Jeunes Volontaires Européens


Vincent de Marcillac,
jésuite
 
 
 
Pour le dire brièvement et d’entrée de jeu, Jeunes Volontaires Européns propose, à des jeunes chrétiens de 20 à 30 ans venant de l’Europe entière, un an de service en quartier populaire.
Chaque communauté, de sept membres au plus, invente sa manière de rendre un service à caractère social, de vivre en commun dans un logement, de vivre sa foi et de la célébrer, de nouer des relations avec le quartier. Une communauté jésuite et des amis laïcs accueillent et accompagnent les JVE et leur proposent des temps de formation humaine et spirituelle.



Les quatre piliers



Il s’agit donc, pour le jeune volontaire, d’un engagement à temps plein, pour une durée de dix mois. Cet engagement repose sur quatre piliers fondamentaux.


Un service bénévole

Chacun cherche en début d’année un ou plusieurs engagements au sein d’associations, d’institutions locales ou nationales, pour trente heures hebdomadaires. Les réseaux tissés par l’association JVE, là où elle est implantée, permettent d’orienter cette recherche et de proposer des lieux d’insertion : personnes sans logis, Secours Catholique, Cimade, écoles professionnelles ou écoles de production, cours pour les gens du voyage, accueil des étrangers, des demandeurs d’asile, des sans-papiers, etc.


La vie en communauté

En HLM, elle se répartit dans deux appartements (ce qui permet une chambre personnelle pour chacun). C’est une expérience à construire. L’année commence par une session de rentrée : c’est un premier temps pour se rencontrer, échanger ses motivations et ses désirs, pour découvrir ce qui nous rassemble… et toutes nos différences ! La première « leçon » de cette semaine d’accueil mutuel est que la communauté qui se constitue doit inventer… sa vie communautaire ! Il faut organiser la vie commune (vaisselle, ménage, cuisine, courses, temps de prière…), puis progressivement trouver un mode de vie dans lequel chacun puisse trouver sa place, qui permette le partage tout en respectant la liberté de chacun.
Comme les membres viennent d’horizons variés, ont des formations, des aspirations et des âges différents, cette construction ne va pas toujours de soi ! Des temps forts sont proposés, qui aideront à construire cette communauté : une fois par semaine, un partage sur les événements marquants, l’eucharistie chaque mercredi, la prière communautaire quotidienne, des week-end de formation ou de détente, des temps de vacances communautaires...


Une formation humaine tout au long de l’année

Outre la session de rentrée évoquée ci-dessus, elle comporte des week-ends pour mieux comprendre l’environnement social dans lequel l’expérience JVE est vécue ou pour enrichir sa dimension spirituelle (par exemple la gestion non-violente des conflits, l’islam, la gestion de l’affectivité, écoute et dialogue, le discernement, rencontre de Taizé) ; une session d’évaluation d’une semaine, pour faire le bilan de l’année écoulée, en recueillir les fruits et partager les difficultés ; une rencontre européenne.


Une démarche spirituelle

Il s’agit de vivre sa foi et de la célébrer de façon personnelle et communautaire, de « chercher et trouver Dieu en toutes choses » selon la spiritualité de saint Ignace de Loyola. Ainsi les activités de service sont-elles des lieux de rencontre de l’Esprit, présent en tout homme et la vie communautaire est comprise comme une aide fraternelle pour un meilleur service et une plus grande attention à la manière dont Dieu me parle à travers les autres et à travers les événements rencontrés.
Chaque équipe bénéficie pour cela du soutien de la communauté jésuite de la ville et de la proximité d’un couple avec enfants qui peut recevoir les volontaires qui le désirent. Ainsi, divers types de vocations chrétiennes sont proches. A Marseille, le suivi de l’équipe est assuré par une religieuse du Sacré-Cœur.



La vie au quotidien



Cette année, une équipe est à Saint-Etienne, dans le quartier de Montreynaud, avec Michel Barthe-Dejean comme responsable local et avec le soutien du « régent » Guilhem Causse, tous dans le même quartier. Cette implantation est ancienne et bénéficie d’un très bon réseau d’associations. Le quartier est assez unifié et les volontaires peuvent participer à sa vie à travers la maison de quartier et la paroisse.
L’autre équipe se trouve à Marseille nord, dans la cité Les Bourrely, sur la paroisse Notre-Dame Limite, tenue par les Pères Blancs. Les Sœurs du Sacré-Cœur ont facilité l’implantation, par leur présence ancienne et l’accueil dans leurs appartements. La responsable locale est Sœur Marie-France Carreel, ancien professeur du séminaire d’Avignon, philosophe et spécialiste de pédagogie. L’ancien JVE, Kostia de Leusse, qui est « régent » cette année à Marseille, sera le jeune ancien de cette équipe.
Le matin, chacun rejoint son lieu de service, comme dans une famille où chacun part à son travail. Souvent le repas de midi est pris sur place et cela permet des échanges avec les autres intervenants de la structure (salariés, bénévoles, bénéficiaires). Le soir a lieu le repas qui est un temps communautaire important (nous sommes en France !)
Ensuite, le plus souvent possible (c’est-à-dire au moins les jours de semaine), il y a une prière du soir. Chacun est encouragé à prier personnellement et doit avoir un accompagnateur spirituel. Une retraite de huit jours selon les Exercices de saint Ignace est prévue peu après Pâques, en général dans une abbaye.
Chaque semaine il y a une rencontre avec l’accompagnateur local. En général il peut y avoir l’eucharistie et un temps de partage sur les découvertes personnelles à partir du service ou de la prière, de la vie commune ou des loisirs. C’est un lieu d’intégration très important, et d’apprentissage du partage. Un jour par semaine, il faut dégager le temps nécessaire à cela.

Les anciens volontaires – cent quatre-vingt en France – ont souvent changé d’orientation après cette année. Tous disent avoir rencontré des gens qu’ils n’auraient autrement jamais rencontrés. JVE n’est ni un « pré-noviciat » ni une préparation au mariage ; cependant quelques-uns d’entre eux, de fait, ont trouvé leur conjoint lors de cette année et quelques autres ont décidé, après un temps plus ou moins long, de rejoindre la vie religieuse.



Recrutement européen



Nés originellement aux Etats-Unis, les JVE existent en Europe depuis plus de vingt ans. En France, l’association a été déclarée en 1991 et a accueilli des équipes à Vanves, Lille, Bordeaux, Saint-Etienne, Marseille.
Des associations existent en Irlande, en Angleterre, en Allemagne (la plus développée), en Pologne, en Slovaquie (qui n’accueille plus). En Suisse, il y a un représentant ; en Belgique existe une équipe envoyée et suivie par l’Allemagne. Les associations sont nationales, certes, mais elles ont des liens entre elles. Une rencontre européenne est organisée chaque année dans un pays différent (à Lyon en 2007), et les responsables des associations d’Europe se retrouvent une autre fois dans l’année.
L’an dernier, il y avait à Saint-Etienne une équipe de cinq filles (dont une de Lettonie) et à Marseille, trois filles (de New York, du Havre, de l’île Maurice) et un garçon originaire de Suisse. Cette année, la situation est un peu différente car JVE-Marseille a été habilité à recevoir des volontaires au nom du Service Volontaire Européen. SVE (EVS en anglais !), est un service de l’Union Européenne, va qinalement pouvoir prendre à son compte, pour une volontaire de Pologne, presque 80 % de nos charges.
A peine l’habilitation était-elle dans le serveur du SVE que nous avons reçu des candidatures. Après avoir renvoyé des compléments d’information sur le caractère « religieux » et catholique de notre proposition, un certain nombre de candidats se sont désistés, mais cela nous a permis d’accueillir un public plus large et plus varié que d’habitude. Il faudra voir si cette différence de recrutement est « supportable » !

De ce fait, nous avons cette année deux équipes plus nombreuses. A Marseille il y a trois filles et trois garçons, entre 20 et 33 ans, dont deux orthodoxes : Marie, une franco-russe, fille de parents émigrés en France, née à Courbevoie et repartie en Russie quand elle avait dix ans, et Marts de Lettonie mais de parents russophones. Il y a aussi une Polonaise, Justina, qui se prépare à être professeur de français, un Allemand originaire de l’Est, David, un Espagnol des Canaries, Thomas, et une Française, Halima, d’origine algérienne adoptée par une famille française. Trois d’entre eux sont très faibles en français. A Saint-Etienne, ils sont cinq : Aneta vient de Pologne, Lenka de Slovaquie, Caspar de Hongrie, Claire-Marie et Laurent de France.



Perspectives d’avenir



La loi du 23 mai 2006 sur le volontariat associatif et les décrets du service civil nous laissent espérer la couverture sociale pour l’ensemble des volontaires ainsi que la prise en charge de cette année de volontariat pour leur cotisation de retraite. Ce serait une avancée pour les volontaires, même ceux de l’Union Européenne élargie : Suisse et pays de la Méditerranée. Sous certaines conditions à vérifier après parution des décrets, l’association pourrait recevoir un pourcentage non négligeable de prise en charge financière ; c’est encore un rêve, mais cela permettrait d’augmenter le nombre de volontaires accueillis.
Les volontaires sont prêts à faire la publicité des JVE et, de l’étranger, la demande sera toujours grande, mais il nous faut trouver des volontaires en France pour assurer une intégration suffisante. La limite vient du petit nombre de candidats français : la proposition est-elle assez connue ? Hello, les ignatiens !



Pratique



Certes, les Français sont plus attirés par un séjour à l’étranger. D’ailleurs j’ai facilité cette année deux départs pour JVE en Angleterre. On peut postuler auprès de moi pour partir à l’étranger dans le cadre de JVE-Europe.
Je serai toujours content d’être invité à présenter nos propositions dans les communautés ou dans les aumôneries. Merci.


Contact :
Le Châtelard, route du Bruissin, 69340 Francheville.
Tél. 06 84 03 46 15


Article repris de la revue Jésuites 2007, avec l’aimable autorisation de l’auteur.