Trésors de la foi


Ce parcours de la région Centre-Est, publié par la Diffusion catéchistique de Lyon en 1995, comporte des documents pour les CE2, CM1, CM2, 6e, 5e, des manuels d’éveil à la foi, un manuel d’accompagnement du baptême en âge scolaire et de la préparation de la première communion.
Le projet « documents nouveaux » soutenu par le père Albert Decourtray dès 1989 souhaite dépasser la notion de catéchèse-enseignement. Dans un monde où la catéchèse ne va pas de soi et où la question de Dieu ne se pose pas automatiquement, les auteurs souhaitent proposer une catéchèse à géométrie variable et présenter à l’enfant l’ensemble du mystère chrétien.
Cette analyse a été proposée par Mme Dorothée Chevallier, du service de la catéchèse de Cahors.

Présentation des objectifs du parcours

Ce parcours propose quatre objectifs

Une catéchèse enracinée dans la Parole de Dieu

Une Bible est offerte aux enfants pour accompagner les années de catéchisme. Très beau livre, regroupant les principaux textes de la Bible, dans une présentation soignée et étayée (planches géographiques, historiques…), Ta Parole est un trésor peut être le support d’une découverte familiale de la Parole.

Une catéchèse structurée sacramentellement

Du CE2 au CM2, les enfants reçoivent une valisette proposant des documents variés, ainsi qu’une cassette de chants. Les parcours 6e et 5e se situent plus dans l’agir mais gardent une attention sur les points évoqués.

Une catéchèse dans la continuité

Les mêmes thèmes sont repris du CE1 au CM2, avec une visée différente (par exemple à Noël : la crèche, les bergers et les mages, le Sauveur).

Le soin apporté aux guides animateurs

Pour répondre aux difficultés de plus en plus nombreuses que rencontrent les catéchistes, soit qu’elles préparent seules, soit qu’elles n’aient pas confiance dans leur culture religieuse, face à des enfants plus savants qu’autrefois, plus méfiants aussi.

Conclusion : c’est un parcours qui a tenu ses promesses et qui est aujourd’hui l’un des plus utilisés.
Le parcours ouvre-t-il aux enfants la possibilité d’être un jour prêtre, religieux ou religieuse ? Quelles que soient les années – et tout au long du parcours – on retrouve la présence du prêtre (et parfois des religieux) par le biais de quatre thèmes : l’Eglise, la Parole (ou Bonne Nouvelle), les sacrements, l’Esprit (le souffle qui appelle). Il n’y a pas d’autres portes d’entrée à l’appel spécifique et encore, en fonction des années, elles sont très inégalement exploitées.

CE1 : la vocation n’est pas évoquée

Trois thèmes auraient pourtant pu le permettre.

« A table tu es invité »

Tout un thème sur la table, la fête et le travail du pain. Le prêtre est dessiné donnant la communion. Le catéchiste peut se « glisser » dans le thème pour parler de la vie du prêtre, mais le sujet n’est pas traité pour cela.

« Vivre la fête »

On y parle mariage, apéritif, carnaval… pas d’ordination. Le prêtre n’est représenté ni évoqué nulle part.

« Tous ensemble » (l’Eglise, c’est quoi ?)

La place n’y est pas faite aux prêtres. Dans le texte adressé aux parents, il est même écrit : « Pour beaucoup, l’Eglise, ce sont “les curés” (prêtres, évêques, Vatican…) » Est-ce seulement cela ? Suivent deux pages sur les composantes laïques de l’Eglise.
Dans le livre Ma vie est un trésor, on retrouve le prêtre comme celui qui dit ceci ou fait cela (veillée pascale, funérailles). Il est représenté, sans être cité, à la rubrique des sacrements.
Certes, les enfants de CE1 sont petits, mais dans le cadre d’une catéchèse familiale, il aurait pu être intéressant d’exploiter mieux l’appel spécifique.

CE2 : le rôle du prêtre n’est guère évoqué

Le prêtre est dessiné dans trois fascicules :
• en parallèle avec les apôtres dans Commencement de la Bonne Nouvelle (les prêtres, religieux (ses) ne figurent pas dans la rubrique « amis de Jésus ») ;
• représenté à la consécration dans Qui est Jésus ?
• seulement dessiné dans Chemins d’Evangile.
Dans le fascicule sur l’appel comme « rencontre avec Jésus », le prêtre n’est ni représenté ni cité dans la rubrique « les appels de Jésus ». Il y a certainement une réticence, en CE1 et CE2, à parler aux enfants de la vocation spécifique, peut-être pour ne pas effrayer les familles.

CM1 : un premier pas

Dans les fascicules Vivre en Eglise, Pâques, Les signes de l’alliance, le prêtre est mis en scène, distribuant les sacrements ou « faisant » la messe. Mais paradoxalement, il est oublié dans les pages « célébrer le Christ, hier et aujourd’hui ». De la même façon, le fascicule Aimés de Dieu, changeons de vie ne lui accorde aucune place. N’y aurait-il pas eu moyen de faire témoigner ceux qui ont vraiment changé de vie ?
En revanche, le thème de l’Esprit, Au vent de l’Esprit, offre pour la première fois une vraie possibilité pour les catéchistes de parler de l’appel spécifique, représentant en médaillons de grandes figures de l’aventure chrétienne : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus…

CM2 : un deuxième pas

En opposition à deux fascicules qui ne saisissent pas l’occasion d’évoquer les prêtres, religieux, religieuses d’aujourd’hui (bien que cela paraisse curieux), Eglise aux mille visages et Ma vie, c’est le Christ, le livret Dieu est amour, sur le thème de l’appel, permet avec les enfants une vraie discussion sur les différentes façons de répondre à l’appel du Christ. Il apparaît en conclusion que le parcours « pri­maire » Trésors de la foi n’a pas eu pour priorité immédiate d’appeler, ni même d’interpeller enfants et parents sur la pénurie des vocations et le choix de vie que peut représenter une vocation à la suite du Christ.

6e : sur un navire, les jeunes font huit escales

Deux escales, Viens et suis moi, Le Sauveur du monde, reprenant l’idée de l’appel et des sacrements, offrent des possibilités de discussion avec les jeunes. Sous la rubrique « Dieu a besoin de nous », saint Maximilien Kolbe, Jean XXIII, le frère Henri Vergès sont évoqués. Sous le thème de la prière, les ordres contemplatifs sont expliqués.

5e : traverser l’année en parcourant des journaux

Dans chaque journal (ou presque) se trouve un témoin d’autrefois (saints…) et une expérience contemporaine d’appel vécu (prêtre, évêque, assistante sociale catholique…).
Le thème de la vocation est donc assez présent et bien traité. La difficulté réside cependant dans l’âge des jeunes auxquels on s’adresse (12-13 ans), âge de grande mutation et de recul par rapport aux idées religieuses.

Conclusion

Il n’y a pas de véritable point d’accroche sur les vocations dans le parcours Trésors de la foi, hormis pour l’année de 5e, qui s’adresse tardivement (aumôneries peu porteuses, enfants trop rares) aux enfants, à l’âge où, comme le disait F. Dolto, ils sont en pleine mue, sans carapace et très influencés, happés même par l’appel du monde extérieur, bien peu portés à la spiritualité ou à la chrétienté. C’est peut-être la raison pour laquelle certains enfants peuvent dire à leur copain : « Quand tu seras papy, tu feras curé ? »