Rapport sur les séminaires-collèges


Une enquête a été effectuée, à la demande du Centre National des Vocations, auprès de 32 séminaires-collèges. 19 ont répondu. Voici les résultats de cette enquête.

I - La première donnée, et certains l’expriment avec vigueur, c’est la satisfaction éprouvée par les collèges-séminaires que le Centre National se penche sur les réalités qu’ils représentent.

"A titre indicatif, écrit un Supérieur qui déplore le manque de coordination, c’est la première fois que le National nous interroge.... Ce n’est pas que nous prétendions apporter une solution à quoi que ce soit, nous avons conscience de nos incertitudes et de nos limites, nous n’avons l’impression que de commencer de découvrir seulement les vrais problèmes. Nous regrettons seulement d’avoir eu l’impression d’être un peu seuls..."

"Depuis plusieurs années, je souhaitais que le Centre National s’occupe un peu plus des collèges-séminaires. Je vois que l’idée progresse, et je m’en réjouis."

II - ORIGINE

La plupart des maisons se sont transformées en séminaires-collèges avec la diminution d’entrées en sixième des vocations déclarées.

"La décision a été prise à ce moment-là d’ouvrir le petit séminaire à un certain nombre de collégiens étant donné la pénurie de vocations sérieuses chez nous".

"Un fait brutal allait s’imposer : les rentrées de sixième de 1962-63 sont catastrophiques : une dizaine d’élèves au lieu de la trentaine habituelle. Quant au niveau scolaire ! ... Ce problème comportait par voie de conséquences une incidence financière grave, et pour compliquer les choses, l’échéance de la réforme de l’enseignement avançait comme un rouleau compresseur. On ne pouvait faire autrement que de s’y atteler ; nous l’avons fait pendant toute l’année 63-64, en équipe de prêtres, avec notre jeune évêque qui vint à plusieurs séances de travail, en liaison aussi avec les équipes de doyenné".

III - LE FONDS COMMUN

La grande majorité est constituée de pensionnaires, volontaires pour un style de vie.

Le recrutement : on ne prend pas n’importe qui.

"Dans le dépliant qui est envoyé aux Parents désirant présenter un élève dans la Maison, nous mettons en tête le texte suivant : "L’Ecole Sainte Marie a pour but premier l’éducation et l’instruction d’enfants et de jeunes gens qui présentent des signes sérieux de vocation et qui veulent répondre à l’appel du Christ et de l’Eglise vers le sacerdoce. Aussi, la règle de vie et l’esprit qui doivent régner sont-ils commandés avant tout par cette destination et rien ne saurait diminuer les exigences qui en résultent.

L’Etablissement reçoit également des enfants confiés par leur famille, indépendamment de toute idée actuelle du sacerdoce pour leur avenir, en vue de former des hommes et des chrétiens, instruits de leur foi et ouverts à toutes les préoccupations du monde présent."

"Nous demandons à tous nos élèves d’avoir le désir sincère de bénéficier d’une éducation chrétienne sérieuse. Quelques jeunes, venus sans aucun projet de vocation, sont finalement entrés au grand séminaire".

"Le séminaire garde sa mission de soutien et d’éducation des vocations. Le séminaire est cependant ouvert à d’autres garçons, volontaires pour le genre d’éducation chrétienne exigeante qui y est proposée et aux conditions suivantes :

  • être de famille positivement chrétienne
  • avoir le niveau scolaire suffisant pour entrer en 6e
  • avoir les dispositions suffisantes quant au caractère, à la droiture et à la générosité (somme toute, les critères objectifs d’une vocation)."

"A mi-chemin, toujours entre petit séminaire et collège, disons plus "petit séminaire" que collège. Santé "humaine" - acceptation des conditions de vie offertes. Si possible, éclairage cherché auprès des curés de la paroisse. On ne néglige pas du tout l’intention "spécifique" du Sacerdoce.

A tous, spécialement aux internes, est offerte une possibilité de vie spirituelle. La saisissent davantage ceux qui ont un projet plus précis."

L’institution est à la fois un séminaire de jeunes de la 6e à la Terminale pour les garçons et jeunes gens qui désirent être prêtres, soucieux d’approfondir et de préciser leur vocation, une institution d’enseignement secondaire catholique, faisant pour le premier cycle, fonction de C.E.S., en coordination locale avec le C.E.G. local et régionale avec les C.E.G. voisins."

L’ensemble des Maisons n’établit pas de distinction entre les élèves. "Il fallait aménager le règlement et le style de notre éducation, en particulier l’éducation spirituelle. Pour ce faire, nous partions de ce principe que le séminaire réunissait les gars décidés à répondre à leur vocation de baptisés dans une perspective apostolique. Nous avions convenu par conséquent de ne pas faire de ségrégation raciale, l’éducation étant la même pour tous."

Une objection vient à l’esprit devant les exigences de MEAUX, par exemple.

"La conséquence première de ceci, c’est qu’au départ, il y a un choix dans le recrutement des collégiens et nous demandons dans toute la Maison un style de vie chrétienne. Chaque fois que nous inscrivons un élève collégien, nous lui posons la question : "Etes-vous volontaire pour une formation chrétienne sérieuse ?" Si la réponse est négative, l’enfant n’est pas accepté à Saints-Marie. C’est, je crois, la condition essentielle et primordiale pour qu’un séminaire puisse être efficace dans la formation des séminaristes."

En rigueur de termes, cette exigence ne peut être tenue quand la Maison est sous contrat. Ou alors il faut distinguer l’internat de la scolarité, et c’est ce que font un certain nombre d’établissements.

Importance du climat.

On tient surtout au climat général de la maison en insistant sur l’ouverture aux autres et l’esprit apostolique.

Les initiatives dans ce domaine sont multiples. Ainsi, pour l’esprit apostolique, exemples cités : alphabétisation des Arabes, des Portugais, conférences de Saint Vincent-de-Paul, catéchisme en banlieue pour les aînés. Pour les cadets et adolescents, activités diverses, par exemple aide aux "Papillons Blancs" équipes de Scouts, de J.E.C., J 2, etc..

Une communauté dynamique - "II est capital d’offrir aux jeunes une ambiance joyeuse, équilibrée, recueillie et silencieuse à certaines heures. C’est ce que nous essayons de faire."

Toutes les maisons insistent en effet sur le temps de formation et de prière. Les modalités varient, mais l’axe se retrouve partout. A Meaux, par exemple, : "Nous tenons à un certain nombre de points, en particulier à la lecture spirituelle qui est faite tous les jours et dans toutes les divisions depuis la Terminale jusqu’à la sixième incluse, et au moyen de laquelle nous essayons de maintenir à Sainte Marie un esprit parfaitement déterminé."

Ici, la réflexion se fait en équipes de cinq ou six avec un prêtre.

Parfois, on ménage des temps consacrés à la formation spirituelle. Partout, les élèves ont la possibilité de participer à l’eucharistie. Partout on insiste sur la relation avec un père spirituel. Le propre de ces établissements, c’est de donner cette possibilité aux élèves.

Les récollections.

Au cours du trimestre, il existe des temps forts de reprise spirituelle, par exemple des récollections d’Avent ou de Carême, ou une semaine spirituelle. Ainsi en Novembre, le classe des Grands a pu au cours d’une semaine, faire le point avec un Père jésuite.

Structure de la Maison.

On cherche partout la division en groupes qui permet un rythme d’animation et de vie spirituelle adapté à chaque groupe. Là où on ne le fait pas, on en souffre.

L’animation en groupe paraît également capitale ; pour l’assurer, des prêtres refusent le temps plein. "Pour cela, certains prêtres ont refusé d’enseigner à temps complet parce qu’ils ne veulent pas que toutes leurs énergies ou presque soient accaparées par l’enseignement profane".

Coordination avec l’extérieur.

1ère coordination avec le Centre Diocésain des Vocations.

Sur ce point, les expériences sont assez variées. Dans certains diocèses, on se méfie du scolaire, là on y croit trop. Dans d’autres cas, par contre, la coordination est assez poussée.

"C’est un point sur lequel il n’y a absolument aucune difficulté. Le Centre Diocésain est animé par un professeur de la Maison, et c’est lui qui est en même temps responsable de la Diaspora. Vous comprenez bien que nous travaillons la main dans la main et dans une entente parfaite. D’ailleurs, actuellement, les réunions de la Diaspora se tiennent chez nous, si bien que pratiquement, nous trustons. Ceci a un certain avantage, car nous pouvons envisager une politique cohérente entre les divers éléments qui constituent le Centre Diocésain".

Lien avec les paroisses.

Animation de messe suivant le rythme moderne par les aînés. "Nous organisons aussi, au cours de l’année scolaire, des journées de vocation dans les paroisses qui nous le demandent. Avec le concours de notre manécanterie, nous assurons la célébration de la grand-messe dominicale : je me charge moi-même de la prédication. Les enfants prennent le repas de midi dans les familles, et l’après-midi, notre chorale donne un concert spirituel".

Rencontre par secteurs.

"Pour qu’ils se sentent moins isolés, nous envisageons, pour la première fois cette année, de les faire se rencontrer un samedi ou dimanche avec d’autres garçons de leur âge qui sont dans d’autres écoles et pensent à une vocation".

En guise de conclusion.

1) L’impression d’ensemble qui se dégage des réponses est qu’il n’y a pas de formule miracle qui opère d’elle-même. Derrière certaines réponses, on sent poindre la tentation des "à quoi bon poursuivre ?" devant le peu de résultats, l’incompréhension des confrères.

"Beaucoup de curés, écrit un correspondant, pensent qu’une vocation sacerdotale s’épanouit très bien dans une grosse boîte sans lien humain...", découragement qui vient aussi de voir les équipes d’éducateurs décapitées ou décimées.

On succombe sous le travail.

oDans d’autres cas, malgré des difficultés quotidiennes, la même formule prend vie : on invente, on essaie de s’adapter à travers les réformes de structure, de régime, la mixité... On n’insistera jamais assez sur le rôle animateur des équipes.

2) L’effort doit porter sur l’éducation de la foi à l’intérieur de laquelle s’inscrit la vocation sacerdotale.

"Car si la vocation consiste en un projet d’avenir (j’ai conscience que Dieu m’appelle pour plus tard), elle s’authentifie dans la réponse personnelle et libre que je donne aux appels de Dieu aujourd’hui, et l’aventure de l’engagement chrétien s’adresse à tout baptisé, non pas seulement à ceux qui ont la vocation", écrit un supérieur.

La tendance des séminaires-collèges est de proposer un soutien à la vocation en conciliant la multiplicité des engagements avec le dialogue spirituel, la réflexion et la prière.

3) Les relais éducatifs. Dans un monde pluraliste se fait jour la prise de conscience qu’aucun élément ne peut parvenir seul à aider un jeune dans sa formation ; mais si l’on pense au clergé, à l’engagement dans les mouvements d’Action Catholique, la place du professeur laïque et des parents, en maints endroits, reste mineure. Or, nous n’aurons des vocations que dans la mesure où le peuple de Dieu les désire.

4) L’humilité. Où va-t-on ?

Le danger de glissement n’est pas exclu ; l’adaptation peut se faire au rabais. Il est difficile de se maintenir sur la ligne de crête.

D’un autre côté, la formule présente un intérêt : pour qui y croit, la vie scolaire offre une occasion de multiplicité de contacts à travers lesquels peut se faire patiemment l’éducation de la foi et de la vocation. Pour éduquer les jeunes, il faut les atteindre. Il y a certes là un moyen privilégié. A nous d’utiliser au mieux l’instrument.

H. DEROUET