Préparer la confirmation


Dans le diocèse de Châlons en Champagne, une réflexion sur le sacrement de confirmation a été menée par les responsables de la pastorale des jeunes en concertation avec les accompagnateurs à la confirmation dans les paroisses ou les aumôneries. Cette étape a été suivie de la publication d’un texte, guide de référence et d’orientation dont voici de larges extraits. Dans l’introduction, Mgr Gilbert Louis rappelle que « le choix pastoral qui consiste à offrir ce sacrement à des jeunes entre 15 et 18 ans fait davantage appel à leur liberté et à une participation plus active à la vie de l’Eglise. » L’originalité de ce parcours est de mettre l’accent sur l’après : « continuer ».

Marc Hémar
diocèse de Châlons en Champagne

Des enjeux pour aujourd’hui et demain

Confirmation et initiation chrétienne

Devant l’absence de la proposition en certains endroits ou à certaines périodes, il nous faut resituer la confirmation dans la dynamique de l’initiation chrétienne avec le baptême et l’eucharistie. Il s’agit bien pour les jeunes de devenir par l’initiation chrétienne des chrétiens à part entière.
Nous devons les aider à se situer comme chrétien dans une société sécularisée, mais également en quête de sens et de repères, pluri-culturelle et pluri-religieuse. « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte »(1 P 3, 15).

Confirmation et mission

La vocation de l’Eglise est profondément missionnaire. « Pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, elle reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations » (Lumen Gentium 5).
Aujourd’hui, plus que jamais, les chrétiens sont appelés à relever le défi de l’évangélisation en ouvrant des chemins nouveaux pour entrer en dialogue avec les générations nouvelles le plus souvent éloignées de l’Eglise.
Sans faire de prosélytisme, ils découvrent l’importance de proposer la foi en Jésus-Christ comme chemin de libération et d’épanouissement de l’homme.
Le sacrement de la confirmation s’inscrit dans ce dynamisme missionnaire avec comme finalité de permettre aux jeunes d’acquérir une foi adulte, réfléchie et sans complexe.

Confirmation et appels de Dieu

Dans la reconnaissance d’une Eglise reconnue comme « Peuple de Dieu » où chaque baptisé est appelé à trouver sa place, on s’efforcera d’aider le jeune à clarifier les appels qu’il porte en lui et la manière dont il va les mettre en œuvre concrètement. « Il y a diversité de dons, mais c’est le même Esprit… chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12, 4 et 7).
De cette approche poura naître également une réflexion concernant les vocations spécifiques que Dieu adresse à quelques-uns.

Donner une visibilité : appeler

Dans la vie de l’Eglise, l’appel est aujourd’hui une composante essentielle pour éveiller à la foi chrétienne, il est de la responsabilité de chaque chrétien d’appeler, de proposer la foi.
Il est donc important de faire connaître l’existence du sacrement de la confirmation et son enjeu pour une vie chrétienne authentique. Des chemins multiples sont déjà expérimentés sur notre diocèse et peuvent nous éclairer :
• à l’occasion de rencontre de parents dès la 6e,
• par des courriers envoyés aux jeunes qui ont fait un parcours de catéchisme et qui ont atteint l’âge de 15 ans,
• par le témoignage de jeunes confirmés à des retraites de profession de foi,
• par l’affichage dans les paroisses, collèges, lycées…
• par la relance téléphonique,
• par les bulletins et journaux paroissiaux,
• par les homélies,
• des témoignages dans la revue Coup de jeunes de la pastorale des jeunes.
Soulignons également que la presse parle volontiers des célébrations de profession de foi, mais jamais du sacrement de la confirmation. Un effort de sensibilisation est à faire auprès des médias.

Le contenu de la préparation : cheminer

La vie spirituelle

Trois approches sont à retenir pour une véritable initiation à la vie spirituelle : la vie de prière, l’écoute de la Parole de Dieu et la relecture de sa vie. On cherchera à les privilégier par l’expérience et pas seulement des théories.

La vie de prière
Il arrive que la prière soit proposée en fin de rencontre si le temps le permet ; parfois elle est suspectée de concurrence avec « l’action » comme si prier était une fuite en avant pour ne pas s’engager. Ce constat est encore trop fréquent et nous appelle à reconsidérer la prière typiquement chrétienne et à la promouvoir.
A la lumière du Christ, nous découvrons combien la prière est ce lieu privilégié où se mûrit notre action, où nous apprenons à la recevoir de Dieu et où nous trouvons la force de l’accomplir.
Cependant la prière personnelle de manière régulière est difficile à mettre en place. A l’expérience, la proposition d’un temps fort, d’un week-end, d’un pèlerinage dans un lieu particulier peut aider à cet éveil de la prière et nous encourageons vivement les animateurs à les favoriser.
Toujours est-il qu’une initiation est nécessaire et demande de la part de l’animateur d’avoir sa propre expérience ou de faire appel à quelqu’un d’autre.

La Parole de Dieu
Agir « à la manière de Jésus » et selon le projet de Dieu réclame du croyant un contact fréquent avec la Parole de Dieu qui doit devenir un « livre ouvert » au cœur de la vie chrétienne. Il faut aider les jeunes à se familiariser avec la Parole de Dieu, en privilégiant des recherches dans la Bible, en les invitant à « demeurer », à méditer à partir d’un texte. On ne peut devenir disciple sans cet accueil renouvelé et fidèle de la Parole de Dieu.

La relecture de sa vie
La relecture est une démarche importante pour apprendre à reconnaître les appels de Dieu dans sa vie, y découvrir sa présence et voir comment il me parle et me conduit.
Cette relecture de vie peut se faire à partir de l’existence mais aussi à partir de la Parole de Dieu en la laissant me rejoindre en profondeur et me questionner. Si l’expérience et la mise en route est difficile, il semble toutefois important d’éduquer à cette pratique tellement essentielle à la vie du croyant. C’est une belle manière de découvrir l’Esprit Saint à l’œuvre dans la trame de sa vie et de l’humanité.

Aider à une cohérence de la foi

Pour avoir une approche cohérente du mystère de la foi chrétienne, il est souhaitable de recourir à des « parcours » dont le souci est de revisiter les données importantes de la foi. Différents parcours existent et peuvent aider à cette démarche. Il ne faut pas hésiter à faire appel à la pastorale des jeunes pour se renseigner.

En dehors de tout parcours, voici quelques points de passage nécessaires pour aider à l’intelligence de la foi :
1. Partir des questions que portent les jeunes et les garder en mémoire, en espérant qu’elle trouveront réponse plus tard, au long de la préparation.
2. Les inviter à découvrir la personne du Christ par la lecture d’un Evangile en son entier et les appeler à répondre à la question de Jésus à ses apôtres : « Pour vous, qui suis-je ? »
3. Que découvrent-ils de Jésus, de sa relation aux hommes et de sa relation au Père, de son humanité et de sa divinité ?
4. A partir de cette recherche, approfondir la connaissance qu’ils ont de Dieu à travers l’expérience du peuple de Dieu dans sa relation d’alliance. En quoi cette expérience les éclaire, les interpelle, les conduit à découvrir les passages qu’ils ont à vivre pour entrer dans une relation plus juste ? Par exemple, si Dieu se révèle « lent à la colère et plein d’amour », qu’est-ce que cela change dans leur vie ?
5. S’appliquer à découvrir la personne de l’Esprit Saint et son rôle incontournable pour la transmission de la foi, la vie de l’Eglise et son dynamisme missionnaire.
6. Chercher à mieux comprendre l’Eglise qui, dans l’Esprit, participe à la mission même du Père et du Fils. Reconnaître son rôle indispensable pour la sanctification du peuple de Dieu par l’enseignement de la Parole, des célébrations et la vie sacramentelle.
7. Dans cette Eglise, savoir apprécier le rôle et la vocation de chacun ; inviter chaque jeune à y découvrir sa place personnelle et comment il se réalise aujourd’hui par son engagement.

D’où l’importance d’aider le jeune à prendre un engagement concret durant la préparation à sa confirmation à travers un mouvement, un service d’Eglise ou un engagement dans la société civile (aumônerie, catéchèse, mouvements (ACE, MRJC, MEJ, JM, scoutisme), liturgie, animation, servant d’autel, soutien scolaire, démarche caritative, monde associatif…)

L’après confirmation : continuer

Plus que jamais une réflexion sur « l’après confirmation » doit être menée pour donner au jeune la mesure de sa responsabilité chrétienne dans la vie de l’Eglise pour le service des autres et l’annonce de l’Evangile. Nous avons conscience de leur difficulté à s’inscrire dans une durée et cependant nous savons que sur ce terreau peut se forger une humanité responsable et mature.
C’est pourquoi, nous encourageons vivement les accompagnateurs à amorcer la réflexion dès la préparation pour les aider à prendre un engagement.
Il convient de réfléchir avec les mouvements, les services d’Eglise, les associations caritatives et autres réalités possibles pour mettre en lumière ce qui est envisageable en étant le plus réaliste possible sur les possibilités d’engagement et les conditions requises pour le vivre.
Certes, tous les jeunes ne prendront pas un engagement formel, mais ils pourront être relancés localement ou au niveau de la pastorale des jeunes pour un temps fort ou un rassemblement qui les aidera à garder le contact. D’où l’importance de communiquer les coordonnées précises de chaque jeune à la pastorale des jeunes et inversement.

Des fiches pratiques sont ensuite proposées.
Nous en avons retenu deux.

Relire sa vie

C’est une démarche essentielle pour progresser dans la vie spirituelle même s’il n’est pas facile, dans le contexte actuel de notre société, de la mettre en place.

Sa finalité

• Prendre conscience de la présence de Dieu, du travail de l’Esprit Saint dans sa vie. « Dieu est là et je ne le savais pas… » (Gn 28, 16) ; reconnaître le chemin parcouru et la manière dont Dieu fait route avec moi. « Ta main me conduit, ta droite me saisit. » (Ps 139, 10)
• Apprendre à regarder sa vie en vérité, à se connaître vraiment dans la reconnaissance de ce qui est beau et bon mais aussi de ses pauvretés, de ses échecs.
• Reconnaître les appels de Dieu qui me parle à travers les événements, les personnes et l’écoute de sa Parole et voir comment il est possible ou non de les mettre en œuvre.
• Accéder à une liberté plus grande de décision.

Des moyens

Les moyens demandent de la part de l’accompagnateur un peu d’expérience pour aider à la relecture.
• Pour débuter, apprendre « le silence » tellement essentiel pour entrer dans une écoute profonde.
• Les jeunes ont du mal à exprimer ce qu’ils ressentent et parfois il est bon de prendre des moyens tout simples.
Par exemple en découvrant de manière nouvelle ses cinq sens : voir, toucher, entendre, goûter, sentir. Qu’est-ce qui me touche, me rejoint, m’étonne, suscite mon intérêt ? Inviter chacun à s’exprimer.
• Possibilité d’utiliser le photo langage qui aidera chacun à s’exprimer. Cela peut être une base de départ.
• Permettre au jeune de faire le récit de son histoire dans le respect le plus total de ce qu’il dit.
A partir de là, essayer de reformuler pour vérifier si j’ai bien compris ce qu’il exprime. Poser, si nécessaire, telle ou telle question qui l’aidera à aller plus profondément ou à préciser sa pensée. Souligner une expression, un comportement pour l’aider à une prise de conscience.

Une bibliographie

Quelques livres peuvent vous aider dans cette mission :
• Hubert HERBRETEAU, Les chemins de l’expérience spirituelle ou repères pour accompagner les jeunes, Editions de l’Atelier, Paris, 2000.
• Alain PATIN, Appelés et envoyés… ou pour accompagner des jeunes de milieux populaires, Editions de l’Atelier, Paris, 2000.
• Michel ULENS, Accompagner des jeunes selon la pédagogie ignatienne, collection Vie chrétienne. n

Différents engagements

Il est nécessaire d’inviter chaque jeune à découvrir sa place dans l’Eglise et la société. Par tout engagement, le jeune pourra se réaliser et découvrira d’autres horizons… Pour l’aider à vivre sa foi et à rester fidèle à ses engagements dans l’Eglise et la société, je peux l’inviter au rassemblement des confirmés.
Voici quelques engagements possibles.

Pour nourrir sa propre foi : quel groupe rejoindre ?

• l’aumônerie du lycée ou des étudiants,
• la paroisse à laquelle chacun appartient (liste et coordonnées dans l’annuaire diocésain),
• participer aux grands temps forts de la pastorale des jeunes.

Pour témoigner de sa foi

• être disponible pour parler à des plus jeunes,
• faire partie des Aventuriers de l’Appel (une troupe de théâtre chrétien)

et/ou devenir responsable de plus jeunes

• prendre en charge un groupe d’éveil à la foi, de catéchèse ou d’aumônerie (contacter la paroisse ou la pastorale des jeunes),
• rejoindre la pastorale des jeunes (encadrer des jeunes lors d’un pèlerinage à Taizé ou à Lourdes),
• rejoindre un mouvement :

- Action Catholique des Enfants (ACE)

- Jeunesse Mariale (JM)

- Jeunesse Indépendante Chrétienne Féminine (JICF)

- Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC)

- Scouts d’Europe

- Scouts de France

- Scouts Unitaires de France
Exemple d’un engagement en mouvement : devenir responsable de club ACE (Perlin 5-8 ans, Fripounet 8-11 ans et Triolo 11-13 et 13-15 ans), c’est une heure par semaine avec les jeunes avec temps de préparation et de reprise. C’est aussi préparer des temps forts mais aussi se former pour permettre à des enfants, des jeunes de vivre-croire-agir pour grandir !

Avec le Secours Catholique

• donner deux heures deux fois par semaine pendant un mois en été pour raconter des histoires, jouer avec des jeunes d’un quartier ;
• faire un camp de vacances (février ou pendant l’été) d’une semaine : deux demi-journées de préparation, pour des jeunes de 17 ans et plus ;
• faire de l’accompagnement scolaire par le biais de l’informatique (une fois par semaine, une ou deux heures pendant une année scolaire) : avoir minimum 19 ans ;
• faire de l’accompagnement scolaire personnalisé (une heure par semaine selon les difficultés de l’enfant, pendant une année scolaire).

Réfléchir à l’orientation de sa vie

• contacter le Service Diocésain des Vocations :

- WE pour approfondir sa vie spirituelle (14-18 ans),

- propositions de WE pour les 18-30 ans.

Prendre une responsabilité dans la pastorale des jeunes

• Chaque jeune peut être représentatif de sa paroisse ou de son mouvement au sein du Conseil Pastoral Diocésain des Jeunes : se renseigner à la PDJ, 3 réunions de trois heures par an ;
• faire partie du STAFF, structure composée des jeunes qui prennent part à l’élaboration des propositions faites aux 18-25 ans par la Pastorale des Jeunes (engagement sur 1 an minimum : 3 rencontres dans l’année et prise en charge d’un temps fort).

Utiliser ses talents de musiciens

• pour l’animation des messes dans sa paroisse ou dans le cadre de rencontres de jeunes,
• l’animation des célébrations dans le diocèse.

Mener des actions locales et bénévoles

• rendre visite aux personnes âgées ;
• être au service des plus pauvres, être à leur écoute (distribution de nourriture à la banque alimentaire, de repas aux Restos du cœur) ;
• aider à la promotion du commerce équitable et à l’opération Terre d’Avenir (avec le CCFD) ;
• se mobiliser pour les droits de l’homme : Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Amnesty International.

Vivre une expérience en coopération missionnaire

• Délégation Catholique pour la Coopération (DCC),
• Jeunes Volontaires Européens (JVE),
• Fidesco.
Les prospectus sont disponibles à la pastorale des jeunes.

Il est important pour l’accompagnateur d’épauler le jeune dans son engagement. N’oublions pas qu’il a besoin d’être soutenu ! Pour cela, il peut le vivre avec un de ses amis.