La richesse de nos groupes de recherche


Frédéric Benoist
responsable du service des vocations
diocèse de Saint-Denis

 

Régulièrement au cours de nos réunions en province, nous abordons la question des groupes de recherche, nous partageons nos expériences d’accompagnement, nous énonçons aussi un certain nombre de questions.

 

Nos expériences d’accompagnement

Depuis deux ans, dans notre province, nous menons une même réflexion sur notre accueil des hommes et des femmes au sein de nos services diocésains des vocations et sur les groupes de recherche. Faut-il parler de critères de discernement identiques pour un homme et pour une femme ?

Oui dans un sens…

Nous prenons un long temps d’écoute : celui-ci permet de vérifier si le projet de vocation s’enracine ou non dans l’histoire de la personne, comment Dieu fait signe à différents moments de nos vies. Vouloir devenir prêtre, religieux, religieuse n’est pas une lubie du moment fruit d’un élan de générosité brutal… mais un vrai projet de vie.

Que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, des équipes de recherche sont mises en place, soit par diocèse, soit entre plusieurs diocèses ; ces équipes sont aussi des lieux d’écoute (bien sûr d’un autre ordre). Elles permettent aux jeunes de se sentir moins seul(e)s dans leur questionnement… Dans chacune de ces équipes, nous constatons une véritable écoute des un(e)s et des autres dans un profond respect… C’est sans doute là un signe de l’œuvre de Dieu dans le cœur de chacune et de chacun. Ces équipes sont « des communautés d’Église ». Une vocation ne mûrit pas simplement dans une intimité avec le Seigneur, même si bien sûr cette dernière est essentielle. L’équipe permet d’authentifier l’appel que chacun(e) entend : « Dieu t’appelle, Dieu t’appelle aussi au sein de son Église. »

Que ce soit pour un homme ou pour une femme, nous proposons à peu près le même type de rencontres, à savoir une soirée par mois, différents week-ends, dont certains ont des thèmes communs : les questions de vie affective, célibat, chasteté, la prise de décision. Dans toutes ces équipes, l’apport d’intervenants extérieurs et les témoignages sont essentiels.

 

Dans un autre sens non

Ces groupes de recherches ne sont pas mixtes. En effet cela empêcherait certainement l’expression d’une vraie liberté sur des questions précises, notamment celle du célibat et de la chasteté. Le type d’engagement de vie envisagé est aussi différent. D’autre part contrairement à ce que j’énonçais ci-dessus, avec les femmes, évidemment, l’accent est mis sur la spécificité de la vie religieuse. Avec les hommes, bien entendu nous abordons l’engagement de la vie religieuse (apostolique ou contemplative), mais les questions autour de la vocation presbytérale tiennent aussi une grande place dans la vie des équipes (lecture et étude de textes du concile Vatican II).

Un groupe de recherche ne se suffit pas à lui-même pour discerner réellement un appel de Dieu dans sa vie.
• Nous veillons en effet à ce que chacune et chacun vive l’expérience de l’accompagnement spirituel.
• Il est important aussi que chaque jeune vive une vraie rencontre du Seigneur dans la méditation de la Parole de Dieu, dans la prière et dans la pratique des sacrements (eucharistie, réconciliation).
• Nous demandons aussi à chacun une petite expérience pastorale (groupe de catéchèse, aumônerie, animation liturgique, engagement dans un mouvement…)
• Chaque jeune est évidemment invité à continuer soit un cycle d’études soit une vie professionnelle tout en étant dans un groupe de recherche. Un projet de vocation « spécifique », encore une fois, s’enracine dans la vie humaine, une fidélité à l’engagement dans un cycle d’études ou dans un métier ; c’est aussi pour nous un vrai critère de discernement.

Ce qui est certain, c’est que le groupe de recherche permet à un jeune de voir clair dans un choix de vie. Ce type d’expérience, au sein d’une équipe, dure un an chez les hommes, peut durer plus pour une femme. Chez les hommes, bien entendu, tous n’entrent pas au séminaire ou en maison de fondation spirituelle au bout de l’année en groupe de recherche. Certains finissent avant un cycle d’études ; d’autres comprennent que c’est plus dans la vocation du mariage qu’ils s’épanouiront ; d’autres enfin, demandent à entrer en formation. Le délégué aux vocations, dans chaque diocèse, accompagne le jeune dans sa décision et dans son orientation.

 

Quelques questions à se poser

Nos groupes reçoivent de plus en plus de personnes de plus de 30 ans, parfois même 40 ans… Bien entendu nous les accueillons, cheminons avec eux. Je ne cache pas que, personnellement, cela me pose de nombreuses questions, y compris dans un éventuel engagement dans une formation au ministère… Force est de constater aujourd’hui que, même si ces personnes prennent tardivement contact avec nos équipes, la question de la vocation s’est souvent posée lorsqu’ils étaient très jeunes.

Nos groupes accueillent aussi des jeunes (hommes ou femmes) qui n’ont pas eu d’expériences ecclésiales notoires (engagement dans un groupe ou dans un mouvement). D’autres sont des catéchumènes adultes. Là encore il nous faut, me semble-t-il, adapter nos types d’écoute et d’accompagnement.

Du coté de l’accompagnement, peut-être avons-nous trop tendance à laisser des religieuses accompagner les femmes, des prêtres les hommes… Personnellement, je pense que plus « nous croiserons nos regards et nos expériences », plus nous permettront aux « accompagné(e)s » de prendre une décision libre et sereine.

Nous ne faisons pas suffisamment connaître l’existence de ces groupes de recherche. Contrairement à ce que nous pourrions penser, le groupe de recherche pour les hommes n’est pas simplement une année qui précède une entrée en formation au séminaire ou dans une propédeutique. Il en est de même chez les femmes qui entrent aussi en relation préalable avec des communautés religieuses. Chaque année nous entendons des jeunes nous dire « qu’il faudrait permettre à beaucoup plus de personnes de vivre cette expérience d’accompagnement et de vie d’équipe pour les aider à prendre une décision et à voir plus clair dans leur vie »… La plus grande difficulté que les jeunes rencontrent en effet est celle de la prise d’une décision d’engagement… Seul(e) on ne peut rien décider sereinement… Mais sans doute faut-il aussi relativiser cette décision d’engagement. En effet elle est annonciatrice de bien d’autres… L’appel du Seigneur continue en effet de mûrir tout au long d’un cheminement, d’un cycle de formation, mais aussi tout au long d’une vie dans l’exercice d’un ministère ou d’un engagement dans la vie consacrée. Ne l’oublions jamais nous-mêmes comme accompagnateurs… En effet à la fin d’un cheminement au sein d’un groupe de recherche de nombreuses questions demeurent, nous passons le relais à d’autres, le Seigneur travaille ainsi le cœur de chacun.