La famille, Eglise domestique, lieu d’un premier appel


Benoît Bertrand
supérieur du séminaire Saint-Jean de Nantes

 

La question d’une vocation se pose souvent dès l’âge de l’enfance ou de l’adolescence. De nombreux prêtres et séminaristes le confirmeraient. Marc a vingt-et-un ans. Entré au séminaire en septembre dernier, voici ce qu’il écrit dans sa lettre de présentation : « Un long chemin a déjà été parcouru, en effet la vocation sacerdotale est née relativement tôt chez moi… Dès mon enfance, la foi et la vie religieuse ont fait partie de mon environnement. La famille a joué un rôle déterminant. Grandissant, je me suis rendu compte des engagements de mes parents dans la vie de l’Eglise, ce qui m’a conduit, moi aussi, à me dire que quel que soit mon état de vie, je devrais aussi transmettre ce que j’aurai reçu. La famille m’a transmis la foi, m’a appris à prier, à respecter et aimer l’Eglise. » Récemment, trois séminaristes – fils de diacres permaments – se retrouvaient à la même table du repas. Ils partageaient ensemble l’impact qu’avait eu l’ordination de leurs pères sur leurs propres cheminements. Si les vocations peuvent naître dans des contextes familiaux forts divers – marqués, parfois, par la désunion, l’indifférence religieuse ou même une franche hostilité à l’institution ecclésiale –, la plupart viennent de familles où la foi, l’attachement à l’Eglise, le sens du service et le désir de s’engager ont permis à l’appel de Dieu d’être entendu.

Le concile Vatican II, dans la constitution dogmatique sur l’Eglise et le décret sur l’apostolat des laïcs, a précisé la mission des parents et des familles dans cet appel : « Il faut que par la parole et par l’exemple, dans cette sorte d’Eglise qu’est le foyer, les parents soient pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée 1. » Ici, une expression tente d’illustrer les liens multiples et singuliers reliant l’Eglise à la famille. Les Pères conciliaires ont, en effet, enseigné que la famille, par le sacrement de mariage et les « dons propres » des époux chrétiens, devenait une « sorte d’Eglise ». Sans en expliquer le sens, le terme d’« Eglise domestique » se trouve ainsi consacré ; on évoque la famille avec ces mots : « In hac velut Ecclesia domestica. »
Pour nous permettre de mieux saisir la signification d’une telle expression, il est nécessaire, tout d’abord, de faire mémoire de l’intuition primitive. L’évolution sémantique de la formulation mérite d’être relevée. Un passage s’opère de la famille, comme lieu d’accueil occasionnel de l’Eglise locale, à la famille comme étant, elle-même, une communauté de vie spirituelle rassemblée dans une même foi au Christ.

De l’Eglise dans la famille à la famille comme Eglise

Les Actes des apôtres témoignent comment les premiers chrétiens se réunissaient pour la fraction du pain, l’enseignement et la prière. Les maisons devenaient, peu à peu, des centres liturgiques où de petites communautés se rassemblaient pour rompre le pain eucharistique 2. Il ne s’agit pas ici de simples réunions familiales mais bien de l’assemblée des chrétiens qui se regroupent dans une maison pour y célébrer la Pâque du Seigneur.
Saint Paul, plusieurs fois dans ses lettres, utilise l’expression « kat’ oikon ekklesia 3 ». Cependant, ce terme traduit par ecclesia domestica ne signifie nullement la famille ou la maison comme Eglise mais bien plutôt l’Eglise locale qui se rassemble chez une famille ou chez un couple comme celui de Prisca et Aquilas 4. De la même manière, Paul s’adresse à Philémon en déclarant : « A Philémon, notre cher collaborateur… et à l’Eglise qui s’assemble dans ta maison 5. » Il est clair, dans ce cas, qu’on ne peut identifier l’Eglise domestique telle que l’entend l’apôtre des gentils à la famille dans le sens que lui donne le Magistère contemporain 6.
D’un usage paulinien faisant principalement référence à l’édifice, lieu cultuel pour l’Eglise locale, on passe progressivement à une autre signification, néanmoins dérivée de la précédente. Dans ses prédications à l’Eglise d’Antioche, saint Jean Chrysostome, au ive siècle, donne le titre de « petite Eglise » à la famille où le père de famille exerce un ministère d’enseignement comparable à celui de l’évêque 7. Dans un sermon, notre auteur invite les pères à dresser deux tables dans leur maison, l’une pour les mets du corps, l’autre pour les mets de la Sainte Ecriture ; puis il conclut en leur recommandant de faire, de leur maison, une Eglise 8.
Selon Jean Chrysostome, la maison devient ainsi une Eglise, au sein de laquelle est répandue la grâce de l’Esprit Saint et où règne la paix et la concorde, lorsqu’en ses murs on dresse la table spirituelle, on loue le Seigneur par le chant des psaumes, on lit et médite la Sainte Ecriture 9. Ainsi, notre prédicateur compare-t-il l’Eglise et la famille domestique du fait qu’il est possible de découvrir, chez cette dernière, quelques aspects essentiels de la vie ecclésiale : la table de la Parole, l’enseignement, la louange, le témoignage de la foi et la présence du Christ.
Dans l’Eglise primitive, nous remarquons donc une évolution sémantique : d’une Eglise locale se rassemblant dans la maison familiale que l’on nomme « petite Eglise » à la famille elle-même qui, par ressemblance avec l’Eglise, est appelée « Eglise domestique ». Cela dit, c’est principalement la théologie contemporaine qui développera une réflexion sur les relations entre la famille et l’Eglise et, ceci, en lien avec la consécration de l’expression « velut Ecclesia domestica » offerte par le concile Vatican II.

Vatican II, le magistère postconciliaire et l’analogie discutée

Les Pères du Concile ont ajouté à la formule classique la nuance du « velut » dans Lumen gentium 11 et celle du « tamquam » en Apostolicam actuositatem 11 10. Ces deux conjonctions atténuent l’affirmation ancienne et laissent entendre la nécessité d’une précision ultérieure. Pour le Concile, décrire la famille comme une Eglise domestique ou comme un statuaire de l’Eglise à la maison, manifeste une certaine façon de parler de la famille chrétienne selon une orientation ecclésiologique. On y souligne non pas une coïncidence totale entre les deux réalités, celle de l’Eglise et celle de la famille, mais plutôt la nécessaire analogie de la relation entre elles.

Dans les documents magistériels postconciliaires, le thème de l’Eglise domestique est fréquemment repris et amplifié, tant dans ses fondements spirituels que dans ses implications pastorales. Paul VI, dans un discours du 4 mai 1970 aux Equipes Notre-Dame, applique l’expression « Eglise domestique » au couple chrétien lui-même 11. Quelques années plus tard, sans l’usage de l’analogie, le Pape attirera l’attention sur ce titre en affirmant : « Elle est une Eglise domestique. Par son honnêteté morale… par son origine sacramentelle… par sa déontologie… la famille chrétienne représente et constitue une petite Eglise, un élément de la construction unique et universelle qui est le Corps mystique du Christ dans son entier 12. » Paul VI reprendra, une nouvelle fois, ce thème dans sa fameuse exhortation apostolique Evangelii nuntiandi : « Elle [la famille] a bien mérité, aux différents moments de l’histoire, le beau nom d’ ”Eglise domestique” […]. Cela signifie que, en chaque famille chrétienne, devraient se retrouver les divers aspects de l’Eglise entière 13. »
Jean-Paul II abordera, lui aussi, fréquemment le thème de la famille dans ses enseignements. Déjà, le 21 octobre 1963, le cardinal Karol Wojtyla était intervenu dans les débats conciliaires en apportant son soutien à ceux qui souhaitaient donner, à la famille, le titre d’« Eglise 14 ». Cette expression ancienne plaisait à Jean-Paul II. Elle apparaîtra souvent dans ses propos lorsqu’il montrera que la famille chrétienne doit être, comme telle, une communauté croyante et évangélisatrice, en dialogue avec son Seigneur, au service de tout homme, au service de tout l’homme. Dans Christifideles laici, le Saint-Père mettra en valeur quelques aspects permettant de souligner la dimension ecclésiale de la famille chrétienne : elle participe à la vie et à la mission de l’Eglise universelle, elle forme au sens de l’Eglise, elle est une école pour former la foi dans laquelle les parents possèdent, par grâce sacramentelle, un ministère pour l’éducation chrétienne de leurs enfants. Si, parfois, Jean-Paul II gomme l’analogie 15, le plus souvent, il la respectera. Ainsi en Familiaris consortio : « La famille chrétienne est appelée, à l’image de la grande Eglise, à être un signe d’unité pour le monde et à exercer dans ce sens son rôle prophétique, en témoignant du Royaume et de la paix du Christ, vers lesquels le monde entier est en marche 16. » Dans Pastores dabo vobis, le Pape citera la proposition 14 des Pères synodaux. Mais, cette fois, l’expression utilisée sera plus ambiguë : « la famille chrétienne, qui est véritablement comme une Eglise domestique 17 ».

Ainsi, dans la description de la relation Eglise-famille, l’analogie paraît discutée : souvent mentionnée, parfois évoquée ou clairement supprimée. Devant ceux qui souhaiteraient une identification ou une assimilation pure et simple de la famille chrétienne à une Eglise en miniature, au risque de favoriser un certain familialisme idyllique et utopique, l’analogie conciliaire famille-Eglise (velut ecclesia domestica) invite à ne pas oublier les différences qui subsistent au sein de la ressemblance. En effet, tous les aspects constituant, par nature, l’Eglise ne sont pas, comme tels, présents dans la famille chrétienne. A ce propos, les évêques de France participant au synode romain de 1980, tout en étant convaincus du bien-fondé de l’expression de saint Jean Chrysostome, avaient formulé l’interrogation suivante : « L’Eglise est définie par la prédication authentique de la Parole, la pratique des sacrements et le lien avec le ministère apostolique. Tout cela ne se vérifie pas dans la famille. En insistant sur la famille-Eglise domestique, ne court-on pas le risque de la cléricaliser au lieu de la christianiser 18 ? » La famille chrétienne n’est pas l’Eglise mais est insérée dans l’Eglise. C’est en s’ouvrant au mystère de l’Eglise qu’elle est appelée Eglise domestique. Le Père Adnès explique d’ailleurs comment « cette analogie est à la fois image vivante et présence parce que participation… La participation ne veut pas dire que la famille soit une “partie” de l’Eglise, mais qu’elle est le lieu dans lequel l’Eglise s’exprime selon un mode propre et spécifique, encore limité 19 ».

Le rapport analogique étant maintenu, l’expression conciliaire témoigne d’une forte valeur théologique qu’il faut encore approfondir. Elle souligne la dimension ecclésiale de la famille chrétienne. Comme communauté de vie et de foi, celle-ci est invitée à participer réellement, selon sa manière propre et les charismes de ses membres, à la vie du Peuple de Dieu, à l’édification du Corps du Christ et à la prière du Temple de l’Esprit. La formule primitive convoque donc la famille à participer à la communion missionnaire et au mystère de vie et d’amour de l’Eglise. Or à l’origine de l’Eglise se tient l’appel de Dieu.

Prolongements

Dieu appelle en son Fils Jésus : « Viens et suis-moi. » Viens et sois moi ! Imite-moi. Marche à ma suite, communie à ma vie et à ma mission. Il faut bien commencer par cela. L’enfant, réalité de la création, est ordonné au Mystère qui l’appelle et le nomme. « Avant même que naisse la foi, la grâce a déjà frappé à la porte. Car l’homme n’est pas le fruit du hasard. Son existence a sa source dans un amour éternel, dans un amour absolument personnel 20. » Faire naître (réalité de la création) et lever l’énigme (réalité de la rédemption) : voilà résumée la perspective de cette éducation chrétienne cohérente au mystère de l’homme. Ces deux réalités ne doivent pas être considérées comme deux processus indépendants placés à la suite l’un de l’autre. L’annonce de l’Evangile ne vient pas au bout d’un processus d’humanisation. Dieu et Jésus-Christ ne sont pas au bout. Mais ils sont radicalement à l’initiative de tout appel et de tout chemin. L’éducation chrétienne conduit alors celui qui grandit à sa singulière humanité et l’accompagne pour qu’il découvre l’axe de sa vie, Jésus Christ. Marguerite Lena l’affirme : « C’est dans sa trame anthropologique propre que l’éducation s’ouvre à la Révélation, à cet appel adressé à l’homme par le Dieu Vivant, pour qu’il déchiffre et accomplisse dans le Christ sa propre humanité 21. » Car c’est bien de cela qu’il doit, d’abord, être question en parlant de vocation. S’appuyant sur la Révélation, l’éducation chrétienne, comme réalité de libération, lève le voile : être fils, c’est recevoir une origine qui nomme, appelle et envoie. Ainsi l’identité est révélée sans pour autant que soit résolu l’aspect « dramatique » 22 d’une vie en croissance et d’une vocation. Il y a toujours, en effet, dans une existence responsoriale la dimension exigeante du combat.

Par grâce, dans le cadre de ce processus de découvertes et de réflexions, la famille, comme une petite Eglise, tient une place particulière dans l’appel aux vocations. A la suite du synode de 1980 sur la famille, le pape Jean-Paul II s’est exprimé sur son rôle : « La famille doit former les enfants à la vie pour permettre à chacun d’accomplir en plénitude son devoir, selon la vocation qu’il a reçue de Dieu. En effet, la famille, ouverte aux valeurs transcendantes, au service joyeux du prochain, à l’accomplissement généreux et fidèle de ses obligations et toujours consciente de sa participation au mystère de la croix glorieuse du Christ, devient le premier et le meilleur séminaire de la vocation à une vie consacrée au Royaume de Dieu 23. » Dans cette collaboration à la bienveillance d’un Dieu qui appelle, les familles exercent une fonction maternelle analogiquement à celle de l’Eglise Mère.
Par l’œuvre de l’Esprit, les divers aspects de la vie des familles chrétiennes forment une sorte de milieu nourricier où s’enracinent l’expérience de foi, la prière et la vie sacramentelle, où s’éveille le sens de l’Eglise, où s’éprouvent la charité et le pardon, le service des autres et l’ouverture au monde, où s’apprennent les repères structurants du vivre ensemble, où se vérifient les désirs, les aptitudes et les motivations qui conduisent un jeune à rechercher sa juste place dans la société et dans l’Eglise.
Dans leurs familles (pôle affectif) mais aussi, par délégation des parents, en d’autres lieux (école – pôle cognitif – et mouvements – pôle effectif), les enfants et les jeunes rencontrent des référents prêtres, diacres, religieux ou laïcs, ils reçoivent un enseignement, font des expériences fondatrices… Ils dialoguent et s’interrogent, ils se rebellent et se cherchent, ils s’identifient et, peu à peu, s’ajustent aux autres. En ce sens, la famille exerce une influence sur l’éveil et le développement des vocations (par exemple : comment, en famille, parlons-nous des prêtres de la paroisse ou de l’évêque ?). Une vocation a donc besoin de trouver une sorte de bain de vie ecclésiale, un lieu où l’on vit, croit et célèbre. Ainsi, une vie familiale peut conduire à une vie en Eglise.

Les familles sont souvent le lieu d’une première prise de conscience : Dieu appelle. Dans les séminaires ou les noviciats, nombreux sont ceux qui pourraient en témoigner. Leurs familles ont joué un rôle déterminant dans leurs vocations : la régularité d’une prière familiale, l’exemple d’un grand-père récitant chaque jour son chapelet, les engagements ecclésiaux, sociaux ou professionnels des parents, un pèlerinage en famille, une question posée avec délicatesse, les valeurs transmises… Parfois, l’influence des parents ou de la famille fut marquée par l’épreuve : le décès d’un frère, le divorce des parents, l’opposition du père au projet de son fils… Un point est clair : le cheminement des vocations s’amorce à partir de la question du sens de la vie.
Plusieurs séminaristes évoquent la perception d’un vide, d’une attente, d’un désir plus profond. C’est par la participation à la vie ecclésiale plus intense qu’une maturation s’opère alors. Presque tous soulignent leur présence régulière à l’eucharistie dominicale, conscients qu’ils se sont distingués, par là, de leurs frères et sœurs ou amis qui ont cessé toute pratique. Parfois, un prêtre ami de la famille, une tante religieuse ou un grand-oncle missionnaire, implicitement, pose la question de l’appel. Dès que l’idée de vocation prend racine, elle engage le jeune dans une longue recherche : trois ans… dix ans. Cette période peut être vécue dans un certain anonymat. Rarement, ils en parlent à leur famille. Lorsque les parents sont des chrétiens engagés, il y a même parfois, chez le futur séminariste ou novice, une crainte quant à leurs réactions. D’où l’importance de lieux où les jeunes, avec l’assurance de la discrétion, peuvent partager leur projet et se rendre compte qu’ils ne sont pas les derniers des mohicans !

Ainsi, dans cette mission, la famille ne fait pas tout et n’est pas tout. D’une certaine manière, Jésus lui-même a relativisé l’espace familial. Il évoque ainsi les divisions que sa venue engendrera et désigne sa véritable parenté en répondant à la question : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère, une sœur et une mère 24. » Ainsi faut-il des parents, des frères et sœurs pour se mettre à l’écoute, relayer un appel et proposer des moyens pour y répondre. Ainsi faut-il également des catéchistes, une animatrice laïque en pastorale, des enseignants, un prêtre ou des religieuses pour lancer une invitation, aider une maturation spirituelle, suggérer une formation au service de l’intelligence de la foi et accompagner personnellement celui qui s’interroge sur sa place dans l’Eglise. Ainsi faut-il les médiations ecclésiales pour signifier l’appel de Dieu, mettre en situation de se donner et créer les conditions de la liberté.
La petite Eglise domestique, certes, ne fera pas tout ; toute vocation est une histoire de liberté spirituelle et les parents n’auront pas, bien sûr, la vocation de leur fils ou de leur fille. Mais il s’agit pour eux – et cela n’est déjà pas si simple – de consentir à ne pas tout savoir, à ne pas tout pouvoir et, finalement, à passer à d’autres le relais en demeurant attentifs aux choix de leurs enfants, présents à la volonté du Seigneur et confiants en l’Eglise. La famille n’est pas donc la seule à exercer une certaine influence sur les vocations. L’école catholique, les mouvements ecclésiaux (MEJ, scoutismes…) et les éducateurs, le milieu social et les amis peuvent avoir un rôle important. Nous savons bien que l’environnement porteur, indifférent ou, parfois, hostile peut soutenir ou étouffer un projet vocationnel. Dans ce contexte où il est possible que prenne corps une vocation, le jeune sera-t-il libre d’accueillir une question posée : « Prêtre, religieux, missionnaire, pourquoi ? Pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? » Sera-t-il libre d’y réfléchir et d’y répondre ? Là encore, la famille ne fera pas tout mais elle peut donner le droit d’y penser 25 !

Cette brève réflexion voulait, simplement, situer la famille, velut ecclesia domestica, dans sa participation à la vie et à la mission de l’Eglise et ceci au regard de l’expression ancienne désormais consacrée par le concile Vatican II. Encore une fois, puisque Dieu appelle certains à consacrer leurs vies, il nous faut mieux comprendre que cet appel passe par le cœur de l’homme, qu’il est aussi médiatisé et discerné par l’Eglise à des âges, en des temps et en des lieux à la fois précis et variés. A l’image de l’Eglise, la famille est donc invitée à exercer cette fonction matricielle et nourricière pour que l’appel du Seigneur soit non seulement reçu mais entendu et reconnu. De son côté la maternité de Marie, au cœur même de la maternité de l’Eglise, apporte comme un visage personnel, un premier élément de crédibilité, un factum 26. L’exemplarité de Marie, dans l’ordre de la foi, de la charité et de l’adhésion fidèle à la volonté du Père, est donnée comme le meilleur modèle de l’Eglise 27. Ecoute, prière, disponibilité, engendrement, offrande… Qu’une attitude mariale inspire l’Eglise et les familles. Ceux que Dieu appelle pourront alors chanter Magnificat !