est-ce que le projet du jeune s’inscrit dans sa vie de foi d’aujourd’hui ? Notre tâche consiste à l’aider à prendre conscience que ce lien est nécessaire et à l’établir.
  • L’engagement apostolique du jeune dans un mouvement est d’abord fidélité à sa vocation de baptisé. Il représente un élément essentiel dans la recherche d’une vocation particulière, au niveau de l’approfondissement d’un projet d’avenir et de la vérification de son sérieux. Les vocations spécifiques se greffent sur la vocation baptismale.
  • Nous découvrons l’importance d’une équipe de jeunes pour éclairer la recherche la soutenir, et permettre au garçon de confronter son projet avec celui des autres.
  • Nous avons perçu la nécessité d’un témoignage collectif des prêtres et des religieux que rencontre le jeune, et ceci pour plusieurs raisons : le gars doit découvrir la réalité du sacerdoce ministériel et non simplement tel prêtre, l’éventail des tâches sacerdotales et "religieuses", la diversité des éducateurs avec leurs richesses et leurs limites...

- par rapport aux traits caractéristiques de ces jeunes : Nous percevons chez eux :

  • Un appel à une vie d’intimité avec le Seigneur, même lorsque leur conduite extérieure semble le démentir.
  • Un réel souci des autres : "Jean-Pierre est soucieux de son copain qui ne réussit pas en maths".
  • Le sens des réalités qu’il faut assumer, surtout chez les garçons du second cycle : Xavier porte le souci de sa famille... Jean-Paul dit à la fille qu’il rencontre : "il faudra se séparer"...
  • Des motivations nombreuses par rapport à leur projet : variables selon les âges et les situations, depuis un désir d’évasion d’un milieu familial trop opprimant, jusqu’à des motifs sérieux accompagnant un enracinement familial et apostolique.
  • Le souci chez certains d’intégrer l’exercice d’un métier dans la fonction sacerdotale ("je voudrais être ingénieur et prêtre"), et ceci pour permettre de nouvelles options éventuelles, pour des raisons d’efficacité visible, pour faciliter des contacts naturels avec les gars...

- par rapport a leurs désirs du sacerdoce :

  • Ces jeunes sont sensibles à l’engagement personnel du prêtre. Sa générosité attire.
  • En fonction de leur propre vie de foi et de leurs engagements, ils sont très ou peu attentifs à la foi personnelle du prêtre et à son esprit missionnaire.
  • Les jeunes apprécient beaucoup les qualités humaines du prêtre : sens de l’accueil, disponibilité, écoute des personnes, présence à la vie des hommes, équilibre... Cet aspect semble éclipser tous les autres, surtout dans un premier temps.
  • Ils sont par contre profondément choqués par la désunion des prêtres entre eux, le manque de liens fraternels.
  • Ils sont attirés par le prêtre qui croit à ce qu’il fait, vrai dans -ses gestes et ses paroles.
  • Ils découvrent le prêtre en contact avec les personnes, les jeunes en particulier animant des réunions, au service de l’unité dans sa fonction de "rassembleur".
  • Ils sont marqués par les prêtres qui sont proches de leur vie de jeunes, et les aident à donner un sens à leur vie.
  • Les plus engagés dans un mouvement apostolique découvrent le prêtre au service d’un Peuple, et cette perspective renforce leur projet personnel.
  • De plus en plus, ils sont frappés par l’écrasement des gens dans une société évolutive et leur désarroi dans le monde actuel. "Ces appels en creux" sont pour certains une première interrogation en vue d’un sacerdoce possible.
  • Les réactions des jeunes devant "les départs des prêtres" semblent différentes des nôtres. Ils ont tendance à relativiser l’importance de ces départs, a cause de leurs propres réactions devant tout engagement définitif, de la place faite à l’épanouissement humain dans la vie des personnes, mais aussi parce qu’ils ne perçoivent pas suffisamment le sérieux des problèmes sacerdotaux.

B - Questions

  • Comment pouvons-nous connaître en profondeur des jeunes que nous ne voyons qu’en groupes et sporadiquement ?
  • Comment les suivre entre les rencontres ?
  • Quelles relations établir entre les prêtres qui rencontrent ces jeunes habituellement et nous ?
  • Comment leur faire découvrir la véritable mission du prêtre, non pas seulement au niveau du faire, mais de l’être sacerdotal. Ex : on demande parfois aux jeunes d’apporter des réactions sur le prêtre ! Pense-t-on suffisamment à leur faire connaître les préoccupations des prêtres ? Il peut être intéressant de savoir comment un prêtre a préparé Noël ou visité un quartier urbain. Mais c’est insuffisant. Il est fort important de connaître les réactions de ce prêtre face aux gens qui n’étaient pas à la messe de minuit ou aux personnes incroyantes du quartier. Sommes-nous les témoins de ce que nous vivons ?

II - LES RENCONTRES DE DIASPORA

A - Convictions

- Nécessité des rencontres :

  • Une pédagogie de la vocation passe aujourd’hui par une pédagogie du groupe. * Un projet personnel ne s’épanouit qu’à l’intérieur d’un projet communautaire.
  • Le partage entre jeunes revêt une importance capitale :
      • pour une éducation réciproque et une confrontation des projets personnels,
      • pour l’approfondissement du lien entre la vie et la foi, et ainsi la découverte des motivations essentielles d’un projet d’avenir ;
      • pour une célébration authentique de cette recherche.

- La spécificité de la diaspora :

Elle n’est pas concurrentielle avec les mouvements.

  • ou bien, elle prépare l’engagement dans un mouvement,
  • ou bien, elle arrive comme un complément, pour une recherche en référence au projet de vie sacerdotale ou religieuse.

B - Questions

La spécificité fait problème dans certains cas. Par exemple, comment réagir devant des adolescents de 14-16 ans qui n’ont pas ou n’ont plus de projet de vie sacerdotale ? Que faire lorsque les gars semblent rester à la diaspora seulement pour l’amitié qu’on y trouve ? Comment prendre appui sur ce besoin de vie fraternelle pour un dépassement vers les autres ?

III - LE TRAVAIL AVEC LES AUTRES PRETRES OU RELIGIEUX

  • Il nous paraît important de partir de la vie, des témoignages de jeunes et de leurs relations, d’aider les prêtres à être attentifs à cette vie, de les visiter lorsqu’ils connaissent des jeunes en diaspora, de provoquer la rencontre de tous les prêtres qui suivent les mêmes jeunes en différents secteurs de leur vie : école, paroisse, mouvements etc.
  • Il est aussi nécessaire de faire découvrir aux prêtres qu’il y a, de fait, des jeunes qui aujourd’hui pensent au sacerdoce ou à la vie religieuse. Les témoignages de jeunes déjà en recherche peuvent être un excellent moyen pour y parvenir.
  • Il est expédient de demander à d’autres prêtres qu’aux aumôniers habituels de ces jeunes d’animer un week-end vocation ou une récollection. C’est aussi une bonne façon de les sensibiliser à ce problème.
  • Tous ces efforts peuvent contribuer à valoriser le sacerdoce des prêtres.
Reims, le 29 décembre 1970.