Mon chemin de bonheur


Valérie Muller
Oblate de Sainte Thérèse

Le 18 octobre prochain, je ferai mon engagement définitif dans la congrégation des sœurs Oblates de Sainte-Thérèse. Cela fait maintenant huit ans que j’ai quitté la Charente-Maritime pour répondre à l’appel du Christ. Fallait-il que je l’aime, Celui-là, pour risquer l’aventure, le saut vers l’inconnu en dehors de ce diocèse de la Rochelle et Saintes où je me sentais si bien !

Il paraît que c’est ça l’Amour. J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence à Rochefort. Je n’étais pas une accro du caté, je trouvais que la profession de foi c’était beaucoup de tralala pour pas grand-chose. En 5e, premier « coup de foudre » lors de ma confirmation. C’est sûr, ce jour-là, une force est venue m’habiter et un désir : celui de donner de la joie autour de moi. Et puis la vie a continué. J’ai participé aux rencontres d’aumônerie et fait beaucoup de camps l’été... par exemple les camps en montagne avec les Missionnaires de la Plaine. S’ils me lisent, ils se rappelleront mes luttes pour aller au bout des balades malgré les ampoules... C’est une expérience très forte et très marquante pour moi : où puiser les forces nécessaires pour continuer à avancer quand tout en soit crie « Stop ! J’en peux plus ! » Puisque je suis toujours à la traîne, je découvre autour de moi des gens qui prennent le temps de marcher à mon rythme et qui, loin de vivre cela comme une corvée, m’apprennent à m’émerveiller, à contempler les beautés de la nature...

La pastorale d’été : c’est moins dur physiquement, et c’est un excellent apprentissage de la disponibilité... Etre là pour répondre aux questions des vacanciers, être là aussi pour animer les messes en fin de semaine, des temps de prière, être là simplement avec d’autres jeunes de mon âge qui ont envie de passer de bonnes vacances et de partager leur foi. Je ne savais pas encore ce que je ferais plus tard, mais une chose était sûre : parler de Jésus, essayer de balbutier ma foi, de la chanter surtout me rendait profondément heureuse.

Après une formation de secrétaire à l’AFPA de Rochefort, j’ai pris la direction de Jonzac où j’ai œuvré pendant trois ans comme animatrice en pastorale pour l’aumônerie des collèges. Je crois que j’ai beaucoup appris de la vie d’équipe et de ce que j’ai reçu là-bas.

J’ai aussi été marquée par la vie de foi de maman. Sa façon de parler de l’Eglise, de l’Evangile, sa soif de se former pour mieux pouvoir transmettre cette Bonne Nouvelle qui la faisait vivre, son engagement sur la paroisse : ni trop, pour ne pas mettre en péril la vie de famille, ni trop peu. Tout simplement sa joie de croire qui était contagieuse pour qui prenait le temps de parler avec elle.

Pendant l’animation d’une retraite de profession de foi à Saintes sur le thème de l’appel, j’ai entendu comme une petite voix qui me disait : « C’est bien de parler des vocations des autres, mais toi, que vas-tu faire de ta vie ? Et là sans hésitation j’ai dit : je serai religieuse, je serai Oblate de Sainte-Thérèse. » J’avais lu dans la brochure de la congrégation : « Vous êtes faites pour faire rayonner l’Amour. » Pour moi Jésus-Christ est Bonne Nouvelle pour aujourd’hui et ça vaut le coup de consacrer toute sa vie à le faire connaître et aimer.

En 1995, j’ai donc quitté la Charente-Maritime pour rejoindre le noviciat à Rocques, à côté de Lisieux. En 1997, j’ai fait mon premier engagement et j’ai été envoyé en mission à l’Ermitage, Centre spirituel et lieu d’accueil du pèlerinage de Lisieux. Là, j’ai pris le temps de mieux connaître la spiritualité de sainte Thérèse qui est vraiment le cœur de notre vie religieuse apostolique. Etre témoin et missionnaire de l’Amour miséricordieux, être proche de ceux qui sont à la traîne, aider chaque personne à se sentir davantage fils de Dieu c’est vraiment un beau projet de vie.

Depuis trois ans je suis à Giberville, à côté de Caen. Je travaille à mi-temps à la Maison diocésaine, au service communication. J’aide les uns et autres à la conception d’affiches, de tracts, car si nous avons une Bonne Nouvelle à annoncer aujourd’hui, il faut le faire avec les moyens d’aujourd’hui. Le reste du temps je suis très occupée sur la paroisse au niveau du caté, de la solidarité, de l’organisation de Terre d’Avenir...

Ce que je trouve génial, c’est que tout ce qui me passionne et me fait vivre : la musique, l’informatique, le bricolage, je peux les mettre au service de ma passion pour le Christ. Et bien croyez-moi, ça donne une sacrée pêche. Et si quelquefois c’est un peu plus dur d’avancer je vais gratter un peu mes racines « cagouillardes » car rappelez-vous : l’escargot, c’est une petite bête qui avance doucement, qui ne recule jamais et qui laisse une trace partout où elle passe.

témoignage paru dans la revue Semailles n° 210
(septembre 2003)