La JOC, une pédagogie du projet


Élise Ioos
secrétaire nationale à la formation

 

En 2003, la JOC était sollicitée par Jeunes et Vocations pour traiter de la manière dont le mouvement posait la question du sens de la vie et plus précisément des vocations sacerdotales et religieuses. Parmi les aspects abordés, certains restent encore d’actualité. Il n’est sans doute pas inutile de les rappeler. La JOC donne beaucoup de poids à l’engagement et au projet de vie, à la question du sens, du service de l’autre, l’annonce de l’Évangile. Tout ce qui permet aux jeunes de fonder leur vie sur le baptême, c’est d’abord leur engagement qui va leur permettre d’en découvrir la portée et la richesse.

La pédagogie de la JOC s’appuie beaucoup, aujourd’hui, sur le projet (pour soi, pour les autres et collectivement). Plusieurs propositions s’articulent autour de cette pédagogie et visent la structuration de la personne. L’équipe de révision de vie offre l’occasion de dire les choses et de les reprendre à la lumière de l’Évangile, dans un cadre de confiance. Le suivi individuel, réalisé par un accompagnateur personnel, vise à reprendre une existence, dans toutes ses dimensions. Le cahier de militant consiste à prendre du temps, dans le calme, à se poser et à écrire quelques lignes. Avancer dans sa vocation baptismale est un chantier toujours ouvert.
Les responsables locaux et nationaux du mouvement proposent à ceux qui le souhaitent des moyens pour cela, où qu’ils en soient de leur cheminement au sujet de leur propre vocation. Nous remarquons que le mouvement est de plus en plus catéchuménal. La présence des prêtres est essentielle pour les soutenir : ils sont signes de la convocation du Christ et d’une Église qui se reçoit d’un autre. Leur présence est donc appelante. Autrefois exclusivement composé de prêtres, le corps des accompagnateurs comporte aujourd’hui de plus en plus de laïcs. Suivant les âges et les expériences ecclésiales des uns et des autres, ils portent de manière différente l’appel aux vocations. Il serait intéressant de creuser leur spécificité.
Que pouvons-nous ajouter aujourd’hui à cela ? Les responsables de toute la France, réunis en Conseil national en 2004, affirmaient que « chaque jeune est invité à s’engager dans l’Église. Par le baptême, chacun est appelé à être responsable du déploiement de cette Église à laquelle il appartient, à être porteur de son message, et à en être acteur. Être responsable d’Église, c’est aussi être proposant et participer à l’évolution de l’Église. Il est aussi proposé de se poser la question d’un engagement pour toute une vie, celle d’une vocation. La JOC est une étape. Dieu appelle chacun tout au long de sa vie à être au service de son projet. » Jusque récemment, le point d’orgue de l’éveil aux vocations était un week-end national annuel. Au fur et à mesure des années, ces week-ends réunissaient de moins en moins de participants, jusqu’à être annulés. Tout en cherchant les raisons de cette désaffection, les responsables du mouvement ont travaillé avec le Service national des vocations une manière plus pertinente de porter cette question auprès des jocistes.
La progression utilisée par le SNV a été adoptée ; éveiller pour permettre de découvrir la richesse de la vocation chrétienne et des multiples choix de vie offerts ; appeler pour aider les jeunes qui s’interrogent sur le sens de leur vie à en approfondir la dimension humaine et spirituelle ; discerner pour aider les jeunes qui se posent clairement la question d’un choix de vie. Un an de pratique nous conduit à soulever quelques questions. Les étapes présentent une cohérence entre elles. Or, il est difficile pour un mouvement comme la JOC de garantir dans l’ordre le suivi de ces étapes, car les jeunes viennent par épisodes. Après avoir à nouveau travaillé avec le SNV, il paraît plus pertinent de faire un travail de fond qui regroupe les deux premières étapes de la conduite (éveiller et appeler). Il s’agit de proposer des moyens pour permettre à chacun d’approfondir son identité chrétienne et la manière dont il est appelé à vivre son baptême au quotidien.
Par ailleurs, il est encore habituel de laisser le soin aux prêtres ou aux religieuses d’appeler des jeunes à demander des sacrements, voire à se poser la question de la vocation. Dans des endroits où la JOC est la seule présence d’Église, il y a un enjeu pastoral à faire en sorte que ce soit l’Église tout entière qui appelle. Chaque jeune doit avoir la chance de savoir que l’Église est ouverte pour lui, et mieux encore, qu’elle l’attend pour contribuer pleinement à sa vie et à son organisation. Comme tout mouvement d’Action catholique, la JOC est un lieu où la foi et la vie quotidienne sont étroitement mêlées. Dans ce cadre, nous souhaitons que chaque jeune se pose la question de la place qu’il souhaite prendre pour le service du monde et de l’Église.
Décrire l’action de la JOC, au plan de la foi et de l’Église, conduit à un joyeux mélange entre éveil à la foi, catéchèse et éveil aux vocations. Les jeunes qui se retrouvent en JOC ont besoin de vivre des expériences et de recevoir les apports de ces trois piliers. Nous cherchons donc à permettre une fréquentation régulière de la Parole de Dieu, des messes, de la révision de vie. Nous sommes très attentifs à permettre aux jeunes de réfléchir à ce qu’ils veulent faire, à ce à quoi ils se sentent appelés. Dans les échanges que nous proposons, nous relevons que la notion de service est parlante pour les jeunes que la JOC rejoint. C’est un point d’accroche important pour le travail que nous menons dans l’éveil aux vocations. Un point sur lequel nous sommes le plus démunis : assurer la visibilité de la vocation chrétienne dans toute son étendue. C’est un devoir de toute l’Église de montrer que tout chrétien, quels que soient sa situation et ses engagements, peut la servir. La vocation chrétienne est-elle – ou apparaît-elle – assez diversifiée pour montrer que chacun pourra trouver sa voie ? Un regard sur l’histoire de l’Église montre qu’elle s’est toujours dotée des ministres dont elle avait besoin pour accomplir sa mission. D’autres types de ministères sont peut-être appelés à émerger.