L’accueil des jeunes femmes au service des vocations de Paris


L’accueil des jeunes femmes au service des vocations de Paris Verena Wust sœur de Notre-Dame du Cénacle, service diocésain des vocations de Paris Depuis bientôt cinq ans, engagée au service des vocations de Paris, j’accueille chaque année entre quarante et cinquante jeunes femmes qui s’adressent à ce service d’Église. J’accompagne également un groupe de recherche, composé, selon les années, de sept à dix personnes.

 

Comment trouvent-elles nos coordonnées ?


• soit par le tract du SDV de Paris diffusé dans les paroisses, les églises, les chapelles, les aumôneries,
• soit par le site mavocation.org du SDV de Paris,
• soit par un prêtre ou une autre personne qui les y oriente,
• soit par un accompagnateur/trice spirituel(le).

 

Qui sont-elles ?


• des étudiantes,
• des jeunes professionnelles,
• des jeunes au chômage,
• certaines ont largement dépassé les 30 ans, mais l’appel entendu dans leur enfance resurgit ;
• d’autres encore portent une question de vie et ont besoin d’un lieu pour parler.

 

Que cherchent-elles ?

Elles cherchent essentiellement à clarifier des questions de fond qui les habitent quant à leur orientation de vie. Quel devenir ? Quel à-venir ? Voilà quelques-unes de leurs expressions :
• « J’ai le désir de me donner, mais je ne sais comment ? Est-ce dans la vie religieuse apostolique ou la vie monastique ? »
• « Je pense que le Seigneur m’appelle à ce genre de vie, mais comment en être sûre ? Je suis aussi attirée par le mariage. »
• « Je ne veux faire que la volonté de Dieu, mais comment savoir si c’est la sienne et non la mienne ? »
• « J’en ai assez de me débattre toute seule, je veux réfléchir avec d’autres qui se posent le même genre de questions. »
• « Mon désir vient-il du Seigneur ? »
• « Quels critères faut-il employer pour voir clair ? »
• « Comment tout donner sans retour sur soi ? »
• « Et si je me trompais ? »
• « Le Christ a fait irruption dans ma vie, comment lui répondre ? »

 

Que proposons-nous à ces jeunes femmes ?

Un accueil

Trois fois par an, une soirée « premiers repères » est proposée aux filles et garçons qui se posent des questions par rapport à la vie religieuse ou au presbytérat. Les jeunes ont libre accès à ces soirées, sans inscription préalable. Ces rencontres comportent un temps convivial autour d’un repas, suivi d’un temps de prière, d’un temps d’échange où quelques amorces de discernement sont données par un des animateurs. Nous prions les complies pour conclure la soirée.

Pour ceux et celles qui le souhaitent, c’est l’occasion de rencon¬trer un des prêtres du SDV ou moi-même. Quelques informations sont données sur les activités offertes par le service des vocations. Ceux et celles qui le désirent laissent leur adresse pour être informé(e)s des activités futures.

 

Un groupe de recherche

Une rencontre préalable avec moi (ou/et avec un prêtre du SDV) est demandée. Cela permet de préciser la demande de la jeune fille et de vérifier si, au point où elle en est, ce groupe convient pour l’aider à avancer dans son cheminement.

Le rythme est d’une rencontre par mois (environ huit dans l’année). Un même thème peut être repris pendant plusieurs rencontres si besoin. Chaque rencontre s’articule autour de quatre temps :
• un temps convivial avec un dessert,
• un temps d’échange autour du thème préparé,
• une intervention pour souligner les points forts, compléter ou corriger s’il y avait erreur théologique,
• un moment de prière (préparé par les jeunes ou moi-même)

Le but est d’aider les jeunes à poser les bonnes questions pour unifier leur vie quotidienne avec leurs aspirations spirituelles pour aboutir un jour à une décision libre et responsable, vécue dans un discernement véritable et valable.

Avant chaque rencontre je leur propose, en rapport avec le thème traité, des orientations, des questions pour repérer dans leur vie ce qui germe et veut grandir.

 

Un accompagnement

Tout au long de ce chemin, nous demandons aux jeunes d’être accompagnées par un prêtre ou une religieuse. En règle générale, je n’accompagne pas individuellement les jeunes du groupe que j’anime. Ceci par simple respect pour une plus grande liberté et pour permettre un croisement de regard dans un accompagnement par une autre personne.

 

Thèmes

Faire connaissance

Cette première étape me semble essentielle pour établir un climat de confiance, pour apprendre à se situer et à partager en vérité. Exprimant des aspects de leur vie à d’autres, elles se découvrent aussi elles-mêmes.
• Qui suis-je ?
• Que puis-je dire du lieu où je vis (famille, ami(e)s, travail, études, engagements divers…) ?
• Quelles sont les grandes lignes de mon histoire : événements, rencontres, ce qui a été important dans ma vie, ce qui m’a marqué, ce que j’aime…
• Quelle est l’histoire de mon appel : quand ? comment m’est-il venu ?
• Avec quelle(s) question(s) est-ce que je viens dans cette équipe de recherche ?
• Qu’est-ce que j’attends de l’équipe pour cette année ?
• Y a-t-il des points particuliers sur lesquels j’aimerais être aidée ?

 

Le désir

Le récit de l’histoire personnelle permet à chacune de découvrir le désir qui l’habite. Il s’agit de désensabler sa source parmi les multiples besoins et désirs que le monde fait miroiter à tout moment. Le vrai désir touche l’être profond. Au cœur de notre affectivité profonde, il est appel de Dieu.
• Désirer, qu’est-ce que ce mot évoque pour moi ?
• Quels sont mes besoins, mes désirs ? Comprendre la différence entre les deux.
• Qu’est-ce que j’ai au fond du cœur ?
• Quel désir ou quel rêve fou m’habite ?
• Quel « vouloir vivre » ?
• Qu’est-ce qui me mobilise ?
• Quels sont les désirs qui reviennent souvent… quelle que soit la situation dans laquelle je me trouve ?
• Y a-t-il, dans ce désir, un attrait qui va dans le sens du « vivre avec le Christ » ?
• Quelle constance dans ce désir ? Faire de grandes choses pour le Christ et avec les autres ?
• Est-ce que je peux nommer des résistances en moi face à ce désir ?
• Qu’est-ce que tout cela produit en moi ? Joie ? Goût de vivre ? Peur ? Tristesse ? Angoisse ? Épanouissement ? Fermeture ? Fuite ? et/ou quoi d’autre ?

Les désirs sont des appels à être, à être soi-même. Dieu ne va pas à l’encontre de ce que nous sommes.Les désirs profonds sont comme des attentes qui cherchent leur accomplissement.

Il est fort utile d’apprendre à repérer les motions internes qui traversent ces jeunes femmes, de les y aider, pour qu’elles entrent peu à peu dans un discernement et déchiffrent les passages de Dieu dans leur vie. Le désir est un élan vers…

 

La volonté de Dieu

• Qu’est-ce que la vocation ?
• Comment savoir à quoi je suis appelée ?
• Dieu a-t-il une volonté sur moi ? Sur nous ?
Je préfère dire que Dieu a un dessein bienveillant pour tout homme et toute femme… et ce dessein est un dessein d’Amour.

Saint Paul, dans l’épître aux Éphésiens (1, 3-14) nous invite à le découvrir et nous donne aussi l’occasion de travailler un texte d’Écriture. Saint Paul nous annonce trois bonnes nouvelles :
• Dieu a un projet pour chacun, chacune, pour la création tout entière ;
• ce projet n’est que bénédiction ;
• ce projet s’accomplit à travers le Christ. Qu’est-ce que je découvre, à travers ce texte, de la volonté de Dieu ?
• De sa volonté pour moi ? Pour tous ?
• Comment ce texte m’interpelle-t-il ? Sur quel point ?
• Quelle image de Dieu me révèle ce texte ?
• Quelle est ma part dans ce dessein de Dieu ?

Ce thème de la volonté de Dieu mérite d’être repris et approfondi à l’aide, par exemple, des questions suivantes :
• Aujourd’hui, dans ma vie concrète, que puis-je découvrir de cette volonté de Dieu à mon égard ?
• Comment se manifeste-t-elle dans ma vie ?
• Comment dirais-je à quelqu’un d’autre ce qu’est la volonté de Dieu ?
• Quels sont les mots qui me semblent essentiels ?

Je m’appuie aussi sur un texte qui peut grandement aider : « Dieu a-t-il sur chacun de nous une volonté particulière ? », de Michel Rondet. J’invite les participantes à le prier, à l’annoter, à réagir.
• Qu’est-ce que je découvre et aime dans ce texte ?
• Qu’est-ce qui me touche ? Qu’est-ce que je retiens pour moi aujourd’hui ?
• Qu’est-ce qui me résiste, me pose question ?
• Pourquoi ?

Souvent dans l’esprit des jeunes est ancrée l’idée d’un Dieu qui aurait un projet tout fait et finalement attendrait le moment favorable pour l’imposer. À travers cette réflexion, elles découvrent qu’elles sont actrices de ce projet qui se tisse au cœur de leur vie et que seul un consentement, dans la rencontre de deux libertés, pourra aboutir à un choix qui épanouit et dure.

 

Mon expérience de prière

Dieu nous visite par des intermédiaires qui peuvent êtres multiples : les personnes rencontrées, des mouvements, des événements, des lectures, etc. Mais aussi par mon tempérament, mes désirs, mes dons, mon éducation, ma prière et plus particulièrement par la méditation, contemplation de la Parole de Dieu.

Je les invite à partager quelque chose de leur expérience de Dieu dans la prière.
• Comment est-ce que je prie ?
• Est-ce avec la Parole de Dieu ? Est-elle importante pour moi ?
• Quels sont les textes que j’aime ? Pourquoi ?
• Quels sont les paroles, attitudes, gestes de Jésus qui me parlent, me touchent, me bousculent peut-être ?
• Quels échos ces paroles ont-elles en moi ? Comment me rejoignent-elles dans ma vie ?
• Est-ce que je peux nommer une expérience qui a été significative pour moi… où j’ai goûté la Parole de Dieu ? Où j’ai été comme saisie ?
• Est-ce qu’elle m’a suggéré un chemin ?
• Change-t-elle quelque chose dans ma vie ?
• Est-ce que je fais un lien avec le désir profond qui m’habite ?
• Et les sacrements ?
• Mon lien avec l’Église ?

Certaines n’ont jamais prié avec la Parole de Dieu, d’autres en sont familières et elle leur procure goût et bonheur de découvrir un Dieu vivant, un Dieu qui leur parle.

 

Les vœux

La vocation religieuse est un appel à suivre Jésus Christ pauvre, chaste et obéissant. Les vœux interpellent… tout quitter pour suivre… il ne suffit plus de donner, il s’agit de se donner. J’invite les jeunes à se laisser interpeller et à donner libre cours à leurs réflexions.
• Qu’est-ce que je peux percevoir de ces vœux aujourd’hui ?
• Qu’est-ce qu’ils évoquent pour moi ?
• Joie ? Peurs ? Craintes ? Lesquelles ? Pourquoi ?
• Iraient-ils dans le sens de l’épanouissement ou de la privation ?
• Aujourd’hui, comment est-ce que je gère mes biens (pauvreté) ? Comment est-ce que je gère mes relations (chasteté) ? Cmment est-ce que j’obéis ? à qui (obéissance) ?

L’aujourd’hui prépare la vie de demain ! Tout en évitant de vouloir vivre comme des religieuses (cet écueil existe pour l’une ou l’autre), un certain regard sur leur manière de vivre peut les inciter à découvrir le vrai trésor caché à travers les valeurs qui passent et d’autres qui demeurent.

 

Spiritualité

Une spiritualité s’inscrit dans les grands courants spirituels de l’Église. Elle naît toujours d’une personne qui a fait l’expérience du Dieu de Jésus Christ, entend, accueille et laisse l’Esprit Saint résonner d’une manière toute particulière l’Évangile dans sa vie, et trace un chemin pour que d’autres puissent en vivre.

Ainsi, selon les époques, Dieu suscite des êtres qui ont voulu le suivre de manière unique et nouvelle, sans réserve… et dans un contexte culturel et ecclésial donné, tels que saint François, saint Dominique, saint Ignace, Thérèse d’Avila et bien d’autres…

Les jeunes qui sont déjà en lien avec une communauté, ou qui sont attirées par telle ou telle spiritualité, présentent elles-mêmes ce qu’elles en savent et en découvrent. Cet approfondissement leur permet de verbaliser ensuite des attraits vers tel ou tel idéal de vie et de prendre conscience de ce qu’elles portent en elles.

 

Comment prendre une décision selon Dieu ?

Les décisions ne se prennent pas dans le cadre de ce groupe. Mon intention est surtout d’ouvrir les jeunes au jeu de leur liberté et de leur faire prendre conscience que personne ne décidera pour elles ! Personne n’aura le droit de les infléchir dans un sens plus que dans un autre. Il est de la responsabilité de chacune de chercher, de choisir, de se décider de manière éclairée.

À travers une relecture de leur vie courante, j’essaie de leur faire repérer les décisions récentes, la manière dont elles ont été prises, les éléments ou étapes qui sont entrés en jeu. Ces éléments peuvent être utiles pour éclairer aussi une décision plus importante prise ou à prendre. La pratique ignatienne m’inspire quelques repères utiles, comme :
• poser clairement la question,
• me situer devant Dieu,
• demander l’aide de l’Esprit Saint,
• ne pas vouloir à tout prix une chose plus qu’une autre, mais me laisser mouvoir par Dieu,
• prendre une décision uniquement en état de paix,
• puis offrir ma décision dans la prière,
• la vérifier dans un accompagnement spirituel,
• l’Église et le temps qui suit la décision doivent aussi la confirmer.

Prudence et audace, appel et générosité vont de pair dans cette démarche de discernement. Cette rencontre ouvre parfois au désir de poursuivre par une retraite « choix de vie » pour un discernement plus affiné.

 

Un week-end « Viens, suis-moi »

Ce week-end de prière et de partage est proposé dans le deuxième semestre. Il est articulé essentiellement autour d’une figure de vie religieuse apostolique (moins connue que la vie monastique) et de l’homme riche dans l’évangile de Marc (10, 17-31).

Cet évangile ouvre aux différentes manières de vivre notre baptême : soit comme disciple, ce qui est le chemin proposé à tout chrétien ; soit comme apôtre en s’engageant davantage et en témoignant de la préférence de l’amour de Dieu dans nos vies ; soit en quittant tout pour suivre Jésus Christ sans condition.

 

Le bilan

Faire le point sur le vécu, relire ce qui a marqué cette année est souvent un moment heureux. Je laisse parler les jeunes en livrant quelques-unes de leurs propres paroles.
• « J’ai appris à me connaître, à poser les vraies questions, à ne pas avoir peur du discernement et de ce que le Seigneur peut me demander. »
• « Je suis devenue plus libre et je peux maintenant prendre une décision. »
• « J’ai appris que Dieu s’exprime aussi par nos propres désirs. »
• « Ce chemin m’a aidée à déblayer mon terrain, et pour l’instant de c’est patienter et terminer mes études. »
• « J’ai découvert la beauté de la vie religieuse. »
• « Je suis maintenant plus attentive à la manière dont Dieu me parle, même si aujourd’hui je ne sais pas encore où il veut me conduire. »
• « Pour moi, l’accompagnement a été un soutien et une chance. »
• « J’ai décidé d’avoir une “vie consacrée” dans la vie de tous les jours. »
• « J’ai besoin de continuer le discernement. »
• « Je n’ai pas encore des éléments suffisants pour faire un choix clair, mais un chemin s’est ouvert devant moi. »
• « C’est dans l’Église que se vit ma vocation, pas dans une démarche solitaire, j’ai donc la possibilité de rendre ce qui m’a été donné. »
• « Cette année m’a apporté une profonde paix et j’ai compris que j’ai à choisir la vie avec le Christ, avant de choisir un état de vie. »
Et bien d’autres…

Au cours de ces années il y a eu des jeunes qui n’entraient pas dans un discernement de vocation à proprement parler, car après quelques rencontres, elles découvraient que ce qui importait pour elles était de mûrir d’abord affectivement, de relire leur vie, d’approfondir leur vie de foi, de grandir dans la relation à Dieu comme tout baptisé. D’autres partaient dans des pays étrangers pour une entraide humanitaire dans une ONG ou une communauté, d’autres encore ont fait le pas d’entrer dans une communauté, et il y a celles qui se sont décidées pour un engagement chrétien dans le mariage. La sainteté reste l’appel pour tous et toutes et ce qui reste primordial, me semble-t-il, est avant tout de choisir la vie, avant de choisir un état de vie !