Enquête nationale


Au cours du mois de janvier, un sondage a été effectué auprès des responsables de groupes de Diaspora afin d’identifier les Équipes qui se sont constituées, et pour que nous partagions ensemble les réalisations, les recherches et les interrogations exprimées. Nous vous présentons un premier bilan des réponses qui nous sont parvenues.

Un premier fait mérite d’être souligné : c’est le nombre de réponses qui nous ont été communiquées en quelques semaines (plus de 120). Il y a aussi un intérêt très net pour cette consultation qui permet d’apprécier un travail sérieux entrepris par les responsables de groupes. Les réalisations sont diverses : depuis lé dossier remis régulièrement à chaque jeune jusqu’aux récollections régulières, nous trouvons des recherches valables qui sont l’indice d’un souci pastoral prioritaire et d’une espérance lucide, vécue dans un contexte de crise et d’incertitude. Mais les questions ne manquent pas : c’est la partie de l’enquête qui devra retenir notre attention afin de trouver un soutien pour les groupes et leurs responsables.

*
* *

I - VOICI D’ABORD LA PHYSIONOMIE DE CES EQUIPES.

1- Classes dont font partie les jeunes :

6ème 28   2de 36
5ème 35   1ère 37
’ème 45   Terminales 25
3ème 44   - -

Plus de la moitié de ces jeunes font des études classiques, le quart est dans l’enseignement moderne ; une très faible quantité dans l’enseignement technique, agricole ou commercial.

2- Ecoles fréquentées :

Plus de 101 collèges d’enseignement catholique sont signalés ; 55 lycées - 20 C.E.S. - 29 C.E.G. - 7 C.E.T.

Ces chiffres doivent être regardés avec beaucoup de nuances : ils sont approximatifs. Plusieurs familles expriment des interrogations concernant la pastorale scolaire : comment sensibiliser les aumôniers des lycées à la question des groupes de Diaspora ? Comment transformer les structures des écoles catholiques pour qu’elles soient moins un obstacle au témoignage des communautés religieuses et manifestent une vie, une recherche ?

3 - Milieu social des jeunes faisant partie de ces équipes :

monde indépendant 46l
monde ouvrier 289
monde rural 235
sans précisions 205

4 - Ce groupe est-il en articulation avec d’autres formes de diaspora ?

Non 48   Sans réponse 22
  • 26 équipes sont en relation avec d’autres groupes de diaspora du diocèse.
  • 8 équipes sont reliées à un foyer de jeunes. Ces réponses indiquent l’isolement de certaines équipes. D’où la forte demande de relations, d’un lien à inventer pour développer un sens plus large de la mission.

5 - Relations avec les mouvements apostoliques :

  • - Mouvements d’action catholique :
    J.E.C. : 39 équipes - J.I.C. : 7 - J.O.C. : 13 - M.R.J.C. : 8
  • Avec le scoutisme : 36 équipes.
  • Mouvements d’éducation spirituelle :
    M.E.J. : 3 - C.A. 2 - J.T.C. : 16 - C.V. : 7 - J 2 : 25 - Vie chrétienne : 1

Il faut également noter d’autres mouvements qui ont été signalés, mais peu de groupes les mentionnent : conférence saint Vincent de Paul - Petits Frères des Pauvres - animation paroissiale - équipes du lycée.

La relation avec les mouvements est un souci fréquemment exprimé ; beaucoup d’aumôniers estiment que l’appartenance à un mouvement - et notamment à un mouvement d’action catholique - est une condition primordiale de soutien d’un jeune chrétien qui veut approfondir son projet de vie sacerdotale.

6 - Depuis combien de temps fonctionne ce groupe ?

9 ans 1   6 ans 1   3 ans 23
8 ans 1   5 ans 4   2 ans 27
7 ans 1   4 ans 8   1 an 17
moins d’un an : 21


Ces chiffres montrent clairement que ces groupes de diaspora sont un fait nouveau qui doit attirer l’attention de tous ceux qui se préoccupent ou qui devraient se soucier de l’éveil des vocations. Ce mouvement va-t-il s’accentuer au cours des années à venir ? La réponse est liée à notre foi et à notre esprit inventif.

7 - Rythme des réunions.

Tous les quinze jours :3
Toutes les trois semaines : 11
Tous les mois :34
Tous les deux mois : 11
Tous les trimestres : 28
Deux réunions par trimestre :14
Quatre week-ends dans l’année :3

8 - Nature des activités

30 groupes centrent leur rencontre sur le partage d’Evangile ;
30 autres insistent sur l’échange fraternel à partir d’un thème, préparé préalablement par chaque membre.
21 groupes font régulièrement une révision de vie.

Ensuite, ce sont les témoignages de prêtres, de laïcs, de religieuses, de séminaristes qui sont recherchés par 17 groupes,

D’autres activités sont encore à noter : Regard sur notre vie (16 groupes) - Réflexion personnelle, à partir d’un livre par exemple (12 groupes) -Le point sur le projet de vie sacerdotale (5 groupes) - Messe ou célébration de la Parole - Prière communautaire - sont au centre des rencontres de la plupart des groupes.

Cette partie mériterait d’ailleurs d’être reprise plus en détail, car elle relate de nombreuses réalisations intéressantes dont certains aumôniers nous ont transmis un rapport particulièrement développé : synthèse de débats, ou déroulement de certaines rencontres, un fil conducteur pour une réflexion personnelle.

II- LES QUESTIONS POSEES.

Enfin c’est le dernier point du questionnaire qui a suscité le plus de réactions et qui appelle à une étude attentive de ces interrogations dont voici les plus caractéristiques :

1 - Des questions concernant les membres du groupe "Diaspora" : qui peut y participer ?

  • A qui ouvrir ce genre d’équipe ? Il y a là des garçons qui déclarent un projet d’avenir précis ("je veux être prêtre") et d’autres qui disent : "je ne sais pas. Prêtre ? Religieux ? Je ne dis pas non ; je veux bien chercher".
  • Faut-il au départ montrer une certaine fermeté pour les conditions de participation au groupe, ou faut-il accepter une plus grande instabilité ?
  • La présence, dans le groupe, de jeunes qui passent par une quasi cécité sur le sacerdoce, mais qui aiment retrouver ceux qui s’y intéressent pour leur avenir personnel : le mélange est peut-être bon ?
  • Comment découvrir des jeunes susceptibles d’être intéressés par une "diaspora" ? "

2 - Des questions évoquant la rencontre, le déroulement de la réunion du groupe.

  • A qui s’adressent ces journées ? A des gars qui viennent faire une récollection ou à des gars qui viennent passer une bonne journée ? Quels critères guident les prêtres qui les envoient ?
  • Méthode de travail du groupe : que faire ? En vue de quoi ? Faut-il être plus directif ?
  • Comment progresser sans idée-force, pendant une année ?
  • Comment animer la rencontre pour qu’elle ne soit pas trop "intellectuelle" ou "parole", mais aussi mise en activité des garçons ?
  • Comment faire pour que les activités du groupe soient spécifiques et ne fassent pas concurrence aux autres mouvements ?

3 - Plusieurs responsables s’interrogent sur les possibilités de soutien des membres au delà de la réunion du groupe.

  • Comment le groupe peut-il évoluer si, dans l’intervalle des rencontres, il n’y a plus éducation du regard de foi sur leur propre vie .
  • La réflexion au niveau de la diaspora suppose normalement un engagement apostolique dans la vie quotidienne et un prêtre susceptible de suivre le jeune.
  • Comment garder le contact l’an prochain quand ces jeunes seront en seconde ? A la rentrée 1969, les nouveaux "seconde" ont été invités dès novembre : un seul de ces anciens de 3ème (sur 10) a répondu présent. Est-ce dû au changement d’aumônier ? Depuis 1965 : personne au niveau du 2d cycle... Cela pose bien des questions. Désenchantement ? "Désillusion" devant un univers religieux qui perd de sa consistance à partir de la 4ème ?

4 - D’autres questions concernant la psychologie, l’évolution personnelle des jeunes,

  • Comment concilier -en présence de ces garçons - le rappel des exigences de la recherche et le respect profond de leur liberté ? En effet, ce qui réunit les jeunes, c’est la conscience avouée d’un projet de vie sacerdotale, au départ de la recherche, et qui fait le caractère spécifique de l’équipe, sa raison d’être. Mais à l’adolescence, le projet est fragile et, normalement, il est remis en question. Comment ne pas séparer l’approfondissement de la vie baptismale de la perspective du sacerdoce qui l’oriente ? Sans doute n’y a-t-il pas de réponse théorique, mais il y a là une tension difficile à vivre.
  • Peut-on parler aujourd’hui d’une vocation sacerdotale ou religieuse à 13-14-15 ans ? Je me demande de plus en plus si la vocation ne se posera pas à l’âge adulte ; pour le moment, l’essentiel n’est-il pas d’aider les jeunes à une vie militante (J.O.C., J.E.C.) et qu’ils se décident eux-mêmes, un jour ?
  • Est-il sérieux de faire au départ des équipes de 4ème - 3ème ? Mais est-il utile de faire quelque chose avant ?

5 - Un souci d’éducation spirituelle et de formation doctrinale s’exprime également,

  • Leur vie de prière, de relation avec le Christ est assez rudimentaire, souvent très lointaine... Quand seront-ils prêts à aborder un grand séminaire ?
  • Quelle formation donner au niveau de la 2de et de la 1ère ?
      • Personnelle ou collective ?
      • Spirituelle ou apostolique ?
      • En groupe fermé ou avec d’autres ?
  • La fragilité des assises de la foi et de la valeur des engagements. La recherche du groupe aboutit souvent à une certaine assurance qui est radicalement remise en cause à la réunion suivante.

6 - Plusieurs prêtres demandent comment établir un lien entre le groupe et les autres mouvements de jeunes.

  • Comment les aider à entrer dans les mouvements d’action catholique spécialisée (J.E.C. etc.) afin qu’ils se forment au contact des mentalités les plus diverses et puissent fortifier leur foi en essayant de la faire partager.

7 - Le lien avec les parents, les autres éducateurs de ces jeunes, ainsi que les prêtres semble difficile, d’où ces questions :

  • Quelle conscience les prêtres et les parents chrétiens ont-ils de l’importance des vocations, de leur éveil, de leur soutien ?
  • La collaboration entre les différents éducateurs de ces jeunes est difficile, parfais inexistante ; que faire ?
  • La participation d’adultes (religieux ou laïcs) au groupe est souhaitée à plusieurs reprises.

8 - Certains responsables se posent la question de l’opportunité de ces groupes.

  • Le recrutement de l’équipe est difficile. Les lycées sont peu touchés ; certains aumôniers contestent l’utilité d’une diaspora. Pourtant la diaspora permet de développer la coresponsabilité des prêtres dans l’acheminement des jeunes vers le sacerdoce. Mais il est actuellement très difficile d’engager une réflexion sérieuse et sans préjugés sur la vocation des jeunes et leur signification.
  • Le groupe "diaspora" n’est-il pas un refuge par rapport à un engagement des jeunes dans leur vie scolaire ?
  • Il faut éviter, à tout prix, que le groupe prenne figure d’institution.

9 - Enfin des questions qui reflètent le climat de crise dans l’Eglise.

  • Le climat actuel est difficile pour envisager un engagement et une consécration sacerdotale.
  • Est-ce honnête de réfléchir si tôt au sacerdoce avec l’éclatement du modèle sacerdotal ?

Tels sont les aspects importants qui marquent une première lecture des réponses reçues.Il nous faudra reprendre et approfondir ensemble ces interrogations ; mais d’ores et déjà nous pouvons nous réjouir de ces signes du Seigneur qui se manifeste aujourd’hui comme hier à tant de jeunes pour les intéresser à sa mission.

Roger WILHELM
(au nom de la Commission Diaspora scolaire)