Devenir prêtre quand on n’a pas le bac...


Luc Crépy
eudiste,
directeur du séminaire interdiocésain d’Orléans

 

À côté des années propédeutiques ou de fondation spirituelle, le « séminaire d’aînés » constitue un autre mode d’entrée dans le discernement et la formation vers le ministère presbytéral. Depuis son implantation à Orléans, il a pris le nom de Communauté Notre-Dame du Chemin.

Ils étaient dix à la rentrée 2007, venus de Belfort, Clermont-Ferrand, Nice, Saint-Dié, Saint-Denis, Strasbourg, Valence, des Missions étrangères de Paris. Ils ont pris la suite des quelques trente-cinq adultes jeunes et moins jeunes qui les ont précédés depuis cinq ans ; plusieurs ont été admis récemment par leurs évêques comme candidats au presbytérat, tandis que d’autres sont entrés dans la vie religieuse ou ont repris une vie professionnelle, demeurant engagés diversement dans l’Église. Les uns et les autres ont en commun d’avoir été loin de l’univers des études et de s’être posé une question vocationnelle.

Il est bon, dans l’Église en France, qu’existe de manière significative un lieu manifestant que devenir prêtre n’est pas d’abord une affaire d’études : de tous les milieux sociaux peuvent surgir des prêtres et l’Église leur offre les moyens de discerner leur vocation et de se former. Devenir prêtre en venant du monde du travail, sans études secondaires complètes, est possible ! Tel est l’enjeu de ce lieu de formation 1.

 

 

Le dernier séminaire « d’aînés »

 

« Je m’étais adressé au SDV de mon diocèse. Ce dernier, tout en acceptant ma demande, jugea important de me proposer une année au séminaire d’aînés. J’avais accepté cette proposition qui me paraissait indispensable car je n’avais pas entrepris de longues études dans le passé et de plus j’étais au travail depuis plusieurs années. Cette année m’a paru très enrichissante aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan humain et spirituel. Elle m’a permis également de découvrir la vie en communauté et la possibilité d’échanger avec chacun sur son expérience de vie  » (A., forestier).

Il y a quelques décennies, l’entrée au séminaire se faisait très jeune (18-20 ans) pour de nombreux candidats. Existaient alors en France plusieurs séminaires dits « de vocations tardives » ou « séminaire d’aînés », d’où cette appellation qui aujourd’hui ne correspond plus tout à fait à la même réalité, vu la diversité des âges, à tous les degrés de la formation. Ils accueillaient des adultes dont la vocation à la prêtrise s’était éveillée – à l’époque – relativement tard ou, pour d’autres, dont l’entrée au séminaire semblait difficile à cause de leur niveau de formation intellectuelle. Ces séminaires étaient une quinzaine en 1945. Ils offraient une formation spécifique de telle sorte que les candidats puissent entrer dans un grand séminaire classique sans trop de difficultés. Alors que nombre de séminaristes diminuait tandis que l’âge et le niveau d’études des entrants s’élevait progressivement 2, les séminaires d’aînés ont progressivement fermé, en particulier vers 1965-1970.

Ainsi au début des années 2000 subsiste, dans le diocèse de Grenoble, le dernier séminaire d’aînés. À l’origine, le séminaire d’aînés de Rencurel, fondé en 1945, est transféré vingt ans plus tard à Vienne (Isère) ; en 1985, il s’installe dans les locaux de l’ancien carmel. Lors de la visite apostolique des séminaires de France en 1993, la nécessité d’un tel séminaire ne fait aucun doute 3 ; il témoigne que des « manuels » peuvent devenir prêtres, tout en honorant la formation que l’Église entend donner à tout prêtre. Cependant le renouvellement de l’équipe animatrice devint difficile pour un nombre de candidats en diminution. En 2003, ils ne sont plus que six. Comment alors maintenir une équipe de quatre formateurs et équilibrer un budget ? Comment faire vivre une si petite communauté ?

Diverses possibilités sont étudiées. Devant le souhait pressant de plusieurs évêques et de responsables des vocations de maintenir une telle proposition, Mgr Dufaux, alors évêque de Grenoble, fait la demande aux évêques fondateurs du séminaire interdiocésain d’Orléans d’accueillir le séminaire d’aînés. Il se trouve que les eudistes ont en charge les deux séminaires… La décision est prise. En septembre 2003, le dernier séminaire d’aînés de France change d’adresse et continue sa mission à Orléans. Il y prend le nom de « Communauté Notre-Dame du Chemin » (CNDC), un nom évocateur pour l’itinéraire proposé…

Son insertion au sein du séminaire interdiocésain d’Orléans 4 conduit à une nouvelle manière de penser et de vivre la vocation du séminaire d’aînés. Tout en gardant sa spécificité, la formation offerte se situe en effet dans le cadre plus large d’une communauté diversifiée, composée de séminaristes aux différentes étapes de la formation classique d’un grand séminaire. L’isolement que pouvait produire la spécificité d’un séminaire d’aînés – surtout quand il est unique – s’estompe grâce au travail de l’unique équipe animatrice du séminaire, au service des deux entités. C’est une ouverture réciproque pour les uns comme pour les autres. La présence du séminaire d’aînés, avec son mélange d’itinéraires contrastés, marqués souvent de « galères » et de vies professionnelles parfois rudes, ne laisse pas indifférente la communauté qui le reçoit…

 

 

Accueillir la diversité des personnes dans un parcours commun de formation

 

« La communauté Notre-Dame du Chemin reçoit des personnes plus ou moins variées, soit par la différence d’âge, la nationalité ou la vie passée. Ces personnes viennent de France et d’outre-mer car c’est la seule communauté existante qui propose une telle formation. En effet, la communauté accueille toute personne qui désire faire l’expérience de se mettre à l’école du Christ par une mise à niveau spirituelle et intellectuelle » (F., Guadeloupe).

La communauté Notre-Dame du Chemin accueille une très grande diversité de personnes, envoyées par un diocèse ou par une congrégation. Agés de dix-neuf à quarante-trois ans, certains sont donc plus jeunes que leurs frères du grand séminaire. L’appellation séminaire… « d’aînés » ne correspond plus qu’en partie à la réalité vécue depuis cinq ans à Orléans !

Ils ont été cuisinier, serveur, manutentionnaire, camionneur ou légionnaire… Ils sont venus des quatre coins de France mais aussi d’Haïti ou du Viêt-Nam pour poursuivre l’apprentissage du français et s’initier à la culture européenne.

Leur connaissance de l’Église est diverse : du recommençant au jeune vietnamien issu d’une famille chrétienne depuis quatorze générations, du nouveau converti à celui qui est passé – sans succès – par maintes communautés religieuses, du membre d’une communauté nouvelle à l’animateur de servants d’autel, de celui qui ne sait même pas le nom de son évêque au jeune très en lien avec son SDV, du séminariste haïtien arrivé cinq jours avant la rentrée dans son diocèse d’accueil à celui qui a sillonné l’Église de France au fil de ses déménagements.

Enraciné dans sa terre depuis toujours, l’un veut y être prêtre diocésain… Un autre, déraciné par les événements mais habité par l’appel du Seigneur, cherche sa voie depuis de nombreuses années… Venant d’Asie où un quota limite le nombre des séminaristes, il vient servir en France comme prêtre pour quelques années, attendant des temps meilleurs… Habité par une question encore vague, il cherche sa voie : vie religieuse, vie diocésaine, vie missionnaire… La communauté Notre-Dame du Chemin laisse grande ouverte la porte et dans les deux sens !

Bien sûr, cette diversité n’est pas l’apanage du seul séminaire d’aînés. Mais l’éloignement commun de l’univers des études rend encore plus visible et forte l’hétérogénéité humaine, sociale.

L’équipe animatrice s’efforce d’accueillir cette grande diversité, en sachant que sa mission, confiée par les évêques, est d’abord de préparer les uns et les autres aux exigences – intellectuelles, mais pas seulement – d’un parcours de formation. Découvrir à trente ans (ou plus) la vie commune, après une douzaine d’années professionnelles et une vie matérielle déjà bien organisée, n’a rien d’évident. S’ouvrir à la géographie et à l’histoire par des cours, des visites de musées… ou au dépaysement de la vallée de la Loire n’est pas toujours du goût de tous. Être à nouveau obligé de faire des dictées, d’apprendre les conjugaisons et l’orthographe exige une bonne dose d’humilité… et un peu d’humour aussi ! Après avoir perdu le contact avec les études, chacun est invité à (re)trouver une dynamique d’ensemble de formation. L’avenir en dépend.

 

 

Un parcours commun, un suivi et des objectifs personnalisés

 

Dans la suite du séminaire d’aînés de Vienne, la communauté Notre-Dame du Chemin essaie d’offrir en une année scolaire les moyens permettant à des jeunes adultes de vérifier leur capacité à entrer au séminaire, alors qu’ils ont suivi peu d’études. Un parcours unique de formation est en place en début d’année, mais avec suffisamment de souplesse pour pouvoir, au long des trimestres, améliorer ou modifier tel ou tel point en fonction du groupe lui-même ou de certaines attentes particulières. La démarche se veut donc aussi progressive pour prendre en compte le cheminement non seulement intellectuel mais aussi humain et spirituel de chacun.

La formation s’inscrit dans deux perspectives : il s’agit d’abord de combler les lacunes au plan des études. Plusieurs cours donnent la priorité à la maîtrise du français, en passant par l’acquisition d’une méthodologie conduisant à une réflexion construite et argumentée. Mais l’objectif est de les aider à entrer dans une compréhension du monde plus large que celle offerte par des études courtes – certains se sont arrêtés en troisième ou à une formation professionnelle (CAP, BEP), voire un bac technique. Voilà pourquoi une approche de la littérature leur est donnée : elle permet la découverte de quelques ouvrages ou auteurs importants. Une initiation à la philosophie les invite à se risquer sur les chemins de la pensée, du jugement et du raisonnement. De même le cours d’histoire-géographie leur apprend à resituer les événements d’aujourd’hui dans l’espace et dans le temps. Dans tous ces cours, l’expérience d’adulte des participants est sollicitée, car ce sont des hommes, mûrs pour bon nombre d’entre eux, qui entrent dans ce travail parfois laborieux ; les cinq années vécues avec nous montrent qu’il porte d’autant plus de fruit qu’il est enrichi de leur propre expérience.

En écho à ce souci, l’approfondissement du discernement, deuxième perspective de la formation. Ainsi une attention particulière est donnée à l’équilibre de la personnalité (notamment grâce à la confrontation avec d’autres dans la vie communautaire), à la relecture des motivations (avec l’accompagnateur spirituel et par la reprise en équipe d’un engagement apostolique), à la mise en place et à l’approfondissement de la vie de prière… Cet approfondissement passe aussi par une initiation spirituelle et théologique proprement dite. En veillant à ne pas empiéter sur les éventuelles années à venir, les formateurs n’hésitent pas à leur proposer les éléments qu’ils jugent nécessaires pour les aider à grandir ou à mettre des mots sur le cheminement qui les a conduits à se poser une question de vocation.

La progression intellectuelle de chacun est évaluée régulièrement, par des travaux écrits ou oraux. Des bilans, personnels ou en groupe, permettent d’ajuster le travail de chacun et de fixer des objectifs personnalisés : programme de lecture, complément de cours de français à l’extérieur, participation à un cours du séminaire... Il s’agit de tenir à la fois le cursus commun qui permet de garder l’esprit de communauté, la préparation au séminaire, et la personnalisation des moyens pour inciter chacun à aller le plus loin possible 5. Plus largement, un suivi personnel est en place tout au long de l’année, notamment par des entretiens individuels afin d’aider chacun à mieux se situer sur tous les plans, voire parfois à mieux se connaître 6.

Ce suivi personnalisé n’est possible que grâce au travail d’équipe des formateurs du séminaire et des professeurs laïcs – pour la plupart bénévoles et enseignants en retraite – pleinement partie prenante du projet de la CNDC, vécu comme un engagement au service de l’Église. Si trois des membres de l’équipe du séminaire sont particulièrement affectés à la CNDC, les autres participent aussi, d’une manière ou d’une autre, à son animation. Les séminaristes en fin de parcours (5e et 6e années) apportent eux aussi leur concours, soit par des interventions, soit dans l’accompagnement du travail… et les séminaristes du séminaire d’aînés sont très sensibles à l’implication de leurs « grands frères ». Ces multiples collaborations sont une manière de vivre concrètement la solidarité ecclésiale ; la formation des futurs ministres intéresse l’ensemble de ce Corps, dans lequel chaque membre a sa place et est reconnu, quel que soit son itinéraire…

 

 

La dimension « propédeutique »

 

Au sens premier – étymologique – du terme, est pro-pédeutique 7 ce qui précède l’enseignement, la formation. En ce sens, les séminaires d’aînés jouent cette fonction « propédeutique » depuis longtemps, d’une autre manière que celles qui ont été ouvertes ces dernières années, en différents lieux. D’ailleurs, tous ceux qui entrent à la CNDC sont loin de la sphère des études, des sentiers habituels de l’Église et de la vie chrétienne, parfois seulement en contact personnel avec un prêtre, un religieux ou une religieuse, ou encore un laïc engagé dans la vie paroissiale. La tâche qui incombe aux formateurs est alors à la fois de permettre une remise à niveau intellectuelle et de poser ou de repréciser clairement quelques grands éléments fondamentaux de la vie chrétienne. La complémentarité de ces deux aspects est passionnante : remettre en route sur un chemin favorisant une plus grande croissance en humanité (en développant des aspects nouveaux de la personne, dont la dimension intellectuelle), mais aussi accompagner l’approfondissement personnel et communautaire de la vie de foi, comme la question d’un appel fort du Christ et de l’Église.

Un vrai travail propédeutique s’effectue tout au long de cette année : conduire le séminariste à se préparer à entrer dans une formation pas seulement intellectuelle mais aussi spirituelle, humaine et pastorale 8, l’aidant à une certaine appropriation de sa vie. Or celle-ci n’a pas connu la sérénité des campus étudiants ou le confort des grandes écoles. Souvent, elle a été confrontée, très tôt, à une maturation nécessaire et rapide – trop rapide (?) – face aux exigences de la vie, de la mobilité professionnelle, de la recherche de travail, des écueils du chômage ou des petits boulots. En conséquence, la plupart du temps, cette maturation ne s’est pas faite très explicitement. Il lui faut alors apprendre, peu à peu, les mots pour dire les choses importantes. Ainsi, dès le début, l’échange et la réflexion avec les membres de la CNDC et avec leurs formateurs aident le séminariste à relire progressivement son existence. L’air de rien, les professeurs suscitent, à travers des exercices de grammaire, d’orthographe ou de lecture, des possibilités nouvelles d’écrire et de s’exprimer de manière plus précise et plus claire. Le travail de la pensée, à travers par exemple l’initiation à la philosophie, constitue aussi un travail d’avènement du sujet (comme diraient les philosophes !). Plus simplement, l’acquisition ou la formulation de concepts favorise cette liberté intérieure qui permet d’appréhender plus aisément la complexité du réel.

Comme dans toute propédeutique, le séminariste est aidé à prendre conscience de la nécessité de se construire intérieurement afin de faire la lumière sur son désir de devenir prêtre et, plus profondément, sur son attachement au Christ. Par rapport à d’autres propédeutiques, la CNDC a sans doute comme coloration particulière d’avoir à faire découvrir que travailler la dimension intellectuelle n’est pas sans conséquence sur la construction de la personne.

Ce travail intérieur se consolide aussi grâce à la présence de la communauté Notre-Dame du Chemin au sein du séminaire interdiocésain. Elle permet la confrontation – heureuse – à d’autres qui, comme eux, ont entendu fortement l’appel du Seigneur et les précèdent sur le chemin de la formation, avec pour certains, des engagements définitifs (diaconat). Cela garantit une grande ouverture sur la vie de l’Église à travers la diversité des parcours qu’ils découvrent ainsi et une première approche, très concrète, de ce qui est en jeu dans le chemin à parcourir par celui qui veut répondre à un appel. L’hypothèse d’entrer en premier cycle pour commencer véritablement la formation demandée par l’Église pour devenir prêtre, prend alors des contours très réels. Il ne reste alors plus qu’à se décider !

Le projet de la communauté Notre-Dame du Chemin – qui s’ins¬crit dans la suite du séminaire d’aînés de Vienne – d’accueillir des jeunes et moins jeunes, français ou étrangers, demeure bien une année de discernement et de mise à niveau intellectuelle et ne se confond pas avec d’autres formules mises en œuvre avant l’entrée au « grand séminaire ». Cette situation – qui prend chaque année une physionomie différente – conduit à mettre en œuvre une pédagogie plus large que la simple mise à niveau en français et en méthodologie. Elle passe par la mise en place des fondations humaines et chrétiennes nécessaires pour faciliter le discernement et préparer une éventuelle entrée dans un cycle de formation en vue du ministère presbytéral. En ce sens, l’ex « séminaire d’aînés » d’Orléans participe aussi à l’effort mené, de manières différentes, ces dernières années en France pour la « préparation propédeutique 9 » à l’entrée au séminaire des candidats.

 

 

Conclusion : une chance et un défi pour tous

 

Avec sa spécificité, qui tient d’abord à la situation des personnes accueillies, la communauté Notre-Dame du Chemin s’inscrit dans les orientations générales développées dans les séminaires en France. Les difficultés comme les joies rencontrées par les formateurs sont proches, pour une bonne part, de celles vécues au grand séminaire. Il demeure qu’il est bon qu’un tel lieu existe, soutenu par la Conférence des évêques de France et, localement, par les évêques fondateurs du séminaire d’Orléans. Il permet que l’on puisse facilement, en France, accueillir une personne qui se pose la question de devenir prêtre mais qui pense ne pas avoir un niveau suffisant pour suivre des études. Pouvoir lui répondre : « Même sans le bac, tu peux devenir prêtre ! » est réconfortant. et rappelle que la dimension intellectuelle n’est pas le seul critère de discernement « pour faire un bon prêtre » ! Alors qu’une enquête récente sur les catholiques en France s’inquiète « d’une évolution élitiste du catholicisme 10 », la présence d’un tel séminaire d’aînés manifeste – entre autres – le souci de l’Église d’être présente dans tous les milieux sociaux et d’offrir à tous les jeunes la possibilité de répondre à l’appel du Christ.

Une dernière remarque. Tous, jeunes et moins jeunes, passés par la communauté Notre-Dame du Chemin depuis cinq ans, ne présentent pas les aptitudes à devenir prêtre. Pourtant, parmi eux, certains possèdent un vrai désir évangélique de servir l’Église d’une manière un peu spécifique, autrement que dans la vie de couple et dans une activité professionnelle, et ils le disent. Simplement ils ne souhaitent pas prendre des responsabilités ecclésiales importantes pour lesquelles ils ne se sentent ni capacité ni désir. Comment leur répondre ? Certains d’entre nous évoquent alors – un peu rapidement – la vie religieuse capable, si souvent au cours de l’histoire, d’inventer des formes originales pour servir l’Église. Mais aujourd’hui ? De même, les Églises diocésaines n’auraient-elles pas à inventer ou redécouvrir tel ou tel ministère ecclésial qui ne soit pas celui de « prêtre-curé » ? Il n’y a pas de réponse simple et facile ; pour les formateurs, cette question demeure délicate et souvent douloureuse quand il s’agit d’aider un jeune à quitter le séminaire d’aînés et son projet.

 


1 – Voir aussi : P.-Y. Pecqueux et al., « Ovrir d’autres chemins pour l’appel au ministère presbytéral : même sans le bac, capable d’entrer au séminaire », Prêtres diocésains, novembre 2005, p. 499-506.

2- Cf. un article récent sur les séminaristes en France soulignant que l’âge moyen est de vingt-huit ans et que la plupart possède « une forma¬tion diplômante, en général solide ».G.LE STANG, « Séminaristes en 2008 », Etudes, mars 2008, p. 353.

3 - Entre 1982 et 1999, sont entrés 351 candidats au séminaire de Vienne. Pendant cette période, la grande majorité des diocèses de France ont eu recours au séminaire de Vienne, ainsi qu’un certain nombre de congrégations. La visite apostolique a encouragé la poursuite d’une telle structure de formation

4 - Séminaire des diocèses de Blois, Bourges, Chartres, Nevers, Orléans, Sens-Auxerre et Tours.

5 - D’ailleurs, il est bon qu’un tel suivi continue ensuite, car une année ne peut suffire à combler toutes les lacunes. C’est ce qui est proposé à ceux qui poursuivent leur premier cycle au séminaire d’Orléans.

6 - Cette connaissance est importante à un autre titre. Souvent, en raison de leur parcours profes¬sionnel, ces jeunes adultes sont peu connus dans leurs diocèses.Ceux-ci souhaitent que le séminaire leur apporte des éléments de réflexion quant à l’avenir de ces candidats. Les visites du responsa¬ble diocésain de la formation aux ministères (RDFM) pour rencontrer le candidat et les forma¬teurs constituent toujours un moment fort pour tous.

7 - Propédeutique vient du grec pro signifiant « avant » et de paideuein, « enseigner ».

8 - Selon les quatre grands pôles de la formation des prêtres. Cf. JEAN-PAUL II, Pastores dabo vobis.

9 - Cf. Pastores dabo vobis, n° 62.

10 - Enquête La Vie.