Dans la région parisienne : deux expériences de groupes de recherche


Lors d’une rencontre de responsables des vocations pour la région parisienne, Soeur Monique relatait ainsi ces expériences et précisait les conclusions qui s’en dégagent.

Jusqu’à ces dernières années, une jeune fille qui s’orientait vers la vie religieuse poursuivait habituellement sa recherche d’une façon assez individuelle : direction spirituelle, rencontre avec une ou plusieurs communautés, recherche et approfondissement de la vie chrétienne, ouverture apostolique étaient les seuls points d’appui pour discerner et préparer une vocation religieuse.

La participation à un mouvement, des liens avec prêtres, religieuses, laïcs, qui jalonnaient la route, permettaient sans doute à une telle démarche de s’insérer dans l’Eglise. Mais elle apparaissait avant tout comme une aventure personnelle.

Et pourtant, une vocation religieuse, comme la vie religieuse elle-même, n’est-elle pas essentiellement une affaire d’Eglise ?

La recherche pour une pastorale des vocations s’inscrit dans cette conscience d’une responsabilité d’Eglise.

Elle répond en même temps à un fait nouveau : de plus en plus, spontanément, des jeunes filles qui pensent à la vie religieuse demandent à confronter entre elles leur démarche, à mûrir leur projet dans une vie d’équipe.

Ainsi se font jour de nouvelles formes de cheminement vers la vie religieuse : les "groupes de recherche" qui surgissent ici ou là en sont des manifestations.

Pour bien préciser les choses, il ne sera pas ici question d’autres groupes où, comme dans toute communauté chrétienne, peuvent s’éveiller ou se révéler des vocations religieuses, mais des deux "groupes de recherche" qui sur la région parisienne, réunissent des jeunes filles à qui se pose l’éventualité d’une vocation religieuse. Leur aumônier est le Père REVILLON ; des religieuses, responsables de formation sont d’accord avec cette expérience et sont partie prenante de cette recherche. Elles la suivent dans leur travail avec le Service Inter diocésain des vocations.

Si d’autres "groupes de recherche" existent, nous serions heureux d’en être informés.

Le but de cette intervention est donc principalement de vous présenter ces deux groupes connus et, dans un second temps, d’ébaucher quelques réflexions à propos des jeunes filles en recherche de leur vocation.

I - LES GROUPES DE RECHERCHE

1) Le groupe "AVENIR" est né, il y a un peu plus d’un an.

Une jeune fille, après lecture d’un bulletin de "Vocations", s’adresse au Père de CHALENDAR, celui-ci la renvoie au Père ROMARY. Elle a déjà fait partie en province d’un groupe de recherche. A Paris depuis peu de temps, elle y a pourtant contacté d’autres jeunes, dont la préoccupation rejoint la sienne. Elles souhaitent se retrouver et réfléchir ensemble.

Pendant un an, des rencontres régulières vont se poursuivre, avec des aléas divers, correspondant à l’évolution de ses membres, les unes quittant le groupe, les autres ou les mêmes y amenant de nouveaux éléments.

Cette année, le groupe est reparti début octobre avec six jeunes de Paris et de la banlieue, entre 19 et 23 ans.

Toutes pensent avoir une vocation à la vie religieuse, certaines sont en lien avec des communautés précises, mais aucune n’a encore fait de choix décisif.

De divers milieux sociaux, elles ne se sentent pas marquées par l’appartenance à un milieu donné, ni rassemblées par leur vie apostolique, mais uniquement par leur recherche commune.

Leurs réunions ont lieu toutes les trois semaines, elles-mêmes ont ainsi précisé leur but :

  • aider chacune à améliorer les conditions actuelles de cheminement dans sa relation à Dieu et aux autres pour mieux répondre aux appels du Christ dans la vie de tous les jours.

    "Nos rencontres, disent-elles, sont organisées en fonction des besoins de chacune et doivent permettre à toutes de s’enrichir des diverses expériences dans leur recherche commune pour vivre le mystère de Jésus-Christ aujourd’hui"

Voici les questions qu’elles se sont posées pour l’une de ces réunions :

  • nous avons rencontré des personnes de façon plus ou moins profonde , ces rencontres ont-elles été pour nous signes d’une rencontre de Jésus-Christ ?
  • avons-nous été interpellées par Lui notre vie d’aujourd’hui ? pour notre recherche ?
  • les avons-nous portées dans la prière ?

Elles notent le rôle du prêtre qui pourra être d’animation pour favoriser l’expression de chacune, qui sera surtout de permettre la lecture de la vie dans la foi au Christ, pour y percevoir ses appels et de rassembler l’équipe dans une prière commune.

2) La J.O.C.F. est à l’origine de l’autre groupe.

Depuis 1968, des sessions sont organisées par le mouvement pour répondre au désir de jocistes aînées qui pensent à une vie consacrée. Très vite s’est posée aux participantes la question du prolongement de telles sessions.

C’est ainsi que sur Paris, deux d’entre elles ont exprimé le besoin de se retrouver pour continuer ensemble leur cheminement. Une lettre est alors envoyée aux douze de la région parisienne qui ont participé aux sessions nationales précédentes. Dix ont répondu, dont huit souhaitent se retrouver pour une démarche commune ; des deux autres, l’une est mariée, l’autre entrée en vie religieuse.

Cette équipe de recherche rassemble donc une dizaine de jocistes (d’autres s’y sont ajoutées dont une venue de province, déjà postulante dans une congrégation). Ce sont toutes des "aînées" (20-24 ans) en responsabilité apostolique, conscientes d’appartenir au monde ouvrier, et se posant la question d’une vocation religieuse.

Telles sont les conditions pour faire partie du groupe. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle équipe de J.O.C.F., ou d’une suppléance, mais d’une sorte de relais, qui suppose vie militante, appartenance au monde ouvrier, recherche vers une consécration.

Le groupe qui se réunit pour un court week-end, deux fois par trimestre, s’est donné quatre lignes de force :

  • partager la vie ouvrière pour y lire les signes"du Royaume en monde ouvrier,
  • partager les responsabilités apostoliques et ce que l’on y vit.
  • reconnaître Jésus-Christ dans toute cette vie : monde ouvrier, travail, vie militante...
  • se ré-interroger face à l’appel à une vie consacrée demain.

Des premières rencontres où chacune a donné son cheminement de vocation et s’est laissée interpeller par les autres, des points d’attention se sont dégagés :

  • la vocation religieuse, affaire personnelle ou service d’Eglise ?
  • le choix d’une communauté, en fonction de ce que l’on est et de ce que l’on vit ?
  • le lien entre le mouvement ouvrier et l’évangélisation ;
  • notre place personnelle dans le peuple de Dieu, la communion des saints.

II - QUELQUES REFLEXIONS

1) Incontestablement, ces groupes répondent à une attente, une aspiration, au moins pour certaines, et peuvent favoriser un premier discernement, une première préparation à une vie consacrée.

Comment ?

Ils réalisent une expérience de partage de vie en Eglise, sans retirer les jeunes de leur milieu de vie.

Ainsi, c’est dans l’affrontement aux réalités quotidiennes (travail, loisirs,...) et dans la relation aux autres que grandiront vie baptismale et conscience apostolique.

On peut remarquer que, dans l’un et l’autre groupe, les jeunes filles sont renvoyées à ce qu’elles vivent au moment même, pour y reconnaître leur enracinement humain, donc leur propre milieu de vie, y découvrir les appels de Dieu aujourd’hui et y répondre déjà dans un engagement apostolique.

Cette ligne de conduite repose sur deux convictions :

  • il s’agit de faire des adultes, c’est-à-dire des femmes qui assument leur vie, ou en voie de le faire.
  • C’est dans la mesure où l’on prend des responsabilités apostoliques que l’on découvre mieux concrètement l’appel de Dieu.

2) Les routes suivies pourront être diverses : ces convictions devront animer ceux qui accompagnent d’une façon ou de l’autre une jeune fille dans sa recherche de vocation.

Concrètement, pour tout cheminement, il nous faudra donc poursuivre fermement quelques pistes :

  • une vie adulte, ou en train de le devenir, suppose :
    • la connaissance de soi et de sa "culture",
    • la découverte de son affectivité, et notamment dans les rencontres masculines,
    • la prise de responsabilités,
    • l’expérience d’une vie de travail, avant toute entrée dans une communauté.
  • une vie baptismale et l’éveil d’une conscience apostolique appellent :
    • la fidélité à une vie personnelle un peu "charpentée" quant à la prière et aux sacrements, . - o .
    • une expérience d’Eglise (notamment par la participation à un mouvement).

De tout cela, les prêtres, les religieuses et les laïcs dans l’es mouvements sont responsables.

Il n’en reste pas moins qu’une jeune fille aura normalement besoin d’être "accompagnée" personnellement dans sa recherche. Le groupe de recherche ne dispense donc pas d’un dialogue personnel avec un prêtre. Il le demande même pour que la jeune puisse faire siens les appels perçus dans la recherche commune.

Enfin le dialogue avec une communauté, et une religieuse attentive au cheminement de la vocation dans la vie permettra de préciser une orientation.

L’expérience confirme que ces relations diverses (prêtre, religieuse, chacun tel qu’il est) favorisent liberté et maturité. En se complétant, elles aident une personnalité à se révéler et à trouver la réponse à donner à l’appel du Christ.

Soeur Monique BLONDEL