Cachan, une étape pour choisir


Sébastien Antoni
religieux assomptionniste


La communauté de Cachan (Val-de-Marne) a pour vocation le discernement : depuis vingt ans, elle accueille des jeunes qui veulent se poser pour réfléchir à leur projet de vie. Accompagnés par trois religieux, ces étudiants ou jeunes professionnels prient ensemble et partagent les tâches de ta vie quotidienne.


Dès les origines de l’Assomption, le père Emmanuel d’Alzon a voulu ses religieux proches du monde des jeunes. Car la jeunesse, c’est la période des grands choix. Et lorsqu’il s’envisage en réponse à son baptême, un choix de vie s’appelle une vocation.
Plusieurs types de vocations existent dans l’Eglise, et le père d’Alzon souhaitait les promouvoir toutes. Il fonda notamment des petits séminaires, destinés à l’origine aux enfants pauvres, les alumnats, qui donnèrent un nombre très important de prêtres à l’Eglise universelle. Beaucoup de frères sont entrés à l’Assomption par ce chemin mais, en quittant l’alumnat, beaucoup d’autres jeunes ont fait leurs vœux dans d’autres congrégations ou ont été ordonnés dans leur diocèse d’origine. D’autres encore se sont mariés. Tous cependant étaient persuadés de choisir en référence à un projet, un appel : une vocation.
Les alumnats ont été fermés dans les années 1970, mais l’Assomption continue à travailler pour les vocations dans l’Eglise. Ainsi plusieurs communautés en France et dans le monde accueillent pour un ou deux ans des jeunes étudiants ou professionnels qui s’interrogent sur un projet de vie au service de l’Eglise et dans la société.
Ainsi la communauté de Cachan, aux portes de Paris. Depuis plus de vingt ans, des jeunes garçons de toutes origines sociales y passent, s’arrêtent et prennent le temps de mûrir leur choix.


La prière structure la vie communautaire

Aujourd’hui, notre communauté partage sa vie religieuse avec six étudiants. Notre vie s’organise autour de la prière qui nous rassemble et nous envoie : ce double mouvement assure notre équilibre.
Tous les jours, nous prions avec et pour le monde par l’office des laudes, le matin et l’office du milieu du jour, à midi. L’Eucharistie nous rassemble à 19h15. Enfin, avant le repos de la nuit, nous nous retrouvons à 22 heures pour l’office des complies. Cette vie de prière soutenue tient toute notre vie communautaire que nous voulons fonder sur le Christ, Lui qui est plus fort que tout ce qui nous sépare.
L’apostolat des trois religieux de la communauté s’étend au-delà de la communauté elle-même par le service de la Parole de Dieu et de l’Eglise pour le père Benoît Gschwind, rédacteur en chef de Prions en Eglise et aumônier national des Scouts et Guides de France ; le service des plus pauvres avec le père Christophe Husson, aumônier de la prison de Fleury-Mérogis, et plus particulièrement au quartier des mineurs ; la recherche doctrinale pour le père Sébastien Antoni, étudiant à l’Institut supérieur de liturgie de la Catho de Paris et aumônier de l’Ecole normale supérieure de Cachan.


Une vie religieuse « grandeur nature »

Chez nous, les religieux sont minoritaires. L’expérience montre que ce déséquilibre facilite l’intégration et l’épanouissement des jeunes que nous accueillons parce qu’elle nécessite l’implication réelle de chacun d’eux dans le projet de la communauté. Le cœur de notre projet s’exprime dans le désir de proposer à des jeunes de découvrir la vie religieuse « grandeur nature » sans séduction, sans fard, sans la seule « lumière des beaux jours »... en vérité ce qui fait le quotidien d’une communauté religieuse assomptionniste avec ses exigences, ses failles et ses joies profondes.
Au service de l’éveil des vocations, les religieux offrent, à ceux qui le désirent, la possibilité d’être accompagnés dans leur chemin de discernement. Ils proposent aussi des « temps privilégiés » pour faire l’expérience d’une rencontre personnelle du Christ : retraites, week-end ou vacances communautaires, activités sociales ou pastorales significatives.
Cette année, nous ont rejoints pour vivre ce projet Guillaume (étudiant à l’Ecole spéciale des travaux publics), Gautier (étudiant en master d’économie), Rémy (étudiant à l’Ecole normale supérieure de Cachan), Olivier (étudiant en relations humaines à l’Institut catholique), Martin (étudiant en langue française à l’Institut catholique) et Philippe (doctorant en droit). Martin et Philippe sont tous deux postulants assomptionnistes (première étape de la vie religieuse).


Une aventure humaine et spirituelle

Ce mode de vie exigeant ne peut découvrir tous ses trésors qu’à celui qui s’y donne totalement pour le temps qui lui est donné pour vivre cette aventure à la fois humaine et spirituelle.
Conscients de l’implication spirituelle importante que les étudiants vivent, les religieux de la communauté de Cachan animent également un foyer de sept étudiants, situé à quelques rues de la nôtre et qui offre une vie plus légère en temps de prière, mais de même exigence pour une vie communautaire : il s’agit du foyer Siloé.
Tant d’hommes et de femmes cherchent un endroit où poser leurs valises et leurs questions sur le sens d’une vie, l’Assomption en fidélité à son histoire et au charisme qu’elle a reçu de Dieu continue l’intuition du père d’Alzon de permettre à des jeunes de fonder toute leur vie sur le Christ, prenant conscience de leur baptême pour le vivre en Eglise et dans le monde.


reproduit avec l’aimable autorisation de
L’Assomption et ses œuvres (avril 2006)